Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
|
écrit le Sunday 13 Mar 11, 13:23 |
|
|
La cloche est l’un des plus anciens instruments de musique. Les premières cloches métalliques remontent à l’âge du bronze.
En latin, le terme employé est tintinnabulum, visiblement une onomatopée qui imite un cliquetis métallique. On parle aussi parfois, par métonymie, d’aes (=bronze). Ainsi chez Martial, « sonat aes thermarum » : la cloche des bains retentit.
Le mot français cloche, comme le portugais cocha, a été introduit au début du Moyen-âge, en même temps qu’une nouvelle utilisation de l’instrument.
C’est entre le VIe et le VIIIe siècle que dans l’Europe chrétienne se généralise la cloche comme marqueur du temps : elle sert pour les moines à annoncer les heures de l’office religieux, et elle accompagne du même coup la vie des laïcs.
Or, c’est à la même époque que le mot apparaît, dans les îles britanniques. Bien que les formes attestées soient latinisées en clocca, le mot est, d’après le Robert Historique, de racine celtique (ancien irlandais cloc de même sens) et doit correspondre à une onomatopée apparentée en klak-, klik-. D’après le TLFI, le dictionnary of medieval latin from british sources de Latham en trouve une attestation dès le VIe siècle (550), mais n’ayant pas ce dictionnaire sous le main, je n’ai pas pu voir où il apparaît. Par contre, j’ai pu vérifier la seconde attestation dans la Vie de Saint Colomban d’Adamnanus en 690.
Le mot, et peut-être l’objet ?, a été introduit, semble-t-il, sur le continent par les moines irlandais, qui, à suite de Saint Colomban, sont venus s’installer en Gaule, autour du VIIe siècle.
Remarquez que d'autres dictionnaires reconnaissent au mot une origine germanique... |
|
|
|
|
MiccaSoffiu
Inscrit le: 24 Jun 2008 Messages: 463 Lieu: Capicursinu-Sophia
|
écrit le Sunday 13 Mar 11, 15:53 |
|
|
Horatius a écrit: | ...En latin, le terme employé est tintinnabulum, visiblement une onomatopée qui imite un cliquetis métallique. .. |
Un de ses dérivés m’est assez familier en corse : la clochette accrochée au cou des animaux.
it : tintinnabolo, co : tintenna du latin tintinnu(m) = clochette, belière, clarine.
(Edit, correctif). Pour des fonctions analogues à celles de la cloche on peut noter du latin tympanu(m) le tambourin qui a donné "le grelot" actuel de la chèvre :
it : timpano, co : timpanu = clochette, grelot, timbale, qui est une petite cloche un co : sunagliulu = grelot du latin sonaculu(m)
Dernière édition par MiccaSoffiu le Sunday 13 Mar 11, 17:34; édité 4 fois |
|
|
|
|
Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
|
écrit le Sunday 13 Mar 11, 16:38 |
|
|
La fin de votre message prête à confusion, MiccaSoffiu :
Les formes timpano et timpanu, dérivées du latin tympanum, ne sont pas du tout apparentées au tintinnabulum latin. Elles proviennent du grec τύμπανος, qui désigne plus spécifiquement, d'habitude, le tambourin. |
|
|
|
|
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
|
écrit le Sunday 13 Mar 11, 18:15 |
|
|
Etymonline.com (angl. clock) confirme ce qui a été dit plus haut :
Latin médiev. (7e s.) clocca, probablement d'origine celtique (cf. vieil irlandais clocc, gallois cloch), disseminé par les missionnaires et probablement d'origine imitative. |
|
|
|
|
Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
|
écrit le Sunday 13 Mar 11, 19:07 |
|
|
Le latin ecclésiastique a aussi campana. D'où en français la campane (peu usité) et surtout le campanile, qu'on rencontre en Provence.
Ce terme vient de la Campanie. Pour quelle raison ? est-ce à cause de ses mines de cuivre ?
Ou bien parce que ces cloches (ou une forme de ces cloches d'église) sont apparues dans cette région, plus particulièrement à Nola (30 km de Naples) ?
nola est aussi utilisé comme synonyme de campana. |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Sunday 13 Mar 11, 19:21 |
|
|
Aera campana s'appellaient tous les objets en fusion qui se faisaient à Nola.
Isidore de Seville utilisait le mot campana en se réferant à la balance romaine.
Le nom piémontais de la cloche, de toute façon, en piémontais c'est déjà ciòca(pr. tchòca)<clocca.
Ciochin (pr. tchouquìn) = sonnette. |
|
|
|
|
Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
|
écrit le Sunday 13 Mar 11, 19:36 |
|
|
Oui, dès l'Antiquité, la Campanie, et Nole en particulier, était réputée pour ses objets de bronze: cf. Pline l'Ancien 34.95.
Une explication encore plus précise, et qui lui est liée, serait que Saint Paulin de Nole aurait été un des promoteurs de l'utilisation des cloches. Mais cette explication est discutée...
Le médiéviste Jacques Le Goff, dans "Pour un autre Moyen-âge", cite une étymologie de Jean de Garlande (début XIIIe), fantaisiste mais révélatrice de l'importance des cloches dans le vie quotidienne du peuple :
"Campane dicuntur a rusticis qui habitant in campo, qui nesciant judicare horas nisi per campanas".
On appelle [les cloches] "campanae" à cause des paysans qui habitent la campagne, et qui ne savent pas juger de l'heure sans les cloches. |
|
|
|
|
MiccaSoffiu
Inscrit le: 24 Jun 2008 Messages: 463 Lieu: Capicursinu-Sophia
|
écrit le Sunday 13 Mar 11, 20:46 |
|
|
Etymonline propose aussi pour CLOCK clockke, initialement « une horloge avec des cloches » (clokke, originally "clock with bells)
Le document partiellement consultable suivant :
La Cloche: études sur son histoire et sur ses rapports avec la société aux différents ages Libr. de Fermin-Didot & Cie, Jean Daniel Blavignac 1877.
mentionne :
GLOCHON ou KELOKEN = frapper d’ou KLOCKE en allemand et CLOCK en anglais pour désigner une cloche et une horloge.
Proposition identique dans le Manuel d'archéologie pratique: Par Th Pierret 1864 : « Le mot français cloche vient du vieux mot allemand keloken, qui signifie frapper » |
|
|
|
|
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
|
écrit le Tuesday 15 Mar 11, 18:11 |
|
|
angl. glockenspiel : (emprunté à l'allemand Glockenspiel) carillon, lit. "jeu de cloches" |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
|
écrit le Tuesday 15 Mar 11, 20:22 |
|
|
N'est-ce pas un peu snob de qualifier ce mot d'anglais puisque, d'origine allemande, il existe aussi tel quel en français (voir TLFi) ?
On notera que c'est surtout un carillon d'orchestre et que son utilisation la plus célèbre est dans la Flûte enchantée de Mozart où l'instrument est à Papageno ce que la célèbre flûte est à Tamino.
À noter aussi que, lors des premières représentations de l'œuvre dans le théâtre de Schickaneder, c'est Mozart lui-même qui jouait en coulisse du glockenspiel. |
|
|
|
|
embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3883 Lieu: Paris
|
écrit le Wednesday 16 Mar 11, 0:40 |
|
|
De fait, le mot allemand Glockenspiel est autant français qu'anglais.
On peut s'interroger sur la date de 1825 donnée sans référence dans etymonline. Dans quel contexte le mot est-il mentionné en anglais ? Comme une curiosité étrangère ou comme un mot intégré au vocabulaire ? Le Chambers Dictionary of Etymology cite cette même date sans plus de détails, sinon que le sens est alors celui de carillon. Il dit que le sens actuel est attesté pour la première fois dans Sartor Resartus de Carlyle en 1833-34. Mais si l'on s'y reporte, on voit qu'on peut difficilement conclure que le mot soit intégré au fond anglais :
Citation: | Rich men, I find, have Teusinke [a perhaps untranslatable article]; also a silver girdle, whereat hang little bells; so that when a man walks, it is with continual jingling. Some few, of musical turn, have a whole chime of bells (Glockenspiel) fastened there; which, especially in sudden whirls, and the other accidents of walking, has a grateful effect. |
Ce qui a été traduit ainsi ici :
Citation: | Les Hommes Riches, je trouve, ont la Teusinke » (un objet pour lequel nous n'avons peut-être pas de mot en anglais); puis une ceinture d'argent, où pendent des clochettes; de sorte que lorsqu'un homme marche, c'est dans un continuel tintinnabulement. Quelques-uns, les mélomanes, s'accrochent ainsi tout un carillon (Glockenspiel); ce qui, surtout dans les pirouettes inopinées, et les autres hasards de la marche, produit un agréable effet. |
Pour le français, le TLFi cite une date postérieure de 1872, mais il est clair qu'on en trouverait des exemples bien antérieurs en cherchant. Par exemple, sur Google Livres, le mot est mentionné dans la Gazette musicale de 1842, ou dans le Dictionnaire de plain-chant de 1853 ou dans le Dictionnaire général de 1862. |
|
|
|
|
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
|
|
|
|
|
felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
|
écrit le Wednesday 16 Mar 11, 2:30 |
|
|
Jacques a écrit: | Latin médiev. (7e s.) clocca, probablement d'origine celtique (cf. vieil irlandais clocc, gallois cloch), disseminé par les missionnaires et probablement d'origine imitative. |
Pour cloche, le néerlandais (bel) et l'anglais (bell) ont donné le nom de la tour qui faisait sonner les sons de cloche sur la ville: en néerlandais "belfort", en anglais "belfry", en flamand de France "beffroi".
Outis a bien vu que l'instrument "Glockenspiel" fut introduit par Mozart dans son opéra "La flûte enchantée". C'est en fait une version portable du xylophone. D'ailleurs, le Merriam-Webster Dictionary décrit le "glockenspiel" comme un instrument constitué de lamelles de métal, il n'y est donc pas question de cloches.
En France (sauf Flandre et Savoie) les cloches se trouvaient dans les clochers d'églises. Les beffrois et belfort étaient des tours civiles, destinées à prévenir la population d'un incendie ou de l'approche d'ennemis. Aussi, ces tours étaient constamment l'observatoire d'un guetteur. Comme celui de la ville d'Audenarde s'était endormi au mauvais moment, les armes de la ville portent encore aujourd'hui une paire de lunettes.
En Angleterre les "belltower" sont toujours les clochers d'église. |
|
|
|
|
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
|
écrit le Sunday 06 Nov 11, 14:26 |
|
|
être en cloque (argot) : être enceinte
Jacques a écrit: | L'idée d'enflure de la femme enceinte se retrouve dans l'argot "être en cloque" (être enceinte) 1901. Ici cloque est apparenté à cloche ( < bas lat. clocca) (ATF)
| Extrait de Babel : enceinte (adjectif féminin) |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11225 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Sunday 06 Nov 11, 16:38 |
|
|
Ne voyant pas tellement de rapport avec la cloche qui sonne, je suis allé voir l'article cloque du TLF, et, effectivement :
Citation: | Étymol. et Hist. 1. 1750 bot. « boursouflure qui attaque les feuilles du pêcher » (Traité de la culture des Peschers cité par Ch. Bonnet ds Recherches sur l'usage des feuilles dans les plantes, 2e éd., 1779, p. 246); 1848 technol. « boursouflure dans le verre ou l'émail » (M. Larchevêque, Fabrication industrielle des porcelaines, t. 1, p. 36); 2. 1866 d'abord pop. « ampoule sur la peau » (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, p. 83); d'où 1901 arg. « bosse » [en parlant d'une femme enceinte] (Bruant). Forme normanno-pic. de cloche*, qui signifie spéc. en pic. « espèce d'ampoule qui se forme sur l'eau quand il pleut » (Corblet); a remplacé cloche* attesté au sens 2 de 1640 (Oudin Curiositez : cloche aux pieds) à 1932 (Ac.). |
Oui, cloque est bien apparenté à cloche, mais pas à celle qu'on croit. |
|
|
|
|
|