Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 14 Jun 17, 16:01 |
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À Nice la saison commence à en revenir, c'est peut-être une bonne époque pour évoquer le moustique, fléau absolu du monde, simple nuisance pour nous, double nuisance si nous tenons compte de toutes les cochonneries que nous diffusons dans notre bon air ou que nous étalons sur notre peau pour tenter de s'en protéger.
Il faut bien reconnaître que nos ancêtres ont eu une fâcheuse tendance à ne pas trop faire le détail entre toutes les saletés volantes de l'ordre des diptères, mouches, moustiques et moucherons. Y remettre un peu d'ordre ne semble pas très simple …
Notre moustique hexagonal n'est qu'une simple métathèse de l'espagnol mosquito, diminutif de mosca « mouche » directement issu du latin musca « mouche ». Le mot espagnol a aussi inspiré anglais et allemands (mosquito, Moskito), au détriment pour ces derniers du plus traditionnel Mücke lui aussi rappelant le nom eurindien de la mouche (grec μυῖα [muîa]).
Mais les Romains avaient aussi remarqué que la plupart des mouches ne piquaient pas et disposaient d'un mot particulier, culex, pour désigner le douloureux diptère. Curieusement, il ne survit plus (via le diminutif culicinus ?) que dans le nom de notre brave cousin qui désigne au contraire un moustique innocent.
Les Grecs avaient aussi un nom spécifique du moustique, κώνωψ, gén. -ωπος [kōnōps, - ōpos] d'étymologie inconnue, bien que, préfigurant des modes babéliennes, Spiegelberg fasse appel à un égyptien ḫnmś « mouche, moustique » et Walde à la ville tout aussi égyptienne de Canope (grec Κάνωπος [kánōpos], sans que j'ai bien compris pourquoi les Grecs auraient attendu de connaître l'Égypte pour donner un nom à ces sales bêtes et autant méprisé consonnes et voyelles. Tabou religieux ? Toujours est-il que le nom survit dans le grec moderne κουνούπι [kounoúpi], accentuant la fermeture du ō et ajoutant un suffixe de neutre.
Si l'on quitte notre brave Europe, on trouve le mot maringouin chez les francophones d'outre-atlantique (Guyanais, Îliens et Québecois) qui serait emprunté au tupi ou au guarani (dixit TLFI). Dans l'autre direction on trouve l'Inde, autre terre de prédilection de ces sales bêtes. Un nom du moustique est cité dès l'Atharva-Veda : maśaka m. « a mosquito, gnat, any fly that bites or stings » (Monnier, Monnier-Williams), l'exécrable taon faisant son apparition dans la famille. Mais inutile de délirer sur un rapprochement avec l'espagnol mosquito, ici le très-banal suffixe -ka ne ferait qu'élargir un simple *maśa, qui serait apparenté au lituanien mãkatas « Kriebelmücke » (Mayrhofer, KEWA). Ces Kriebelmücke, inconnues des Grimm, ne seraient autres que les redoutables mouches des sables, fléau des touristes en veine d'exotisme, mais le mot lituanien m'est inconnu …
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