Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
|
écrit le Thursday 25 Aug 11, 17:20 |
|
|
Lisant différents MDJ développés dernièrement, et poursuivant quelques petites recherches dont je ferai peut-être moi-même un MDJ prochainement, j'ai été retenu par une amusante expression d'un latin familier.
Gaffiot distingue, avec raison, deux homonymes :
- putus, variante de pusus, qui connaît également une forme pusio : petit garçon (cf puer). Le mot simple, sous ces formes, est très rare. Rare également est la forme féminine pusa, petite fille. Avec le suffixe diminutif -illus, le mot est plus fréquent : pusillus (cf pusillanime en français). Pourtant même si ce mot est rare dans la littérature qui nous a été conservée, il est bien resté en italien (cf putto) ; on verra également ce qui a été dit au sujet du français putain : MDJ putain, cf aussi MDJ poutine sens 2.
EDIT : il y a maintenant à ce sujet, un MDJ putus (petit garçon)
- et puis, il y a l'autre putus, celui qui a attiré mon attention, et qui signifie "pur, propre". D'après Festus, les Anciens l'employaient pour purus (Putus Antiqui dicebant pro puro), dont il serait la variante : l'un comme l'autre sont d'ailleurs visiblement de la même famille, comme puto, nettoyer (avant de signifier penser), purgo...
En fait, nous n'avons conservé à peu près aucune attestation de "putus" employé seul dans ce sens : n'ayant pas retrouvé la citation de Varron donné par Gaffiot, je ne trouve que Cicéron dans sa correspondance (meae putissimae orationes).
Putus est habituellement employé dans la formule "purus putus" : il s'agit d'un groupe asyndétique (on trouve aussi quelques attestations avec coordination putus ac purus) et pléonastique : deux mots synonymes, phonétiquement proches, sont rapprochés pour renforcer l'idée :
- chez Aulu-Gelle : pondus argenti puri puti : un poids d'argent absolument pur
- chez Plaute à plusieurs reprises : purus putus hic sycophanta : c'est un sycophante tout pur ; Polymachaeroplagides purus putus est ipsus : c'est Polymachaeroplagides en personne.
Il s'agit d'une expression d'un latin familier et archaïque, comme en témoignent l'asyndète et le goût pour l'allitération : les attestations le prouvent d'ailleurs, Plaute et Varron sont des écrivains archaïques et Aulu-Gelle est archaïsant, si Cicéron emploie le mot, c'est dans sa correspondance. Autres exemples de formules asyndétiques de ce type : sartus tectus (réparé et couvert : on pense à notre "clair et net"), siccus sobrius...
Dernière édition par Horatius le Saturday 01 Oct 11, 21:18; édité 4 fois |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
|
écrit le Thursday 25 Aug 11, 19:06 |
|
|
Horatius a écrit: | … n'ayant pas retrouvé la citation de Varron donnée par Gaffiot … |
Pas bien palpitante : Ideo antiqui purum putum appellarunt, Varr. L. L. 6, § 63
À part ça, pour le Plaute, je garderais l'allitération avec « un sycophante pur et dur ». |
|
|
|
|
Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
|
écrit le Thursday 25 Aug 11, 19:58 |
|
|
Outis a écrit: | Ideo antiqui purum putum appellarunt, Varr. L. L. 6, § 63 |
Je ne parlais pas de celle-là, mais de celle où putus serait employé seul, sans purus : Gaffiot donne Res Rusticae 2.2. 10, mais je ne vois rien à cet endroit...
Sinon, oui, merci pour votre traduction : je m'étais contenté paresseusement, comme un potache, de recopier Gaffiot. |
|
|
|
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Thursday 25 Aug 11, 21:45 |
|
|
Très intéressant.
L'ordre des mots est-il figé ? Est-ce toujours purus putus ou parfois putus purus comme tu l'as d'abord écrit ?
(Attention, dans ton exemple Polymachaeroplagides purus purus est ipsus, tu as écrit deux fois purus ...) |
|
|
|
|
Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
|
écrit le Thursday 25 Aug 11, 21:57 |
|
|
Merci de relever mes lapsus !... J'ai corrigé.
Effectivement, la tournure semble figée : on rencontre toujours purus putus, et pas l'inverse. |
|
|
|
|
embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3865 Lieu: Paris
|
écrit le Thursday 25 Aug 11, 22:33 |
|
|
Horatius a écrit: | Outis a écrit: | Ideo antiqui purum putum appellarunt, Varr. L. L. 6, § 63 |
Je ne parlais pas de celle-là, mais de celle où putus serait employé seul, sans purus : Gaffiot donne Res Rusticae 2.2. 10, mais je ne vois rien à cet endroit...
|
Il s'agit du passage : Sole exorto puto propellunt, etc. que plusieurs commentateurs proposent de lire Sole exorto putum propellunt. |
|
|
|
|
Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
|
écrit le Friday 26 Aug 11, 10:19 |
|
|
A votre tour de faire un lapsus ! Décidément...
"... que plusieurs commentateurs (éditeurs) proposent de lire" : sole exorto potum propellunt !
Merci, cependant, pour la référence !
Comme le signale votre second lien, la leçon "sole exorto puto, propellunt" n'a pas grand sens par rapport à la suite: il faudrait comprendre : "au lever du pur soleil, ils emmènent (les bêtes)."
La leçon habituelle des éditions (c'est celle que j'avais, c'est pour cela que je n'avais rien vu) est plus satisfaisante : Sole exorto, potum propellunt : "au lever du soleil, ils emmènent les bêtes boire.".
Donc, si l'on suit cette leçon, pas de "putum", employé seul ou autrement, ici. |
|
|
|
|
Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
|
écrit le Friday 26 Aug 11, 21:07 |
|
|
J'ai dit plus haut au sujet de putus et purus qu'ils étaient "visiblement de la même famille".
Méfions-nous des apparences !
D'après Ernout-Meillet, "rien ne permet de les rapprocher". Au contraire, les quantités à l'initiale sont différentes (pŭtus / pūrus) ; de plus, il y a dans la famille de "putus, putare, putamen..." l'idée d'élaguer, d'émonder, qui est peut-être première et qui n'existe pas dans purus.
Mieux vaut donc rester prudent... |
|
|
|
|
|