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Pierre
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 1188 Lieu: Vosges
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écrit le Friday 17 Mar 06, 19:08 |
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Faire ripaille c'est faire grande chère, se livrer à des excés de table.
Le mot Ripaille est le nom d'un chateau sur les bords du lac de Genève où se retira Amédée VIII, duc de Savoie, qui fut antipape sous le nom de Félix V. Il s'y livrait à la bonne chère, ce qui fit dire, peut être faire ripaille : manger et festiner comme au château de Ripaille.
FAUSSE ETYMOLOGIE (Voir plus bas)
Au XVIème siécle, on disait ripailleur au sens de <<goinfre>> |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Friday 17 Mar 06, 20:31 |
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C'est à Thonon (-les-bains) dans le Bas-Chablais. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Saturday 18 Mar 06, 19:37 |
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Cette explication de faire ripaille par le château de Ripaille est classée de nos jours au rayon des fausses étymologies et étymologies populaires.
Pour une excellente raison : le mot est attesté avant le pontificat de Félix VII. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 15 Nov 10, 7:54 |
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Effectivement. Le mot est dérivé du verbe riper dont le TLF dit ceci :
Citation: | Prob. empr. au m. néerl. (ou peut-être déjà issu de l'a. b. frq.) rippen « tirailler, palper », var. phonét. de rîban « frotter » (v. ribaud); cf. l'a. h. all. rippeln, propr. « faire passer le lin dans un peigne de fer qui sépare la graine des tiges », le flam. rippen « ouvrir brusquement, déchirer » et le m. néerl. ribbelen « mettre en mouvement, tirailler, palper ». |
Dans son article riper, J. Picoche (Dictionnaire étymologique du français) place aussi le mot rupin dont elle dit qu'il est "apparenté à ripault XVIe "gentilhomme". J'ajouterais volontiers que ce ripault-là est peut-être bien lui aussi une variante phonétique de ribaud, ce qui expliquerait un des sens passés de ce mot, à savoir "soldat d'une garde royale". (Voir ribaudequin).
La "dame" du ripault était une ripe, variante rupe, d'où rupin, nouveau masculin formé sur cette variante.
Cela dit, si l'on se tourne à nouveau vers le TLF à l'article ribaud, on y lit ceci :
Citation: | Étymol. et Hist. 1. a) Subst. α) masc. ca 1165 « homme débauché » ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 592: Laissiés ce truant, ce ribaut); β) fém. déb. du xiiie s. ribaude « femme de mauvaise vie » (Gloss. Harley, 2742, 68 ds T.-L.); b) adj. 1391 « débauché » (Registre criminel du Châtelet, t. 1, p. 22: un ribaut putier); 2. subst. a) ca 1200 « homme ou femme qui suit l'armée en vue du pillage » (Antioche, I, 135 ds T.-L.); b) 1269-78 roi des ribauz (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 10908). Dér., à l'aide du suff. -aud*, de l'a. et m. fr. riber « se livrer au plaisir » (ca 1210, Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, II, 404 ds T.-L.), lui-même empr. au m. h. all. rîban au sens de « être en chaleur, s'accoupler », propr. « frotter », sens déjà att. par l'a. h. all. rîban. |
On voit que l'idée de débauche sexuelle, très ancienne, contenue dans ribaud, "colle" bien avec ripaille mais mal avec le côté supposé aristocratique du couple ripault / ripe ... Je suis perplexe. Il faudrait en savoir plus sur ce "roi des ribauz" ...
Je me tourne vers Wikipedia :
Citation: | Les Ribauds furent une milice irrégulière, instituée par Philippe-Auguste vers 1189, et supprimée par Philippe le Bel en raison de sa licence effrénée. Le chef de cette milice s'appelait Roi des ribauds. On désigna ensuite sous ce titre un officier inférieur de la maison du roi, ayant certaines fonctions de police (surveillance des maisons de jeu et de prostitution), qui avait au-dessous de lui un lieutenant dit prévôt avec un certain nombre d'archers ou de sergents et de valets.
Cet office se déprécia de plus en plus au cours du xive siècle, comme le montre la diminution de ses gages, de 20 sous par jour en 1324, à 4 sous en 1386. Il y eut également des rois des ribauds en province ou dans des maisons princières (ainsi, le bourreau de Toulouse s'intitulait roi des ribauds).
Le nom de ribauds se confondit de plus en plus avec l'univers de la prostitution et finit complètement discrédité. |
Ribaud et Ripault subsistent comme patronymes.
A suivre, tout n'étant pas clair dans cette histoire. |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 15 Nov 10, 13:50 |
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En franpitan, nous avons le verbe "ruper", dans le sens de "manger", "avaler", voire "engloutir".
Lorsqu'on a "tout rupé", il n'en reste pas une miette
Comme Thonon fait partie de la zone arpitane, il y a peut-être une relation entre "ruper" et "ripaille". |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 15 Nov 10, 14:50 |
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Lire ICI le Mot du Jour chère. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11202 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 24 Sep 11, 21:20 |
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Voir aussi le MDJ ribaudequin. |
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photophore
Inscrit le: 11 Apr 2012 Messages: 151 Lieu: 78360 Montesson
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écrit le Thursday 18 Oct 12, 19:48 |
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Je connais bien le château de Ripaille . La maison de mes beaux-parents , dont ma fille a hérité , se trouve non loin de là.
Ce château est situé sur un terrain qui , au moyen-âge , portait le nom de Ripalia , ce qui reflète sa situation en bord de lac. |
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u pistùn
Inscrit le: 15 Aug 2011 Messages: 301 Lieu: Liguria
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écrit le Thursday 18 Oct 12, 21:13 |
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Il faudrait connaître la dénomination dialectale de Ripaille, car -p-, en arpitan, donne -v-. Le -p- conservé presuppose un -pp-. Si le terme dialectal était Rivaille, il n'y aurait aucun problème. |
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