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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 17 Jul 19, 10:14 |
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Malgré tous les obstacles phonétiques (incertitudes sur les racines), vous venez de l'envisager, donc ça l'est. À mon humble connaissance, vous êtes le premier. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 17 Jul 19, 10:26 |
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Mais on connaît bien un serpent aux yeux remarquables, l'amphisbène : Brunetto Latini (XIIIe siècle) a écrit: | Amphisménie est une manière de serpent qui a ij. testes : l'une en son lieu etl'autre en la coel [queue], et de chacune part peut-il mordre, et court isnellement, et si oils [ses yeux] sont reluisant comme chandèles. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 17 Jul 19, 11:09 |
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Outis a écrit: | Le mot est, avec déplacement d'accent, le même que δρακών « regardant avec intensité », participe présent de δέρκομαι, parfait δέδορκα (cp. sanskrit dadarśa « j'ai regardé »). On l'explique par le regard fixe et paralysant du serpent. |
Il faudrait plutôt dire que δράκων « dragon, serpent » et δρακών « regardant avec intensité » sont deux homographes avec l'accent sur deux syllabes différentes et que l'explication par "le regard fixe et paralysant du serpent" n'est qu'une hypothèse (de "on") qui pourrait bien relever de l'étymologie populaire. La relation entre δράκων et δέρκομαι n'est donc pas garantie.
En revanche, si une relation avait pu être établie entre ὄφις et ὀφθαλμός, l'hypothèse "dragon au regard fixe, etc." aurait été renforcée.
Comme ce n'est pas le cas...
On peut en dire autant de la deuxième hypothèse, celle du "dragon surveillant".
(Tout cela pour expliquer ma question apparemment saugrenue...) |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 17 Jul 19, 12:46 |
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Raisonnement invalide. En grec, l'accent induit par une formation morphologique se rétracte quand le mot prend un sens lexical indépendant. Par exemple, avec le suffixe -*yo- formateur d'adjectifs : :
• άγορά « place du marché » > άγοραῖος « relauf à la place du marché » > άγόραιος « vulgaire »
• άγέλη « troupeau » > άγελαῖος « appartenant au troupeau » > άγέλαιος « commun »
Le passage δρακών > δράκων est parfaitement régulier. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 18 Jul 19, 9:37 |
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Pour se faire une idée sur l'hypothèse suggérée plus haut par Papou (ὄφις // ὀφθαλμός), on consultera chez Ernout et Meillet (DELL) les entrées anguis et oculus qui sont très bien faites. On y comprendra, j'espère, que la similitude de l'initiale ΟΦ des deux mots grecs est accidentelle. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 18 Jul 19, 9:57 |
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Un détail : je m'étais bien gardé de suggérer une hypothèse. Je n'avais que posé une question.
Une question un peu rhétorique il est vrai, car je m'attendais à la réponse.
Mais sait-on jamais ? J'avoue que j'aurais bien aimé pouvoir conforter le rapport dragon / voir par un rapport serpent / voir parallèle. C'est dire si mes intentions étaient louables. Mais puisque la science n'a pas besoin de mon parallélisme, marchons pour l'importance première donnée - au moins en grec - au regard fascinant ou surveillant du dragon. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 28 Jul 19, 8:41 |
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J'extrais d'un travail plus récent sur les serpents:
D'après Liliane Bodson ("Les Grecs et leurs serpents", in L'Antiquité classique, 1981, 50 1-2, pp. 57-78), ὄφις serait le terme le plus général, ἔχις désignerait les venimeux (vipères aux pupilles verticales) et δράκων les constricteurs (couleuvres aux pupilles rondes).
Elle qualifie en effet ces derniers de « aux larges yeux », s'appuyant sur :
• une scholie à Euripide : γένος μέν γάρ ὁ ὄφις, εἶδος δέ ὁ δράκων « le genre est ófis, l'espèce est drákon » ;
• l'étymologie de δράκων : «regardant, observant » (cf. ci-dessous);
• Οἱ δὲ γλάνεις ἐν τοῖς βραχέσι καὶ ὑπὸ δράκοντος τοῦ ὄφεως τυπτόμενοι ἀπόλλυνται πολλοί « les silures, dans les bas-fonds, sont frappés par des ófis drákon, il en périt beaucoup » (Aristote, Hist. des An., VIII, 602 b).
J'y ajouterai leur rôle fréquent de gardiens d'une chose précieuse qui met en évidence leur qualité d'observateurs, le drákon est celui « qui ne dort jamais » ; il est vrai que les serpents n'ont pas de paupières …
Mais je n'ajouterai pas un pouvoir de fascination des proies dont je n'ai pas trouvé d'attestations antiques. |
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