Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Thursday 29 Aug 19, 16:17 |
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La racine verbale sanskrite BṚH-, bṛhati porte les sens généraux de « fortifier, accroître, augmenter, agrandir » (Stchoupak, Renou).
À partir d'elle on forme le nom d'action neutre brahman qui désignerait l'inflation créatrice primordiale (le Big bang ou la Création, selon la philosophie de chacun). Au détail près que, dans l'hindouïsme, cette inflation se produit périodiquement, chacune étant suivie d'une destruction en attendant la prochaine.
Par la force des choses, le brahman désigne alors aussi l'Absolu, la totalité transcendante, l'Un et l'Infini qui, là aussi, peut prendre diverses formes, philosophiques ou religieuses. Mais ça ne s'arrête pas là.
Le brāhmaṇa, en français brahmane est, à l'origine, un prêtre védique, le plus important, en général silencieux mais chargé de veiller au bon déroulement du sacrifice et de le réparer (le renforcer) au cas où une erreur aurait été commise. Plus tard, ce mot masculin, et son féminin brāhmaṇī désigneront des membres de la caste sacerdotale, la première des trois castes nobles indiennes (à noter que ce statut élevé n'entraîne aucune richesse, 53,9% des brahmanes vivent en-dessous du seuil de pauvreté).
Si les Vedas restent les livres sacrés du védisme, on leur a adjoint des augmentations, les brāhmaṇas (nom. pl. brāhmaṇāni) qui sont des traités en prose, le plus connu étant le Śatapathabrāhmaṇa « Brahmana des cent chemins ».
Arrivant aux temps du brahmanisme qui commence avec les grandes épopées (Mahābhārata et Rāmāyaṇa) puis de l'hindouïsme actuel, sur le neutre brahman on forme au masculin le nom Brahmâ d'un dieu qui sera le créateur, l'un des trois dieux de la Trimūrti « qui a trois formes », avec Viṣṇu, celui qui maintient et Śiva, le destructeur.
Contrairement aux deux autres qui président à deux des principales sectes de l'hindouïsme, Brahmâ est très peu prié, il n'a qu'un très petit nombre de temples et ne reste finalement qu'un aperçu conceptualisable du brahman primitif.
Je ne saurais en finir avec la racine BṚH- sans évoquer le dieu védique Bṛhaspati (< Brahmaṇas-pati) « maître des chants » (les hymnes, chants qui renforcent et accroissent, bien sûr), chapelain des Dieux. Dans le Mahābhārata, il s'incarne en Droṇa, brahmane qui deviendra le maître d'armes des héros. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 30 Aug 19, 17:42 |
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Oui, Glosso, mais ceci date de l'époque de ses premières recherches (Ouranos-Varuna, 1932 et Flamen-Brahman, 1935) qui ont été assez critiquées et qu'il a lui-même abandonnées (Mythe et Épopée, 1968). Des rapprochements faits sur des points de détail qui — en toute rigueur — ne tiennent, ni phonétiquement, ni structurellement.
Élève du maître (j'ai suivi son séminaire quand j'étais étudiant), je continue à croire à l'intérêt de ces premiers travaux, même si les choses sont sûrement plus complexes qu'il n'y paraît. |
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