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Romalia
Inscrit le: 16 Mar 2019 Messages: 41 Lieu: *Luidon (Lyon)/*Marsellie (Marseille)
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écrit le Friday 04 Oct 19, 16:46 |
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Orfraie
Issu du gallo-roman picard *orfrajə, issu du latin ossifraga (briseur d'os) à cause de son estomac capable de digérer les os, apparenté au latin os,ossis.
Osprey
Lui issu d'un variante dialecte du gallo-roman francien ou normand *osfrajə.
Il a donné son nom à un club de rugby gallois mythique les ospreys.
Οστεον (Ostéon)
Son lien avec le latin ossifraga, du français orfraie, et anglais osprey vient de la racine indo-européenne *ost.
Le grec ancien όστρεον (ostréon) "huître" est aussi apparenté au grec οστεον (ostéon). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 04 Oct 19, 17:38 |
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Voir la grande famille BRÈCHE. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 05 Oct 19, 0:55 |
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Pourquoi le picard ?
Le Trésor de la langue française, comme l'Oxford English Dictionary indiquent tous les deux un ancien français reconstitué : *osfraie
Pour l'OED, il reconstitue un *osphraye
Et comment expliquer le passage du s au r en français ?
Selon le TLF : "sans doute par assimilation du s au r suivant". Peut-être une évolution *osfraie > offraie > orfraie ?
offraie dans L'Histoire de la nature des oyseaux, de Pierre Belon (1555)
D'un oyseau de rapine qui mange le poisson, nommé en Grec Haliæetus et en François une Orfraye
Il écrit ensuite Orfraye ou Offraye
En latin Aquila marina (aigle de mer)
L'oßifragus (ossifragus) est différent de l'orfraye. Il y aurait donc eu confusion.
Cet oßifragus correspond alors au grec Phinis , en français : oyseau de proyë qui voit la nuict. Ce serait un "petit vautour".
Belon indique aussi qu'il y a confusion entre l'orfraie et l'effraie (chouette effraie)
Quel est donc cet oiseau ?
Il ne semble pas être bien défini.
Il désigne le Pandion haliaetus : Balbuzard pêcheur, en anglais : osprey
Mais aussi le Haliaeetus : Pygargue, ou aigle de mer, en anglais : Sea eagle. C'est cet oiseau qui est l'emblème des États-Unis (voir Wikipédia)
Pygargue vient du grec : fesses blanches.
à noter l'expression : Pousser des cris d'orfraie : des cris aigus.
Quelle est la véritable orfraie : le balbuzard ou le pygargue ?
Dernière édition par Xavier le Saturday 05 Oct 19, 11:22; édité 1 fois |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3862 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 05 Oct 19, 10:10 |
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Xavier a écrit: | Belon indique aussi qu'il y a confusion entre l'orfraie et l'effraie (chouette effraie)
[...]
à noter l'expression : Pousser des cris d'orfraie : des cris aigus.
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Ces deux lignes sont à rapprocher en fait.
http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?p=208223#208223
http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?p=100061#100061
Xavier a écrit: |
offraie dans L'Histoire de la nature des oyseaux, de Pierre Belon (1555)
D'un oyseau de rapine qui mange le poisson, nommé en Grec Haliæetus et en François une Orfraye
[...]
Quel est le véritable orfraie : le balbuzard ou le pygargue ? |
Là encore, en rapprochant ces deux lignes, on comprend que ce n'est que par une regrettable coquille qu'on lit "le véritable orfraie" au lieu de "la véritable orfraie", mais comme j'aurais bien été capable de me tromper sur le genre du mot et que je ne suis probablement pas le seul, je préfère ne pas corriger en catimini. Et puis, après tout, Littré rappelait que :
Citation: | On l'a fait masculin : Où le funeste orfraye et le hibou se perchent, THÉOPHILE, Oeuvres, 1re partie, p. 221, dans LACURNE. |
Merci pour cette remarque !
J'ai corrigé mon message et placé orfraie au féminin.
Xavier |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Saturday 05 Oct 19, 10:12 |
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Xavier a écrit: | Pourquoi le picard ?
Le Trésor de la langue française, comme l'Oxford English Dictionary indiquent tous les deux un ancien français reconstitué : *osfraie
Pour l'OED, il reconstitue un *osphraye
Et comment expliquer le passage du s au r en français ?
Selon le TLF : "sans doute par assimilation du s au r suivant". Peut-être une évolution *osfraie > offraie > orfraie ?
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Le -s antéconsonantique est instable ; dans le mot qui nous occupe, de provenance picarde, il s'est d'abord sonorisé en -δ-, puis est passé à -r-, dont l'articulation avec le -f- qui le suit est plus stable.
Même situation dans varlet < vaslet, mais cette fois, le -r- s'est amuï. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11173 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 05 Oct 19, 10:35 |
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Romalia a écrit: | Οστεον (Ostéon)
Son lien avec le latin ossifraga, du français orfraie, et anglais osprey vient de la racine indo-européenne *ost.
Le grec ancien όστρεον (ostréon) "huître" est aussi apparenté au grec οστεον (ostéon). |
Voir ostracisme. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 05 Oct 19, 11:47 |
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Cligès a écrit: | dans le mot qui nous occupe, de provenance picarde |
Mais qu'est-ce qui atteste l'origine picarde de ce mot ? Ce serait bien d'indiquer la source !
Sur ce blog picard :
Kristoffer Nyrop, Grammaire historique de la langue française postule une influence picarde.
Voir la Grammaire historique de la langue française de Kristoffer Nyrop (1899)
à propos de l'amuïssement du S :
par exemple asinum > azne > aδne> âne
L'auteur note la présence du d en anglo-normand : adne
Parfois c'est un r qui se substitut à [z] surtout dans les textes picards où l'on trouve varlet, marle, parle, merler, almorne, arne, derver, orfraie...
Dans la région orientale et wallonne, h remplace [z] devant m, n : raihnable, ahnesse, blahmer. |
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Romalia
Inscrit le: 16 Mar 2019 Messages: 41 Lieu: *Luidon (Lyon)/*Marsellie (Marseille)
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 05 Oct 19, 12:22 |
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Merci, mais c'est la source que je viens de citer, qui renvoie à Kristoffer Nyrop ! |
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Romalia
Inscrit le: 16 Mar 2019 Messages: 41 Lieu: *Luidon (Lyon)/*Marsellie (Marseille)
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Saturday 05 Oct 19, 13:26 |
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Xavier a écrit: | Mais qu'est-ce qui atteste l'origine picarde de ce mot ? Ce serait bien d'indiquer la source ! |
Quand je ne cite pas de source, c'est que je n'en ai pas consulté. J'ai travaillé (modestement) sur ce qu'on peut appeler le "rhotacisme" dans les langues d'oïl et j'ai une bonne mémoire.
Pierre Fouché, dans sa Phonétique historique du français, Paris éd. Klincksieck, 1961 traite du mot orfraie dans le volume III, p. 862. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 05 Oct 19, 16:03 |
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Bien vu pour borne !
Dans le dictionnaire historique de la langue française :
Borne (1180-1190) est la forme picarde, dialecte où le groupe -dn- aboutit à -rn-.
Dans la langue d'oïl, on a aussi bone, que l'on retrouve dans abonner (aussi abonnare en latin médiéval).
En fait, on aurait pu avoir une "bone" ou "bonne" ou encore "bône" en français.
En ce qui concerne le genre d'orfraie, on a en latin ossifraga (féminin), et ossifragus (masculin) qui semble être attesté uniquement chez Pline.
D'où en français une orfraie et un orfraie (que l'on rencontre rarement, comme l'exemple cité par Embatérienne).
J'ai pu consulter l'ouvrage de Pierre Fouché Phonétique historique du français (1966)
Sans doute orfraie et varlet, qui sont entrés dans le lexique, proviennent du picard.
Le francien faisait autrefois *osfraie (< ossĭfraga) que permet de supposer l'anglais osprey et vaslet. ce dernier est lui-même continué dans valet.
"francien", c'est la la langue d'oïl de la région parisienne (qui s'étend jusqu'à la Loire au sud)
varlet n'est guère utilisé mais attesté dans le dictionnaire, comme variante de valet.
Cette évolution z > δ > r : j'avoue que j'ai du mal à comprendre : quelle est la proximité entre δ et r ? |
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Romalia
Inscrit le: 16 Mar 2019 Messages: 41 Lieu: *Luidon (Lyon)/*Marsellie (Marseille)
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écrit le Wednesday 09 Oct 19, 19:38 |
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La proximité entre δ et r est que δ qui est dental, et r alvéolaire ont des points d'articulation (dental et alvéolaire) assez proches. Les alvéoles dans l'appareil phonologique sont voisines aux dents. |
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