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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Friday 23 Sep 05, 19:18 |
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Bien sûr, mais si j'ai confiance en lui, c'est parce que c'est quelqu'un qui ne bluffe jamais. Donc s'il ne le sait pas, il le dira.
Mais je sais qu'il connaît les racines par coeur, et n'a besoin que très rarement du dictionnaire de grec ancien. |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Friday 23 Sep 05, 19:30 |
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En quelque sorte une confiance ... aveugle, donc !
Je vois d'ailleurs difficilement ce qui pourrait remplacer l'écrit dans ce contexte, étant donné que la tradition orale me semble peu probable.
Ceci étant, ce serait bien d'avoir encore plus d'hellénistes sur ce forum. |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Friday 23 Sep 05, 20:01 |
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Certes, je suis déjà convaincue par vos dictionnaires, chère Hélène, et par le livre de Martin que Glossophile a consulté.
Mais j'appelle quand même mon ami helléniste, si vous me le permettez, parce que c'est un ami très cher et il y a belle lurette que nous ne nous sommes pas parlé.
"Lurette" est un temps moins long et plus indéterminé que "lustre".
C'est la déformation de "heurette", mais en général, il s'agit de plus d'une petite heure. |
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Lou caga-blea
Inscrit le: 05 Sep 2006 Messages: 513 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 10 Aug 07, 10:38 |
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Pensez à traiter les importuns de didymoclastes ! C'est toujours plus distingué que casse-couilles -- le grec fait passer tellement mieux les choses ! |
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Circé
Inscrit le: 24 May 2006 Messages: 158 Lieu: Ais
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écrit le Friday 10 Aug 07, 18:03 |
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L'apôtre Thomas avait un frère jumeau. D'ailleurs "thomas" veut dire "morceau". |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 12 Aug 07, 12:11 |
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Le grec δίδυμος [dídumos] ne semble au départ qu'une forme sémantiquement équivalente à « deux » ou « double » comme adjectif, à « paire » comme substantif. Il peut s'utiliser pour deux mers jumelles (le Bosphore et la Mer Noire), une branche fourchue ou les mains. On l'emploie normalement au singulier et l'exemple d'emploi au duel διδύμαιν χειροῖν (Sophocle, Électre, 206) désigne en fait les « deux paires de mains jumelles » (c.-à-d. complices) qui tuèrent Agamemnon, celles de Clytemnestre et de son amant Égisthe.
L'emploi le plus courant est celui de « jumeau », c'est celui qui subsistera en grec moderne, mais les métaphores ne sont pas exclues. On a le sens « ovaires » dans les textes médicaux et « testicules » dans la Bible des Septante (IIIe siècle av.n.è.) : il faut simplement comprendre « la paire ».
Comme les français Jumeau et Besson ou l'allemand Zwilling, Didyme a été utilisé comme nom propre (on aurait des attestations mycéniennes) et, si l'apôtre Thomas est ainsi nommé quelquefois, c'est que « Thomas » ne serait autre que la transcription du mot araméen signifiant « jumeau ».
L'étymologie du mot est classiquement expliquée comme une forme à redoublement expressif de la racine *dw- qui marque la dualité et qui est responsable des formes du nombre « deux » : *dw-o- : skr. dva-, gr. δύο, lat. duo, angl. two
δι- serait la particule δίς (*dwis, skr. dviḥ, lat. bis) « deux fois » où le s disparaît normalement en composition (skr. dvi-, lat. bi-) *
-δυ- le degré zéro de *dw-
-μο- un banal suffixe formateur d'adjectifs et de substantifs
Que le nom du jumeau soit basé sur le nombre « deux » n'est pas très étonnant (fr. besson, angl. twin brothers, all. Zwilling) mais il reste un léger doute sur cette étymologie car une formation parallèle à δίδυμος ne se retrouve dans aucune autre langue et, dans le sentiment des Grecs, le sens « double » de ce mot reposait uniquement sur le préfixe δι- comme en témoignent plusieurs composés analogiques anciens :
ἀμφίδυμοι « doubles ? jumeaux ? » (Homère, Odyssée, IV.847, pour qualifier des ports)
τρίδυμος « né d'un triple enfantement » (Empédocle, cité par Plutarque)
Le grec n'a pas gardé le nom eurindien du jumeau, *yem-, attesté par le sanskrit yama-, le letton jumis « fruit double », l'irlandais emuin et peut-être les latins geminus, gemellus où l'initiale anormale (on attendrait *ieminus, *iemellus) pourrait être une contamination par germanus « frère » ou par un mot apparenté à la famille du grec γέμω [gémō] « être plein ».
En français, le changement vocalique qui fait passer « gémeau » (du lat. gemellus) à « jumeau » serait dû à l'attraction des consonnes voisines (on s'en convaincra en prononçant /jmô/ et en laissant venir progressivement une voyelle d'appui).
* le grec δίς repose peut-être sur un simple *dis attesté par le latin diennium donné par Isidore de Séville comme un équivalent de biennium « espace de deux ans ». En effet, dans la métrique homérique, une voyelle brève n'est pas considérée comme longue quand elle précède un mot commençant par le préfixe δι-, ce qui serait normal si celui-ci provenait d'un ancien δϝι- [dwi] (le digamma ϝ [w] n'est pas noté dans nos textes mais il était encore prononcé à l'époque d'Homère).
correction : Ce *dis (indiqué par Chantraine) n'est probablement qu'un fantôme, le diennium d'Isidore de Séville n'est peut-être qu'un hyperhellénisme et, quant à *dwidumos, il aurait subi une dissimilation de labiale (w disparaît à proximité de u) dès l'époque prémycénienne. D'ailleurs, c'est bien di-du-mo et non *di-wi-du-mo qu'on trouve à Mycènes sur la tablette MY Oe 129 dans une liste de personnes.
source (en ligne) principale : http://www.indo-european.nl/index2.html (choisir la base du Frisk et y faire la requête sur meaning Zwillinge)
Dernière édition par Outis le Monday 13 Aug 07, 17:51; édité 1 fois |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Sunday 12 Aug 07, 12:45 |
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En grec ancien on retrouve aussi αμφί-δυμος avec le sens de double, double nature |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 12 Aug 07, 13:04 |
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Oui, chère Hélène, mais ces emplois sont d'attestation beaucoup plus tardive (Oppien, IIe/IIIe siècle de n.è.). Je n'avais cité qu'Homère comme le plus ancien, avec d'ailleurs la difficulté que les ports en question ne sont pas identifiés avec certitude et qu'on ne sait donc pas trop bien comment il faut comprendre αμφί- … |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Sunday 12 Aug 07, 13:29 |
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Il est vrai qu’en grec on retrouve de nombreux termes formés avec αμφί. Le sens commun est « tout autour de, au environ de, enveloppé de» αμφίαλος (amphialos) entouré par la mer, αμφιβαίνω (amphivènô), marcher autour de, αμφίβασις (amphivasis) action d’aller autour, etc.. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 13 Feb 19, 9:16 |
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Outis a écrit: | .... et, si l'apôtre Thomas est ainsi nommé quelquefois, c'est que « Thomas » ne serait autre que la transcription du mot araméen signifiant « jumeau ». |
C'est plus que probable, à juger par
1. l'arabe classique توأم taw'am jumeau.
2. l'arabe égyptien توم tōm, même sens.
3. l'hébreu tom, même sens, donné par Rajki dont les transcriptions sont souvent approximatives.
4. deux mots akkadiens pêchés dans le Dictionnaire de l'Association assyrophile de France :
- ta''umu : double, twinned, fitted to each other
- tū(')amu : twin (men, deities, animals, plants, vessels, parts of buildings, parts of liver ...) |
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