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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 24 Sep 19, 17:21 |
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Il faut partir d'un thème eurindien *dʰei-h₂- «voir, regarder » (Pokorny dhei̯ə- : dhi̯ā- : dhī-) avec une probable insistance sur la connaissance qu'on tire de sa vision ou inspection. C'est du moins, pour moi, ce que laissent imaginer les deux principaux descendants de ce thème.
• le grec σῆμα (dor. σᾶμα) « signe » (< *tʰy-ā-ma < *dʰi-eh₂-mn) aux sens si étendus qu'il vaut mieux que je recopie le DELG :
tout ce qui constitue un signe, un signal, une marque, un signe de reconnaissance, un signe envoyé par les dieux, emblème d'un bouclier, ce qui indique la présence d'un mort, tumulus, monument funéraire.
Le mot est à l'origine de sème, sémantique, sémiologie, sémaphore, etc. (mais pas semence ni séminaire qui viennent du latin serō).
• les verbe sanskrits DHĪ-, dhīyate « penser, méditer » et DHYĀ-, dhyāyati « réfléchir, méditer ; penser à, contempler mentalement » ainsi que leur dérivé dhyāna « méditation, contemplation mentale ».
Ce dhyāna, septième étape du yoga royal (rājayoga), a eu, via le bouddhisme, un long parcours oriental, aboutissant en Chine à chán, en Corée à seon, au Vietnam à thiền et, enfin, au Japon, à zen. Ici, une pratique du regard intérieur aboutissant à la connaissance de soi. Et plus, si affinité … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 24 Sep 19, 19:31 |
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Voir sémaphore. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3865 Lieu: Paris
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écrit le Tuesday 24 Sep 19, 21:09 |
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Outis a écrit: | semence ni séminaire qui viennent du latin serō |
Peut-on dire cela, ou vaudrait-il mieux dire que tous viennent d'une même racine PIE *sē-, semer
etymonline.com
Dernière édition par embatérienne le Wednesday 25 Sep 19, 7:45; édité 1 fois |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3511 Lieu: Nissa
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écrit le Tuesday 24 Sep 19, 23:20 |
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Sans doute, mais ce MDJ est consacré à *dʰei-h₂-. Je voulais éviter trop de hors-sujet, juste un coup d'œil sur des mots en sem- venus d'ailleurs … |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 27 Sep 19, 7:11 |
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Après le japonais, j'aurais aimé pouvoir ajouter au moins un mot arabe dans le titre, par exemple
سيمًا sīman et سيماء sīmā’ marque, signe ; traits du visage, physionomie
سمة sima marque empreinte sur la peau avec un fer chaud
سومة sūma marque, empreinte dont on marque les pièces de bétail ; marque distinctive dont un guerrier s’affuble à la guerre
سمامة samāma trace, vestige (de maison ou tente démolie ou renversée)
voire
شامة šāma grain de beauté, signe sur le corps
et beaucoup d'autres.
C'est ce qu'aurait fait Andras Rajki (Arabic Etymology Dictionary), au moins pour le premier, à juger par son entrée
sima (arabe) : sign, character [from Gre sema]
Malheureusement pour Rajki, c'est bien plutôt à Sevan Nişanyan (Sözlerin Soyağacı, çağdaş türkçenin etimolojik sözlüğü : dictionnaire étymologique du turc contemporain) qu'il faut, une fois de plus, ici donner raison (malgré ses graphies arabes un peu approximatives) :
sima (turc) ~ Ar sīmā/sīma(t) سيما / سيمة [#sym] yüz, çehre ≈ Ar sima(t) سمة [#wsm msd.] 1. dağlama, mühür basma, 2. damga, mühür, marka, tip, karakter, çehre < Ar wasama وسم dağladı, mühür bastı (= marque, sceau imprimé)
Rajki n'a pas perçu le lien entre sima et ism "nom", que, suivant la tradition, il rattache à sammā "nommer" (forme II de samā "être haut") :
sammā : Sem sh-m, Mal isem (name), Akk shumu, Heb shem, Syr shema, Meh ham, Hrs hem, Amh sem, Tig sem, Uga shm, Phoen shm.
Pour en savoir plus sur la grande famille arabe de ces mots, voir mon étude ad hoc.
On peut aussi aller voir le mot mousson, si on a le temps.
On notera l'intéressante et surprenante cöïncidence entre le sémitique et l'indo-européen. Avec deux différences de taille : 1. il n'y a en sémitique besoin d'aucune gymnastique intellectuelle à accomplir pour passer de la marque (au fer rouge) au signe, et 2. il y a une grande stabilité consonantique du couple SM à travers le temps et l'espace.
On voit que d'aucuns seraient bien excusables d'oser imaginer que le mot grec puisse avoir été emprunté à une langue sémitique. |
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