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doula (anglais) / δοῦλος [doûlos] (grec) - Le mot du jour - Forum Babel
doula (anglais) / δοῦλος [doûlos] (grec)

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José
Animateur


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 10946
Lieu: Lyon

Messageécrit le Monday 11 Mar 19, 17:45 Répondre en citant ce message   

- It was the milky way or the highway, according to a breastfeeding mom furious with her doula for allegedly forcing formula on her newborn.
= Une jeune mère qui allaite son enfant demande 10.000 $ de dommages et intérêts à l'aide à domicile qui avait préféré donner du lait maternisé au bébé plutôt que de réveiller la mère en pleine nuit.

[ The NY Post - 11.03.2019 ]


Royaume-Uni doula
- childbirth support person
- someone that assists the pregnant woman at the time of the delivery
- woman who support (emotionally) pregnant women during pregnancy, labour and pospartum


La doula est une femme qui assiste une femme enceinte, jusqu'après l'accouchement.

La traduction "aide à domicile" n'est pas très satisfaisante mais traduire "doula" autrement que par une phrase explicative est difficile.

Dans ce même article, on peut lire :
- Furious mom sues nanny (= nounou) for secretly feeding formula to baby.
- Baby caretaker Marcia Chase-Marshall allegedly sneaked the child formula while Wojton slept because she was tired and didn’t want to assist the first-time mom with the longer process of breastfeeding.

On pourrait peut-être traduire "baby caretaker" par assistante maternelle à domicile.


[ etymonline ]
- doula (n.)
"woman trained to assist another woman during childbirth and provide support to the family after the baby is born," by 1972, a coinage in anthropology, from Modern Greek doule, from ancient Greek doule "servant-woman," (= servante) fem. of doulos "slave, servant," (= esclave / serviteur) which probably is a word of Pre-Greek origin.

Les hellénistes me diront si je dois mettre δοῦλος, doûlos de préférence à δούλη, doúlê comme étymon dans l'intitulé du MDJ.


Wikipedia a écrit:
Une doula est une femme qui apporte soutien et accompagnement moral et pratique à une femme enceinte ou un couple durant la grossesse, la naissance, et la période néonatale. Le rôle de la doula n'est pas thérapeutique, elle n'a d'ailleurs pas forcément de formation médicale. Bien que similaire à nombre de pratique de cultures et époques diverses, dans l'Occident moderne doula est un nouveau métier qui émerge à la fin du XXè siècle. En France en 2018 environ 70 doulas sont reconnues par l'Association des Doulas de France en 2018, qui accompagnent chaque année quelques centaines de grossesses, sur 800 000 environ au total. La doula propose un service marchand à la femme enceinte et à son entourage, pour un forfait variant entre 350€ et 700€. Le mot doula vient du grec ancien doúla (δούλα) qui signifie servante. D'autres termes sont utilisés dans le monde francophone (accompagnante à la naissance, accompagnante en périnatalité) pour désigner des formations spécifiques.

Le service des doulas, bien que non médical, suscite des controverses de la part notamment d'institutions qui représentent sages-femmes et obstétriciens.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Doula

Sur le site de l'Association des Doulas de France [ https://doulas.info/ ], on apprend que Meghan Markle a engagé une doula pour son accouchement ...


Il y a quelques jours, j'avais rencontré le mot doula dans un sens légèrement différent : il s'agissait d'un accompagnement pour une personne en fin de vie (= soins palliatifs) et pour ses proches.
Citation:
(...) She began to research the work of an end-of-life doula. Traditionally, a doula is a layperson who aids a woman in childbirth and newborn aftercare alongside medical staff. In the same way, end-of-life doulas are supportive to hospice; they do not take the place of it.
O’Brien was inspired when, on a trip to Zimbabwe in 2012, she saw how local people were trained to sit with a person who was dying and “guide” them through their journey. While the country lacks basic needs and medicinal care, “they did have neighbors sitting with a family member who is dying — holding that space for them,” says O’Brien. “The power of presence might be the most powerful medicine we have, but we’ve lost that in our health care system. We’re all in this together. We should support each other however we can.”
Helping patients to compose letters to loved ones and assisting families with writing memorials and eulogies are also customary tasks. Having your “funeral” before you die is another trend that doulas can help with.
(...)

[ Source : The NY Post 25.02.2019 ]

J'ai retrouvé dans mes notes un autre article du NY Post du 06.12.2017 qui parlait des doulas comme accompagnants de fin de vie.
Le site www.doulagivers.com propose des formations.
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Outis
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Inscrit le: 07 Feb 2007
Messages: 3511
Lieu: Nissa

Messageécrit le Tuesday 12 Mar 19, 0:07 Répondre en citant ce message   

José citant etymonline a écrit:
doulos "slave, servant," (= esclave / serviteur) which probably is a word of Pre-Greek origin
Ce n'est pas si sûr.

D'abord, Beekes (Pre-Greek …) ne compte pas δοῦλος parmi les termes grecs dus au substrat (parfois désignés par l'adjectif pélasgien).

Ensuite et surtout, le mot est largement attesté en mycénien sous les formes do-e-ra (fém.plur.), do-e-ro-jo (gén.), do-e-ro-i (plur.) aussi bien à Knossos qu'à Pylos. Il s'agit d'esclaves attachés à une personne nommée au génitif, par exemple :
PY Ae 303 : pu-ro i-je-re-ja do-e-ra e-ne-ka ku-ru-so-jo i-je-rp-jo WOMAN 14
Πύλος : ἱερείας δόελαι ἕνεκα χρυσοῖο ἱεροῖο WOMAN 14
Pylos : esclaves de la prêtresse en charge de l'or sacré, 14 femmes

Mais l'élément important est que ces « esclaves » semblent toujours être des ἱερόδουλος [hieródoulos] « esclave de temple », « esclave sacré ». Or, on a, en Grèce historique, des attestations de dons de tels serviteurs à des temples, faits par de riches particuliers, un système assez proche de ce qu'on a pu connaître ailleurs :
Wikipedia, s.u. oblat a écrit:
Depuis la fin de l'Antiquité, et encore dans le catholicisme actuel, un oblat (du latin oblatus (offert) et oblatio (don)) est un laïc qui est donné ou se donne à un monastère
L'hypothèse a donc été proposée de trouver l'origine du mot dans la racine *deh₃- « donner ».
Ça tient assez bien la route …
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
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Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Tuesday 12 Mar 19, 0:27 Répondre en citant ce message   

Calvert Watkins invente une racine ad hoc, *des-. La notice est assez brève, je la recopie in extenso :

Enemy, foreigner, slave. Possible root, found only in Indo-Iranian and Greek. Suffixed o-grade form *dos-elo- (feminine *dos-elā-). DOULA ; HIERODULE, from Greek doulos (feminine doulê), slave (oldest Mycenaean Greek form doelos, doela. [Not in Pokorny; compare Sanskrit dāsaḥ, enemy (< *dos-o-).]

Dans la petite famille, j'ajoute le prénom THÉODULE. C'est l'équivalent de l'arabe Abdallah, Abdullah (Ab-doula ? ... Je plaisante...)
NB : À ma connaissance, ni module ni bidule ne font partie de la famille.

À part ça, puisque le mot doula - dont j'apprends aujourd'hui l'existence - semble être quasiment international, pourquoi privilégier l'anglais dans le titre du sujet ?
Et pourquoi se casser la tête à en chercher une traduction ?
"Tu enfantewas dans la doula" ... (il y a des jours comme ça... ou des mots, allez savoir...)
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Outis
Animateur


Inscrit le: 07 Feb 2007
Messages: 3511
Lieu: Nissa

Messageécrit le Tuesday 12 Mar 19, 11:20 Répondre en citant ce message   

La situation est un peu compliquée et les discussions là-dessus semblent bien antérieures à Watkins.

Une racine *des- n'est pas exclue qui aurait pu donner :
• skr. dāsa < *dos-o-, appliqué dans le Veda à des démons, hostiles aux humains et à Indra, puis, plus tard, aux sauvages et barbares, enfin à des esclaves et serviteurs.
• skr. dasyu < *des-yu-, encore des démons, puis les peuples étrangers (terme opposé à ārya), jamais appliqué à des esclaves ou serviteurs.
• gr. myc. do-e-ro < *dos-e-lo- ou *dos-h₁-lo- > gr. cl. δοῦλος « esclave ».

Phonétiquement, rien ne s'y oppose mais j'émets cependant quelques réserves qui s'appuient sur :

• aucune trace en Grèce de l'étape « démon » dans l'évolution sémantique …
• dans les témoignages mycéniens, ces douloi sont des hiérodules ; peut-on imaginer confier cette fonction à des mauvaises gens, des barbares, voire pire ?
En revanche, la coutume des oblats survit clairement en Grèce classique et j'en prends pour témoin la tragédie Ion d'Euripide. Je résume d'après Wikipédia le thème de départ :
Créuse, fille d'Érechthée, roi d'Athènes, fut violée par Apollon. De ce viol naquit un fils, Ion, qu'elle mit au monde secrètement et exposa dans la grotte même qui fut le théâtre du crime. Hermès, envoyé par Apollon, l'enlève et le porte à Delphes, où la Pythie le trouve dans son berceau et le fait élever. […] Ce fils, parvenu à l'adolescence, devint gardien du temple de Delphes. Quant la pièce commence, Ion est en train de balayer le paevis du temple.
(on a longtemps déposé les bébés accidentels à la porte des églises et des monastères, Quasimodo par exemple)
• Monier-Williams, s.u. dāsa propose (sans référence) une étymologie :
cf. Gr. δοῦλος derived in a similar manner from δοῦν, ‘to give or serve.’
Mais je n'identifie pas ce δοῦν qui pourrait être une forme très très contracte (!! on attendrait δοῦναι) d'un infinitif de δίδωμι « donner » (dont je n'ai pas trouvé d'attestation au sens de servir).
• l'argumentation de Palmer tient assez bien la route. La voici (The Interpretation …, p. 257):
Finally it is within this context of a religious κοινή that te-o-jo do-e-ro and te-o-jo do-e-ra [= esclave du Dieu] find their explanation. They may be the Mycenaean counterpart of the Babylonian shirku, feminine shirkatu. Dhorme (Les Religions de Babylonie et d'Assyrie) writes : 'C'est à tort qu'on a traduit par "esclave du temple". En réalité, comme l'indique le verbe sharâku "donner", le shirku est un "oblat" … Ils étaient offerts à la divinité par leurs maîtres, soit par leurs parents.' Thus doeros (δόελος) may well be a derivative of the root 'give' and the term one more 'calque' based on foreign models.
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embatérienne
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Messageécrit le Tuesday 12 Mar 19, 11:26 Répondre en citant ce message   

Outis a écrit:
(on a longtemps déposé les bébés accidentels à la porte des églises et des monastères, Quasimodo par exemple)
ou d'Alembert !
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Outis
Animateur


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Messageécrit le Tuesday 12 Mar 19, 12:03 Répondre en citant ce message   

Et tous deux sont effectivement devenus des « hommes à tout faire », même si le tout de d'Alembert était un peu plus prestigieux très content
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José
Animateur


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Messageécrit le Tuesday 12 Mar 19, 12:15 Répondre en citant ce message   

Outis a écrit:
En revanche, la coutume des oblats survit clairement en Grèce classique et j'en prends pour témoin la tragédie Ion d'Euripide. Je résume d'après Wikipédia le thème de départ :
Créuse, fille d'Érechthée, roi d'Athènes, fut violée par Apollon. De ce viol naquit un fils, Ion, qu'elle mit au monde secrètement et exposa dans la grotte même qui fut le théâtre du crime. Hermès, envoyé par Apollon, l'enlève et le porte à Delphes, où la Pythie le trouve dans son berceau et le fait élever. […] Ce fils, parvenu à l'adolescence, devint gardien du temple de Delphes. Quant la pièce commence, Ion est en train de balayer le paevis du temple.
(on a longtemps déposé les bébés accidentels à la porte des églises et des monastères, Quasimodo par exemple)

Lire le MDJ oblat et le Fil Tour d’abandon.
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Papou JC



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Messageécrit le Tuesday 12 Mar 19, 12:49 Répondre en citant ce message   

... et abandonner vient probablement de à ban donner = donner à ban, « laisser au pouvoir de quelqu’un ».
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José
Animateur


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Messageécrit le Tuesday 12 Mar 19, 12:56 Répondre en citant ce message   

Ce n'est pas ce que dit le TLFi :
- L'hyp. de EWFS qui fait remonter abandon à abandonner < a ban donner est improbable, ce dernier syntagme n'étant pas attesté (doner a abandon invoqué par EWFS n'est attesté qu'au xiiies., 2 ex. ds T.-L.).

Lire le MDJ abandon.
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