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Aguillon
Inscrit le: 02 Feb 2011 Messages: 24 Lieu: La Roquebrussanne
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écrit le Friday 04 Feb 11, 12:00 |
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Voilà : j'en appelle aux grammairiens pour expliquer !
Il n'y a pas que le pluriel qui commence à deux, les difficultés aussi !
Je sais dire, j'ai dans l'oreille, alors je donne les exemples.
je compte des objets :
un, deux, trois => un, dos [dus], tres...
Il y a deux hommes => L'a doeis [dwèiz] omes
(Pour le "z", je sais que c'est pour la liaison (1) !)
Ces deux femmes => aquelei doei |dwèi] fremos
(Ces femmes) elles étaient deux => (aquelei fremos) eron doas [dwa].
Est-ce que c'est aussi bizarre dans les autres dialectes d'oc ?
(1) : je ne sais pas comment mettre le epsilon, signe phonétique du ê . |
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Pasha
Inscrit le: 12 Oct 2006 Messages: 82 Lieu: Lemosin
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écrit le Friday 04 Feb 11, 12:39 |
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A la différence du français "deux" qui est invariable, l'occitan "dos" prend la marque du féminin, si besoin (dos / doas). C'est un trait commun à l'ensemble des dialectes. Par contre, le provençal a un spécificité pour les pluriels. L'article défini pluriel provençal est "lei" au féminin comme au masculin. Ou "leis" si on a une voyelle en début de mot. La spécificité du provençal est que les adjectifs épithètes féminins et les adjectifs épithètes masculins paroxytons prennent la marque -ei(s) du pluriel : de polidei mans, de paurei dròlles. Apparemment, d'après ce que tu dis, cette règle s'applique aussi à "dos/doas". |
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Aguillon
Inscrit le: 02 Feb 2011 Messages: 24 Lieu: La Roquebrussanne
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écrit le Friday 04 Feb 11, 13:01 |
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Oui !
Là je fais des photocopies d'archives du début XVIème.
Ce serait bien de comparer des documents de la même époque (il s'agit surtout des délibarations communales) pour les différents dialectes de langue d'oc. |
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Geremi
Inscrit le: 12 Jan 2006 Messages: 181 Lieu: Nissa
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écrit le Saturday 05 Feb 11, 12:58 |
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Pasha a écrit: | A la différence du français "deux" qui est invariable, l'occitan "dos" prend la marque du féminin, si besoin (dos / doas). C'est un trait commun à l'ensemble des dialectes. |
En Nissart, que sigue per lou masculin o per lou feminin, li es un soulet 2: doui. |
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Invidia
Inscrit le: 24 Jul 2008 Messages: 441 Lieu: Gasconha (França)
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écrit le Sunday 06 Feb 11, 12:28 |
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Il ne s'agit que d'une question d'assimilation consonantique à savoir qu'en provençal un s final suivi d'une consonne initiale se "yodise". C'est un phénomène en fait commun à tous les dialectes dits "occitans" (seulement sur les consonnes sonores dans la plupart des dialectes, il semble que le provençal a généralisé devant les sourdes p,t et k de telle sorte que ce phénomène revêt carrément le rôle de règle grammaticale), cependant il fut décidé - à mon avis à tort - que pour suivre le catalan (qui lui n'assimile pas), il ne fallait pas marquer à l'écrit ce phénomène qui est pourtant généralisé. En bon languedocien, ce que l'on écrit "dels vailets" se prononce en fait ... /di bay'letss/ ... Il faut bien se mettre ça en tête : dans tous les dialectes d'oc, un s final devient /y/ avant b, d, g, n, m, r, j, s ! La graphie alibertine qui refuse de noter ce phénomène à l'écrit induit en erreur les néo-locuteurs.
Seule exception : le gascon. Lui prononce toujours clairement le s (soit réalisé s, soit z) conformément à son substrat "ibéro-roman", ainsi que le catalan. Mieux, dans les Landes, c'est carrément une solution andalouse : -s final se prononce h aspiré devant consonne sonore.
Après, certains ne comprennent pas pour quelle raison on s'en prend à la graphie alibertine : la vérité, c'est qu'elle est mal foutue et rend mal la prononciation, surtout dans un contexte où les néo-locuteurs n'ont aucune idée de la prononciation. Surtout, elle "méridionalise/gasconnise" la prononciation de l'oc médian. |
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Pasha
Inscrit le: 12 Oct 2006 Messages: 82 Lieu: Lemosin
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écrit le Monday 07 Feb 11, 0:42 |
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Invidia a écrit: | Il ne s'agit que d'une question d'assimilation consonantique à savoir qu'en provençal un s final suivi d'une consonne initiale se "yodise". C'est un phénomène en fait commun à tous les dialectes dits "occitans" (seulement sur les consonnes sonores dans la plupart des dialectes, il semble que le provençal a généralisé devant les sourdes p,t et k de telle sorte que ce phénomène revêt carrément le rôle de règle grammaticale), cependant il fut décidé - à mon avis à tort - que pour suivre le catalan (qui lui n'assimile pas), il ne fallait pas marquer à l'écrit ce phénomène qui est pourtant généralisé. En bon languedocien, ce que l'on écrit "dels vailets" se prononce en fait ... /di bay'letss/ ... Il faut bien se mettre ça en tête : dans tous les dialectes d'oc, un s final devient /y/ avant b, d, g, n, m, r, j, s ! La graphie alibertine qui refuse de noter ce phénomène à l'écrit induit en erreur les néo-locuteurs.
Seule exception : le gascon. Lui prononce toujours clairement le s (soit réalisé s, soit z) conformément à son substrat "ibéro-roman", ainsi que le catalan. Mieux, dans les Landes, c'est carrément une solution andalouse : -s final se prononce h aspiré devant consonne sonore.
Après, certains ne comprennent pas pour quelle raison on s'en prend à la graphie alibertine : la vérité, c'est qu'elle est mal foutue et rend mal la prononciation, surtout dans un contexte où les néo-locuteurs n'ont aucune idée de la prononciation. Surtout, elle "méridionalise/gasconnise" la prononciation de l'oc médian. |
Tu simplifies un peu les choses pour pouvoir conclure selon ta marotte à la "méridionalisation" de l'occitan (c'est vrai que les occitans ne sont pas méridionaux, j'oublie toujours ) et que la graphie albertine n'est pas celle qui faut. Donc, revenons à ce fameux "s". Je parlerai de quelques petites choses que je connais, après, j'ai des manques sur l'ensemble des dialectes d'oc.
En haut-limousin, le "s" qui suit une voyelle ne se prononce pas (sauf rares exceptions) et conduit à un allongement de celle-ci. Il y a juste "yodisation" après le "e" : escòla [ejkolo], baston [ba:tu]... Et il n'y a pas le phénomène de "liaison" systématiquement : los òmes [lu: omej] Enfin ça dépend du sous-dialecte...
En languedocien, c'est beaucoup plus compliqué. Le "s" devant p,t,k se prononce /s/ : pas cap [paskap], pas polit [paspulit]. En liaison, devant une voyelle, il se prononce /z/ : pas ara /pazaro/. Devant une autre consone, soit il se prononce [z], soit il s'efface, soit il s'assimile (et parfois, il fait [j]) : pas res [pares]. Le "s" du pluriel est un cas particulier : il se prononce [s] devant p,t,k et [j] ou [z] (languedocien oriental) devant les autres lettres. Exemples : los caulets [lus kawlets], los vailets [luj bajlets] / [luz bajlets]. |
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Aguillon
Inscrit le: 02 Feb 2011 Messages: 24 Lieu: La Roquebrussanne
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écrit le Tuesday 08 Feb 11, 16:23 |
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Tron de pas Diu ! Emé voestreis analisos finos, dei "s" que si dien "i", "s" , "z" e meme que si dien pas, duvriez ligir leis archivos de voestreis endrets : li trovariès beleu de tresors sus lo parlar deis vielhs. (De tresos que ieu, risqui de prendre per d'errors d'ortografo !)
Ai ligit un coup (mi rapeli plus monte) une remarco de Mistral an' un qui li esplicavo como que, dins lo rodou de Iero, dins de mots como "festo" , testo, lo "s" davant lo "t", devenié une meno de "h" guturau. Et vos garantissi qu'es verai ! aquo ti li dono une virilitat au parlar !
Ti fa sonjar un pauc a d'arabe : "aven fach la fehhto" "mai sier(1) tombat sus la tehhto ?! "
Mai revenen a Mistral : segur de son fet, e qu'aquelo façon de parlar ero pas possible, avié respondut :
"Sias segur que li mancavo pas cauquei dents de davant a voestr' ome ?!!"
(1) E oc ! e en mai d'aquo, per lei segondos personos "siès", "sias" "vas", "anas"..., lo "s" de la fin deven un "rh" como la "jota" espanholo" o lo خ arabe.
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Bon sang de bois ! Avec vos analyses précises des "s" que se prononcent "i", "s" , "z" et même qui ne se prononcent pas, vous devriez vous pencher sur les archives de vos régions : vous y trouveriez peut-être des trésors sur le parler des anciens. (Des trésors que je risque de prendre moi, pour des erreurs d'orthographe !)
J'ai lu, un fois (mais je ne me souviens plus où) une remarque de Mistral à quelqu'un qui lui expliquait que dans les environs de Hyères, dans des mots comme "festo", "testo" le "s" devant le "t", se transformait en une sorte de "h" guttural... Et je vous assure que c'est vrai ! Ce qui donne à cette façon de parler, une sacrée virilité !... Qui fait un peu penser à l'arabe : "aven fach la fehhto" (nous avons fait la fête) "mai sier(1) tombat sus la tehhto ?! " (mais tu es tombé sur la tête ?!"
Mais revenons à Mistral : sûr de lui, et que cette façon de parler était tout à fait improbable, il avait répondu :
"Vous êtes certain qu'il ne lui manquait pas quelques dents sur le devant à votre homme ?!
(1) Et en plus de ça, pour les secondes personnes "siès" (tu es), "sias" (vous êtes) "vas" (tu vas), "anas" (vous allez)... le "s" final devient un "rh" comme la "jota" espagnole" ou le خ arabe.
Ces traits de prononciation, semblent localisés à une zone à l'ouest des Maures, au nord, en dessous de Brignoles, (entre Néoules et la Roquebrussanne est la frontière), et s'arrête à l'ouest, avant Toulon. Ce qui fait qu'à Néoules, s'il vous arrive de dire "como vas" (comment vas-tu), au lieu de "como varh", on vous prend pour quelqu'un qui se la joue : "Ou ! parlerh como lei roquiers ?) (Oh ! tu parles comme les roquiers ? (La Roquebrussanne-Néoules : 4 kilomètres.)
Bon !... Les maures... ça laisse songeur ! |
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Bastian
Inscrit le: 06 Jan 2007 Messages: 98 Lieu: Nissa
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écrit le Saturday 05 Mar 11, 16:01 |
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Geremi a écrit: | Pasha a écrit: | A la différence du français "deux" qui est invariable, l'occitan "dos" prend la marque du féminin, si besoin (dos / doas). C'est un trait commun à l'ensemble des dialectes. |
En Nissart, que sigue per lou masculin o per lou feminin, li es un soulet 2: doui. |
Pas d'acòrdi; quora es plaçat après lo nom que li si rapoarta, si poù dire doi ò doas.
Exemple: "D'amigas, n'ai doi/doas" |
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Aguillon
Inscrit le: 02 Feb 2011 Messages: 24 Lieu: La Roquebrussanne
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écrit le Sunday 06 Mar 11, 16:20 |
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Je dirais pareil :
" d'amigos, n'ai doas"
[dɑ'miɢœ nɛj dwɑ] |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Sunday 06 Mar 11, 20:54 |
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Pareil en catalan :
Dos homes (deux hommes)
Dues dones (deux femmes)
Dos-cents homes (deux cents hommes)
Dues-centes dones (deux cents femmes)
Dos mil homes (deux mille hommes)
Dues mil dones (deux mille femmes) |
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Geremi
Inscrit le: 12 Jan 2006 Messages: 181 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 13 Mar 11, 19:09 |
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Mea culpa, as rasoun Bastian (countrari). |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Sunday 13 Mar 11, 20:03 |
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En piémontais:
doj òm (pr. doui om)
doe dòne (pr. doue dòné)
Par contre, dosent e dojmila seraient invariables |
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Felibre d'Auvernho
Inscrit le: 23 Apr 2011 Messages: 222 Lieu: Auvernho
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écrit le Tuesday 26 Apr 11, 18:22 |
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Citation: | Geremi a écrit: | Pasha a écrit: | A la différence du français "deux" qui est invariable, l'occitan "dos" prend la marque du féminin, si besoin (dos / doas). C'est un trait commun à l'ensemble des dialectes. |
En Nissart, que sigue per lou masculin o per lou feminin, li es un soulet 2: doui. |
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En effet. une fois de plus les occitanistes systématisent un fait pour coller à leur cher catalan d'Espagne.
Dans le Cantalès on a le choix entre "dous" (-s muet) aux deux genres et "dous" au masculin et "duoi" au féminin.
"Duoi" ne s'emploie systématiquement que s'il s'agit de femmes ou d'êtres vivants féminins et bien marqués comme tels, par exemples des poules. |
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Felibre d'Auvernho
Inscrit le: 23 Apr 2011 Messages: 222 Lieu: Auvernho
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écrit le Tuesday 26 Apr 11, 20:12 |
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Citation: | Citation: | Citation: | [quote="ramon"]Pareil en catalan :
Dos homes (deux hommes)
Dues dones (deux femmes)
Dos-cents homes (deux cents hommes)
Dues-centes dones (deux cents femmes)
Dos mil homes (deux mille hommes)
Dues mil dones (deux mille femmes)[/quote | ] |
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Ben non justement, c'est différent en langue d'oc. On ne dit pas "dues centes". On dit "dous cent" et "dous milo" aux deux genres |
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