Moutik Animateur
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écrit le Friday 12 Apr 13, 3:25 |
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Je ne voudrais surtout pas raviver une dispute, potentiellement inépuisable, à laquelle les protagonistes, dans leur grande sagesse, ont su mettre un terme. Ce qui a été dit, devait être dit, et ce qui devait être dit, l’a été. Amen.
Je voulais juste signaler, à l’attention des curieux, que le mot rogue apparaît une bonne vingtaine de fois, sur cinq cents pages, dans le roman Les racines du ciel de Romain Gary. Je n’en produirai ici que la première occurrence :
Il déclara aux journalistes qui l’attendaient – trois envoyés spéciaux arrivés de Paris le jour même et Air France en annonçait de nouveaux pour le lendemain – que l’on était en présence d’une affaire de misanthropie à laquelle on aurait grand tort de vouloir donner des implications politiques, d’un illuminé qui agissait seul, d’un homme qui était devenu « amok » ou si l’on préférait « rogue », comme cet éléphant, qui s’écarte du troupeau à la suite d’une blessure inguérissable et devient particulièrement agressif et hargneux. Les journalistes notèrent le mot « rogue » et criblèrent de questions le gouverneur.
Romain Gary, Les Racines du ciel, Gallimard, 1956, Livre de poche N° 2182*.
Le roman est bien entendu écrit en français. L’histoire se passe en AEF, dans les années cinquante, juste avant les indépendances. Mais Gary, « polyglotte de naissance », emploie ici le mot dans ses acceptions anglaises. Il l’écrit d’ailleurs souvent entre guillemets, mais pas toujours. Pas quand il l’applique, non aux éléphants, mais aux humains, à certains humains, en particulier à son héros. Et je ne suis pas sûr que le rogue anglais et le rogue français soient, dans son esprit, si étrangers l’un à l’autre.
L’histoire : un homme, tout juste rescapé des Camps, contre toute bienséance sociale ou politique, se dédie corps et âme, à la sauvegarde des éléphants.
* Trouvé à la jaille. Ne méprisez pas les bennes et allez y voir. |
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