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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 24 Jul 17, 9:18 |
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L'idée de ce sujet est de réunir des phrases effectivement publiées (référence indiquée) qui par leur étrangeté et leur force poétique pourraient appartenir au courant de pensée artistique qu'était le Surréalisme.
Je commencerai par un précurseur, Isidore Ducasse, dit Comte de Lautréamont, qui écrivit :
Citation: | beau comme […] la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! (Les Chants de Maldoror, chant VI, I) |
Cette comparaison, qui plût beaucoup aux surréalistes, a été illustrée dans une installation exposée en 2014 par la photographe et cinéaste Agnès Varda : l'installation
Dans un tout autre genre, le linguiste et polémiste Noam Chomsky — que j'aime doublement — a construit une phrase mettant en évidence que la correction syntaxique est indépendante de la qualité sémantique, visant ainsi à dissocier les deux notions dans l'analyse linguistique :
Citation: | Colorless green ideas sleep furiously (« d’incolores idées vertes dorment furieusement », in Syntactic Structures, 1957, (Structures syntaxiques, 1969)) |
Assez curieusement, cette fort jolie phrase peut, forçant à peine, recevoir du sens. J'ai imaginé un débat politicien animé où, après qu'un écologiste soit intervenu de façon virulente pour dire que ses idées sommeillent mais s'éveilleront un jour, son adversaire lui rétorque : « Monsieur, je trouve que vos incolores idées vertes dorment bien furieusement ! » |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Thursday 28 Sep 17, 23:46 |
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Le bel exemple Colorless green… est peut-être de Chomsky, mais l’idée est bien plus ancienne. Au moins du temps de Saussure. Et ce serait curieux que les Anciens ne l’aient pas remarqué. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Thursday 28 Sep 17, 23:50 |
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La terre est bleue comme une orange
Premier vers du poème La terre est bleue de Paul Éluard.
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
Paul Éluard, L’Amour de la poésie, VII – La terre est bleue, 1929.
« Les mots ne mentent pas » ; pourtant les mots aussi savent mentir, puisque les oranges ne sont pas bleues, sauf chez Tintin, et que les guêpes ne sont pas vertes, sauf dans la confiture de prunes. |
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