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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2526 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Monday 04 Apr 05, 9:38 |
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Jean-Charles a écrit: | C'est une jolie écriture, mais ça ne va pas leur faciliter l'apprentissage de plusieurs langues.
Les Allemands possédaient aussi un écriture originale au début du siècle passé, mais ils l'ont abandonnée pour des raisons que j'ignore. Probablement parce que ça leur simplifiait l'existence. |
L'écriture allemande est simplement un dessin différent de l'alphabet latin, sans lettres propres (le ß est une ligature : ſ + z). L'écriture manuscrite est plus difficile à déchiffrer pour le non-initié, et à mon avis mieux adapté au dessin de l'allemand.
Jusqu'au milieu du XXe siècle l'allemand était couramment écrit avec l'alphabet dit de Sütterlin (un graphie particulière de l'alphabet latin) qui diffère de l'écriture latine utilisée de nos jours. Pour ne pas réinventer l'eau chaude, vous pouvez consulter les sites suivants afin de faire connaissance avec cette écriture, qui était le pendant manuscrit des lettres gothiques (Fraktur) dans l'impression.
Ecriture Sütterlin - Sütterlin/Frakturschrift - German handwriting
Vous aurez noté que le terme correcte pour l'écriture n'est pas à strictement parler Sütterlin, ce nom est simplement associé à une réforme prussienne au début du XXe et sert par abus de langage pour l'ensemble des graphies.
Après avoir été propagée par les Nazis, l'écriture "allemande" a été bannie par eux en 1941 quand il sont arrivés à la conclusion qu'elle était le produit d'imprimeurs juifs... Son emploi a également été interdit dans la correspondance après la guerre par la censure alliée qui ne disposait pas de suffisamment de personnel capable de lire le "Sütterlin").
Maintenant l'emploi de l'allemand "gothique" est très rare et réservé aux généalogistes et autres amateurs d'archives anciennes ainsi que, malheureusement, aux arriérés fâcheux.
Voyez aussi :
• ſ - s long
• ß et double S
Dernière édition par Charles le Monday 11 Aug 08, 15:39; édité 6 fois |
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LLZ
Inscrit le: 24 Feb 2005 Messages: 5
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écrit le Monday 04 Apr 05, 11:32 |
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j'aime bien l'expression employée par Charles : arriéré fâcheux |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 04 Apr 05, 13:56 |
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L'écriture utilisée avant la 1e guerre mondiale était "pointue" et n'avait rien à voir avec l'écriture allemande actuelle.
Par ex: Le "e" de "der" s'écrivait un peut comme un u (ou un v) (ou 2 i )
Si on lit un texte manuscrit dans cette graphie, on arrive à reconnaître le d suivi de trois pointes puis d'un r ressemblant à un r typographique comme celui ci.
Le ß que tu cites s'écrivait un peu comme en français de l'ancien régime: Suiſse, sauf que la boucle inférieure du "ſ" manuscrit était à gauche.
La lettre ß ressemblait donc à un 8 étiré suivit d'un s en écriture cursive.
Dernière édition par Jean-Charles le Tuesday 22 Nov 05, 6:13; édité 3 fois |
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mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
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écrit le Monday 04 Apr 05, 14:17 |
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Cette écriture "pointue" s'appelait , je crois , la Fraktur, l'écriture gothique manuscrite.
Aujourd'hui encore, certains allemands lorsqu'ils écrivent, mettent un accent grave sur le "u" pour le distinguer du "n".
Les deux lettres étaient identiques dans le gothique manuscrit et on utilisait cet accent pour les différencier. |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2526 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Monday 29 Aug 05, 14:53 |
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Je viens de recevoir récemment des photocopies d'actes anciens. Ils ont été rédigés au début du 19e siècle en allemand avec une traduction russe.
Malgré la présence de lettres n'ayant plus cours de nos jour, le texte russe est plus aisé à lire car le dessin des lettres est resté le même. Pour l'allemand, bien que je le parle librement et que je connaisse l'alphabet manuscrit dit gothique, le texte est dur a déchiffrer...
L'écriture allemande est simplement un dessin différent de l'alphabet latin, sans lettres propres (le ß est une ligature : ſ + z, on l'appelle généralement "esszett", soit SZ). L'écriture manuscrite est plus difficile à déchiffrer pour le non-initié, et à mon avis mieux adapté au dessin de l'allemand. Son emploi a été interdit une seconde fois dans la correspondance après la guerre par la censure alliée qui ne disposait pas de suffisamment de personnel capable de lire le "Sütterlin".
Dans l'alphabet latin utilisé actuellement l'allemand employe 7 caractères supplémentaires : Ä, ä, Ö, ö, Ü, ü et ß. (Vous les trouvez ici).
Les guillemets typographiques allemands sont eux différents des guillemets à la française ou à l'anglaise, on ouver les guillemets en bas „ et on les ferme en haut “: „Beispiel“. |
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Demonius
Inscrit le: 28 Mar 2007 Messages: 39
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écrit le Saturday 31 Mar 07, 12:34 |
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Charles a écrit: | et à mon avis mieux adapté au dessin de l'allemand. |
tu peux developper stp ?
sinon d'un point de vue esthétique le "gothique" confine à l'osmose avec toutes les langues utilisant l'alphabet latin ainsi qu'au latin lui-même (étant donné que le premier texte gothique était évidemment un texte en latin).
les 2 personnalités qui ont renouvellé le gothique au travers de la Fraktur (et ainsi assuré cette continuité culturelle ininterrompue depuis le 11ème s. jusqu'au milieu du 20ème) sont Ernst Schneidler(1882-1956) et Rudolf Koch(1876-1934). Ces deux typographes pratiquaient la calligraphie et la peinture, ce qui explique l'aspect puissamment expressif de leurs alphabets
deux créations de Koch dans les années 20 :
deux créations de Schneidler, milieu des années 30 :
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Demonius
Inscrit le: 28 Mar 2007 Messages: 39
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écrit le Tuesday 03 Apr 07, 15:29 |
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Charles a écrit: | Après avoir été propagée par les Nazis, l'écriture "allemande" a été bannie par eux en 1941 quand il sont arrivés à la conclusion qu'elle était le produit d'imprimeurs juifs... |
voilà le document original avec l'en-tête du Parti en... Fraktur
Cliquez pour voir l'exemple |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2526 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Tuesday 03 Apr 07, 15:35 |
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Très juste, mais je parlais de l'écriture manuscrite et le ban n'est pas intervenu tout de suite. Je pense que les caractères d'imprimerie ont été jugés différemment.
Je remarque que les caractères de la machine à écrire sont eux bien latins... je ne sais d'ailleurs pas s'il a existé des machines à écrire avec des caractères "Fraktur". Il devrait y avoir des problèmes de lisibilité. |
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Normanneren
Inscrit le: 18 Mar 2007 Messages: 165 Lieu: Odense - Danemark
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Demonius
Inscrit le: 28 Mar 2007 Messages: 39
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écrit le Saturday 14 Apr 07, 11:02 |
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Normanneren a écrit: | Je ne savais pas que les Nazis avaient interdit l'utilisation du Sütterlin à cause de ses origines juives. |
ce n'est pas pour cette (fausse)raison : c'était avant tout pour une question de lisibilité: il fallait donc un prétexte. Ensuite il semblerait qu'Hitler, contrairement à ce qu'on pense, méprisait assez tout ce qui concernait le monde des anciens germains : selon certains auteurs sa référence absolue était l'antiquité gréco-romaine et cela a pu également jouer, au-delà d'une simple question pragmatique, dans la décision de cette interdiction
Normanneren a écrit: |
Pourrait-on rapprocher la calligraphie de l'écriture gothique avec les caractères d'imprimerie de l'alphabet hébreu? |
Dans quel sens ? |
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Demonius
Inscrit le: 28 Mar 2007 Messages: 39
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écrit le Saturday 14 Apr 07, 12:02 |
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Utilisation des s "long" et "court"
Le s court
- on l'utilise toujours à la fin d'un mot, d'une partie de mot et comme s de liaison ainsi qu'à la fin de toutes les syllabes d'un mot d'origine étrangère : dies, Ordunugsliebe, Ischias...
- le s court se trouve à la fin des syllabes de combinaisons peu courantes comme sd, sk, sw, sm, sn :
Dresde, Moskau, Oswald...
- on ne double jamais le s court, ni on ne le couple au z : c'est soit ſs, sſ , ſſ ou ſz : Kriegsſpruch
Le s long
- Il s'utilise au début d'un mot(ou partie d'un mot ou à l'intérieur d'un mot : ſagen, leſen, geſtern...
- lorsque l'on coupe un mot en deux, le s reste long : Waſ-ſer
- à la fin d'un mot se terminant par e, remplacé par un apostrophe, on met un s long : laſſ '
- dans la composition d'un mot dans lequel le e a disparu, on met également un s long :
Verwechſlung, erleſne
- lorsqu'une abréviation finit avec le s long, on laisse le s long : Verſ. |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2526 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Saturday 14 Apr 07, 14:45 |
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Voyez aussi ſ - s long |
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Normanneren
Inscrit le: 18 Mar 2007 Messages: 165 Lieu: Odense - Danemark
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écrit le Sunday 15 Apr 07, 1:10 |
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Demonius a écrit: |
Dans quel sens ? |
Je pense au côté esthétique des caractères d'imprimerie hébreux (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Alphabet_h%C3%A9breu) qui rappelle un peu avec ses pleins et ses déliés les caractères gothiques. |
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Demonius
Inscrit le: 28 Mar 2007 Messages: 39
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écrit le Sunday 15 Apr 07, 19:13 |
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Si il y a eut une influence, c'est certainement du "gothique" sur la graphie hébraïque et non l'inverse : la Schwachbacher, accusée par les nazis de "judaïté", est issue de la Bastarda franconienne (la Bastarda est un type d'écriture intermédiaire entre l'écriture manuelle commune et celle de copiste). Toutes les Bastarda sont issues de la Textura, la première écriture gothique originelle, issue elle-même de la minuscule carolingienne. La Textura ne prit pas dans les pays du Sud comme l'Italie et l'Espagne. C'est du mélange de plusieurs Bastarda dont en particulier la tchèque et la bourguignonne que s'élabora au début du 16ème siècle sous l'impulsion de Maximilien I la célébre Fraktur allemande. |
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Normanneren
Inscrit le: 18 Mar 2007 Messages: 165 Lieu: Odense - Danemark
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écrit le Monday 16 Apr 07, 0:47 |
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Mais pourquoi utilise-t-on le terme de gothique pour ce type d'écriture? La Bible de l'évêque wisigoth, Wulfila, est écrite en caractères grecs que je sache. Entend-on plutôt par le terme gothique* germanique (Gothons = Germains)?
*Les Goths étaient à l'origine une peuplade germanique de la Suède méridionale (cf. Gotland, Göteborg etc...) |
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