Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4088 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
|
écrit le Thursday 18 Aug 22, 11:28 |
|
|
La garbure est un plat béarnais (et peut-être au-delà du Béarn en Gascogne ?)
garburo dans le Trésor du Félibrige de Mistral
Le TDF le définit ainsi : "Soupe épaisse constituée de légumes, de choux, de tranches de pain de seigle, de jambon et de lard ou de confit d'oie"
C'est un mélange de légumes : choux, pommes de terre, haricots blancs, avec une cuisse de canard ou un morceau de porc.
À l'origine, cela devait ressembler à une soupe épaisse.
L'origine de ce terme semble être inconnue
Le Robert le rapproche du mot gerbe (garbo en langue d'oc)
Dans le Trésor du Félibrige, on a aussi :
garbo-baudo (la gerbe joyeuse) : fête célébrée après la moisson, régal qu'on donne aux ouvriers après la récolte en Limousin et Gascogne, dernier repas où l'on mange tout
« Lorsque toutes les gerbes vont être retirées, un des ouvriers en fait une beaucoup plus grosse pour la dernière. Cette gerbe est ordinairement arrosée par quelques bouteilles de vin et donne lieu à un repas. C’est ce qu’on appelle en Bas Limousin fa la gerbo-baudo ; et comme sur la fin de ce repas, il arrive quelquefois un peu de désordre, on dit proverbialement : à la gerbo-baudo, sans ordre , confusément. »
(Nicolas Béronie, Dictionnaire du patois du Bas-Limousin)
Je cite Mistral, Béronie écrit dzerbo.
Cela pourrait être cette idée de mélange qui est à l'origine du terme. (cf pastis).
En espagnol, on a le terme garbías :
"Guiso compuesto de borrajas, bledos, queso fresco, especias finas, flor de harina, manteca de cerdo sin sal y yema de huevos duros, todo cocido y después hecho tortilla y frito."
(un ragoût composé de bourrache, de blettes, de fromage frais, d'épices fines, de fleur de farine, de saindoux sans sel et de jaunes d'œufs durs, le tout cuit puis transformé en tortilla et frit)
Théophile Gautier, dans Le capitaine Fracasse écrit :
Celui-ci détacha la marmite de la crémaillère, en versa le contenu sur son pain taillé d'avance dans une écuelle de terre commune qu'il posa devant le Baron; c'était ce potage vulgaire qu'on mange encore en Gascogne, sous le nom de garbure ; puis il tira de l'armoire un bloc de miasson tremblant sur une serviette saupoudrée de farine de maïs et l'apporta sur la table avec la planchette qui la soutenait. Ce mets local avec la garbụre graissée par un morceau de lard dérobé, sans doute, à l'appât d'une souricière, vu son exiguïté, formait le frugal repas du Baron.
Mais aussi, quelle garbure !
des croûtons mitonnés dans la plus fine graisse d'oie, des choux frisés d'un goût ambroisien, tels que Milan n'en produisit jamais de meilleurs, et cuits avec un lard plus blanc que la neige au sommet de la Maladetta ; un potage à servir sur la table des dieux !
Qu'est-ce qu'un miasson ?
Une définition trouvée dans Annales de l'agriculture françoise
mias, miasse, miasson : petits pains en forme de navette réalisé avec de la farine de maïs (ressemble plus à un petit gâteau qu'à un pain).
Je pense qu'on peut rattacher ce terme à millas, de millet (à l'origine réalisé avec cette céréale). |
|
Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
|
écrit le Thursday 18 Aug 22, 17:19 |
|
|
Citation: | Béronie écrit dzerbo |
Sous toutes réserves, j'ai trouvé dans le Kazimirski (mais nulle part ailleurs) : زرباجة zirbadjeh, sorte de soupe
Sans autre précision et le mot est complètement isolé.
A mon avis c'est une forme altérée de شورباج šūrbāǧ dont nous avons parlé ailleurs (sorbet).
Tout cela ne signifie pas que garbure soit d'origine arabe, ou turque, je fais un simple rapprochement. Mais c'est peut-être une piste à creuser.
Je ne crois pas qu'il y ait le moindre rapport entre la garbure, qui est une soupe, et les garbías espagnoles, qui n'en sont pas. Et pas un seul ingrédient commun aux deux. |
|