Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 08 Oct 08, 9:23 |
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Tant qu'on y est, autant citer précisément l'immense Sappho et répondre complètement à la question de Dominique :
Ο]ἰ μὲν ἰππήων ϲτρότον, οἰ δὲ πέϲδων,
οἰ δὲ νάων φαῖϲ᾽ ἐπ[ὶ] γᾶν μέλαι[ν]αν
ἔ]μμεναι κάλλιϲτον, ἔγω δὲ κῆν᾽ ὄτ-
τω τιϲ ἔραται·
remarques :
- entre crochets, les parties manquantes du papyrus (Oxyrhynchi Papyri, 1231,1,1) ;
- graphie byzantine du σ : ϲ ;
- plusieurs particularités du dialecte lesbien (éolien) sont en évidence :
-- psilose (perte de l'aspiration initiale) dans oí (pour hoí) et ippḗōn (pour hippḗōn) ;
-- vocalisation ro du r vocalique proto-grec : stróton (pour stráton) ;
-- graphie η du e long fermé : kẽn' (pour (e)keĩn') ;
-- conservation du ā long du proto-grec : gãn (pour gẽn), mélainan (pour melainḗn) ;
-- remontée maximale de l'accent tonique pour tous les mots : mélainan (pour melainḗn) ;
- le iota n'est jamais souscrit dans les papyrus, il est soit omis, soit adscrit ; il n'est donc pas évident de savoir si est lesbien ou non le traitement óttō (pour óttōi) ;
- je n'avais jamais rencontré la graphie pseudo-étymologisante pés-dos (pour pezós « piéton ») et les bons auteurs que j'ai pu consulter n'en parlent pas. Je pense qu'il s'agit d'une contamination car le Ζ, ζ issu du zayin cananéen a d'abord servi en grec à noter le groupe zd, qu'il soit phonétiquement issu de sd ou de dy (ce qui est le cas ici : *ped-yo-s avec le degré e du nom du pied).
Je ne saurais résister à citer la jolie traduction/adaptation (très libre) qu'en a donné Marguerite Yourcenar (La Couronne et la lyre, p. 76) :
Citation: | … Rien n'est plus beau, dit l'un, qu'une imposante armée ;
L'autre : rien n'est plus beau qu'une escadre en plein vent.
Rien n'est plus beau pour moi que le cœur de l'aimée. |
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