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kérygme (français) / κήρυγμα [kèrugma] (grec) - Le mot du jour - Forum Babel
kérygme (français) / κήρυγμα [kèrugma] (grec)
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Xavier
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Inscrit le: 10 Nov 2004
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Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Wednesday 23 Apr 14, 11:54 Répondre en citant ce message   

Le kérygme désigne une proclamation, et plus particulièrement la prédication des apôtres.

adjectif dérivé : kérigmatique.

Ce kérygme se trouve par exemple dans le discours de Pierre (Actes 2, 14-41) lors du jour de la Pentecôte.
C'est aussi ce qui va devenir une "profession de foi" : Dieu a ressuscité Jésus, nous en sommes témoins. Et maintenant, exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l'Esprit Saint, objet de la promesse et l'a répandu.

Il y a aussi le kérygme de Paul (1 Corinthiens 15, 1) : Le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, et qu'il est apparu à Céphas [Pierre] et aux Douze. ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois etc...

Paul fait référence aux "Écritures" : de quel texte peut-il s'agir ? mystère...
Les Évangiles ne sont pas encore écrits. Il s'agit peut-être d'une première version d'une profession de foi...


Le Robert présente le kérygme ainsi :
(théologie catholique) : "Annonce de la bonne nouvelle à un incroyant, par un missionnaire".

Du grec κήρυγμα (-ατος ) (kérugma) : proclamation à voix haute, en particulier : proclamation par un héraut ; promesse d'une récompense par un héraut (Bailly)
κῆρυξ (kèrux) : toute personne qui annonce à haute voix, héraut
Paul se présente (1 Tim 2, 7) héraut (κῆρυξ) et apôtre (ἀπόστολος)

adjectif : κηρυκτικός (kèruktikos)

verbe : κηρύσσω (kèrussô) : être héraut, faire une proclamation en qualité de héraut, faire publier par voie de héraut, d'où appeler, convoquer par la voix du héraut, proclamer par la voix du héraut, ordonner, annoncer, invoquer (dieu). Dans la Bible, il a le sens de prêcher

par exemple dans l'Évangile de Luc (4, 18-19) :
Jésus parle : "L'esprit du Seigneur [...] m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance [...] proclamer une année de grâce du Seigneur" (BJ)
Le verbe est traduit par annoncer, proclamer

Ce texte est intéressant car il reprend Isaïe III (61, 1) :
Il traduit l'hébreu קָרָא (qarah) : appeler, proclamer

Dans ce texte, on retrouve aussi l'idée d'annoncer la bonne nouvelle, l'évangile.

Le mot grec kérygme est présent dans l'épître aux Romains (16, 25) :
A celui qui a le pouvoir de vous affermir selon ma bonne nouvelle / mon évangile et la proclamation de Jésus-Christ.


Et 1 Cor 1, 21 :
"Le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie du message qu'il a plu à Dieu de sauver les croyants." (BJ)
"puisque le monde, par la sagesse, n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie de la proclamation qu'il a plu à Dieu de sauver ceux qui croient. " (NBS)
"Il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication" (Maredssous)


Le kérygme peut être défini ainsi :
- accomplissement ou réalisation des Écritures
- mort et résurrection du Christ
- le Christ été glorifié ou exalté
- action du Saint Esprit.
- appel à la conversion : appel à la repentance, qui est offre du pardon et du Saint Esprit, promesse du salut.
(d'après le Dictionnaire encyclopédique de la Bible, abbaye de Maredsous)

En anglais : kerygma : "preaching, proclamation of religious truth" (OED) : prédication, proclamation de la vérité religieuse
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Papou JC



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Messageécrit le Wednesday 23 Apr 14, 12:23 Répondre en citant ce message   

Cette petite famille grecque est apparentée au sanskrit kārú, “chanteur, poète”. (Chantraine), racine *kar-, “louer, vanter à voix haute”.

Il semble bien que l'arabe doive au grec son verbe كرز karaza, “prêcher (l’Évangile), répandre (la bonne nouvelle)”.
karaza : announce [from Gre keryx (herald)] (AED de Rajki).
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Xavier
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Inscrit le: 10 Nov 2004
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Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Wednesday 23 Apr 14, 15:08 Répondre en citant ce message   

En arabe, كرز (karaz) désigne la cerise.
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Papou JC



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Messageécrit le Wednesday 23 Apr 14, 15:52 Répondre en citant ce message   

Oui. On a donc deux homographes.
كرز karaz, "cerise", est quant à lui probablement de la même origine sémitique que le grec κεράσιον [kerásion] et l’akkadien girīṣu, id.
Voir le mot du jour cerise.
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Papou JC



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Messageécrit le Saturday 07 Apr 18, 6:48 Répondre en citant ce message   

En novembre 2007, dans le mot du jour tête, Outis avait sa propre idée de l'origine du grec κῆρυξ (kèrux) :

Citation:
Le grec kẽruks « héraut » (datif myc. ka-ru-ke) est classiquement considéré (Chantraine, DELG, Mayrhofer, KEWA) comme en rapport avec skr. kāru- « chanteur », avec un k « qui peut être expressif » (sic). Mais cette correspondance est très peu satisfaisante : outre la grosse difficulté phonétique, un héraut n'est pas un chanteur !

Je pense qu'il faut partir d'un thème III *krh₂- > *kār- qui pourrait être le premier terme d'un composé *krh₂-ugʰ-t-, « qui conduit en tête », le second terme étant un nom d'agent formé sur la racine *uegʰ-, « aller en char ». La chute de la dentale, normale au nominatif, aurait été étendue au reste de la flexion tout en laissant une trace dans un allongement compensatoire « ū », vérifiable en position pénultième (kḗrūkos) et dans des graphies kḗruks du nominatif.
Une telle réfection analogique d'après un nominatif, bien que rare dans une langue qui adore les élargissements en dentale, peut s'expliquer pour des noms de personnes, plus fréquemment sujets d'une phrase que compléments ; on évoquera, par exemple, des noms comme « gars », « sire » ou « Georges » qui sont issus du cas sujet de l'ancien français, non du cas régime comme c'est la généralité.
Une telle hypothèse aurait le double avantage de donner un meilleur sémantisme, le héraut étant bien celui qui ouvre la marche, et de se débarrasser d'un « k expressif », qui est toujours une solution de facilité.

Il serait intéressant de savoir si, onze ans plus tard, il maintient cette hypothèse.
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Papou JC



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Messageécrit le Saturday 07 Apr 18, 7:08 Répondre en citant ce message   

Xavier a écrit:
verbe : κηρύσσω (kèrussô) : être héraut, faire une proclamation en qualité de héraut, faire publier par voie de héraut, d'où appeler, convoquer par la voix du héraut, proclamer par la voix du héraut, ordonner, annoncer, invoquer (dieu). Dans la Bible, il a le sens de prêcher

par exemple dans l'Évangile de Luc (4, 18-19) :
Jésus parle : "L'esprit du Seigneur [...] m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance [...] proclamer une année de grâce du Seigneur" (BJ)
Le verbe est traduit par annoncer, proclamer

Ce texte est intéressant car il reprend Isaïe III (61, 1) :
Il traduit l'hébreu קָרָא (qarah) : appeler, proclamer

Dans ce texte, on retrouve aussi l'idée d'annoncer la bonne nouvelle, l'évangile.

Ce passage du post de Xavier m'avait échappé. Il contient pourtant une information qui n'est pas banale : ce mot hébreu est le cognat de l'arabe قرأ qara'a lire, réciter, dire, transmettre dont le nom propre القرٱن al-qur'ān, le Coran, la lecture par excellence, est un dérivé !
Ah les religions du Livre...
Attention : la parenté entre l'arabe et l'hébreu est certaine, mais je n'ai jamais dit que le grec pourrait lui aussi être de la famille et donc d'origine sémitique. C'est probablement une simple coïncidence.
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Outis
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Messageécrit le Saturday 07 Apr 18, 10:33 Répondre en citant ce message   

Papou JC a écrit:
Il serait intéressant de savoir si, onze ans plus tard, il maintient cette hypothèse.
(« il » c'est moi)

Maintenir une hypothèse ne change pas son statut d'hypothèse. Et c'est le cas.
Je suis toujours dubitatif sur le « k expressif » de Chantraine car, je le rappelle (voir ici), que le *k eurindien se palatalise toujours en sanskrit :
skr. daśa, gr. déka, lat. decem, germ. *tehan « dix »
skr. śrava- « renom », gr. klutós « célèbre », lat. clueō « être réputé », germ. *hluðaz « entendu »

Donc l'initiale du sanskrit védique kāru « chanteur » ne peut provenir que d'une labio-vélaire *kʷ qui, en grec, donne p ou t (et ne perd son trait labial qu'au voisinage immédiat d'un u) :
skr. ka-, cid-, gr. poĩos, tís, lat. quis (fr. qui), germ. *hwaz (angl. who, all. was)

Ces règles de correspondance n'ont pas changé et moi non plus
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Outis
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Messageécrit le Saturday 07 Apr 18, 18:45 Répondre en citant ce message   

J'ajouterai que, plus récemment, malgré Pokorny, Mayrhofer et Chantraine, Beekes (Pre-Greek, p. 131) pointe vers une origine pré-grecque du nom du héraut sur les arguments suivants :

• suffixe -ῡκ- comme
•• βλίτυξ [blítux] « sangsue » (= βδέλλα « sorte de ver » chez Hésychius)
•• γόρτυξ [górtux] variante de ὄρτυξ [órtux] « caille » (voir Ortygie, autre nom de Délos ou îlot de Syracuse)
•• Πνύξ [pnúx] « colline d'Athènes, Pnyx »,
•• Στύξ [stúx] « source de vérité > fleuve des enfers, Styx »

• variation κ / γ attestée par la glose d'Hés. κορύγης· κῆρυξ. Δωριεῖς « korúges: kêrux. dorien » ; l'eurindien ne tolère pas le flottement sourde/sonore courant en pré-grec (Beekes, p. 14)

• α > ο quand un υ est dans la syllabe suivante (cf. ci-dessus κορύγης) comme
•• ἀξουγγία > ὀξύγγιον « graisse de porc » (lat. axungia)
•• καλύβη « cabane » > κόλυβος· ἔπαυλις « séjour » (Hés.)

Bien sûr, si ceci est pertinent, cela affaiblit aussi mon analyse d'il y a onze ans …
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Papou JC



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Messageécrit le Thursday 12 Apr 18, 9:24 Répondre en citant ce message   

Une origine sémitique est-elle alors envisageable ?
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Outis
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Messageécrit le Thursday 12 Apr 18, 11:29 Répondre en citant ce message   

Les hypothèses de substrat, comme celles d'héritage direct, sont toujours préférables. D'autant plus qu'à l'époque où les Grecs arrivent en Méditerranée égéenne, la puissance industrielle et commerciale y est surtout cycladique et minoenne. Et, justement, le nom du héraut est déjà attesté au 2e millénaire : ka-ru-ke (datif singulier, linéaire B, tablette pylienne).

Les Phéniciens étaient peut-être des grands voyageurs, mais surtout des marchands et on ne pouvait guère leur emprunter (plus tard !) que des éléments économiques (produits, récipients, documents comptables), fort peu nombreux au demeurant …
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Papou JC



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Messageécrit le Thursday 12 Apr 18, 13:44 Répondre en citant ce message   

OK, merci, ça m'évite de chercher en vain.
Pour ce qui est des emprunts aux Phéniciens, n'oublions quand même pas l'alphabet, c'est un emprunt de taille !
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Outis
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Messageécrit le Thursday 12 Apr 18, 15:54 Répondre en citant ce message   

De mon point de vue, d'une taille très limitée. L'alphabet, ça a d'abord été une « Écriture pour les Nuls », un moyen pour des marchands sans formation de scribe d'identifier des marchandises (propriétaires, destinataires, quantités et qualités, etc.). À l'époque, les professionnels de l'écriture étaient surtout au service des palais et institutions équivalentes, celles qui se sont effondrées au XIIe siècle (lire Eric H. Cline, 1177 avant J.-C.). L'invention de l'alphabet marque surtout la disparition des écritures idéographiques ou même syllabiques …
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Papou JC



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Messageécrit le Thursday 12 Apr 18, 23:08 Répondre en citant ce message   

Une dernière question : sauf erreur, le français héraut vient du francique heriwald "chef d'armée". Le premier élément de ce mot composé vient d'une racine *ker- "armée". Je pense qu'il y a accord général sur ce point, malgré un assez fort glissement de sens car, tout de même, du chef d'armée au héraut, il y a une sacrée différence de grade !
Bref, ma question : est-il envisageable, compte tenu de ce qui précède, que le premier élément du grec κῆρυξ soit lui aussi issu de la même racine *ker- (que tu traites dans le mot du jour auberge) ?
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Outis
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Messageécrit le Friday 13 Apr 18, 10:39 Répondre en citant ce message   

Des racines *ker-, il y en a des tombereaux, voici comment Pokorny traite la guerrière :
Citation:
koro-s, kori̯o-s
English meaning war, warrior
German meaning `Krieg, Kriegsheer'
Derivatives kori̯o-no-s `Heerführer'
Material 1. Ohne formantisches -i̯o-, -i̯a-: lit. kãras `Krieg' und dehnstufig apers. kāra- m. `Kriegsvolk, Heer; Volk', npers. kār-zār `Schlachtfeld'.
2. Gr. κοίρανος (aus *Κοίρονος) `Heerführer, König, Herr' (Ableitung von *κοῖρος aus *κόρι̯ος mit Formans -no-; ebenso aisl. herjann `Heervater' als Beiname Odins von harja- `Heer' aus; κοιρανέω `befehlige; herrsche', κοιρανία `Herrschaft', vgl. vom unerweiterten *κοῖρο- EN wie Κοιρόμαχος (Boisacq s. v.);
mir. cuire m. `Schar, Menge', gall. Tri-, Petru-corii Völkernamen (`die drei-, vierstämmigen');
got. harjis, aisl. herr, ags. here `Heer', ahd. as. heri `Heer, Menge', PN altgerm. Hari-gasti (Dat.), vielleicht Göttername (Neckel KZ. 60, 284);
lit. kãrias `Heer', kãrė `Krieg', karỹs `Krieger', lett. kar'š `Krieg, Heer', apr. kargis (überliefert kragis) `Heer', caryawoytis Akk. Sg. `Heerschau';
vgl. auch oben kar-1 S. 530, wo die bsl. Beispiele auch hierher gehören können.

Visiblement, aucun linguiste n'y avait jamais introduit le nom grec du héraut (respect de la hiérarchie militaire ?).
Tu es le premier a en avoir l'idée, bravo et amuse-toi ! Restera cependant à expliquer le ā long de κῆρυξ (éolien κᾶρυξ), quoique, pour un sémitiste, j'imagine que ça ne pose pas autant de problème que ça m'en pose …
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Papou JC



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Messageécrit le Friday 13 Apr 18, 11:35 Répondre en citant ce message   

Des a longs, j'en vois plusieurs dans dans ta citation de Pokorny. Comme tu as dû les voir aussi. Où est le problème ?
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