Projet Babel forum Babel
Contact - Règles du forum - Index du projet - Babéliens
INSCRIPTION - Connexion - Profil - Messages personnels
Clavier - Dictionnaires

Dictionnaire Babel

recherche sur le forum
Expressions issues du jargon ferroviaire - Expressions, locutions, proverbes & citations - Forum Babel
Expressions issues du jargon ferroviaire
Aller à la page Précédente  1, 2, 3 ... 9, 10, 11, 12, 13  Suivante
Créer un nouveau sujet Répondre au sujet Forum Babel Index -> Expressions, locutions, proverbes & citations
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant
Auteur Message
Andrew



Inscrit le: 14 Aug 2012
Messages: 139
Lieu: Isère rhodanienne

Messageécrit le Monday 02 Sep 13, 13:12 Répondre en citant ce message   

Andrew a écrit:
myris a écrit:
Etant étudiant, j'ai gagné quelques sous en déchargeant les bagages accompagnés à la gare Montparnasse. Le premier fourgon à bagages situé juste derrière la 2D2 était logiquement appelé la tête. Mais pourquoi, Andrew, le fourgon de queue était-il appelé la gauche?

... Il est donc plus commode pour les préposés au service des bagages d'évoluer à proximité du BV (Bâtiment Voyageurs) que d'aller courir "jusqu'à la gauche" c'est-à-dire à l'autre bout du quai.


La gauche.
Petite anecdote narrée par un collègue sur "le Web des Cheminots."
Un contrôleur avise un voyageur "à l’œil" clandestin, sans billet. Le bonhomme se montre récalcitrant, injurieux, agressif. L'assermentation des contrôleurs, leur pouvoir de police, autorise à l'appel aux forces de l'ordre.

Chose faite, la conversation qui s'ensuivit releva quasiment du surréalisme :

Le pandore : - "Alors ? Il se tient où, votre contrevenant ?"
- "A la gauche du train."

Les chaussettes à clous s'appliquèrent donc à l'inspection de tout le côté gauche. Le pied-fin les suivant à quelque distance s'écria soudain "mais c'est lui !"
Le roussin : - "Alors là monsieur, il faudrait savoir ! C'est à gôcheu ou à droiteu !?"
(On croirait les entendre. Dreu...)

Subséquemment, le resquilleur s'était installé dans la dernière voiture, à portée des portières, sur un siège sis à droite sens marche.

Mettre à gauche : Garder en souvenir. Laisser en suspens. "Se garder sous le coude." Atermoyer l'étude d'un dossier. Placer en attente.

Passer l'arme à gauche : Trépasser. Périr. Franchir le dernier pas. Être rendu à ses fins dernières. Fermer son parapluie. Casser sa pipe. Avaler son extrait de naissance. Se mettre hors de combattre.

Gauchir, gauchiser, gauchard, gaucherie, à rapporter à la dextre et la sénestre, termes usuels en héraldique, mériteraient une plus scrupuleuse attention.
En héraldique, nous connaissons un meuble désigné dextrochère représentant une main droite arrachée, mais rarement une main gauche, la sénestre, la main du crime.
La connaîtrions-nous, fut-elle pour autant nommée "gauchère" ou "sénestrochère" ?

Mettre l'arme à gauche: Simplement ne pas la porter à droite, refuser le combat, se réserver, abandonner instamment la position du tireur, réserver ses cartouches, attendre que l'adversaire se dévoile pour le tirer plus aisément.

La gauche et tous les usages qui en sont faits nous réserve, je pense, bien d'autres flaveurs.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Andrew



Inscrit le: 14 Aug 2012
Messages: 139
Lieu: Isère rhodanienne

Messageécrit le Wednesday 04 Sep 13, 11:35 Répondre en citant ce message   

Andrew a écrit:
En héraldique, nous connaissons un meuble désigné dextrochère représentant une main droite arrachée, mais rarement une main gauche, la sénestre, la main du crime.
La connaîtrions-nous, fut-elle pour autant nommée sénestrochère ?


http://fr.geneawiki.com/index.php/Pays_-_Blason_-_Velay Ma foi oui, "sénestrochère" se dit en héraldique...

Ce serait l'occasion de parler des locomotives blasonnées aux armes de maintes villes.

La fameuse "Lison" évoquée par Zola était une 021 construite vers 1880 par la Cie des C.F. de l'Ouest, en Haute-Normandie. Elle ne fut pas blasonnée mais porta le nom de sa localité d'affectation sise dans le Calvados.
(Explication de la violence et des délires de Lantier ? Allez savoir ?)

En souvenir du roman et de la publicité qui fut faite autour des métiers du rail, beaucoup d'autres locos furent à leur tour baptisées "Lison" et certaines blasonnées.
Celle que conduit Gabin (ou fait mine de...) est une 231 bien plus récente.

"Lantier" ou encore "l'Entier" lui va à ravir, comme un gant. Le rêve de môme de Jean Alexis Gabin Moncorgé était de devenir... mécanicien vapeur !

"Alors là mon p't'it gars j'men vais t'dire une bonne chôge..."
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Glossophile
Animateur


Inscrit le: 21 May 2005
Messages: 2281

Messageécrit le Wednesday 04 Sep 13, 17:29 Répondre en citant ce message   

Citation:
La fameuse "Lison" évoquée par Zola était une 021 construite vers 1880 par la Cie des C.F. de l'Ouest, en Haute-Normandie.

L'action du roman se situe en 1870, avec cette hallucinante scène finale où le train des soldats monte au front (Hommes : quarante ; chevaux en long : quinze) tiré par une locomotive folle, le mécanicien et le chauffeur se sont entretués...
Ainsi, non seulement la locomotive n'a plus de mécanicien, mais elle n'est pas encore sortie des cartons des ingénieurs. Sacré Mimile, on t'aime bien quand même, va !


Dernière édition par Glossophile le Wednesday 04 Sep 13, 20:23; édité 1 fois
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
embatérienne
Animateur


Inscrit le: 11 Mar 2011
Messages: 3862
Lieu: Paris

Messageécrit le Wednesday 04 Sep 13, 18:19 Répondre en citant ce message   

Sacré Mimile ... ou sacré Andrew !
D'après Le patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français :
Citation:
ce sont elles qui ont servi de modèle à Emile Zola pour la Lison de La Bête humaine. Aucune machine de ce type n'a porté ce nom. La Lison est en réalité la machine 229, une 021 appartenant à la série 201- 250, de 1855-1864, des engins construits pour les Compagnies de Caen et de l'Ouest

cf. photo.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Glossophile
Animateur


Inscrit le: 21 May 2005
Messages: 2281

Messageécrit le Wednesday 04 Sep 13, 20:31 Répondre en citant ce message   

Citation:

La fameuse "Lison" évoquée par Zola était une 021. Elle ne fut pas blasonnée mais porta le nom de sa localité d'affectation sise dans le Calvados.

Dans le roman, chaque locomotive porte le nom d'une gare du réseau. Zola a choisi Lison pour d'évidentes raisons symboliques : cette locomotive est assimilée à une femme aimée.
(Et non, ce n'est pas elle, la bête humaine, la bête humaine c'est Jacques, tueur psychopathe chez qui la pulsion meutrière est liée à la pulsion sexuelle. Il n'est d'ailleurs pas la seule bête du roman, le président Grandmorin, violeur de fillettes, en est une autre.)
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Andrew



Inscrit le: 14 Aug 2012
Messages: 139
Lieu: Isère rhodanienne

Messageécrit le Thursday 05 Sep 13, 10:24 Répondre en citant ce message   

embatérienne a écrit:
Aucune machine de ce type n'a porté ce nom. La Lison est en réalité la machine 229, une 021 appartenant à la série 201- 250, de 1855-1864, des engins construits pour les Compagnies de Caen et de l'Ouest


Mea maxima culpa !! J'ai "fourché" en tapant le digicode...
1880, c'est l'année où débuta la construction du bâtiment voyageurs de Lison. Auparavant cette station était équipée d'un simple embarcadère et d'une cabine-abri réservée aux gardes-signaux.
(Et puis, pourquoi bâtir un abri de quai à l'intention des voyageurs lorsqu'il fait beau plusieurs fois par jour ?...)

Ce qui fait défaut dans l'extrait cité, portant sur les 021 de l'Ouest, extrait issu d'un texte ancien officiel c'est justement l'adverbe "officiellement."(*)

Cela a au moins le mérite de soulever deux questions.
D'abord, à quand remonte l'usage du blasonnement des locomotives, aujourd'hui à la charge des relations externes et de la communication ?
Ensuite, cet usage découle-t-il d'une pratique plus ancienne, traditionnelle, non codifiée ?

"Mimile" l'écrit d'ailleurs dans son roman : Elle avait reçu en plus de son matricule le nom de Lison et c'est Lantier qui, l'affectionnant, la surnomme "la Lison."
Zola a pu broder sur les personnages, mais généralement pas sur les détails concrets. Il avait longuement séjourné dans le secteur, de manière à rassembler les éléments pratiques, contextuels, lui permettant de donner vraisemblance à son récit.
C'est probablement l'homophonie entre le surnom de la machine, citant une localité jalonnant le parcours et le prénom féminin qui donna à "Mimile" l'idée - et la possibilité - d'évoquer l'attachement quasi-bestial du meccano à son outil de travail.
Chose que beaucoup de romanciers imitèrent par la suite.

Voir et entendre : http://www.youtube.com/watch?v=oRIwyA0v638 La voie-off de Jean Negroni cite les passages correspondants.
(Et puis ça nous fait faire une jolie balade.)

(*) Exemple, les machines "grandes lignes" en livrée bleu-violet et gris argent, portant le logo "en voyage" sont surnommées "vache Milka."
Là non plus, il n'y a rien d'officiel... C'est un trait d'humour.

Pas plus qu'officiellement la SNCF ne reconnaîtra jamais comme "la tueuse ; tour de rein ; essoreuse ; salière ; allô Docteur" les bécanes du type BB 9100 "Jacquemin" aujourd'hui radiées, qui avaient le fâcheux défaut de vous secouer les puces comme pas possible. Cela déclencha des mouvements de grève, des blocages de dépôt.
Purement infernal ! Les empattements relativement longs pour les essieux portés par les bogies, très courts, ramassés de pivot à pivot de bogies, provoquaient une tenue en ligne plus qu'aléatoire aux grandes vitesses.

En courbes et contre-courbes, pas de problème. La bécane faisait sa "prise de carres" et se calait gentiment sur le rail extérieur.
Mais en ligne droite... ma doué ! Sur la ligne de la Crau, par exemple : Droite comme un "i" et longue comme un jour sans pain... Il suffisait d'un petit défaut, une "marche d'escalier" infime sur la voie et c'était parti pour la sarabande. Les pieds bien écartés, cramponné à tout ce qui pouvait servir de poignée, rien à faire. La tête entrait en oscillations avec tout le corps (30 cm au moins, de chaque côté) et toute la colonne vertébrale - les cervicales surtout - était mise à très dure épreuve.... Et c'est pas du Zola !

... Pas plus que les 2D2 ne furent jamais officiellement désignées, selon les séries et la forme de leurs capotages "nez de cochon ; femme enceinte ; ou moissonneuse-batteuse."
... Les séries 17000 "gerbomax" ou les Z8100 "chariotte du diable."

Il existe plusieurs réalités. Il en est de techniques, les jambes à la bonne longueur. D'autres purement mathématiques ; des juridiques aussi. Et des réglementaires qui se cachent derrière le doigt officiel de la respectabilité, face à l'émergence d'une hiérarchie, de l'esprit d'ordre et de discipline.
D'autres encore, purement romantiques, poussant parfois vers la poésie.

Laquelle dit vrai ? Aucune, sans doute. Pas plus qu'on n'oserait accrocher une étiquette en carton au cou de la Victoire de Samothrace.

(Je postasse un petit sujet sur les origines du mot "locomotive"... Va y avoir du sport.)
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Jacques



Inscrit le: 25 Oct 2005
Messages: 6525
Lieu: Etats-Unis et France

Messageécrit le Friday 06 Sep 13, 14:17 Répondre en citant ce message   

Switchback road of the Machu Picchu (route en lacets du Machu Picchu)

angl. am. switchback road : route de montagne en lacets, en zigzag. Route à virages en épingles à cheveux (angl. hairpin turns). < terme ferroviaire switchback railroad < switch (aiguillage) + back (en arrière )

switchback railroad : voie de chemin de fer en zigzag faite de segments joints par des aiguillages que l'on prend chaque fois dans la direction opposée. Sur le croquis suivant, le train fait le trajet A-B-C-D-E.

Addendum :
Dans l'article Chemin de fer Froissy-Dompierre de wikipedia, le terme pour "switchback railroad" est "ensemble de double rebroussements en Z".
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Andrew



Inscrit le: 14 Aug 2012
Messages: 139
Lieu: Isère rhodanienne

Messageécrit le Sunday 08 Sep 13, 16:18 Répondre en citant ce message   

embatérienne a écrit:
Sacré Mimile ... ou sacré Andrew !
D'après Le patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français :
Citation:
ce sont elles qui ont servi de modèle à Emile Zola pour la Lison de La Bête humaine. Aucune machine de ce type n'a porté ce nom. La Lison est en réalité la machine 229, une 021 appartenant à la série 201- 250, de 1855-1864, des engins construits pour les Compagnies de Caen et de l'Ouest

cf. photo.


Doublement navré, bien cher.
Consterné pour "le patrimoine de la SNCF"...

On va retrouver à la page 612 du livre de Lucien-Maurice VILAIN portant sur "Le matériel moteur et roulant des C.F. de l'Etat, du Paris-St-germain, au rachat de l'Ouest et par la SNCF" la mention d'une locomotive, apparemment due à André Koechlin, n° 229, dans la série 201-240 / 241-250 puis classifiées 021 à 081 & 082 "Etat" baptisée "Lison" comme furent toutes baptisées ou "blasonnées" les machines de traction. Et cela depuis les origines.

Donc, "Mimile" n'a, encore une fois, rien inventé. La "Lison" a bel-et-bien existé.

Lorsqu'ils écrivent "ce sont elles qui ont servi de modèle..." non. C'est celle-là. Précisément. "Lison." La 021 n° 229.
Comme d'autres, à la même époque, furent baptisées "Folschwiller, Napoléon, Tigresse, Victoire, Éclair, Strasbourg, ou Colmar." Sur les chemins de fer d'Alsace-Lorraine, bien entendu.
Et partout ailleurs. Dans d'autres corps de métiers, pour toutes les machineries que les hommes étaient astreints à servir, choyer, endurer. Partager au quotidien leurs vies, leur existence.

De la même façon qu'on baptise les navires, les stations du métropolitain, les rues et avenues, chaque objet de notre quotidien.
L'appropriation...

Nous reviendrons ensuite sur le mot "chapelonner."
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
José
Animateur


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 10945
Lieu: Lyon

Messageécrit le Monday 09 Sep 13, 11:35 Répondre en citant ce message   

- Cuomo did go on to seek the Democratic nomination in 2002 and blundered badly. His criticism of Gov. George Pataki in the aftermath of the 9/11 attacks was widely viewed as inappropriate and derailed his campaign.
= Cuomo était candidat à la primaire démocrate en 2002 mais il gaffa. Sa critique contre le Gouverneur Pataki à la suite du 11 septembre fut une erreur et fit capoter sa campagne.

[ The NY Post - 09.09.2013 ]


Royaume-Uni to derail
- dérailler
- FIG faire capoter (un plan, un projet)


Français dérailler
− [ P. métaph. ou au fig. ] dévier; s'écarter de son but; s'engager dans l'erreur
− [ P. ext. (Le suj. désigne une pers.) ] s'écarter du bon sens, du sens commun, déraisonner, divaguer
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Andrew



Inscrit le: 14 Aug 2012
Messages: 139
Lieu: Isère rhodanienne

Messageécrit le Monday 09 Sep 13, 18:29 Répondre en citant ce message   

Remarque entendue à maintes reprises durant les années 70 finissantes : "Oh petit ! Arrête un peu de chapelonner comme ça. Tu vas finir par fondre le plomb."
Elle faisait partie de notre langage quotidien.

Le destinataire de la remarque, généralement un petit bleu fraîchement débarqué, ne comprenait pas toujours toute la portée de l'expression. L'auteur non-plus, sans doute...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Chapelon

De nos jours, alors que nous recherchons des moyens d'exploiter les formes d'énergies renouvelables, "durables" comme il se dit, le "petit" (c'était son surnom) André Chapelon aurait sans doute voix au chapitre et beaucoup de choses à nous apprendre.
Lorsqu'on pense que tous ses prototypes furent ferraillés... La 242... Mince alors ! Accoster les 4000 chevaux, réduire de 20 à 30 % les consommations de combustible...

Nul n'étant prophète en son pays, Chapelon est considéré Outre-Atlantique comme un ingénieur de premier plan. Mais à cette époque, la "fée électricité", la puissance de la Standard-Oil, l'émergence du CEA tenaient le haut du pavé.
Alors pensez donc ! : "Mon pauvre, vous datez du temps de la vapeur ! "

Des fois, certains jours... alors que les stentors de la politique nous montrent la voie de l'avenir, on se reprend à "chapelonner" et se dire que les vieilles marmites, c'était pas si mal.
A la condition de tout repenser, rester toujours critique.
Ne pas se contenter d'améliorer des machineries existantes.

"Non monsieur, ce n'est pas un chapeau. C'est un serpent boa qui a avalé un éléphant."


Dernière édition par Andrew le Thursday 12 Sep 13, 3:22; édité 1 fois
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Andrew



Inscrit le: 14 Aug 2012
Messages: 139
Lieu: Isère rhodanienne

Messageécrit le Thursday 12 Sep 13, 1:19 Répondre en citant ce message   

Glossophile a écrit:
Citation:

La fameuse "Lison" évoquée par Zola était une 021. Elle ne fut pas blasonnée mais porta le nom de sa localité d'affectation sise dans le Calvados.

Dans le roman, chaque locomotive porte le nom d'une gare du réseau. Zola a choisi Lison pour d'évidentes raisons symboliques : cette locomotive est assimilée à une femme aimée.
(Et non, ce n'est pas elle, la bête humaine, la bête humaine c'est Jacques, tueur psychopathe chez qui la pulsion meurtrière est liée à la pulsion sexuelle. Il n'est d'ailleurs pas la seule bête du roman, le président Grandmorin, violeur de fillettes, en est une autre.)


Tout n'est peut-être pas aussi simple... Ou alors plus compliqué.
L'un des informateurs qui nous permettent d'identifier la 021 - 229 me fait parvenir une info qui a de quoi faire dresser le sourcil.

Voici ce qu'il m'écrit ce jour : "... en effet, si le film a été tourné avec Gabin sur une 231, le livre de Zola a été écrit suite à un parcours qu'il effectua lui-même sur la machine 021 - 229 citée plus haut..."

Il ajoute : "En épluchant "l'Histoire de la locomotion terrestre" paru en 1935 dans le magazine l'Illustration et citant une référence au n° du 8 mars 1890, je retrouve page 22 la mention de "l'ingénieur Frantz Zola, père d'Emile Zola, qui développa les chemin de fer à traction hippomobile à partir de 1829..."

Ca chapelonne dur, là !
Va falloir préciser tout ça.

Ne verriez-vous pas que "Papa Zola" tarabusta le fiston à un point tel qu'il le convainquit d'examiner de plus près ce monstre auto-génère, un véritable "deus-ex-machina."
Voila qui nous donnerait une vision différente.

"La bête humaine" ne serait plus considérée comme "l'homme révélant sa bestialité" mais comme "la bête générée par l'homme..."
Dans le film de Sergio Leone ("oh oui, j'aime les westerns !") le personnage principal ne serait plus celui de Morton, ni celui de Franck ou le Cheyenne, ni Charles Bronson, ni la sémillante Claudia Cardinale.
Mais bel-et-bien... Le train.

Vais finir par me faire "descendre de machine" moi...

((Comment disait-il, le collègue ? Ah oui : Hongrie Vasutas : Avoir un süsü dans la tête.)


Dernière édition par Andrew le Saturday 05 Oct 13, 18:32; édité 2 fois
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
rejsl
Animatrice


Inscrit le: 14 Nov 2007
Messages: 3664
Lieu: Massalia

Messageécrit le Thursday 12 Sep 13, 6:38 Répondre en citant ce message   

Le père d'Emile Zola ne s'appelait pas Franz mais François. Du moins ce fut son prénom après qu'il l'eut francisé : sur son acte de naissance il fut inscrit sous le nom de :Francesco Antonio Giuseppe Maria Zolla, normal puisqu'il était italien de naissance.
Franz est son prénom germanisé par les Autrichiens qui lui rendent hommage pour avoir créé la première ligne de chemin de fer hippomobile dans ce pays, la ligne Linz-Gmunden. ( 1829)



L'aïeule de Lison...
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Andrew



Inscrit le: 14 Aug 2012
Messages: 139
Lieu: Isère rhodanienne

Messageécrit le Friday 13 Sep 13, 14:58 Répondre en citant ce message   

"Boîte de choc."

Vous avez dit "bizarre..."

Une entreprise performante, percutante, agressive et efficace, bientôt cotée au CAC 40, une croissance à trois chiffres, des commerciaux plus que compétitifs, des techniciens hors-pair ?
Non...
Ah ? Alors... l'une de ces farces et attrapes garnie d'un gant de boxe monté sur ressort et qui vous saute en pleine face si vous avez l'imprudence de déverrouiller le couvercle ?
Non...
Heu... cherchons du côté du maintien de l'ordre, de la sécurité. Le GIGN ? Les tireurs d'élite ? Un régiment de choc ?
Non pas...

Rien de tout cela et un peu de tout à la fois.

Les "boîtes de chocs" furent tout simplement les AEC (Appareils Enregistreurs de Chocs) mis au point par d’excellents horlogers à la demande des réseaux de chemin de fer, appareils dédiés à la détection des chocs anormaux, compte-tenu des contraintes inhérentes au transport ferroviaire et permettant d'évaluer la qualité du service.

Une sorte de sismographe. Constitué d'un boîtier très solide dans lequel est montée sur des coulisses une masse inerte, retenue en position médiane par des ressorts de rappel et portant un mécanisme déroulant une bande de papier baryté graduée en heures, 1/2 heures, 1/4 et de cinq-en-cinq minutes. Dix jours d'enregistrement sont possibles sur la longueur de la bande graphique.
Un stylet vient tracer le graphe attestant de l'immobilité du wagon, de son roulement (de rectiligne, le trait devient plus épais, bourru, lorsque le wagon roule) et indique les valeurs de contraintes reçues par le wagon lors des opérations de triage, de manœuvre, par des élongations latérales plus ou moins importantes.

Les "boîtes de choc" étaient très mal perçues par les agents de triage, les "enrayeurs."
En effet, l'heure et l'amplitude du choc subi étant traduites directement sur l'enregistrement, il était facile de déterminer la position géographique du wagon et qui l'avait à cette heure sous sa responsabilité.
Partant, l'origine des avaries subies par les chargements.
D'où des retenues sur la prime d'enrayage, des reproches amers de la baronne à la fin du mois, en examinant le bulletin de salaire ramené par son cheminot de mari...
"T'as encore cartonné ?! Et avec quoi on va nourrir les mômes !!!"
(De quoi vous donner l'envie de prendre le train des cocus, aller discuter au café de la gare, faire la fermeture et démarrer au timbre aux petites aurores...)

Aussi, pour s'entraider, se garantir mutuellement des perfidies, l’œil de Moscou, le "Big Brother" insidieux de la Compagnie, les cheminots inventèrent des codes, des mises en garde :
Une branche verte piquée dans la douille porte-signal. Un geste de la main derrière l'oreille, l'autre main sur les lèvres : "Gaffe ! On est suivis !"
Aussi, un tracé rapide à la craie sur le wagon du logo de la revue "Play-Boy" représentant un petit lapin aux grandes oreilles...
Puis, lorsque le chemin de fer s'ouvrit à la mécanographie, la mention claire, dans les plages de texte libre "AEC" dans les compositions d'acheminement.
L'imagination se montre débordante, face à l'adversité...

Redoutés des galibots, appréciés des tergals qui pouvaient aussi attester de la bonne tenue de leurs établissements "pas de choc chez moi, hé ! la preuve " les appareils enregistreurs de chocs furent retirés des ateliers de Noisy-le-Sec, transportés clandestinement à Perrache, remisés à St-Rambert, à Bourgoin, redistribués à des incorruptibles dans différentes régions, remis à des collectionneurs d'appareils d'horlogerie, déposés au Musée du Cheminot à Ambérieu. http://musee.cheminot.free.fr/

Passée dans le jargon ferroviaire, la boîte de choc désignait aussi la mise sous surveillance particulière d'un agent dont le comportement était considéré comme douteux.
"Untel ? Tu lui colle une boîte de choc et à la lecture on ira au résultat."
L'invention, bien avant les gadgets électroniques, du bracelet de surveillance à distance.

Simplement évoqués, parfois, sous la forme de "Stossmesser" à destination de réseaux transfrontaliers, ces subterfuges ont permis - sachant la méfiance de tous les cheminots du monde face aux outils d'évaluation - d'éviter quelques catastrophes commerciales...

Le pire serait de perdre la confiance de nos clients. Ne pas attester du sérieux de notre travail.

"Protégez moi de mes amis. Mes ennemis, je m'en occupe."
Talleyrand. Ou Voltaire ?
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Andrew



Inscrit le: 14 Aug 2012
Messages: 139
Lieu: Isère rhodanienne

Messageécrit le Monday 16 Sep 13, 10:48 Répondre en citant ce message   

"Clef de Berne."

Cette expression, plus souvent l'eussions-nous exprimée et écrite sous la forme "clé de berne" singularisée et passée dans le substantif, abandonnant le pronominal et la majuscule ; cela ne changeait pas grand-chose.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9_de_Berne

Pour un jeune cheminot accédant à des tâches empreintes de responsabilité, recevoir sa clé de berne était et reste encore une sorte de rite initiatique, un signe de reconnaissance. Un témoignage de confiance. Un adoubement.

Longtemps elles furent numérotées et gravées du matricule de l'employé qui en était le détenteur.
Perdre sa clé de berne était et reste encore ressenti comme une catastrophe. Un acte manqué.
Un peu comme le berger d'Aubrac qui perdrait son Laguiole...

... Sur le quai de la gare, à Clermont-Ferrand, un camarade : "Oh, petit ! Donne moi un sou."
- "Un sou, ah oui, vraiment ?"
- "Allez, donne. Et en échange je te donne ceci.
"

Le satané bougnat ! Bien-aimé camarade. Il avait peaufiné, poli, exalté par les rubescences du métal une magnifique clef de Berne gravée de mon prénom. Sans omettre le matricule. Un Sésame gainé pour la circonstance d'un fin étui de cuir.

Manière de dire : "Nous t'avons transmis ce que tu peux savoir. A présent c'est à ton tour de ne pas commettre un pas de côté."

Convention de Berne de 1886, l'une des premières qui illustrèrent cette ville car il existe beaucoup de conventions signées en icelle, le carré de Berne, la clé correspondante, le rectangle de Berne, le gabarit de Berne, les accords de Berne qui tendirent à l'unification des méthodes de travail et de construction de l'outil ferroviaire.

Toute une Histoire... Sous-tendue par l'esprit d'échange et de dialogue.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Jacques



Inscrit le: 25 Oct 2005
Messages: 6525
Lieu: Etats-Unis et France

Messageécrit le Thursday 26 Sep 13, 17:04 Répondre en citant ce message   

angl. am. main line : lit. "voie principale [de chemin de fer]", désigne familièrement tout quartier résidentiel de millionnaires.

À l'origine, Main Line (ou Philadelphia Main Line), désignait la banlieue ouest de Philadelphie, le long de la ligne principale (angl. main line) du "Pennsylvania Railroad" (ligne Philadephie-Harrisburg- Pittsburgh). Au 19e s., de nombreux millionnaires y ont installé leur résidence.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Montrer les messages depuis:   
Créer un nouveau sujet Répondre au sujet Forum Babel Index -> Expressions, locutions, proverbes & citations Aller à la page Précédente  1, 2, 3 ... 9, 10, 11, 12, 13  Suivante
Page 10 sur 13









phpBB (c) 2001-2008