Projet Babel forum Babel
Contact - Règles du forum - Index du projet - Babéliens
INSCRIPTION - Connexion - Profil - Messages personnels
Clavier - Dictionnaires

Dictionnaire Babel

recherche sur le forum
Karantez e brezhoneg - Forum des langues celtiques - Forum Babel
Karantez e brezhoneg
Aller à la page 1, 2  Suivante
Créer un nouveau sujet Répondre au sujet Forum Babel Index -> Forum des langues celtiques
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant
Auteur Message
toutencarton



Inscrit le: 15 Sep 2006
Messages: 40
Lieu: Bretagne

Messageécrit le Saturday 05 Jul 14, 14:12 Répondre en citant ce message   

Demat deoc'h c'hwi tout
Pell 'zo e vez goulennet ganiñ penaoz lakaat ar brezhoneg en ur raktres-koupl pe penaoz kavout karantez gant tud hag a vez komzet brezhoneg gantañ. Moien 'zo da c'hoari diwar-benn an dañvez-se, mes eo dedenus evit dazont ar yezh. En amzer a-vremañ e vez kavet ar memes diaster gant ar brezhonegerien (pe tud hag a gomz ur yezh bihan all) ha gant an dud hag a komz galleg, hag a labour, hag a zo dispartiet hag a zalc'h desevel ho pugale en ho unan.
Ne vez ket kavet ul lec'hien evel Meetic e brezhoneg ha n'on ket sur skrivañ ur "profil" e brezhoneg e vez bet asentet.
Petra eo ho soñj diwar-benn an dra-se ?
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
José
Animateur


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 10945
Lieu: Lyon

Messageécrit le Monday 07 Jul 14, 10:41 Répondre en citant ce message   

@ Toutencarton :
- RAPPEL : nous souhaitons que les messages en langue étrangère ou régionale soient traduits en français afin que les débats puissent être suivis par tous les lecteurs, locuteurs ou non
c'est une contrainte...mais c'est pour la bonne cause !
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Jeannotin
Animateur


Inscrit le: 09 Mar 2014
Messages: 879
Lieu: Cléden-Poher

Messageécrit le Monday 07 Jul 14, 18:54 Répondre en citant ce message   

Traduction fidèle du message de toutencarton :
Citation:
Bonjour à tous
Depuis longtemps, on me demande souvent comment mettre le breton dans un projet de couple ou comment trouver l'amour avec des gens qui parle (sic) breton. Il y a moyen de jouer (sic) à propos de cette matière-là, mais c'est captivant (sic) pour l'avenir de la langue. De nos jours, on trouve le même *diaster [mot absent des dictionnaires par moi consultés] avec les bretonnants (ou avec les gens qui parlent une autre petite langue) et avec les gens qui parlent français, qui travaillent, qui sont séparés et qui continuent à élever vos enfants dans vous-même (sic).
On ne trouve pas un site internet comme Meetic en breton et je ne suis pas sûr qu'écrire un profil en breton soit accepté.
Quel est votre idée à ce propos ?
Ce qui échappe à notre ami toutencarton relève du bon sens : presque aucun couple âgé de moins de 80 ans n'utilise le breton dans sa vie quotidienne. Les bretonnants moins âgés sont, en général, mariés à des francisants et les rares couples composés de deux bretonnants n'emploient que le français. La raison en est simple. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, le français s'est imposé, sous l'impulsion des jeunes filles, comme la langue des relations entre homme et femme. De tout façon, au vue du vieillissement de la population bretonnante, je vois mal comment le rêve de toutencarton de trouver l'amour en breton pourrais se réaliser...

Dernière édition par Jeannotin le Tuesday 16 Sep 14, 17:38; édité 2 fois
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
PatoisantLorrain



Inscrit le: 25 Aug 2006
Messages: 224
Lieu: Bayonnais

Messageécrit le Monday 07 Jul 14, 20:28 Répondre en citant ce message   

Pour "diaster", je pense que toutencarton voulait dire "diaester" (difficulté).

Même si un Meetic breton (Rañkontriñ ?) existait et que la rencontre se faisait en breton, je ne suis pas sûr que le couple formé continuerait à employer le breton dans sa vie commune. Le breton, dans ce cas, est une langue apprise et chaque jour ce couple devra faire des efforts pour le parler. Sans compter que sous le coup de l'émotion (colère, peur, joie), on revient à la langue maternelle, soit le français. C'est donc possible mais avec beaucoup de volonté et d'efforts.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
PatoisantLorrain



Inscrit le: 25 Aug 2006
Messages: 224
Lieu: Bayonnais

Messageécrit le Monday 07 Jul 14, 21:01 Répondre en citant ce message   

Karantez e brezhoneg = amour en breton
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Jeannotin
Animateur


Inscrit le: 09 Mar 2014
Messages: 879
Lieu: Cléden-Poher

Messageécrit le Monday 07 Jul 14, 23:02 Répondre en citant ce message   

C'est malheureusement une évidence que le breton ne sera bientôt plus la langue principale de personne. Mon souhait serait quand même qu'il ne devienne pas une langue uniquement écrite. Je verrais bien le breton se maintenir dans les contextes ou je parvient assez bien à l'utiliser : jardinage, observation de la nature, récits d'anecdotes rurales... Mais je crois que je suis encore trop optimiste.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Kugulistan



Inscrit le: 09 Aug 2010
Messages: 190

Messageécrit le Tuesday 08 Jul 14, 0:25 Répondre en citant ce message   

Je ne suis pas bretonnante (je l’aurais certainement appris si j'habitais en Bretagne), ni ne connais l'histoire de cette langue (du moins pas très bien). Je pense par contre qu'il n'en dépend que des breton de faire vivre leur langue. La situation linguistique pour les langues minoritaires a toujours été meilleurs en France qu'en Turquie par exemple.

La Turquie avait jusqu'à peu carrément interdit les langues minoritaires dont le kurde, à l'école interdiction formelle de parler le kurde (il y a encore des slogans tel que 'ya türkçe konuş ya da sus' (soit parle le turc soit tais-toi) à l'école, ou 'ne mutlu türküm diyene' (heureux celui qui se dit turc)), les films étaient tous en turc, la télévision, la musique kurde était jusqu'à il y a 10 ans interdite (voir Ahmet Kaya qui dut s’exile pour avoir voulut chanter en kurde). Les noms des villes et villages modifiés (absurdement). La thèse officielle était que les kurdes étaient turcs ! On emmenait même les enfants de force dans des internats pour les turquiser et leur apprendre que les kurdes n’existent pas (voir Close up Kurdistan d'Arte sur youtube).

C'est vrai qu'il y a eu une génération "sacrifiée", le candidat à la présidentielle de la Turquie Selahattin Demirtaş n'a appris sa kurdicité qu'à 17 ans, et il n'est pas le seule...
Mais les générations suivantes furent très politisées. Le kurde est toujours parlé dans la vie courante, avec ses enfants, dans la rue, etc. Même si aujourd'hui le bilinguisme kurde-turc est la norme, on retrouve toujours des personnes âgées (surtout les femmes car les hommes apprenaient le turc au service militaire) ne parlant que le kurde. Je me rappelle d'avoir regardé une émission d'une journaliste partir de régions en régions pour connaitre les plats locaux (équivalent turc de l’émission 'Les Carnets de Julie') qui tomba sur une vieille dame qui lui répondit 'ez tirkî nizanim' (je ne parle [sais] pas le turc).

Donc c'est aux Bretons de prendre le destin de leur langue en main, si ils ne transmettent pas le breton à leurs enfants ni ne le parlent à la maison, c'est sûr qu'elle disparaîtra (sachant tout de même qu'il y a des écoles en breton, des cours, etc.). Il ne faut pas non plus limiter le breton qu'à la vie rurale et essayer de le rendre dynamique.
Beaucoup d'enfants d'immigrés (je parle ici des turcs et des kurdes) sont bilingues car leurs parents leur ont transmis leur langue dans un pays qui n'est pas le leur. Les Breton sont chez eux en Bretagne donc ils auraient dû conserver leur langue car sans la langue, leur identité même est remis en question !

Tout ça pour dire que la volonté de transmettre sa langue à ses enfants est tout à fait légitime...


Dernière édition par Kugulistan le Friday 11 Jul 14, 23:31; édité 1 fois
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Jeannotin
Animateur


Inscrit le: 09 Mar 2014
Messages: 879
Lieu: Cléden-Poher

Messageécrit le Wednesday 09 Jul 14, 19:52 Répondre en citant ce message   

C'est vrai que les Bretons n'ont pas abandonné leur langue sous la pression étatique, mais cette volonté populaire me semble un obstacle infiniment plus difficile à vaincre que celui qu'aurait représenté une contrainte politique. On peut faire ce même constat pour toutes les langues de France. Il y a peu, j'ai lu dans le Monde l'interview d'un écrivain espagnol de langue catalane qui racontait son bonheur d'aller, enfant, dans le Roussillon voisin (et français) car il pouvait y parler librement sa langue. On peut comparer l'état actuel du catalan en Catalogne et dans le Roussillon : la dictature franquiste a été moins dommageable pour la langue que le désintérêt des Roussillonnais.

Le message de Kugulistan sur la transmission familiale est plein d'espoir, mais elle ignore que les générations qui on une connaissance fine du breton se trouvent au-dessus de 60 ans. Elles ne sont donc plus en situation d'avoir des enfants ni de leur transmettre la langue. Quant au repli du breton sur la vie rurale, il s'est produit bien avant l'effondrement de la transmission naturelle. Dans des villes aussi petites que Carhaix, le breton n'était déjà plus parlé il y a un siècle.

Je pense que l'identité de la Basse-Bretagne ce maintiendra malgré la perte de sa langue, celle-ci n'en est qu'un marqueur parmi d'autres.


Dernière édition par Jeannotin le Sunday 27 Jul 14, 23:42; édité 1 fois
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Breizhadig



Inscrit le: 12 Nov 2004
Messages: 860
Lieu: Penn ar Bed / Finistère

Messageécrit le Friday 11 Jul 14, 21:08 Répondre en citant ce message   

Je te trouve bien défaitiste sur ce coup... L'avenir du breton appartient à ses locuteurs et c'est à eux de se bouger pour faire que la langue soit vivante... Rien n'est écrit à l'avance, sinon plus personne ne chercherait à se battre si la fin était connue...

Je pense que certains locuteurs de breton sont résignés, et c'est à cause de ça que la langue est dans un tel état... Certes, l'interdiction joue un rôle mais si les gens se bougeaient davantage, les choses seraient différentes... Il y a plein d'initiatives intéressantes, notamment en ce qui concerne la médiatisation du breton via Internet et bien qu'un grand nombre de locuteurs de breton disparaît chaque année, ce sont pour la quasi totalité des locuteurs passifs qui n'utilisent plus la langue. En revanche, chaque année, de nouveaux locuteurs arrivent, certes leur nombre est plus petit, ils ne maîtrisent pas la langue, mais à ce que je constate pour avoir un contact réguliers avec ces nouveaux locuteurs qui sont principalement issus de formations intensives, ils sont bien déterminés à utiliser le breton de façon active... Aux locuteurs confirmés de faire en sorte qu'ils aient les outils pour avoir un niveau de langue convenable...

Le véritable enjeu réside dans la volonté des locuteurs confirmés de transmettre leur langue et de savoir intéresser en produisant du contenu intéressant en breton... J'avoue que de ce côté c'est pas gagné car seule une minorité semble bien décidée à se bouger quand les autres ont déjà baissé les bras...

Pour ma part, j'ai commencé à apprendre le breton il y a 11 ans, aujourd'hui, sous le coup de la fatigue, de la colère, quand je parle en français, des mots bretons m'échappent... Comme quoi, tout est possible... Bon, c'est vrai que depuis 11 ans j'ai l'occasion d'utiliser la langue tous les jours et parfois même plus que le français, ce qui m'a fait prendre des réflexes mais tout ça pour dire que quand on a la volonté, on peut arriver à maîtriser une langue et à la parler naturellement sans effort... Le tout est d'entendre la langue et de la pratiquer, c'est le secret de la réussite... Plus il y aura de breton, plus les gens parleront naturellement cette langue...

Donc si le breton disparaît un jour, le responsable ne sera pas la fatalité, mais ces locuteurs qui n'ont pas su voir l'opportunité là où elle se présentait...

Pour terminer sur une note plus optimiste, ce qui est impossible aujourd'hui le sera peut-être demain, il faut simplement savoir s'en donner les moyens et jouer collectif...
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
toutencarton



Inscrit le: 15 Sep 2006
Messages: 40
Lieu: Bretagne

Messageécrit le Friday 25 Jul 14, 17:31 Répondre en citant ce message   

Je pense que mon message n'a pas été bien compris, bien qu'il ait été fidèlement traduit. A ce sujet, veuillez m'excuser de ne pas l'avoir rédigé aussi en français. Je croyais qu'on pouvait rédiger uniquement dans la langue concernée.
Pour revenir à mon message, il est évident que les intéressés ne se trouveront pas dans les clubs du troisième âge.
Ceux dont je parle sont la population militante d'aujourd'hui, qui font le choix d'utiliser au quotidien la langue bretonne. Les centaines d'enseignants des classes bilingues ou Diwan en sont l'exemple. Mais je suis surpris de la réponse de Jeannotin à Cleden-Poher. Ils existent ces jeunes qui font cet effort de parler breton au quotidien. On les voit parfois dans les cafés, à la télé interviewés par Fr3. J'ai déjà croisé des parents qui élevaient leur enfants en Breton. Mais le breton n'est pas forcément la langue de leur couple. L'amour n'a pas toujours choisi la langue. Mais tout comme on peut souhaiter partager le sport ou la culture avec son compagnon, la langue bretonne peut être un critère pour certains. Et on n'a pas forcément envie d'écumer les fest-noz pour y faire la rencontre de sa vie si tant est qu'on y trouve des bretonnants. Je crois aussi que le sujet est surtout très peu abordé, peut-être par pudeur.
Cela mérite peut-être même un sondage de la part de l'Ofis Ar Brezhoneg. Je me dis qu'il y a un travail à faire à ce niveau.
Mais soyons clairs, je parle bien de militants, pas des personnes ayant bénéficié d'une transmission passive de la langue.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Breizhadig



Inscrit le: 12 Nov 2004
Messages: 860
Lieu: Penn ar Bed / Finistère

Messageécrit le Friday 25 Jul 14, 18:58 Répondre en citant ce message   

Oui, et même sans être forcément militant, mais simplement parce qu'on aime bien utiliser cette langue et que c'est naturel... Le terme militant me refroidit un peu, pour moi ça fait référence à une lutte politique de la langue et non à une utilisation naturelle... Je pense qu'il faut privilégier les contacts avec les locuteurs passifs, qui ont un breton qui coule naturellement, avec les apprenants, c'est comme ça que pour moi, c'est devenu naturel de parler breton... Il faut surtout pas se contenter de se "forcer" à utiliser la langue si on le fait pas naturellement, il faut justement arriver à ce stade qui fait que les mots et tournures viennent naturellement...

Je pense que même si ça peut paraître très dur, c'est une piste qui doit être explorée car c'est comme ça que le breton pourra regagner légitimement du terrain, non pas pour s'afficher partout mais parce que les gens en auront besoin autant qu'ils ont besoin du français.

Pour retourner au sujet, je dirais chaque chose en son temps... L'important est de suivre le court naturel des choses, le plus important n'est pas d'utiliser le breton mais de faire en sorte que son utilisation devienne naturelle, car c'est la seule façon de pouvoir réellement utiliser la langue au quotidien. Et quand un nombre important de locuteurs en seront capable, alors on aura des sites comme meetic (ou autres) qui naîtront de façon spontanée...
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
toutencarton



Inscrit le: 15 Sep 2006
Messages: 40
Lieu: Bretagne

Messageécrit le Sunday 27 Jul 14, 18:47 Répondre en citant ce message   

Breizhadig a écrit:
Oui, et même sans être forcément militant, mais simplement parce qu'on aime bien utiliser cette langue et que c'est naturel... Le terme militant me refroidit un peu, pour moi ça fait référence à une lutte politique de la langue et non à une utilisation naturelle...

Peut-être associes-tu quelque chose de martial au terme militant. Prenons alors celui d'engagement en faveur de la langue bretonne !
Par contre, il ne faudrait pas non plus pêcher par excès d'angélisme. La langue trouve une place, même modeste, parce que certains portent sa cause au niveau institutionnel. La simple demande d'une subvention pour un magazine ou pour toute association bretonnante sera évaluée sur des critères politiques, ceux des élus concernés en charge des budgets.
S'investir personnellement, c'est indispensable. Mais n'en appeler qu'à une somme d'investissements individuels se résumerait à une incantation sans effet. Imaginons que l'enseignement de l'Histoire ne soit que le résultat de demandes ponctuelles. J'aurais peur pour le niveau de culture générale de mes concitoyens. L'Histoire est enseignée par ce que cela est défendu à un haut niveau institutionnel.
Je ne demande pas que le breton soit enseigné à tous, mais sa visibilité dans l'enseignement dépend fondamentalement des soutiens qu'il reçoit à haut niveau.
Par ailleurs, sans vouloir dévaloriser les locuteurs passifs, même s'ils sont les héritiers de l'âme originelle et populaire de la langue, ils n'en sont pas les dépositaires uniques. D'autre part, on ne pourra pas éternellement compter sur ces locuteurs ayant reçu ce breton populaire en héritage. D'ailleurs, ils auront majoritairement disparu dans moins de vingt ans. Toutes les langues européennes d'importance ont subi un travail de formalisation (théorisation de leur grammaire et fixation de leur vocabulaire), avec pour objectif de leur permettre d'exprimer l'universel. La langue bretonne ne peut pas être cantonnée dans la description du monde rural. Le travail déjà fait (KLTG) lui donne probablement des formes d'expression plus élitistes. Je comprends qu'on ne soit pas d'accord avec ce projet. Par contre, ce qui est sûr, c'est que ce sera cela ou la mort de la langue.
Pour revenir sur le sujet qui nous intéressait initialement, je connais des gens un peu déçus que leur conjoint ne puissent pas parler breton. Je n'irai pas leur demander s'il auraient fondé un couple bretonnant en fonction de l'opportunité (je ne veux pas être un briseur de ménages !) mais, a contrario, il doit bien exister des gens qui voudraient placer la langue au centre de leur foyer y compris en se forçant. En cherchant sur internet, j'ai découvert qu'il y avait eu une tentative de speed-dating à Kervignac (près de Lorient). Je ne sais pas si cela à eu du succès. Le Pays de Galles encourage par un prix l'usage du gallois au coeur des familles.
En partant du principe contemporain qu'avant la famille, il y a un couple et avant le couple, un coup de foudre, je persiste en disant qu'il y a un manque.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Jeannotin
Animateur


Inscrit le: 09 Mar 2014
Messages: 879
Lieu: Cléden-Poher

Messageécrit le Monday 28 Jul 14, 0:44 Répondre en citant ce message   

J'essaye juste d'être lucide : j'ai vu s'effondrer la vieille Basse-Bretagne et je tente seulement de préserver les ruines qu'elle a laissé. Que reste-t-il du monde de mon enfance où les paysans se réunissaient le soir pour chanter en breton ? Où on me regardait avec étonnement dans les cafés parce que je parlais français ? Où mont a ra était la façon usuelle de se saluer et bonjour une innovation exotique ? Bien peu de chose. Les fermes minuscules encloses de talus ont disparu. Quand je trouve le courage de regarder derrière la dernière haie qui borne encore l'horizon de mon village, j'ai l'impression de me plonger dans la plaine de Beauce. Comment pouvez-vous ne pas faire le même constat ?

Il reste cependant bien des choses à faire. Il faut d'abord sauver un maximum de matériau sur les dialectes, c'est un devoir envers les anciens et envers nos successeurs : ils en auront un besoin impérieux s'ils trouveront la volonté de faire renaître le breton. Ensuite, vous avez beau jeu de présenter la sauvegarde du breton comme une question de volonté alors que vous ne proposez rien qui puisse motiver une volonté suffisante pour renverser le cours de l'histoire. À mon sens, seul un puissant et authentique patriotisme bas-breton, celui qui nous a toujours manqué, peut conduire assez de passionnés à se tourner vers une langue devenue aussi inutile. Si depuis le début du XXème siècle, nos intellectuels régionalistes avaient passé leur temps à autre chose qu'à tenter de celtiser la Haute-Bretagne, comploter avec l'Allemagne ou s'attacher aux pieds les boulets que sont Rennes et Nantes ; nous aurions peut-être pu conserver quelque chose. Mais ce patriotisme bas-breton ne pourra, sans doute, jamais naître car il est étouffé par l'indigence du nationalisme actuel...

Enfin, reste la question de la langue à maintenir en attendant des jours meilleurs. Pour tous ceux qui ont la chance de vivre au plus près du monde ancien en déliquescence, pour ceux qui sont indissolublement ancrés dans un terroir, ce doit être le dialecte local. Pour ceux qui vivent dans le nouveau monde urbain, nous avons les deux standards ecclésiastiques qui sont compris du plus grands nombres des intellectuels et qui servent de base à la littérature véritablement bretonne. Quant au néo-charabia post-moderne, si c'est lui ou la mort, je choisis la mort. Elle vaut mieux que la souillure.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Jeannotin
Animateur


Inscrit le: 09 Mar 2014
Messages: 879
Lieu: Cléden-Poher

Messageécrit le Tuesday 29 Jul 14, 12:17 Répondre en citant ce message   

J'ajoute que toutencarton et Breizhadig emploient l'expression "locuteur passif" de façon imprécise. Un locuteur passif est une personne qui comprend une langue sans être capable de la parler. Les bretonnants qui meurt ne sont pas des locuteurs passifs mais au contraire les meilleurs locuteurs actifs.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
toutencarton



Inscrit le: 15 Sep 2006
Messages: 40
Lieu: Bretagne

Messageécrit le Wednesday 30 Jul 14, 10:02 Répondre en citant ce message   

Jeannotin a écrit:
J'ajoute que toutencarton et Breizhadig emploient l'expression "locuteur passif" de façon imprécise. Un locuteur passif est une personne qui comprend une langue sans être capable de la parler.

Ce n'est pas un locuteur, dans ce cas...
Toute plaisanterie mise à part, nous n'utilisons probablement pas le vocabulaire de la socio-linguistique. Nous voulions parler (je laisserai Breizhadig confirmer ou infirmer) de ces bretonnants, ou plutôt brittophones qui ont reçu le breton dans leur environnement familial comme première langue et le parlent hors de toute démarche militante.
Voir le profil du Babélien Envoyer un message personnel
Montrer les messages depuis:   
Créer un nouveau sujet Répondre au sujet Forum Babel Index -> Forum des langues celtiques Aller à la page 1, 2  Suivante
Page 1 sur 2









phpBB (c) 2001-2008