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Pascal Tréguer
Inscrit le: 16 Dec 2012 Messages: 694 Lieu: Lancashire - Angleterre
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écrit le Wednesday 28 May 14, 17:15 |
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A buttonhole est une boutonnière, et le verbe to buttonhole est un terme de couture signifiant faire une boutonnière.
Mais ce verbe signifie aussi retenir (quelqu’un) en conversation contre son gré.
En fait, il s’agit d’une altération du verbe to button-hold, littéralement retenir (quelqu’un) par le bouton (de vêtement).
C’est le nom button-holder (= quelqu’un qui vous retient par le bouton) qui est d’abord attesté en 1806-7 dans The Miseries of human life; or the groans of Samuel Sensitive, and Thimothy Testy, par James Beresford :
Citation: | The comfort of being kept half an hour without your hat in a drizzling rain, while attending a button-holder to your gate. |
Et le verbe to buttonhole est apparu en 1862 dans All the Year Round, un magazine dirigé par Charles Dickens :
Citation: | And there is the man who is button-holed, or held, poor wretch! |
Cette citation met deux formes en parallèle : holed, le participe passé du verbe to hole, et held, le participe passé de to hold. Il semble donc que l’élément hold du verbe to button-hold ait été compris comme une forme du passé (holed), et que l’on ait par la suite créé le verbe to buttonhole en raison de cette confusion.
To buttonhole serait donc un eggcorn. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3864 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 28 May 14, 18:37 |
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Cette page indique : People must have been button-holding and wearying people in France, too, at the time, for the French had a similar phrase.
Nous aurions donc, ou aurions eu, une expression similaire. Laquelle ?
Littré a bien l'expression "serrer le bouton à quelqu'un" mais c'est un peu différent.
Sinon, le sens de l'expression anglaise se rapproche plus du français "tenir la jambe" ou parfois peut-être "retenir quelqu'un par la manche". |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10946 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 28 May 14, 18:48 |
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@ Pascal :
- pour votre info, les verbes anglais s'enregistrent sans le "to" initial ... sinon ils seraient tous répertoriés à la lettre T
j'ai fait la modif |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2283
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écrit le Thursday 29 May 14, 1:13 |
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Quand on cite Littré, mieux vaut ne pas passer le plus important à la trappe :
Citation: | 4Au manége, bouton de la bride, le petit anneau de cuir qui coule le long des rênes et sert à les resserrer. Mettre un cheval sous le bouton, raccourcir et tendre les rênes au moyen du bouton de la bride.
Fig. Serrer le bouton à quelqu'un, le presser vivement, le menacer même.
"Je suis homme pour serrer le bouton à qui que ce puisse être", [Molière, G. Dand. I, 4]
"Je lui ai serré le bouton [à M. le duc] et fait remarquer la différence de ce qu'il me disait", [Saint-Simon, 509, 245]
"Entre nous, sans façon, à Valère de près j'ai serré le bouton", [Regnard, le Joueur, III, 6]
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Pascal Tréguer
Inscrit le: 16 Dec 2012 Messages: 694 Lieu: Lancashire - Angleterre
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écrit le Thursday 29 May 14, 4:33 |
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embatérienne a écrit: | Cette page indique : People must have been button-holding and wearying people in France, too, at the time, for the French had a similar phrase. |
Personnellement, mais je peux me tromper, je n'accorderais pas trop de crédit à un site qui parle d'une expression française sans même la citer, et qui explique le passage de buttonhold à buttonhole par un changement de mode vestimentaire. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3864 Lieu: Paris
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écrit le Thursday 29 May 14, 9:01 |
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C'est précisément parce que je ne lui accorde pas trop de crédit que je cherche à quelle expression il fait allusion. Il se pourrait qu'il se méprenne sur le sens exact et l'origine de "serrer le bouton". |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Sunday 01 Jun 14, 0:56 |
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Coïncidence, je ne connaissais pas l’expression tenir ou saisir par le bouton, ce fil la subodore, et je la trouve le soir même dans une traduction de La Lettre écarlate.
Et comme, plus heureux que je ne le méritais, j’eus alors la chance de trouver pour m’écouter une ou deux personnes, voici qu’aujourd’hui je saisis derechef le lecteur par le bouton de sa veste pour lui parler des trois ans que j’ai passés dans les bureaux d’une douane.
Nathaniel Hawthorne, La Lettre écarlate, Traduction de Marie Canavaggia, 1956.
Le texte original est :
And now—because, beyond my deserts, I was happy enough to find a listener or two on the former occasion—I again seize the public by the button, and talk of my three years' experience in a Custom-House.
Nathaniel Hawthorne, The Scarlet Letter,1850.
Il est possible que la traductrice, qui était une traductrice réputée, et qui obtint d’ailleurs un prix pour cette traduction, ait calqué l’expression sur l’original anglais. Mais il est possible aussi qu’elle ait essayé de se rapprocher d’expressions françaises qu’elle connaissait.
L’on trouve ces quelques lignes sur Google et Google books :
« […] Ils ne se livrent à leur éloquence que devant un malheureux provincial qu’ils sont parvenus à saisir par le bouton de sa redingote […] »
Victor Fournel, Ce qu'on voit dans les rues de Paris, 1858
« Il alla même saisir par le bouton de l’habit son autre illustre confrère, son confrère dinantais qui, caché par deux ou trois dames, venait de tousser fortement ; »
Justin ***, Le congrès de Spa, Liège, 1866.
« Vous êtes un auditeur trop attentif pour que je ne profite pas immédiatement de cette occasion, de vous saisir par le bouton de votre veston et de vous expliquer en détails notre organisation, son origine, ses buts et les résultats obtenus. »
Bulletin de la Société de l'histoire du théâtre, 1914.
« Emporté par son discours sur la réforme de l'école et sur l'affranchissement des serfs (en Russie), Pestalozzi pressait à ce point l'empereur qu'il avait fini par le coincer contre le mur et était sur le point de le saisir par le bouton de son habit, lorsqu'il s'avisa tout à coup de son impudence, il voulut s'excuser en baisant la main du tsar, mais Alexandre l'embrassa cordialement. Il le fit décorer de l'ordre de Saint Vladimir. »
Hans Pestalozzi-Keyser, Histoire de la famille Pestalozzi, 1965, (traduction du suisse allemand).
Mais ne s’agit-il pas autant d’images que d’une expression figée ?
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Sunday 01 Jun 14, 0:59 |
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Quant à serrer le bouton, je crois qu’il n’y a pas de doute. Voir, toujours chez Littré, la citation :
Tantost ils laschent un petit la bride aux appetits de leurs enfans, et tantost aussi ils leur serrent le bouton, et leur tiennent la bride roide, [Amyot, Comment nourrir les enfants, 39]. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 01 Jun 14, 4:59 |
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Pour "serrer le bouton", il y a donc une contradiction entre les deux citations de Littré, ou du moins une nette différence de sens, car une chose est de resserrer la bride et autre chose de menacer ou presser vivement. Et je ne vois pas bien comment on a pu passer d'un sens à l'autre.
Quant à la traduction de to buttonhole, on voit clairement par ces nombreux exemples que c'est bien "saisir par le bouton".
Pour répondre à ta question sur le figement, j'ai l'impression, à la lecture de ces exemples, que "saisir par le bouton de la veste" est figé et à prendre au sens figuré, mais que s'il s'agit d'un autre vêtement, l'expression est peut-être à prendre au sens propre.
Je dis bien "peut-être", car il faut voir aussi que ces exemples sont souvent des traductions. Bon, les expressions figées admettent des variantes qui les font appeler alors "semi-figées".
En tout cas, figée ou semi-figée, voilà une expression qui ne semble plus guère être utilisée par nos écrivains. Elle ne peut survivre que par la grâce des traducteurs qui ont à traduire l'anglais to buttonhole. |
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