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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11201 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 04 Jan 13, 11:47 |
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Effectivement. Aucun de nous n'avait lu assez loin, nous aurions gagné quatre jours !
Heureusement, entretemps, nous avons élucidé la question du -NA. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Friday 04 Jan 13, 14:00 |
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Ce suffixe -na se retrouve assez souvent dans la Bible, et pas seulement avec le verbe sauver.
Par exemple dans le livre de la Genèse (XII, 13) :
אמרי־נא (amar-na) amar signifie : dire, parler
La Bible de Jérusalem traduit par : "dis, je te prie"
La phrase "dis, je te prie" est explicite (cela sous-entend dis-nous). Mais si on traduit par "sauve, je te prie", cela peut paraître étrange, dans ce cas on dira plutôt : "sauve-nous, je te prie !"
Pour revenir au Psaume 125, il commence ainsi :
אנא יהוה (ana) que l'on pourrait traduire par : Oh Yahvé !
Il semble que ce ana soit de la même origine que le suffixe -na
La King James traduit par "now" :
"Save now, I beseech thee" (version originale) et "Save now, I pray" (nouvelle version).
C'est un peu le sens que l'on retrouve dans le slogan du candidat hollande en 2012 : "le changement, c'est maintenant !"
Il forme avant tout un souhait. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11201 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 04 Jan 13, 14:51 |
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Je crois que le -NA traduit par "maintenant" est encore autre chose. Son équivalent arabe est الآن [al-āna].
En arabe, il est impossible de confondre les trois particules. J'ai l'impression que ce n'est pas le cas en hébreu. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Friday 04 Jan 13, 16:34 |
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Mais au verset 25 du Psaume 118, on trouve directement ces deux particules en paralléle, on considère que c'est une double particule qui accentue encore plus cette insistance déprécative. Elles forment un redoublement de racine et un retour de sons avec fonction intensive.
Les doublement lexicaux qui nous paraissent pléonastiques sont assez courants en hébreu comme en yiddish et renvoient à cette insistance.
אָנָּא יְהוָה הֹושִׁיעָה נָּא
Certains choisissent de traduire comme tu le signales :" Ô Yahvé, sauve-nous!", d'autres " Je t'en prie, Yahvé, sauve-nous! "
On retombe sur les mêmes hésitations de traduction pour quelque chose qui n'existe pas exactement en langue française. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Friday 04 Jan 13, 18:11 |
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Merci pour cette précision : il fallait le souligner.
Autre élément, le verset comprend aussi deux phrases construites de la même façon :
אנא יהוה הושיעה נא
אנא יהוה הצליחה נא
Oh Yahvé, sauve-nous, je t'en prie,
Oh Yahvé, donne-nous la victoire, je t'en prie.
Dans ces deux phrases on a :
ana [...] -na
Le verbe de la seconde phrase est : צלח (tsalach) |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Monday 07 Jan 13, 21:07 |
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Cette supplique ! הֹושִׁיעָה נָּא revient comme un refrain repris en choeur par les fidèles lors de cérémonies et de prières particulières dans la religion juive, notamment lors de la Fête des Cabanes, Souccot, חַג הַסֻּכּוֹת.
Cette cérémonie donne lieu à un cycle de prières, psalmodiées lors d'une sorte de ronde processionnaire au cours de laquelle les croyants agitent, tout en priant, le bouquet des quatre espèces , le loulav, déjà évoqué sur le fil expressions d'origine biblique.
La langue hébreu désigne l'ensemble de ce cycle de prières par הושענא = hoshana qui est une contraction de l'expression biblique et devient un nom commun féminin. Le terme est postérieur à l'hébreu biblique, mais ancien et fait partie de la langue religieuse traditionnelle. Comme la prière dite hoshanna se répète jusqu'à sept fois, le terme a un pluriel , ce sont donc les hoshanot = הוֹשַׁעְנוֹת. Exemple de ces pluriels en -OT des noms féminins de la langue hébreu( cf. embatérienne, plus haut)
Le terme est employé tel quel par les croyants lorsqu'ils parlent , en français, de l'organisation du rite de Souccot, comme le montre cette citation d'un site religieux, qui explique le déroulement de la cérémonie le premier jour de cette fête.
Citation: |
1er octobre – 15 Tichri
1er jour de Souccot
Nous secouons les Quatre Espèces. Cliquez ici pour un guide pratique.
Office du matin. Le Hallel entier est récité, suivi des Hochaanot (on tourne autour de la table de lecture dans la synagogues avec les Quatre Espèces, en récitant des prières dans lesquelles nous demandons à D.ieu une ample subsistance pour l'année qui débute.)
Deux rouleaux de la Torah sont extraits de l'arche.
Lecture de la Torah : Lévitique 22, 26-23, 44 et Nombres 29, 12-16.
Haftarah : Zakharia 14, 1-21. |
On remarquera la translittération francisée.
La description de cette cérémonie religieuse permet seule ici de comprendre l'évolution et l'emploi du terme pour le yiddish.
En langue yiddish, le terme a gardé la graphie hébraïque הושענא mais en langage vernaculaire ( pas lorsque les gens psalmodient la prière en hébreu) cela se lit -hoshoyne ce qui signifie donc hoshana. Le sens est au départ le même qu'en hébreu : on part de cette supplication qui revient en boucle et par métonymie le terme désigne l'ensemble de la cérémonie ( prières, supplication reprise en refrain, procession et le fait de secouer le bouquet de rameaux, les quatre espèces).
Mais il apparaît ensuite dans une expression:
- הושענא שלאָגן = hoshoyne shlogn ce qu'on pourrait traduire par participer à la cérémonie de hoshana si ce n'est que littéralement cela signifie secouer la hosanna ! Où l'on a l'impression que par une nouvelle métonymie ( dans un premier temps, la partie, c'est-à dire la supplication, était prise pour le tout , c'est-à dire l'enemble de la cérémonie) on assiste au phénomène inverse : le tout ( toute la cérémonie) devient la partie ( ce bouquet de plantes qu'on agite et qui devient symbole de l'ensemble).
Mais nous sommes encore dans le domaine religieux: l'expression est figée et le yiddishophone qui dit :" atsint veln mir shlogn hoshoyne " [ maintenant nous allons secouer la hosannah] pense " Maintenant, nous allons dire/procéder à la hoshana".
Cependant, fait exceptionnel pour ce terme vagabond ( repris dans un grand nombre de langues), voici qu'en yiddish, il quitte le domaine religieux pour s'intégrer au profane avec humour:
Ainsi, lorsque je dis de quelqu'un : ! ער איז אָן אָבגעשלאָגנע הושענא = er iz on opgeshlogne hoshoyne = littéralement :
Il est une hosanna battue et rebattue ( secouée jusqu' à plus soif) cela signifie qu'il est hors service, atteint par la limite d'âge, plus bon à rien, fini , comme ce malheureux bouquet à la fin de la cérémonie.
Dernière édition par rejsl le Sunday 13 Jan 13, 19:40; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11201 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 07 Jan 13, 22:05 |
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Merci pour cette explication de la substantivation de ce qui semble être, à l'origine, un verbe à l'impératif. Ça rappelle ce qui s'est passé avec les termes latins Requiem ou Ave Maria, pour ne citer que ces deux-là, universellement connus. On comprend mieux que, devenu une sorte de realia en Palestine, le terme ait perduré au-delà de sa langue et de sa religion d'origine, tout comme les appellations latines que je viens de donner sont devenues, par la musique, des termes internationaux qu'on ne traduit pas.
Pour revenir à - et en finir avec - cet impératif originel, as-tu eu confirmation qu'il est de la même racine que le nom de Jésus ? |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Sunday 13 Jan 13, 19:25 |
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Je verse au dossier un adjectif bien oublié, uniquement féminin : hosannière.
Citation: | Hosannière, adj. fém. Croix hosannière. Croix au pied de laquelle on chantait l'hosanna le dimanche des Rameaux. (Dict. XIXe et XXe s.). |
Telle est la définition du Tlfi, qui omet de signaler que cette croix servait de halte lors de la procession des Rameaux.
Celle d'Epiais-lès-Louvres possède un lutrin d'où le prêtre proclamait l'évangile. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 05 Sep 13, 12:03 |
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- Dopo la sentenza della Cassazione firmata e sospesa l'esecuzione della pena. Il Cavaliere, osannato, parla ai suoi deputati e senatori.
- Après la décision de la Cour de Cassation, l'exécution de la peine est suspendue. Berlusconi est acclamé et s'adresse aux parlementaires de son parti.
[ La Repubblica - 03.08.2013 ]
osannare
- REL chanter l'hosanna
- acclamer / ovationner
cantare osanna : exulter / jubiler / chanter victoire
gli osanna della folla : les ovations/vivats de la foule |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11201 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 02 Aug 17, 8:18 |
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L'italien sans h à l'initiale me donne enfin aujourd'hui, je crois, la solution du problème : il se trouve que, sur le forum grec, je viens de poster quelque chose à propos du mot grec astu "ville". Plutôt que de tout réécrire, je recopie ce qui nous intéresse ici :
L'akkadien asītu désigne une "tour d'un mur de fortifications".
Lui est apparenté ou n'est qu'une variante, le mot isītu "tour, pile, pyramide, château-fort".
Sans garantie, ces mots akkadiens pourraient être des cognats de l'arabe classique آسية āsiyat(un) "colonne, pilier, édifice solide".
D'une racine qui a le sens général de "protéger, soigner" et dont sont probablement issus les noms de Josué, Jésus, Moïse (Moshé), celui de la ville d'Assouan, et le non arabe du rasoir, musa, outil de base du médecin qui s'en sert pour ouvrir les abcès. Pour certains tous ces mots sont d'origine sumérienne.
Je ne serais pas étonné que ce soit cette même racine qu'on retrouve dans hosanna, malencontreusement écrit avec un h trompeur à l'initiale dans beaucoup de langues, et que je vois pas dans l'hébreu ישע ( yasha). |
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