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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 21 Sep 05, 9:58 |
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Ichor du grec ιχώρ, ιχώρος en mythologie sang des Dieux, humeur aqueuse, partie séreuse du sang, du lait, de la bile. |
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Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 13 Dec 06, 1:51 |
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En médecine : pus sanguinolent et fétide s'écoulant d'une plaie infectée ou d'un ulcère. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6525 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Wednesday 13 Dec 06, 1:58 |
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Prononciation du mot français : [ikor]
Dernière édition par Jacques le Wednesday 13 Dec 06, 2:07; édité 1 fois |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Wednesday 13 Dec 06, 2:03 |
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Le χ ne se prononce pas un peu comme un CH allemand dans "buch"? |
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hvor
Inscrit le: 04 May 2005 Messages: 367
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écrit le Thursday 22 Nov 07, 13:04 |
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Du grec petros (pierre) + ichor (fluide qui coule dans les veines des dieux grecs), petrichor est un mot anglais, fabriqué en 1964 par deux chercheurs australiens, signifiant l'odeur agréable de la pluie tombée sur une terre sèche. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 23 Nov 07, 17:00 |
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La tradition est aujourd'hui bien établie de considérer l'ichor comme le sang des dieux mais son assise est très fragile car elle ne repose que sur un témoignage douteux.
Le grec ancien ikhṓr a en général le sens de « lymphe, sérum, humeur, pus » (Platon, Aristote, etc.). On trouve aussi le sens « sang » chez Eschyle (Agamemnon, v. 1480) et chez Homère au vers 416 du chant V de l'Iliade où Dioné essuie le sang de sa fille Aphrodite blessée :
Citation: | Ἦ ῥα, καὶ ἀμφοτέρῃσιν ἀπ᾽ ἰχῶ χειρὸς ὀμόργνυ·
Elle dit et, de ses deux [mains], le sang (ikhõ) du bras elle essuie ; |
C'est peu avant qu'on avait appris la blessure de la déesse (Il. V, 337-343) :
Dans une mêlée où les dieux se sont mêlés aux combats des hommes, Énée vient de tomber, blessé par Diomède, et sa mère Aphrodite tente de le soustraire à la mort en l'emportant dans ses bras. Mais Diomède, la sachant peu guerrière, se rue à sa poursuite et projette sa lance :
Citation: | […] εἶθαρ δὲ δόρυ χροὸς ἀντετόρησεν
ἀμβροσίου διὰ πέπλου, ὅν ὁι Χάριτες κάμον αὐταί,
πρυμνὸν ὑπὲρ θέναρος· ῥέε δ᾽ ἄμβροτον αἷμα θεοῖο,
ἰχώρ, οἷος πέρ τε ῥέει μακάρεσσι θεοῖσιν·
οὐ γὰρ σῖτον ἔδουσ᾽, οὐ πίνουσ᾽ αἴθοπα οἶνον,
τοὔνεκ᾽ ἀναίμονές εἰσι καὶ ἀθάνατοι καλέονται.
Ἡ δὲ μέγα ἰάχουσα ἀπὸ ἕο κάββαλεν υἱόν·
[…] Aussitôt la lance a percé la peau
immortelle à travers le péplos — les Charites elles-mêmes l'avaient œuvré —
en bas, au-dessus de la paume : et coule le sang (haĩma) immortel de la déesse,
l'ichor, lui qui en fait coule chez les dieux bienheureux :
car ils ne mangent pas le blé, ils ne boivent pas le sombre vin,
à cause de cela ils sont dépourvus de sang (an-haím-ones) et appelés immortels.
Elle, alors, poussant un grand cri, d'elle laisse choir son fils. |
Les vers 340 à 342 ont toute l'allure d'une glose tardive incorporée maladroitement au récit et qui y introduit un mot « ichor », anticipant probablement son usage au vers 416 mais se référant à une tradition incohérente puisque les dieux y sont dits dépourvus de sang en contradiction immédiate avec le vers 339 !
De plus, les vers 340 et 342 sont d'un style un peu médiocre et, si le vers 341 a une couleur nettement plus épique, c'est probablement qu'il s'agit d'une citation justifiant la glose.
Il est enfin clair que la suppression des vers 340 à 342 donne un rythme bien meilleur au récit.
Un certain nombre d'érudits ont voulu maintenir ces trois vers, arguant que les gloses en général expliquent des mots rares mais n'en introduisent pas de nouveaux. L'argument est juste mais on peut fort bien imaginer que la glose ait primitivement suivi le vers 416 et qu'un second glossateur l'ait déplacée ici pour en quelque sorte corriger le (haĩma) du vers 339.
Comme on ne dispose d'aucun autre témoignage de l'ichor comme sang des dieux ni d'aucune tradition attribuant leur immortalité à une anémie causée par l'abstinence de pain et de vin, il est difficile de savoir d'où le glossateur anonyme a tiré cette bizarre information … |
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Patrick
Inscrit le: 03 Apr 2007 Messages: 598 Lieu: Βέλγιο: Βαλλωνία
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écrit le Thursday 18 Dec 08, 12:08 |
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On parle de sanie également.
Sanie= n.f. = ichor, pus
ex.: Ces visages, qui nous arrivaient courverts de sang et de sanie" (Duhamel)
cf. Le Robert.
L'adj. ichoreux, ichoreuse. |
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Alexandre
Inscrit le: 27 Sep 2008 Messages: 56 Lieu: Marly le Roi
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écrit le Thursday 18 Dec 08, 22:41 |
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Outis a écrit: | La tradition est aujourd'hui bien établie de considérer l'ichor comme le sang des dieux mais son assise est très fragile car elle ne repose que sur un témoignage douteux.
...
Comme on ne dispose d'aucun autre témoignage de l'ichor comme sang des dieux ni d'aucune tradition attribuant leur immortalité à une anémie causée par l'abstinence de pain et de vin, il est difficile de savoir d'où le glossateur anonyme a tiré cette bizarre information … |
L'identification de l'ichor au sang des dieux ne fait aucun doute, et renvoie à une série de mots pour lesquels Homère associe un mot d'origine anatolienne à sa traduction, manifeste ou probable, en grec.
ἰχῶρ découle clairement de l'indo-européen *esh2-r / *esh2-ôr = sang, très largement attesté - en agnéen (ysâr), en koutchéen (yasar), en arménien (ariun), et même en grec (ἕαρ). Le louvite a le régulier eshar, tandis que le palaïque présente la variante inattendue du grec en i- avec ihur.
ἰχῶρ est clairement l'emprunt par le grec d'une forme anatolienne identique à celle du palaïque.
Dans le même ordre d'idée, Homère mentionne également un oiseau au plumage rouge appelé κúμινδις (du mot louvite pour le cuivre) par les hommes, et χαλκίς (du mot grec pour le bronze) par les dieux (Il. 14, 291). Ou plus étonnant une colline Βατίεια (du mot grec pour les ronces) pour les hommes, Μúρινα (également capitale de Lemnos, et ressemblant étrangement au latin murus) par les dieux (Il. 2, 183).
Outis a écrit: | Il est enfin clair que la suppression des vers 340 à 342 donne un rythme bien meilleur au récit. |
Si l'on devait expurger l'Iliade de toutes ses prétendues interpolations, il ne resterait pas grand chose à en lire... En vérité, la chasse aux interpolations n'a jamais reposé sur grand chose, et les éléments réputés les plus tardifs ont bien souvent des corrélats très bien assurés dès que l'on sort de la mythologie athénienne standard. |
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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Sunday 21 Dec 08, 11:50 |
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hvor a écrit: | Du grec petros (pierre) + ichor (fluide qui coule dans les veines des dieux grecs), petrichor est un mot anglais, fabriqué en 1964 par deux chercheurs australiens, signifiant l'odeur agréable de la pluie tombée sur une terre sèche. |
Y'a-t-il un mot français pour désigner cette agréable odeur ? ou du moins une françéïsation (peut être pas encore officielle) ? |
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