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Xavier Animateur

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 3962 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Friday 04 May 12, 11:30 |
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serment : "Promesse solennelle prononcée en attestant un être ou un objet sacré" (TLF)
"Affirmation solennelle (personnelle ou réciproque) prononcée en public"
au Moyen Âge :
serment de fidélité : acte par lequel à l'issue de l'hommage, le vassal jurait sur les Évangiles fidélité et assistance à son suzerain.
La plus ancienne attestation en langue romane est sagrament (842), dans le texte le plus ancien en langue romane (existe aussi en langue germanique) :
les Serments de Strasbourg entre Charles le Chauve et Louis le Germanique
du latin sacramentum
définition du Dictionnaire des antiquités grecques et romaines (Daremberg et Saglio)
Dans son acception primitive, ce mot désigne l'acte par lequel une personne, qui prête un serment, consacre sa personne à une divinité en cas de fausse déclaration ou de parjure.
Sacramentum dicitur quod jurisjurandi sacratione interposita geritur. C'est la présence d'une sacratio qui distingue le sacramentum du jusjurandum . Cette sacratio n'est pas un acte privé comme le serment : elle exige une déclaration spéciale et ne peut être faite qu'en vertu d'une loi : elle doit aussi s'adresser à un dieu déterminé.
Le sacramentum s'applique dans deux cas : aux militaires, lors de leur enrôlement ; en matière de procédure civile ou criminelle. L'usage du sacramentum a, de tout temps, été maintenu pour les militaires ; il a même été étendu à tous les fonctionnaires publics. Mais dans son application à la procédure, il a subi d'importantes transformations ; il a fini par être presque entièrement supprimé au temps d'Auguste, sauf devant le tribunal des centumvirs, où il a persisté jusqu'au IIIe siècle de notre ère.
le latin vient de sacrare : consacrer à une divinité (d'où sacrer)
de sacer : consacré à une divinité, sacré
Le même mot latin est à l'origine du français sacrement, emprunté au latin ecclésiastique sacramentum qui désignait tout objet ou tout acte ayant un caractère sacré.
On peut citer aussi :
Le Serment du Jeu de paume : le 20 juin 1789, plus de 500 députés réunis dans la salle du Jeu de paume du Vieux Versailles :
[L'Assemblée nationale] arrête que tous les membres de cette assemblée prêteront, à l'instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu'à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d’eux en particulier confirmeront, par leur signature, cette résolution inébranlable.
à noter aussi les traductions dans d'autres langues :
Tennis Court Oath en anglais
Giuramento della Sala della Pallacorda en italien
Le Serment d'Hippocrate (Όρκος του Ιπποκράτη)
dans la version originale (traduction de Littré) :
Je jure par Apollon, médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivants :
[...]
Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; si je le viole et que je me parjure, puissé-je avoir un sort contraire et mourir dans la tristesse.
Ce serment, revu et corrigé, est toujours d'actualité pour les médecins :
Au moment d'être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité.
[...]
Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j'y manque.
Aux États-Unis, le serment d'allégeance (Pledge of Allegiance)
Debout devant le drapeau des États-Unis, la main sur le cœur, on proclame :
I pledge allegiance to the flag of the United States of America, and to the republic for which it stands, one nation under God, indivisible, with liberty and justice for all.
Je jure allégeance au drapeau des États-Unis d'Amérique et à la république qu'il représente, une nation placée sous la protection de Dieu, indivisible et garantissant liberté et justice pour tous.
à noter : l'anglais pledge est apparenté au français pleige. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 10502 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 05 May 12, 4:51 |
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Xavier a écrit: | du latin sacramentum
définition du Dictionnaire des antiquités grecques et romaines (Daremberg et Saglio)
Dans son acception primitive, ce mot désigne l'acte par lequel une personne, qui prête un serment, consacre sa personne à une divinité en cas de fausse déclaration ou de parjure.
Sacramentum dicitur quod jurisjurandi sacratione interposita geritur. C'est la présence d'une sacratio qui distingue le sacramentum du jusjurandum . Cette sacratio n'est pas un acte privé comme le serment : elle exige une déclaration spéciale et ne peut être faite qu'en vertu d'une loi : elle doit aussi s'adresser à un dieu déterminé. |
Plus récent que l'ouvrage de Daremberg et Saglio (1877), le Dictionnaire Étymologique de la Langue Latine d'Ernout et Meillet (1932) donne, dans son long article sacer, une définition un peu différente du sacramentum :
Citation: | terme de droit : "dépôt fait aux dieux d'une certaine somme comme garantie de sa bonne foi ou de la bonté de sa cause dans un procès" ... Il est probable que ce dépôt s'accompagnait d'une prestation de serment (iusiurandum) ; de là le sens dérivé qu'a pris le mot ... C'est ce sens de serment que le mot a pris dans la langue militaire, où il s'employait d'abord dans une acception différente de iusiurandum, le sacramentum étant personnel et volontaire, le iusiurandum étant collectif et imposé. |
Quant au Dictionnaire Latin-Français de Gaffiot (1934), il traduit sacramentum par "enjeu" et précise Citation: | consigné entre les mains des Pontifes par les parties qui plaidaient ... L'enjeu du perdant était employé au service des dieux ... ou acquis au trésor public. |
Abstrait et dignifié ensuite, le sacramentum a donc d'abord été du concret sonnant et trébuchant !
D'où, peut-être, l'expression prêter serment ... Ce qu'on prête est, en principe, destiné à être rendu. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3576 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 05 May 12, 8:08 |
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Papou JC a écrit: | Plus récent que l'ouvrage de Daremberg et Saglio (1877), le Dictionnaire Étymologique de la Langue Latine d'Ernout et Meillet (1932) donne, dans son long article sacer, une définition un peu différente du sacramentum : [...] |
J'ai failli citer hier le même passage. Ce n'est pas tellement une question de date et de recherches récentes ou pas qui distingue Daremberg des autres, mais une question de point de vue.
En effet, il était bien connu, longtemps avant Daremberg, que le sacramentum entraînait un dépôt d'argent, une caution, notamment grâce à Festus et ses commentateurs. Bien avant Gaffiot, le pléthorique dictionnaire de Freund, ou sa version française par Theil (1862), faisait là-dessus un point très complet. J'ai l'impression que Daremberg s'intéresse plus à l'origine du terme en rapport avec "sacer", qu'au sens qu'il a développé plus tard, et il le met en rapport avec une sacratio, une imprécation contre soi-même en cas de parjure, qui fut plus tard institutionnalisée en dépôt de garantie. Sur cette question précise, on voit dans Theil un peu de flottement et Ernout & Meillet ne l'expliquent pas vraiment non plus.
Papou JC a écrit: | Abstrait et dignifié ensuite, le sacramentum a donc d'abord été du concret sonnant et trébuchant !
D'où, peut-être, l'expression prêter serment ... Ce qu'on prête est, en principe, destiné à être rendu. |
Le sens de "prêter" ici est spécial, comme le montre d'ailleurs le nom qui lui est associé : prestation de serment et non prêt de serment. Il s'agit purement d'un calque du latin classique "praestare jusjurandum" et plus tardivement "praestare sacramentum". |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 10502 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 05 May 12, 10:40 |
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Je t'avoue que sur ce dernier point, je m'étais permis de plaisanter un peu ... |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3576 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 05 May 12, 11:36 |
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Je t'avoue que je m'en doutais bien, mais je pense toujours qu'il peut y avoir des lecteurs qui ne s'en rendent pas compte, surtout ceux qui sont trop habitués à lire des binettes là où il faut rire !!... |
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Xavier Animateur

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 3962 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 05 May 12, 11:45 |
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embatérienne a écrit: | je pense toujours qu'il peut y avoir des lecteurs qui ne s'en rendent pas compte |
absolument !
Il faut faire très attention et ne pas induire le lecteur en erreur. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 10502 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 05 May 12, 12:43 |
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Je savais aussi qu'il y aurait bien quelqu'un pour corriger le tir ! Voilà qui est fait. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 11043 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 20 Feb 13, 14:18 |
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sagrato : parvis
il sagrato del duomo : le parvis de la cathédrale
forme vieillie ou littéraire : sacrato
du latin sacratum (= consacré), participe passé neutre de sacrare (= consacrer) |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3507 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 30 Sep 19, 15:51 |
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Xavier a écrit: | de sacer : consacré à une divinité, sacré |
Que le mot sacré ait pris ce sens sous l'influence de certaines religions est possible mais le sens premier du latin sacer est quelque peu différent. Pas de divinité dans l'affaire, pas plus que quand on dit aujourd'hui : « la sieste, pour moi, c'est sacré ».
Ce qui compte essentiellement c'est la notion qu'une séparation est effectuée entre ce qui est sacré et ce qui est profane, symboliquement entre ceux qui restent devant le fanum et ceux qui ont le droit d'y pénétrer.
À Rome, un criminel déclaré sacer était exclu de la société, personne n'avait le droit de l'accueillir ou de le nourrir ; le blesser ou même le tuer était licite.
Cette séparation que signifie le sacré fait qu'il existe — en particulier en franc-maçonnerie adogmatique (GODF, DH, GLFF, etc.) — une notion strictement laïque de sacré, sans référence au fait religieux. Un temple maçonnique n'est nullement sacré, il ne le devient que momentanément quand des frères y travaillent. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 10502 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 30 Sep 19, 16:33 |
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Voilà qui m'est agréable à lire après nos échanges à propos de victima. |
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