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foi (français) / fides (latin) / πίστις [pistis] (grec) / *bheidh (indo-européen) - Le mot du jour - Forum Babel
foi (français) / fides (latin) / πίστις [pistis] (grec) / *bheidh (indo-européen)
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Auteur Message
Ion
Animateur


Inscrit le: 26 May 2017
Messages: 306
Lieu: Liège

Messageécrit le Tuesday 29 Oct 19, 9:46 Répondre en citant ce message   

Ce sujet m'aura permis une réflexion sur la foi au sens théologique moderne : au départ, la foi ne consiste pas à admettre des affirmations comme des faits. Au départ, l'existence des dieux etc. est du domaine de l'évidence, on ne discute pas cela, ce n'est pas l'objet d'interrogations, c'est ainsi, cela fait partie du monde qui nous entoure. À ce stade, la foi consiste à faire confiance aux divinités, confiance (donc "appui" à la divinité) qui sera certainement récompensée par une protection bienveillante. Ce n'est qu'après l'émergence de questionnements sur l'existence même des divinités que la foi a pu s'étendre à des affirmations admises comme vraies et placées arbitrairement en dehors du champ de la critique. Ces "vérités" sont alors protégées par des considérations morales (l'athée est moralement mauvais du fait de son athéisme) ou par la violence. Mircea Eliade avait encore trouvé un autre truc : "L'incroyant est un croyant imparfait." Et toc !
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Outis
Animateur


Inscrit le: 07 Feb 2007
Messages: 3510
Lieu: Nissa

Messageécrit le Tuesday 29 Oct 19, 11:51 Répondre en citant ce message   

Outis a écrit:
Xavier a écrit:
On est plus dans le domaine de ce qu'on pourrait appeler "la pensée positive".

Lapsus ? sourire

Personne n'a répondu.
A-t-on pris ma question pour une malveillance ou une plaisanterie ?
Ce n'étais pas le cas et j'aurais bien voulu savoir si Xavier souhaitait écrire :

On est plus dans le domaine de ce qu'on pourrait appeler "la pensée positive"

ou

On n'est plus dans le domaine de ce qu'on pourrait appeler "la pensée positive"
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Xavier
Animateur


Inscrit le: 10 Nov 2004
Messages: 4087
Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Tuesday 29 Oct 19, 11:57 Répondre en citant ce message   

L'étymologie, c'est l'histoire de la définition d'un mot. C'est une incitation à considérer le terme en dehors d'un contexte usuel.

La foi, cela représente plusieurs choses. Mais c'est comme la plupart des termes.
Qu'est-ce que la liberté ? faire ce qu'on veut ? Dans ce cas on est esclave de nos pulsions. Ou bien être maître de soi-même ?
Je pense qu'il faut faire attention aux différents sens du terme, parfois contradictoires.

Ainsi, affirmer "je crois en Dieu", cela ne veut pas dire la même chose que "je crois que Dieu existe"

"je crois que Dieu existe" : cette foi, c'est, comme tu l'indiques, ce que je considère comme une "vérité" mais je ne peux le démontrer. Mais pour moi, c'est la vérité. Je "rationalise" afin de démontrer que c'est la vérité.

"je crois en Dieu" : je fais confiance et je suis récompensé par une protection bienveillante.
à la limite, que Dieu existe ou non, ce n'est pas très important. Cette protection, c'est une promesse, mais qui n'est pas forcément dans l'au-delà.
Un "croyant" ne croit pas forcément en la résurrection !
Donc cette protection, on l'a ressent ici et maintenant. C'est ce que Renan appelle le "sentiment religieux". Si une personne rend un culte à Dieu, c'est souvent parce que cela lui fait du bien.
Certains pratiquent la prière, d'autres la méditation, d'autres aiment chanter dans un temple ou une église, d'autres aiment écouter le sermon dominical...
C'est aussi un ensemble de rites (la communion) ou de valeurs (l'amour du prochain) auxquelles on adhèrent.

Le "croyant", c'est surtout l'adhérent à une église, une paroisse, une communauté religieuse, une "fraternité", une "famille spirituelle" dans laquelle il se sent bien.
Et Dieu, c'est comme la divinité de cette communauté, qui protège, qui apporte sa "grâce"... Et que le "fidèle" reçoit : il éprouve de la joie d'assister à un culte.
(aujourd'hui, on ne pratique plus vraiment par obligation).

"Croire en un Dieu qui n'existe pas" ? Est-ce possible ? Certains affirment que oui. On peut très bien croire en l'Eglise (les valeurs qu'elle défend...), trouver qu'elle a un sens, sans pour autant croire nécessairement que Dieu existe.
Klaas Hendrikse, pasteur néerlandais, est l'auteur d'un livre intitulé Croire en un Dieu qui n'existe pas.

Et que penser du Dieu des philosophes ? le Dieu de Sénèque, le Dieu de Spinoza ?
La foi, ce n'est pas seulement la foi des chrétiens. Et la "foi" juive, c'est aussi intéressant à étudier.
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Xavier
Animateur


Inscrit le: 10 Nov 2004
Messages: 4087
Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Tuesday 29 Oct 19, 12:00 Répondre en citant ce message   

Outis a écrit:
Personne n'a répondu.

Je n'avais pas compris pourquoi tu parlais de "lapsus" !

Voici ce que je voulais écrire :
On est plutôt dans le domaine de ce qu'on pourrait appeler "la pensée positive".

C'est un peu le principe de la "méthode Coué" ou de l'effet placebo.
La foi, la croyance, ce la peut être aussi une réalité. On peut guérir parce qu'on croit que le médicament va faire de l'effet (alors qu'il est neutre).
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Glossophile
Animateur


Inscrit le: 21 May 2005
Messages: 2281

Messageécrit le Tuesday 29 Oct 19, 12:11 Répondre en citant ce message   

Xavier a écrit:



Le "croyant", c'est surtout l'adhérent à une église, une paroisse, une communauté religieuse, une "fraternité", une "famille spirituelle" dans laquelle il se sent bien.


André Chouraqui traduit pistis par adhérence.

Citation:


"Croire en un Dieu qui n'existe pas" ? Est-ce possible ? Certains affirment que oui.

C'est le cas pour le culte du Père Noël : le Père Noël, c'est typiquement une divinité imaginaire, dont le culte est propagé par des gens qui savent qu'elle est imaginaire.
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Outis
Animateur


Inscrit le: 07 Feb 2007
Messages: 3510
Lieu: Nissa

Messageécrit le Tuesday 29 Oct 19, 12:24 Répondre en citant ce message   

La réflexion de Ion est probablement pertinente au niveau de l'Histoire des Idées et elle me satisfait assez, du moins comme tentative de réintroduire la croyance religieuse dans le champ de la rationnalité.

Je peux apporter une autre pierre.

Aussi bien des questions comme « les dieux existent-ils ? » sont entachées a priori par l'hypothèse sous-entendue que la notion d'existence serait pertinente pour les dieux, aussi bien les valeurs vrai et faux en exclusion ne sont pas forcément un chois nécessaire dans le domaine de la croyance.

Non que je cherche à me réfugier dans un agnostique « je ne sais pas » (formule dont je ne me prive guère dans beaucoup d'autres domaines) mais parce que je soupçonne que le principe de non-contradiction est hors-champ dans certaines activités de l'esprit humain. C'est quelque chose que je vis, en tant qu'athée à tendance dodécathéiste grecque :

• je sais, profondément et sans le moindre doute, qu'Hermès n'existe pas ;

• je sais, profondément et sans le moindre doute, avoir été à de nombreuses reprises l'objet de sa sollicitude et avoir été enquêté/enseigné à une occasion par un de ses envoyés, sinon par lui-même.

Après des années à me croire en contradiction, sinon en folie, je suis aujourd'hui persuadé qu'on peut très bien vivre avec de telles certitudes et qu'elles résonnent (et raisonnent) en accord avec nombre de principes bien connus des ésotéristes, qu'ils soient chrétiens (Nicolas de Cues, La Docte Ignorance) ou hindouïstes (tat tvam asi « tu es ça »).
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Xavier
Animateur


Inscrit le: 10 Nov 2004
Messages: 4087
Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Tuesday 29 Oct 19, 21:15 Répondre en citant ce message   

Plutôt que de dire « je ne sais pas » qui est une affirmation, le sceptique Montaigne (en tout cas le Montaigne tel que le conçoit Pascal) se pose la question : « que sais-je ? »
Si je reprends cette formulation : Que sais-je ? la réponse serait alors : "J'ai été à de nombreuses reprises l'objet de sa sollicitude".

C'est étrange, j'étais justement en train de chercher des traces de cette devise chez Montaigne...
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Cligès



Inscrit le: 18 Jul 2019
Messages: 889
Lieu: Pays de Loire

Messageécrit le Tuesday 29 Oct 19, 22:29 Répondre en citant ce message   

embatérienne a écrit:

Il y a souvent du mystère dans ces choses : pourquoi la diérèse se fait-elle/se maintient-elle dans "hier" et souvent pas dans "avant-hier" ?


Pas nécessairement de mystère. Dans le cas de hier, la diérèse a été admise assez tôt dans la métrique classique afin de donner plus de corps à un mot qui, resté monosyllabique, risquait de s'effacer au sein de son groupe.
Dans avant-hier, la diérèse est inutile, l'expression devenant polysyllabique, et par là-même pourvue d'un accent sur hier.
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11171
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Friday 22 Nov 19, 14:08 Répondre en citant ce message   

Voir sous desahuciar un dérivé (espagnol) inattendu de cette racine.
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11171
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Saturday 06 Jun 20, 8:34 Répondre en citant ce message   

J'ai récemment découvert deux autres dérivés espagnols de la famille du latin fidō, deux dérivés liés l'un à l'autre puisqu'il s'agit du nom porfía et du verbe porfiar.

Il n'y a plus trace de leurs équivalents français mais un coup d'oeil à Godefroy nous apprend que l'ancien français a connu au moins le verbe pourfier qui signifiait "assurer". Godefroy donne sa source (anglaise mais transparente) : to affirm baldly, assure confidently, maintaine or stand in, peremptorily (Cotgrave, 1644)
(Le mot est étrangement inconnu du Dictionnaire du moyen français (1330-1500). Était-il donc déjà tombé en désuétude quand Cotgrave rédigea son dictionnaire ? Probablement.)

C'est très exactement le sens du toujours usuel porfiar espagnol :
1. intr. Discutir obstinadamente y con tenacidad.
2. intr. Importunar repetidamente con el fin de conseguir un propósito.
3. intr. Intentar con tenacidad el logro de algo para lo que se encuentra resistencia. Porfiar enabrir la puerta.

(Je crois que c'est assez transparent pour n'avoir pas à traduire.)

Le DRAE fait de ce verbe un dénominal de porfía, auquel il renvoie donc, pour nous en dire "Acción de porfiar".
Bon, c'est possible. Le contraire n'est pas impossible non plus. Le fait que le nom n'existe pas en ancien français est plutôt un indice que porfía est un déverbal de porfiar.

L'étymon donné est Del lat. perfidia 'mala fe, perfidia'.
C'est un peu rapide. Certes, pour la forme, à la rigueur, mais dès le bas latin le verbe a dû prendre le sens qu'il avait en ancien français et qu'il a toujours en espagnol, sens où l'on voit qu'il n'est pas du tout question de perfidie mais d'entêtement dans l'affirmation de quelque chose.
C'est quand on est très confiant qu'on affirme sans sourciller. Moi je crois que l'étymon est plutôt perfidens "très confiant" (Gaffiot, A.-Vict. Caes. 17,5, 4e siècle). Mot tardif, donc. Le verbe *perfidō n'est pas attesté.
NB : Le préverbe français pour- est toujours présent avec ce sens intensif, duratif ou de complétude dans les verbes poursuivre, pourchasser, pourfendre...
Dans pourchasser, voir notamment le post de José, répété à juste titre dans pourfendre.


Dernière édition par Papou JC le Saturday 06 Jun 20, 13:09; édité 2 fois
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embatérienne
Animateur


Inscrit le: 11 Mar 2011
Messages: 3861
Lieu: Paris

Messageécrit le Saturday 06 Jun 20, 11:52 Répondre en citant ce message   

Pourfier n'est attesté dans Godefroy que par la citation tardive de Cotgrave (1644).
Il s'agit peut-être tout simplement d'un hispanisme. C'est ce que semble dire la note de ce passage de la correspondance de Philippe II.
Je trouve aussi le mot chez Marguerite d'Autriche.
Tout cela va dans le sens de l'hispanisme.
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11171
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Saturday 06 Jun 20, 12:13 Répondre en citant ce message   

Effectivement, bien vu !
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