gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Tuesday 19 Jul 11, 12:25 |
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Il faudra qu'on m'explique en quoi balancer des formes eurindiennes qui n'ont aucune chances d'aboutir à frutex en latin, à moins de contrevenir à ce que l'on sait de l'évolution phonétique des formes eurindiennes aux formes latines, peut faire avancer le débat.
Si on part de la forme frutex latine, on sait en appliquant les règles établies, que la première consonne va remonter à un bh, un dh, voire, éventuellement, si le terme latin est d'origine campagnarde, à un gh, et que le r va remonter à une sonante r, et le t va remonter à un t. On a donc (à priori, sauf cas de réfection analogique) une forme eurindienne possible en *bh-r-w-t-, *dh-r-w-t-, voire *gh-r-w-t- (je n'essaie pas ici de restituer la vocalisation, mais elle n'est pas sur le r, sinon, on aurait une forme latine en or).
Je constate que Pokorny reconstitue une forme hypothétique de participe *bhrūtós ce qui concorde assez bien avec mes dires.
Au vu de ce qu' Outis à dit précédemment sur les formes eurindiennes auxquelles βρύω pourrait remonter, il n'y a donc pas de rapprochement à faire entre frutex et βρύω. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11172 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 08 Nov 16, 7:54 |
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Une fois de plus, dans ce fil passionnant, ni moi ni personne n'avons un seul instant envisagé la possibilité que brouter et sa famille puisse être d'origine celtique, voire préceltique.
Voici ce que je relève dans Nos racines celtiques de Pierre Gastal :
brossa : végétation faite de touffes d'arbrisseaux rameux, d'arbustes souvent épineux ; endroit où ils poussent.
A donné l'ancien français brost (jeune pousse), broce / broice (broussaille), les fr. brosse, brosser, brousse, broussaille et brouter.
Très nombreux toponymes, dont les Brotteaux de Lyon.
Cognats : breton brouskoad, provençal et catalan brossa.
brostar : brouter, manger la végétation naturelle (herbe, broussailles, pousses et feuilles des arbres) en parlant du bétail.
A donné l'ancien français broster, de brost (jeune pousse d'arbre), d'où le français brouter, broutement, broutille.
Cognats : breton broustañ, occitan brostar (brouter).
Comme autres cognats, en relisant ce fil, je crois que nous pouvons sans hésitation ajouter le castillan brote et brotar, l'anglo-saxon brustian (bourgeonner), qui n'est donc pas isolé, l'ancien haut-allemand broz (bourgeon), l'allemand brossen (bourgeonner), et même le grec βρύω bruô, le b celtique restant b en grec.
Et si l'ami germaniste de Giorss a raison, alors même frutex et frons, frondis sont apparentés à cette broussailleuse famille.
Les règles souffrent le plus souvent des exceptions. Qui sait comment se prononçait le b- celtique ou comment il était perçu par certaines oreilles dans certaines régions ? Peut-être était-il légèrement aspiré au point d'évoluer parfois en latin comme bʰ- et d'aboutir lui aussi à f- ? |
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