Xavier Animateur

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4060 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Wednesday 16 Mar 11, 12:53 |
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Un Kanak désigne un habitant autochtone de Nouvelle-Calédonie.
Ce mot a été réhabilité et est devenu, avec cette graphie, le nom défendu par les indépendantistes.
La langue française utilisait le mot canaque pour désigner les indigènes. Ce nom semble avoir été surtout développé dans les années 1930, puis semble être tombé un peu en désuétude. Il avait certainement aussi une connotation péjorative, comme le mot indigène.
C'est Jean-Marie Tjibaou qui a surtout contribué à forger une identité kanak.
Avec un terme à la graphie polynésienne, et aussi invariable (comme en anglais, et certainement les langues polynésiennes).
Il a aussi forgé le nom du pays (dans le cas où il devient indépendant) : Kanaky (la terminaison en -y est certainement une influence de l'anglais).
Il a aussi créé une légende (ou reformulé) avec un ancêtre Téâ Kanaké, le "premier homme" de la nation kanak.
Cette graphie est aussi une façon de se démarquer du français, langue du colonisateur.
D'où le problème que pose le nom dans un texte français.
Normalement, on devrait écrire canaque, si on ne tient compte que de la langue, et non de la politique.
Mais la graphie est un moyen, par exemple pour un journaliste, de prendre position.
On écrit alors kanak pour montrer qu'on soutient (ou comprend) la cause indépendantiste (et aussi pour montrer le désir de ne pas apparaître comme un "colonisateur").
Mais doit-on écrire culture kanak ou bien culture kanake ?
L'origine du mot kanak n'a rien de kanak. En fait, ce terme n'est pas indigène, mais a été importé par les Européens.
Il provient d'une sorte de "lingua franca" à base d'anglais, utilisée autrefois en Polynésie.
Cette "lingua franca" porte le nom de "bichelamar". C'est considéré comme un pidgin, voire un créole, la différence entre ces deux termes n'est pas toujours évidente (et variable en fonction du lieu).
Au Vanuatu, il porte le nom de "bislama" et est devenue une langue officielle du Vanuatu (Nouvelles-Hébrides) avec l'anglais et le français.
Ce bislama est une sorte de créole à base d'anglais.
Le mot kanak vient de Hawai. Les habitants de cet archipel se nomment kanaka. kanaka signifie homme.
En français, le mot canaque désignait l'indigène du Pacifique.
Dans les textes européens du milieu du XIXe siècle, on parlait de la traduction de la Bible en canaque pour évangéliser les Tahitiens.
Dans ce cas, la langue canaque désignait la langue indigène de Tahiti.
(Max Radiguet, Revue des deux mondes, 1859, est certainement la plus ancienne attestation du mot en français)
En anglais, kanak (ou kanaka) est un terme qui a été, en particulier, utilisé après l'abolition de l'esclavage pour désigner celui qui n'était alors plus esclave mais qui était toujours exploité (dans le Queensland notamment).
Puis ce terme est tombé en désuétude.
Si demain la Kanaky devient indépendante, le kanak ne sera pas la langue officielle de la Kanaky. (Ce sera certainement le français).
Il n'y a en effet pas de langue kanak en Kanaky. On peut parler de langues kanak. Il existe en effet plusieurs langues (comme au Vanuatu).
L'intérêt de ce terme (d'origine étrangère, tout en étant polynésien) est de pouvoir être admis par toutes les ethnies, car il n'appartient à aucune.
Il serait aussi intéressant de savoir quel terme est utilisé au Vanuatu en bislama.
En consultant un dictionnaire de bislama, il me semble que le terme Kaledoni est plus utilisé que celui de Kanak. Mais ces deux termes désignent-ils le même homme ?
Dernière édition par Xavier le Tuesday 11 Oct 11, 20:38; édité 1 fois |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3794 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 16 Mar 11, 13:06 |
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Curieusement, ce nom de "bislama" fait penser à l'arabe "avec la paix", "en paix". Mais l'étymologie est très différente et plutôt rigolote, telle que la rapporte Wikipedia. |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Friday 18 Mar 11, 13:11 |
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J'ai lu que les kanaks étaient utilisés par les anglais d'Australie comme esclaves dans les plantations.
Quand ils ont approuvé la loi contre l'esclavage, ils voulaient substituer les esclaves avec des italiens, en condition de semi esclavage. Les italiens sont allés jusqu'à là-bas, mais après ils n'ont pas pu rèsister aux conditions de travail et au climat.
Réference. |
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