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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Wednesday 21 Dec 05, 10:30 |
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Le mot wallon valèt est intéressant à bien des égards.
Tout comme son homonyme français valet, il provient du latin populaire vasselitum ( cf Etudes littéraires ) signifiant serviteur.
Là où le français a gardé cette notion de servitude, le wallon ne voit qu'un jeune homme, voire un garçon mais pas un petit garçon. Ma grand-mère m'appellait souvent ainsi.
Ce qui est paradoxal, c'est qu'en vieux français, valet a le même sens que le mot wallon actuel. On a donc l'impression que le sens latin initial ( serviteur ) a glissé vers jeune homme en roman ( ancêtre du wallon et du français ) puis que le wallon a gardé cette signification alors que le français en est progressivement revenu au sens original.
Mais ce ne sont que des hypothèses personnelles. Je serais curieux d'avoir votre avis. |
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winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
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écrit le Wednesday 21 Dec 05, 10:42 |
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Le valet, au de la belote,à l'atout,est quand même la carte la plus importante.Scapin est aussi une pièce maitresse chez Molière.
Le valet n'est pas toujours ce qu'il parait être!
Le mot est issu après maintes transformations du gaulois latinisé vassus,qui a donné vassal.
Il est, un temps , synonyme de page ou damoiseau : "gentilhomme qui n'a pas encore été armé chevalier".
Pour cette raison,et contrairement au Roi,sur les jeux de cartes,il ne doit pas porter d'armes. |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 21 Dec 05, 11:02 |
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En français je pense qu’on est davantage influencé par valet de chambre d’où cette notion de serviteur qui n’est pas passé dans le wallon. |
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winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
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écrit le Wednesday 21 Dec 05, 15:46 |
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Il y avait aussi le valet de pisse à la cour du Roi Soleil. Un gars qui tenait un seau dans lequel les courtisans urinaient. |
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Morand
Inscrit le: 03 Oct 2005 Messages: 550 Lieu: Zürich, Sundgau, Alsace, Zuid-Holland,
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écrit le Wednesday 21 Dec 05, 15:54 |
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C'est vrai, mais il semble qu'il y avait beaucoup de roulement au niveau de cette emploi. Les valets en avait rapidemment plein le nez |
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Marden
Inscrit le: 16 Nov 2004 Messages: 468 Lieu: Seine-et-Marne, Ardennes
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écrit le Wednesday 21 Dec 05, 16:02 |
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Maisse Arsouye a écrit: | Ce qui est paradoxal, c'est qu'en vieux français, valet a le même sens que le mot wallon actuel. |
Ce n'est donc pas paradoxal. Il suffit de parcourir les glossaires de parlers régionaux, établis par leurs auteurs sur la seule base des mots utilisés ou simplement entendus (et ne figurant pas au Dictionnaire !) pour se rendre compte qu'un certain nombre de mots anciens sont encore en usage. |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Wednesday 21 Dec 05, 20:13 |
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En catalan, nous avons vailet : jeune garçon, gamin. |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Wednesday 21 Dec 05, 20:19 |
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Effactivement, j'ai déjà constaté des ressemblances surprenantes entre le wallon et le catalan ( barake et coupète pour ne citer qu'eux ).
@Marden : ce que je trouve paradoxal, c'est que le français soit revenu au sens étymologique ( serviteur ) après avoir subit un glissement de sens ( jeune homme ). C'est d'autant plus paradoxal que le wallon est souvent plus conservateur que le français. |
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yves
Inscrit le: 07 Aug 2007 Messages: 397 Lieu: Nevers
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écrit le Sunday 09 Dec 07, 18:09 |
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Pour aller plus loin avec cette hypothèse de continuité géographique, il faudrait comparer avec d'autres zones, plus à l'ouest. |
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max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Monday 10 Dec 07, 10:40 |
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Jean-Charles a écrit: | Je suis persuadé que c'est le signe qu'il existe une parenté dans la zone qui va du walon au catalan en passant par le francoprovençal. |
Je pense que ce n'est qu'une intuition de ta part.
C'est bien d'avoir des intuitions, mais ensuite, il faut les vérifier !
Ce n'est pas avec un rapprochement ici ou là que l'on peut tirer des conclusions : il faut faire une étude du vocabulaire et en faire sortir des règles générales. Cela signifie que, en général, ce qui s'applique à un mot s'applique aussi à d'autres mots.
En ce qui me concerne, je rejette a priori ce genre de raisonnement car on n'a jamais pu prouver quoique ce soit.
Le son k en latin a été conservé dans les langues d'oc du sud et est devenu ch (exemple char) dans les langues d'oc du nord et dans les langues d'oil. En normand, on dit car (d'où l'anglais car). Dois-je conclure d'une proximité entre le nord et le sud de la France ? que nenni !
Le mot valet avait deux sens attestés (serviteur, jeune homme). Ces deux sens, comme jeune fille/servante se retrouve dans plusieurs mots de même sens (pensons aussi au garçon de café).
Dans une région, un des deux sens a pu disparaitre. Ce procédé est classique.
D'autre part, il me semble plus normal que ce sens "jeune homme" ait été conservé dans les langues de la campagne et devenu péjoratif en français, le langue de la ville et des lettrés. Les gens de la ville prenaient leur domestiques (bonnes, valets etc...) à la campagne.
Mais les gens de la campagne n'avaient pas de valets ni de bonnes, comme les gens de la ville. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 10 Dec 07, 11:27 |
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Étymologie
Il vaut partir d'un verbe eurindien préfixé *upo-steh₂- « se tenir près de » attesté par le skr. upasthā- « se tenir auprès de, se tenir aux ordres de, servir ».
Compte tenu des glissements de sens de la particule *upo, ce verbe a pris selon les langues des acceptions très variables :
gr. huphístēmi « placer sous ou à côté de, placer en embuscade » (d'où hupóstasis « ce que l'on place dessous » > fr. hypostase)
gr. mod. υφίσταμαι [ifístame] « subir, éprouver, subsister », υφιστάμενος [ifistámenos] « subordonné, inférieur », υπόσταση [ipóstasi] « fondement, hypostase »
lat. substō « se tenir dessous > résister, subsister » (d'où substantia « réalité d'une chose » > fr. substance), substituō « mettre en-dessous ou à la place » > fr. substituer, substitut
all. aufstehen, angl. stand up « se lever » (en germ. *upo > « vers le haut »)
En celtique, avec la chute du p intervocalique et une assimilation finale (st-io > sso), on obtient une forme *uossos / *uassos « celui qui se tient auprès de » attestée par le vieil-irl. foss « serviteur », le gall. gwas « serviteur » et le bret. gwaz « homme, valet, vassal, mari ».
Une forme gauloise latinisée uassus « serviteur » apparaît dans les lois franques, puis un diminutif uassalus (décret de Pépin, 757) qui aboutira au français vassal.
Un second diminutif *uassellitus (ou *uassulitus) aboutira à un *vass(e)let, d'où, suivant que le s s'assimile ou se rhotacise, vallet ou varlet.
La forme varlet subsiste en français pour désigner un fils de gentilhomme placé auprès d'un grand seigneur pour y faire l'apprentissage de la chevalerie, la forme vallet se simplifie, en français valet, en wallon valèt.
Selon les traducteurs, le nom de Joseph Knecht, héros du Jeu des perles de verre de Hermann Hesse, est rendu par Joseph Valet ou Joseph Varlet. |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Tuesday 25 Dec 07, 16:34 |
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En wallon, on distingue valèt (garçon) de varlèt (valet de ferme). Même origine vasselet? |
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acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
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écrit le Wednesday 26 Dec 07, 11:04 |
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Pas étonnant que le wallon a des termes qui se rapprochent du catalan compte tenu de l'occupation de son territoire par les forces espagnoles durant le 16 ème siècle, voir plus longtemps et à plusieurs reprises.
Certains mots sont restés même dans le patois chtimi comme "j'te quiers" pour "je t'aime ( te quiero)
N'oublions pas non plus le grand nombre de prisonniers catalans faits par Napoléon 1er et dont il s'est servi pour bâtir, construire et aménager les territoires qu'il a occupé ou qu'il a délivré des puissances coalisées (Liège en particulier).
Quant à "Knecht" pour valet en allemand, il s'agit bien du valet de de ferme et non du valet de maison bourgeoise qui serait plutôt traduit par serviteur: "Bediener". L'autre mot pour "serviteur" souvent employé en allemand est "Kellner". Mais il traduit la notion de "serveur de taverne" qui pour le coup fait plutôt appel à la notion de "cave" (Keller) car de nombreux établissements où l'on sert des libations alcoolisées sont, en Allemagne, établis dans les caves des grands édifices.
Qui ne connait pas les "Ratskeller", les "caves ( ou plutôt les "caveaux") des hôtels de ville" par exemple? |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Wednesday 26 Dec 07, 16:12 |
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Merci acdebombourg pour tes informations historiques (où je suis en demande) et bonne année!
Quand même, je vois plutôt la thèse d'Otis: deux développements sémantiques de vasselet, peut-être à des époques différentes et je demandais humblement confirmation.
Pourquoi?
Parce la grand'mère de ma grand'mère a eu un très mauvais souvenir de l'occupation espagnole (des soldats piquant leur bayonnette dans le foin pour trouver des résistants) et je ne vois pas d'équivalent de te quiero.
Deuzio, les Espagnols ont occupés essentiellement la Flandre où ils ont laissé l'architecture espagnole (Gent, Brugge, Bruxelles) et un matériau: la brique espagnole, ainsi qu'une descendance "métissée" et des colons, les Siska (les gaufres du ZOUTE). Rien de tel à Liège (si je ne me trompe), où les Liégeois étaient plutôt des résistants.
Mais je ne demande qu'à progresser dans la recherche de l'inaccessible étoile! |
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