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"un trop de lumière" vs "trop de lumière" - Langues d'ici & d'ailleurs - Forum Babel
"un trop de lumière" vs "trop de lumière"
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R_Camus



Inscrit le: 19 Apr 2010
Messages: 230

Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 12:08 Répondre en citant ce message   

Pour délester, si on le souhaite, le fil
http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?p=175181
puisque le problème est indépendant de l'accord en nombre d'un éventuel verbe régi.

Je repose la question :

Pourquoi est-il difficile de dire

(a) ?? un trop de lumière


(rare attestation trouvée par gilou: ... ne pas craindre le retour d'un trop-plein de lumière, d'un trop de jour, s'il est vrai que ma photographie ne ressemble toujours qu'à mes autres ... : moyennant le fait que "le jour" ne se comporte pas syntaxiquement comme "la lumière", et ressemble plus à "le soleil")

Comparer avec :

(a') trop de lumière
(a") un trop-plein de lumière

En regard de la paire irréprochable :

(b) peu de lumière
(b') un peu de lumière

Faute de temps, je ne fais que reposer les termes de l'énigme. Et me donne le temps de rédiger ma propre suggestion de réponse.
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gilou



Inscrit le: 02 Jan 2007
Messages: 1528
Lieu: Paris et Rambouillet

Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 14:24 Répondre en citant ce message   

Après relecture, je vois que la forme est fautive, une fois de plus, c'est excès qui devrait figurer ici: ... ne pas craindre le retour d'un trop-plein de lumière, d'un excès de jour, s'il est vrai que ma photographie ne ressemble toujours qu'à mes autres ...
Il suffit de remplacer "trop" par "pas assez" dans la phrase pour voir qu'on aurait "un manque" et non pas "un pas assez".
C'est probablement l'assonance avec le trop du trop-plein précédent qui ne fait pas sonner la phrase comme fautive à l'oreille.

Dans les exemples, il faut mettre en relation trop avec pas assez, et peu avec beaucoup, mais il n'est peut être pas judicieux de le faire pour trop et peu.

Auquel cas il est intéressant de noter que la paire
(b) peu de lumière
(b') un peu de lumière
a pour homologue négatif
(c) beaucoup de lumière
(c') *un beaucoup de lumière avec un second élément incorrect

La première paire devenant
(a') trop de lumière
(a''') un excès de lumière
avec son homologue négatif
(d) pas assez de lumière
(d') un manque de lumière
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R_Camus



Inscrit le: 19 Apr 2010
Messages: 230

Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 14:46 Répondre en citant ce message   

gilou a écrit:
Après relecture, je vois que la forme est fautive, une fois de plus, c'est excès qui devrait figurer ici: ... ne pas craindre le retour d'un trop-plein de lumière, d'un excès de jour, s'il est vrai que ma photographie ne ressemble toujours qu'à mes autres ...


Distinguons les jugements d'attestabilité des attestations belles et bonnes :

L'expression le "retour d'un trop-plein de lumière, d'un trop de jour" est attestée chez un auteur raffiné, biographe de Maurice Blanchot (p. 537 du livre Maurice Blanchot: partenaire invisible : essai biographique, que j'ai pu consulter dans google books). Le livre est publié chez Champ Vallon, éditeur réputé pour son sérieux.

Par conséquent, toute coquille ou même nonchalance d'expression est ici exclue : il s'agit d'un emploi recherché, voulu. A ce titre, j'ai inscrit dans mon cahier des charges que le mécanisme à proposer devait rendre compte de cette possibilité poétique. Ou au moins ne pas être incompatible avec le passage exceptionnel de trop dans la catégorie des Noms.

---

L'angle d'attaque que je suggérais est :

peu / un peu
trop / * un trop


...intrigante configuration lacunaire. Expliquer cette impossibilité que note l'astérisque, en s'interrogeant sur la combinatoire d'un nombre très limité de constituants....

Il existe beaucoup de littérature linguistique sur "peu / un peu". L'autre, en revanche, n'apparaît pas dans mes tablettes, le sujet doit être moins abordé dans la littérature spécialisée. Sans doute qu'il existe une analogie avec :
beaucoup / *un beaucoup
tant / *un tant (sauf un tant soit peu)
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Gaspard



Inscrit le: 06 Aug 2008
Messages: 215
Lieu: France

Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 16:06 Répondre en citant ce message   

Trop en tant que nom commun, est en fait de moins en moins utilisé contrairement à peu.

Voici une citation attribuée à Pierre Corneille:

Le trop de confiance attire le danger.

à comparer à:

Le peu de temps qu'il y a passé a suffit à le rassurer.

La deuxième phrase me semble bien plus actuelle.
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dawance



Inscrit le: 06 Nov 2007
Messages: 1886
Lieu: Ardenne (belge)

Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 17:13 Répondre en citant ce message   

Plus près de nous, Victor Hugo:
Citation:
"Ce qui arrive sur vous, c'est le trop de lumière, qui est l'aveuglement."
(Le Petit Robert)
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R_Camus



Inscrit le: 19 Apr 2010
Messages: 230

Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 17:21 Répondre en citant ce message   

Merci pour ces ajouts très utiles ! On relève incidemment que c'est plutôt le trop (de) qui se rencontre (j'accepte personnellement sans broncher les deux phrases citées, je pourrais écrire des choses comme cela, me semble-t-il, quitte à attirer les foudres de certains qui n'aiment pas mes prétentions au beau style) -- que un trop (de).

Je suis content, puisque cela confirme l'importance du contraste un peu de / * un trop de.

Remarquez, on peut aussi être content de trouver une belle réfutation de ses dires. L'important, c'est d'avancer
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Papou JC



Inscrit le: 01 Nov 2008
Messages: 11169
Lieu: Meaux (F)

Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 22:33 Répondre en citant ce message   

(Je reverse ici ce que j'ai dit ailleurs à ce sujet, et j'ajoute quelque chose)

Je n'ai pas été assez clair parce que j'ai omis dans mon dernier post de comparer le fonctionnement de trop avec celui de peu. On voudra bien m'en excuser. Je reprends donc, en partant de ce dernier mot :

Peu d'impôts ont été aussi impopulaires que etc. : il est impossible de dire les choses autrement. On ne peut rien mettre au singulier, ni impôts ni le verbe.
Un peu d'impôt ne tue pas l'impôt : il est impossible de dire les choses autrement. On ne peut rien mettre au pluriel, ni impôt ni le verbe.

J'espère qu'on est d'accord jusqu'ici.
Remplaçons maintenant peu par trop et adaptons les phrases à la nouvelle donne :

Trop d'impôts ont été impopulaires. : il est impossible de dire les choses autrement. On ne peut rien mettre au singulier, ni impôts ni le verbe.
* Un trop d'impôt tue l'impôt : je pense qu'ici aussi il est impossible de dire les choses autrement, qu'on ne peut rien mettre au pluriel, ni impôt ni le verbe.
Par ailleurs, comme cette tournure n'est pas usuelle, ce qui est bien dommage, la langue nous oblige à dire :
Trop d'impôt tue l'impôt.
Ce qui permet de comprendre que, de même que peu et un peu ce n'est pas la même chose, il y a deux trop dans trop, un trop nu et content de l'être, et un trop à qui il manque un petit article.

J'ajoute maintenant ceci :
Puisque la lumière a été (bien) choisie, prenons la lumière.
Sauf erreur, ce que nous cherchons à savoir depuis quelques jours, c'est lesquelles des phrases suivantes sont acceptables à sens égal :
(1) Trop de lumière éblouit.
(2) Trop de lumières éblouit.
(3) Trop de lumière éblouissent.
(4) Trop de lumières éblouissent.

Il semble que tout le monde ait écarté (3) d'emblée. Je me demande d'ailleurs pourquoi. Si l'on garde (2), pourquoi pas (3) ?
Il semble que (2) soit une variante possible de (1). Admettons, ça me semble "limite" mais bon ...
Il reste une question : (1) et (4) ont-elles le même sens ? Moi je pense et sens que non. Serais-je le seul ?

Et enfin, si je devais traduire ces phrases en anglais, je n'aurais que deux possibilités Too much light + verbe au singulier ou Too many lights + verbe au pluriel.
Je serais "at a loss what to" do face à la phrase (2) ... J'en conclurais probablement qu'il s'agit d'une coquille et je traduirais par Too much light + verbe au singulier
Je crois beaucoup au test de la traduction ...
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yves



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Lieu: Nevers

Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 23:02 Répondre en citant ce message   

En ce qui concerne le "sentiment", j'ai aussi l'impression que seules 1 et 4 sont possibles, et avec un sens différent.
J'ai ressenti, au cours du sujet, une impression semblable à celle qu'on trouve pour "sans ..." :
"sans erreurs" ou "sans erreur".
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R_Camus



Inscrit le: 19 Apr 2010
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Messageécrit le Tuesday 24 Aug 10, 23:54 Répondre en citant ce message   

@ yves. Allez, on est tous d'accord pour hésiter sur (2) : ça plait plus ou moins, on réfléchit avant de répondre... Et quand on hésite comme ça, c'est qu'on a affaire à de l'attestable... (là, je fais juste part de mon expérience du travail sur les vocables, je ne peux guère étayer mon affirmation sauf en renvoyant à des études précises). Lorsque c'est "limite" dicible, ce sont des trucs qui se rencontrent. Et dont on doit rendre compte si l'on pense que l'on doit rendre compte de l'existant.
...Et, en l'occurrence, si on veut traiter de l'accord en nombre. Restera trop de vs un trop de...

@ JC Papou

Tu ne tiens pas compte de ma critique, qui était radicale et, je le crois sincèrement, imparable (ici). A moins d'invoquer l'existance d'une sémantique générale détachée des formes. Dans ce cadres, certes, discussion impossible. Mais c'est très éloigné de Gross auquel tu te réfères!

Cette absence de dialogue n'est pas trop embêtante ici, parce que l'on demeure en-deçà d'une analyse fondée sur les héros de l'histoire: l'article qui ne convole qu'exceptionnellement avec trop (+ de).
En jargon : l'analyse compositionnelle reste à faire. Alternative souhaitée à la "linguistique fiction" (au sens propre : je montrais que ton argumentation reposait sur une double fiction).

D'un autre côté, nous risquons de donner l'impression d'une succession de monologues !

Un jeune homme qui fréquente ce forum vient de critiquer par MP mon attachement aux usages académiques (du genre : une argumentation cohérente sur le sujet en discussion ne doit pas être ignorée). Eh bien moi, je trouve qu'ils ont du bon, c'est usages de goût... "perruque", comme on disait jadis !
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Papou JC



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Messageécrit le Wednesday 25 Aug 10, 0:17 Répondre en citant ce message   

@ Rémi : J'ai bien lu ta critique, et tu as raison d'y renvoyer, mais je ne suis pas sûr que nous soyons sur la même longueur d'ondes. Tu vois les choses en linguiste, je les vois en didacticien du français langue étrangère, ce qui est une toute autre perspective. Je me mets sans cesse dans la peau d'un étranger qui voudrait bien comprendre comment fonctionne cette p... de langue, ce qui m'amène souvent à penser en solo, à inventer des trucs peu orthodoxes et hors des sentiers battus. Je comprends que ça puisse parfois faire hurler un linguiste pur et dur, mais ce qui m'importe c'est de voir s'allumer les yeux de mon interlocuteur étranger. Si l'étincelle ne se produit pas, je suis évidemment très déçu, comme cela a été le cas pour l'histoire du "déterminant composé". (Quand je lis que "article défini" est plus parlant, les bras m'en tombent. Il est vrai que c'est une Française qui l'a dit ...)

Et puis, comme je ne dois pas dire que des bêtises, j'aimerais bien avoir aussi ton approbation sur certaines des choses que je dis. Par exemple, que penses-tu de mon test de la traduction en anglais ? Quand je saurai ce que tu approuves, il me sera plus facile de comprendre ce que tu désapprouves.
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R_Camus



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Messageécrit le Wednesday 25 Aug 10, 0:53 Répondre en citant ce message   

@ JC
La traduction permet de débusquer des ambiguïtés qu'on n'apercevait pas, par exemple ; elle est assurément très utile, qui en disconviendrait? Mais... thèse : les éventuelles difficultés de traduire telle séquence d'une langue A en une langue B ne sont pas un argument pour invalider l'existence de ladite séquence.

Très (trop!) vite : un exemple, puis un argument.

Exemple : On butte souvent pour traduire le "tu" français en anglais? OK. Mais n'empêche : le "tu" français existe", distinct du "vous".

Argument : Et s'agissant de l'existence d'un fait (source première de tous les désaccords de fond, comme on sait), pourquoi chercher "là" ce qu'on trouvera plus sûrement "ici" ?

Sur le FLE, désaccord (j'ai une pratique de l'analogue russe, le RKI = Русский язык как иностранный). Nous en reparlerons.

Mais c'est entendu. Je proposerai donc un truc indépendant.
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Papou JC



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Messageécrit le Wednesday 25 Aug 10, 5:51 Répondre en citant ce message   

1. Traduction : Les problèmes posés à un traducteur anglais par notre "tu / vous", ou n'importe quel autre problème de traduction bien connu quand on passe d'une langue à l'autre, ne manquent pas, tu avais l'embarras du choix ! Mais ces cas ne posent jamais, me semble-t-il (je hasarde ce délicat "jamais") de problèmes de logique, ne font pas se demander au traducteur s'il a bien lu ou s'il y a une coquille, ce qui sera bien évidemment le cas s'il se trouve face à la phrase (2) Trop de lumières éblouit. Pourquoi refuses-tu d'admettre ce point aussi évident et me réponds-tu par des généralités ?

2. Est-il donc si important que ça de donner raison à dawance de son Trop de discussions nuit à l'amour ? A ton avis, dans un examen de français, si un correcteur lambda tombe sur cette phrase, il va la sanctionner ou non ? Nous avons beaucoup de Babéliens étrangers qui souhaitent améliorer leur français, certains peut-être, pour des raisons professionnelles, vont passer des tests de langue. Es-tu prêt à leur faire courir le risque de perdre un précieux point ? Moi, non. Comme je l'ai dit dans un autre post, en tant que correcteur, je fermerais les yeux, mais comme prof je recommanderais de virer ce dangereux s à la fois inutile et source d'ambigüité.

3. Les statistiques googleiennes : pour faire vite, sur un autre forum, je me suis trouvé confronté il y a quelque temps au problème suivant. La question posée (par un étranger) était : "Doit-on dire accident de route ou accident de la route ?" J'ai répondu sans hésiter accident de la route. Bon, un membre français du forum accro des statistiques googleiennes s'est trouvé devant un nombre incroyable d'occurrences de "accident de route". Nous avons eu beau constater ensuite que d'une part Google avait un peu déraillé et que d'autre part "accident de route" se disait certes dans certains pays francophones d'Afrique mais pas en France, il n'a pas voulu en démordre, selon lui "accident de route" était DONC acceptable. Je lui ai opposé le même argument du test ou concours. Rien à faire. Devant tant de mauvaise foi, j'ai quitté le forum. Secrètement, je crois que c'est ce qu'il souhaitait ... FIN de l'anecdote.
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gilou



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Messageécrit le Wednesday 25 Aug 10, 9:36 Répondre en citant ce message   

Papou JC a écrit:
Puisque la lumière a été (bien) choisie, prenons la lumière.
Sauf erreur, ce que nous cherchons à savoir depuis quelques jours, c'est lesquelles des phrases suivantes sont acceptables à sens égal :
(1) Trop de lumière éblouit.
(2) Trop de lumières éblouit.
(3) Trop de lumière éblouissent.
(4) Trop de lumières éblouissent.

Il semble que tout le monde ait écarté (3) d'emblée. Je me demande d'ailleurs pourquoi. Si l'on garde (2), pourquoi pas (3) ?
Il semble que (2) soit une variante possible de (1). Admettons, ça me semble "limite" mais bon ...
Il reste une question : (1) et (4) ont-elles le même sens ? Moi je pense et sens que non. Serais-je le seul ?
yves a écrit:
En ce qui concerne le "sentiment", j'ai aussi l'impression que seules 1 et 4 sont possibles, et avec un sens différent.
J'y vois une différence de sens:
Dans (1) trop qualifie un degré. C'est du degré excessif dont on parle. Dans (4) trop qualifie une multiplicité. C'est la multiplicité excessive (induisant un degré excessif) dont on parle.
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R_Camus



Inscrit le: 19 Apr 2010
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Messageécrit le Wednesday 25 Aug 10, 12:01 Répondre en citant ce message   

Reprenant:

(1) Trop de lumière éblouit.
(2) Trop de lumières éblouit.
(3) Trop de lumière éblouissent.
(4) Trop de lumières éblouissent.


Il se dégage un net consensus pour dire que tout cela n'est pas acceptable, ou dicible, au même titre. On hiérarchise immédiatement ces énoncés les uns par rapport aux autres :

(1) et (4) sont parfaits. Avec la différence dite par gilou qui vient tout de suite à l'esprit.

(2) est douteux.
Et comme toujours dans ces cas-là, les uns acceptent, les autres non ; les puristes râlent ; etc.
Les usages locaux, particuliers ou individuels du français pourront s'opposer, là.
L'éventuelle gêne d'un traducteur ici n'est autre qu'une manifestation de cette hésitation.
L'issue consiste à regarder internet pour un premier débroussaillage, Frantext ou autres bases pour travailler plus proprement avec des requêtes plus raffinées.
Mais la donnée n'est pas cruciale pour la question de ce fil. En fait, elle n'est cruciale que pour la théorie de JC, théorie qui est pour l'instant - et peut-être provisoirement seulement - infirmée.

(3) paraît exclu.

Continuons :

(4') ?? Un trop de lumière éblouit (bizarre)
(4") ? Le trop de lumière éblouit (très fluctuant, attestable en français classique apparemment, je n'ai pas relu les dictionnaires)
(4') et (4") étant totalement exclus des cours de FLE, évidemment. Mais la classe ne saurait donner la mesure des jugements d'acceptabilité. Surtout que la pédagogie des langues est tout sauf bien assise sur des principes admis par tous. Certains utilisent même du matériel dit "négatif" (des phrases impossibles, produites par les étudiants, puis retravaillées ensemble)

----

Mais quid de la question du fil?

Le problème peut être pris à sa source. Laissons l'accord (qui était l'enjeu de l'autre fil). Enlevons de. Réduisons le problème à son expression minimale : trop / ?? un trop. Pour préparer le terrain à (*un) trop de

Faute de temps, j'essaye sans filet de répondre à ma question, juste de trop vagues souvenirs d'articles importants sur certains aspects de la question (de Ducrot et Culioli, en particulier).
Quitte à paraître moi aussi faire de la sémantique débridée, quitte à décevoir, irriter ou ennuyer. Quelques énoncés possibles et impossibles sont ajoutés pour donner des éléments auxquels se raccrocher. Ce sera toujours ça :

- peu retranche, révise à la baisse une quantité envisagée.

On dit Il fume, mais peu; et c'est peu ! s'interprète comme une déception "pas autant que je l'aurais voulu" ; attention: peu en soi n'ajoute rien, ne pose la manifestation d'aucune quantité ; il ne fait que dire : "c'est petit" (voir lat. paulus "petit", pauper "pauvre", parvus "petit", gr. παυρος "un petit nombre de ; petit ; court")
Des problèmes de ce genre se retrouvent dans le lexique, et ont toujours un fumet de paradoxe : cf. le Mot du Jour Magret.


- un peu pose l'existence d'une quantité non nulle d'action : il fume un peu.

Considérez l'instabilité de ? Il fume, mais un peu, par rapport à la phrase fréquente Il fume, mais pas qu'un peu. Ou encore : Il fume, mais un peu seulement.
=> UN pose l'existence de manifestations de tabagisme (acte de fumer) par rapport à leur inexistence envisagée.


- trop s'interprète "plus qu'il ne le faudrait" (il fume trop), ou "plus que ce qu'on aurait pu croire" (Trop cool, ton vieux!) : l'existence d'une valeur est posée, qui correspond au franchissement d'une limite, d'un seuil etc.


Il y a un dépassement avéré de limite : Trop, c'est trop ! Une goutte fait déborder le vase : c'est le débordement lui-même qui nous fait comprendre que le vase est plein. Par ailleurs: la limite est justifiée par la prise en compte d'un critère externe ; il peut souvent être explicite : il fume trop - ...pour son âge, ou ...à mon avis, ou ...pour se joindre à nous, etc.
"Trop", "troupe" - et même all. Dorf, néerl. dorp "village" paraît-il ! - seraient de la même "famille de mots" (candidats pour la rubrique idoine du présent forum, à laquelle ce fil apporte une contribution).
Une troupe est bien une quantité ; et un village, une entité circonscrite.


Par conséquent :

- Impossible de dire : * Il fume un trop.
Il y a incompatibilité entre l' "existence" que pose l'expression un X, et le débordement signifié par trop. Pourquoi ?
Avec trop, l'existence d'une valeur-limite - ou valeur-seuil - est posée, il serait CONTRADICTOIRE de venir derechef poser son existence en ajoutant "UN".
De même tant / ??un tant: la redondance est, ici aussi, insupportable.


Ce sont seulement des bribes. Elles reposent sur une idée simple, mais difficile à mettre en oeuvre : les vocables possèdent chacun une grammaire qui leur est propre. En supposant magnanimement que certaines choses dites ici ne sont pas totalement fausses, il faut alors voir si elles sont susceptibles d'être élaborées et précisées.
Un joli banc d'essai serait constitué par l'analyse de:
Il fume un peu trop.

In fine, on pourrait revenir aux cas d'emplois substantifs de trop.
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Papou JC



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Messageécrit le Wednesday 25 Aug 10, 16:10 Répondre en citant ce message   

Je réponds dans ton texte à ce que tu as appelé une "critique radicale imparable". Mes réactions sont en gras. Je n'ai pas reformaté le reste du texte.

Réaction de Rémi Camus:

L'idée est en soi claire, comme celle des messages précédents. C'est la méthode d'analyse qui paraît vicieuse, parce que détachée de toute infirmation apportée par les faits, Il y a quand même un fait : la connaissance que j’ai de ma propre langue maternelle en tant que locuteur de français depuis quelques décennies, augmentée de ma réflexion sur cette langue comme objet d’étude. Je ne vois pas pourquoi ce fait-là pèserait moins lourd que les quelques centaines ou même milliers d’occurrences « googleiennes » qui seraient considérées comme fautives par l’immense majorité du corps enseignant. J’ai hâte que nous ayons les résultats de Frantext en roue libre, en quelque sorte. Et du coup, autant les données que la théorie en pâtissent.

Le problème est très général, donc je poursuis et précise ma critique malgré ce relatif hors sujet (il n'y a pas ici de sujet singulier régissant un pluriel, les cas de désaccord en nombre sujet/prédicat sont multiples et ne viennent pas tous se caser ici pour une première approche).

(1) L'idée que l'on DOIT dire trop d'impôt ne repose que sur des considérations abstraites ; elle est infirmée par les données, y compris en position sujet, je l'ai déjà montré plus haut:
Trop d'impôts nuisent à l'impôt (largement attesté au même titre que
Trop de chevaux ne font qu'un tour de piste et s'en vont.)
Mauvais procès. Ai-je jamais dit le contraire ? Ce que je conteste c’est UNIQUEMENT la phrase suivante : Trop d'impôts nuit à l'impôt

(2) - L'argument mobilisé repose sur un raisonnement par supplétion: tu avances que trop de, dans certains emplois, SUPPLEE à l'impossibilité de *un trop de.
Malgré mon astérisque abusif, je ne dis pas que un trop de est impossible, je dis qu’il n’est pas usuel, c’est bien différent. D’ailleurs s’il y a déjà des le trop de, attendons-nous via Frantext à voir apparaître des un trop de, je n’en serais pas étonné outre mesure.
Et oui, je confirme que certains trop de ont la valeur sémantique de cet inexistant un trop de, et je m’appuie pour ce faire sur le cas du couple peu de / un peu de


Et là, l'engrenage devient infernal : pour rester cohérent, te voilà obligé de prouver Je n’ai rien à prouver, je regarde ce qui se passe après un peu de que *un trop de, qui n'existe pas, devrait lui aussi requérir un groupe nominal au pluriel.
C’est tout le contraire. Tu m’as mal lu ou tu as écrit trop vite : « un groupe nominal au singulier ». Regarde (je me cite) :
Un peu d'impôt ne tue pas l'impôt : il est impossible de dire les choses autrement. On ne peut rien mettre au pluriel, ni impôt ni le verbe.


Or il est malaisé de prouver par quelques faits les propriétés linguistiques d'une forme qui n'existe pas.

Tu as d'abord fait référence à la notion d'excédence. Cela ne marche pas pris au pied de la lettre: un excédent de graisses, bagages... se dit. À présent, tu essayes avec un peu de + pluriel.
Idem. Rien à ajouter sur le reste qui repose sur cette erreur "radicale" de ta part.
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