La Bresse louhannaise

[Putakli]

Le terme de Bressan est parfois utilisé de manière péjorative, comme quand on parle d'un "plouc". Mais, au moins, dans le cas des bretons, l'attaque est indirecte et en utilisant une expression de la langue bretonne, on ne vise la personne qu'à travers sa langue, tandis qu'entre Dijon de Lyon, certaines gens parlent d'un Bressan d'un point de vue hautain qui domine la plaine depuis la côte, sans même prendre la précaution d'utiliser un euphémisme.
Par ailleurs, la Bresse est connue par ses poulets, ce qui permet d'user d'une autre expression péjorative, "les culs jaunes", parfois employée par les lyonnais. J'ajouterai que la réputation gastronomique, très bien fondée, de ces poulets, ne leur vaut pas pour autant une consécration pour deux raisons: parce que leur grosseur ne permet pas de les couper en quatre pour faire des parts individuelles et que la fermeté de leur chair déroute les gens qui s'imaginent qu'un poulet est forcément tendre.
Enfin, cette réputation, par l'entremise du poulet vaut surtout pour le département de l'Ain, tandis que la Bresse louhannaise (du nom de la ville de Louhans), située dans le département de la Saône et Loire, est, en général, parfaitement ignorée.
Des gens y vivent, cependant, d'une vie, dont la philosophie a quelquechose à voir avec l'expression "Pour vivre heureux, vivons cachés".
Un sol mou n'a pas permis de conserver les monuments architecturaux qui permettent de rendre hommage à un passé historique, et la mémoire ne s'attache pas à ce pays plat tantôt rattaché à la Savoie, tantôt à la Bourgogne, sans laisser de noms célébres. A tel point qu'un jour "Bison fûté", l'organisme administratif qui prétend guider les vacanciers pour qu'ils évitent les encombrements, leur avait conseillé de se détourner des routes fréquentées pour passer par Louhans, sans s'enquérir des dates des marchés aux bestiaux, en sorte que les vacanciers avaient été bloqués sur des routes peuplées de milliers de vaches se rendant au marché.
Après avoir roulé ma bosse aux quatre coins du monde, j'ai vécu plusieurs années dans ce pays inconnu des français bien qu'il soit situé en plein milieu de la France, et ai goûté le charme de ses coutumes et de ses usages, d'autant plus saugrenus qu'ils ne sont pas connus et peu déflorés.

[José]

Je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit de spécifiquement péjoratif dans "bressan", de la part d'un Lyonnais ou d'un Dijonnais. J'ai fait une partie de mes études universitaires à Dijon et je vis à Lyon, je n'ai jamais entendu grand-chose de péjoratif à l'encontre des Bressans.

Je ne connais pas une région ou un coin de France qui ne soit, sur un plan ou un autre, objet de dérision de la part des citadins ou de la région voisine. Les habitants des villes n'échappent pas à ce jeu eux non plus, qui me semble bien peu méchant.

Je suis originaire d'Avallon (sud de l'Yonne), à la limite du Morvan. Les Morvandiaux ont une réputation de paysans mal dégrossis, peu éduqués, radins. Leur accent est typiquement paysan (r roulés) et leur mode de vie est longtemps resté très rural. Les 2 dernières décennies ont changé beaucoup de choses. Mais ma mère par exemple, pourtant paysanne pure souche, n'accepterait jamais d'être considérée comme une Morvandiote !

A Lyon, on se moque des Stéphanois, des Dauphinois, des Savoyards, des Ardéchois... Et en Rhône-Alpes, on se moque aussi des Lyonnais, comme la France entière se moque des Parisiens.

[Putakli]

Il arrive que les usages évoluent favorablement (heureusement), et, de toutes façon, à n'importe quelle époque, il n'y a pas, que des imbéciles. Mais il y a des usages, et je parle des usages du temps passé, ceux que j'ai connus.
Pour le Morvan, il y avait un proverbe: "Il ne vient du Morvan que du mauvais vent et de mauvaises gens". Cela faisait partie du folklore et alimentait la vie locale.
Je prends bien note que, peut-être à un autre moment, à partir d'un point de vue qui vient du Morvan et un recul qui vient de Dijon ou de Lyon, on échappe à ce jeu de dénigrement. ou l'gnore, mais j'affirme qu'au lycée de Mâcon (puisque c'est des études que vous parlez), le dénigrement des bressans a existé. Je dirai même, qu'en pénétrant plus loin, la vie locale était non seulement alimentée, mais nourrie, de ces petites différences qu'on met en exergue, comme pour alimenter un jeu, et que cette manière de faire faisait partie du jeu même de la vie, à l'écart d'autres qui jouent un jeu analogue, mais dans un autre cadre en opposant la droite à la gauche.
Posons que la division se met là où on peut la mettre, comme font les sportifs qui distinguent deux équipes opposées, pur pouvoir jouer.
Or, là, justemant, le goût de la subdivision se manifeste en Bresse où l'on joue à la sixte (6 contre 6), plutôt qu'au football, et sur un terrain plus petit.

[giòrss]

Je ne connais pas une région ou un coin du monde qui ne soit, sur un plan ou un autre, objet de dérision de la part des citadins ou de la région voisine.

[pomme]

Les bressans ne sont pas surnomés les "culs jaunes" mais les "ventres jaunes". Cela proviendrait du fait qu'il rangeaient leurs pièces d'or dans une poche ventrale de leur habit. Ceci certainement associé à leur réputation de radin.

Le terme de bressan est plus humoristique que véritablement péjoratif à présent. Néanmoins on l'utilise toujours dans la région, surtout en Saône et Loire, pour désigner un habitant de la plaine (cultures agricoles et maraichaires, production de volailles) en opposition à un habitant des coins plus valonnés du département (élevage de bovin et viticulture).

Le département étant divisé par la Saône, la Bresse est la moitié située à l'est qui s' étend jusqu'au Jura. A Chalon sur Saone, on s' amuse à parler de Bresse pour désigner l'autre coté de la rivière.

Pour avoir travailler et habiter un an à Louhans, les habitant y sont charmants et gardent la fiéreté de leurs origines, un climat particlier y règne.

Pour ceux qui auraient l' occasion de passer par cette petite ville, prenez le temps de remonter à pied la rue des arcades, trés commercante et conviviale, véritable joyaux de notre France profonde. Le légendaire marché s'y tient le lundi, et on yvient de très loin...

[gilou]

[myris]

Par rapport à la Saône, la Bresse bourguignonne se trouve "côté Empire" c'est à dire rive gauche, par opposition à la rive droite qui est"côté Royaume". C'est ainsi que l'on nommait naguère (en patois bien sûr) les deux rives du fleuve.

[RTenLoire]

Ventres jaunes

Ayant eu des grands-parents bressans, ce serait tout simplement du à la consommation de gaudes (à base de farine de maïs)

[José]

Lire les Fils suivants, qui mentionnent ventres jaunes :
- Sobriquets
- L'autre - étymologie des insultes
- yellow-bellied (anglais familier)