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euryèce (adjectif français : botanique) - Le mot du jour - Forum Babel
euryèce (adjectif français : botanique)

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Patrick



Inscrit le: 03 Apr 2007
Messages: 598
Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία

Messageécrit le Sunday 17 Jul 11, 14:04 Répondre en citant ce message   

En lisant le site Alterias (*) consacré aux plantes invasives que Philippe Gazon (journaliste de la RTBF : émission du dimanche matin: La Vie au Vert) recommandait , j'ai été attiré par cet adjectif d'origine grec.

"Une plante envahissante au sens large, ou plante invasive, est une plante généralement euryèce, problématique par sa capacité de colonisation qui dans certaines circonstances en font une espèce invasive". (**)

Cet adjectif signifie: "Du grec eurus, qui signifie "large", et oikos "lieu d'habitation", euryèce est un adjectif caractérisant une espèce ayant une grande valence écologique.
Elle peut supporter d'importantes variations vis-à-vis de facteurs écologiques, tels que la température (si la valence ne concerne qu'elle, on dit que l'espèce est eurytherme), ou la salinité (euryhalin)... Peu spécialisée et n'ayant pas ou peu d'exigence particulière, ce type d'espèces concerne souvent les espèces dites "rustiques", mais aussi "ubiquistes", et parfois "envahissantes".

L'adjectif contraire d'euryèce est sténoèce, sténo, signifiant "réduit".

Voir : Démécologie." (***)

--> On reconnait facilement l'adjectif grec ευρύς (èvris) : large, qui s'étend en largeur, qui se répand au loin (Baillly)
et le nom οίκος (ikos, en fr. a donné éco-) habitation, maison.

Ces plantes envahissantes ou invasives sont redoutables puisqu'elles se plaisent chez nous puisqu' euryèces : les unes sont terrestres, les autres aquatiques .
Vu l'engouement actuel pour le jardinage, chacun devrait savoir quoi faire et prendre connaissance de ces plantes parfois plantées en toute ignorance des "dangers" encourus.
J'ai été surpris d'apprendre que le Topinambour (Helianthus tuberosus), légume bien connu, était invasif et sur la liste noire !


--------------------------

(*) http://alterias.be/fr/liste-des-plantes-invasives-et-des-plantes-alternatives/les-plantes-invasives
(**) http://fr.wikipedia.org/wiki/Plante_invasive
(***) http://fr.wikipedia.org/wiki/Eury%C3%A8ce
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11169
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Sunday 17 Jul 11, 14:40 Répondre en citant ce message   

Pour l'élément οίκος voir le MDJ économique.
J'ajoute euryèce et sténoèce dans la grande famille VICINAL.


Dernière édition par Papou JC le Sunday 17 Jul 11, 16:17; édité 1 fois
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Outis
Animateur


Inscrit le: 07 Feb 2007
Messages: 3511
Lieu: Nissa

Messageécrit le Sunday 17 Jul 11, 15:46 Répondre en citant ce message   

Patrick a écrit:
… le nom οίκος (ikos, en fr. a donné éco-) habitation, maison.

Bien intéressant. À prendre dans l'ordre.

— le grec moderne οίκος « maison » existe bien, mais surtout dans des syntagmes officiels comme εκδοτικός οίκος « maison d'édition » ou οίκος ευγηρίας « maison de retraite », trahissant une influence du grec épuré (καθαρεύουσα) ; en démotique, le nom de la maison est σπίτι et il n'y a donc aucune raison d'indiquer la prononciation moderne « ikos » puisque ce n'est nullement le grec moderne qui est à l'origine du français éco- ;

— le grec ancien οἶκος (à Chypre ϝοῖκος) « demeure, lieu où l'on habite, chez soi, patrie » appartient à une famille essentielle de l'eurindien, de base *uik- et le groupe oi y est donc initialement une vraie diphtongue, correspondant au degré o de la racine ;

— comme il est usuel, cette diptongue oi s'est contractée et, en grec, a gardé à la fois le trait arrondi du o et la fermeture du i, aboutissant donc à u (celui du français, le ü des turcs et des allemands), la seule différence avec le υ (upsilon) du grec étant la persistance de la longueur de la diphtongue primitive ; mais, peu importe, le υ qu'il soit primitif ou résultant de le diphtongue oi a continué à se fermer, aboutissant au i du grec moderne (d'ou le ikos de Patrick) ;

— pour les emprunts au grec les choses se sont passées autrement en latin, où un son ü n'était pas disponible pour recevoir la contraction de oi et où c'est vers ē que celle-ci s'est faite, la notation de longueur se faisant avec une graphie œ rappelant oi sur le modèle d'un æ venu de ai ; au point qu'un vrai mot bien latin comme fētus (grossesse et, par métonymie, petit, embryon) a pu s'orthographier fœtus ;

— en passant du latin au roman, la longue ē s'est fermée en é (principe d'économie : plus l'émission est longue, moins il faut y dépenser d'air) et on aboutit à la prononciation normale « économie » ;

— hélas, les ploucs ne sont jamais loin, aussi bien les ploucs érudits qui tenaient à la graphie œ du latin, que les ploucs semi-lettrés qui, au vu de « œuf » et de « œil », ont cru que ce œ qui faisait si distingué devait se prononcer eu et on commencé à pourrir notre langue de eucuménique, eunologie et autres eudèmes, mots savants qu'ils ne découvraient le plus souvent que par la lecture ;

— le coup fatal a été porté par les psychanalistes français, généralement très incultes (aucun diplôme n'est requis pour ce boulot, il suffit d'avoir subi une psychanalyse : une affaire pour les nuls) qui, s'appuyant pour les plus cultivés sur l'allemand Ödipus, nous ont envahis de complexes d'Eudipe ;

— ce pourquoi, j'ai trouvé bien satisfaisant cet euryèce qui nous a gardé le fond de notre langue, à peine masqué par l'ouverture é > è, régulière en syllabe finale fermée.

edit : désolé, Papou, je n'ai pas pensé à regarder l'existant …
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11169
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Sunday 17 Jul 11, 16:13 Répondre en citant ce message   

Aucune importance, tu as fort joliment complété l'existant. Au moins, nous sommes sûrs de ne pas faire double emploi : l'un ratisse la surface et l'autre explore les profondeurs.
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Patrick



Inscrit le: 03 Apr 2007
Messages: 598
Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία

Messageécrit le Sunday 17 Jul 11, 17:45 Répondre en citant ce message   

À propos de ma prononciation -i- des -υ -οι -η -ει -ι grecs : tu as parfaitemetn raison, Outis, mais j'aimerais toutefois préciser que mon premier professeur de grec classique, nous avait laissé le choix après nous avoir appris les deux façons de dire, l'érasmienne et la moderne. C'était fin des années soixante !
Ιl était un grand amoureux de la Grèce bien évidemment (très différente de l'actuelle aussi et pas encore très moderne) et il m'avait passé son virus qui ne m'a jamais quitté.
Depuis mes 14 ans donc (comme c'est loin, dis donc) , j'en ai 56 bien sonnés, j'ai toujours prononcé le grec ancien de manière moderne, comme le font les Grecs d'aujourd'hui à l'école.
Je le faisais encore à l'Université où mes professeurs me choisissaient souventes fois pour lire les textes à voix haute devant un auditoire qui peinait drôlement à lire comme Érasme.
Je reconnais bien volontiers qu'on ne connait à vrai dire pas la manière dont nos vieux Héllènes prononçaient leurs idiomes, faute d'enregistrment, mais "je suis" (sequor) leurs petits petits petits petits petits petits petits petits-fils par choix délibéré et très volontaire. Les textes n'en sont que plus vivants ! Il n'y a pas de langue morte dès lors qu'un seul locuteur la parle.

NB. il est bien vrai de rappeler qu'aujourd'hui, pour parler de sa maison, on dit bien to spiti , mais en Grèce, les niveaux de langue se mêlent souvent, au détour d'une rue. Le Katharevoussa, soutenu et universitaire côtoie le démotique et l'argot avec le classque.
merci pour tes précisions, toujours aussi convaincantes à mes yeux.
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embatérienne
Animateur


Inscrit le: 11 Mar 2011
Messages: 3864
Lieu: Paris

Messageécrit le Sunday 17 Jul 11, 17:52 Répondre en citant ce message   

Outis a écrit:
— le grec ancien οἶκος (à Chypre ϝοῖκος) « demeure, lieu où l'on habite, chez soi, patrie » [...]
— comme il est usuel, cette diptongue oi s'est contractée et, [...]
— en passant du latin au roman, la longue ē s'est fermée en é (principe d'économie :

Illustration bien choisie !
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Patrick



Inscrit le: 03 Apr 2007
Messages: 598
Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία

Messageécrit le Sunday 17 Jul 11, 19:08 Répondre en citant ce message   

Juste pour le plaisir : sur la même page du journal grec i Kathimerini de cette fin de semaine, on peut lire ΟΙΚΟΣ et ΣΠΙΤΙ



=> ΟΙΚΟΣ ΤΗΣ ΚΑΘΗΜΕΡΙΝΗΣ
=> Ένα σπίτι για την Κατερίνα και τον Γιωργάκη στο Νυμφαίο


Malgré son antiquité, ΟΙΚΟΣ se prononcera ici tout de même "ikos".

cf. http://www.kathimerini.gr/4dcgi/_w_articles_kathcommon_411_11/03/2006_1285613

C'est par le plus pur des hasards et j'ai trouvé cela amusant ! En manière de clin d'oeil...
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