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An danvez e Brezhoneg - Forum des langues celtiques - Forum Babel
An danvez e Brezhoneg
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Quevenois



Inscrit le: 06 Mar 2007
Messages: 219
Lieu: Bretagne

Messageécrit le Friday 16 Mar 07, 13:43 Répondre en citant ce message   

Nelly, que penses-tu de la méthode "Ni a gomz brezhoneg" ? (Je précise que moi je n'ai pas d'avis pour l'instant, je voudrais juste entendre plusieurs sons de cloche à son sujet).
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Nelly



Inscrit le: 13 Mar 2007
Messages: 37
Lieu: cleder

Messageécrit le Friday 16 Mar 07, 17:25 Répondre en citant ce message   

La méthode de Mark Kerrain?

Elle ne me semble en accord avec les méthodes qui ont court dans le "breton unifié" actuel et bien meilleure que celles qui ont été publiées 20 ans avant......Néanmoins je ne pense pas quelle soit la panacée.....

De toutes façons, compte tenu qu'une méthode quelle qu'elle soit nécéssite des correctifs à acquérir par la lecture des "bons auteurs" on peut l'utiliser aussi bien qu'une autre.....

Au demeurant, s'il est un chapitre qu'il faudrait ouvrir c'est bien celui des livres à conseiller pour parachever la méthode d'apprentissage afin d'accéder "au grand bain".

Qui veut s'y lancer?
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Nelly



Inscrit le: 13 Mar 2007
Messages: 37
Lieu: cleder

Messageécrit le Friday 16 Mar 07, 17:34 Répondre en citant ce message   

Donc, il est clair, qu'une méthode de breton se doit, une fois terminée, d'être complétée par des lectures.

Si on en croit les conseils de gens d'expérience, la lecture doit se faire par les œuvres des écrivains bretonnants de naissance.


Parmi ceux-ci je conseillerai: P.J. Hélias - devis d'un temps perdu (Bilingue - les deux textes étant sur la même page - petit livre bon marché donnant du vocabulaire, des expressions et...de la civilisation).

Pour les mêmes raisons: G. Kervella - Lara / et/ Abeozenn: Perc'hirin Kala Goañv.

Enfin (inutile de surcharger), si on veut une livre moderne dans lequel on peut lire 10 pagessans ouvrir un dictionaire je dirais: Va beaj er stadou unanet...de Yves Miossec (Mort l y a une dizaine d'années).......

Ces livres sont conforems à la grammaire qu'on troue soit dan Trepos soit dans V.Favé......
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Nelly



Inscrit le: 13 Mar 2007
Messages: 37
Lieu: cleder

Messageécrit le Friday 16 Mar 07, 18:18 Répondre en citant ce message   

Gildas a écrit:
J'avais commencé avec la méthode de Per Denez, mais il enseignait dès le début que l'on pouvait toujours répondre nann à une question même positive, ce que je trouvais bizarre, ce n'est pas ce que j'avais lu ailleurs. J'ai préféré donc utiliser des méthodes conçues par quelqu'un dont c'est la langue maternelle et qui pense en breton (Mona Bouzec donc et celle de Herrieu pour le vannetais parlé).

Parfaitement exact. la majorité des négations dans ce livre sont fausses. Par ailleurs on y trouve des fautes de grammaire et de civilisation...Par exemple l'image de ces deux astronautes qui se préparent à aller sur la lune en fusée et ou on montre un d'entre eux déja dans la lune ......comme en français.

L'expression bretonne équivalent à "être dans la lune" n'est certainement pas"bezañ el loar" mais "Bezañ gant ar penn war ar forc'h" - ou "Kontañ ar brini a zo o vont da Vaz (Expresion léonarde qui se généralise en "Kontañ ar brini a zo o vont d'a nenezenn..."

A titre d'exemple voici une phrase de cet auteur: aer ar mor, chwezh ar beziñ ennañ.

Y a-t-il des fautes?
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Gildas C



Inscrit le: 09 Jan 2007
Messages: 15
Lieu: Vermont, USA

Messageécrit le Sunday 18 Mar 07, 4:21 Répondre en citant ce message   

J'imagine que si vous posez la question, oui, mais en tant que débutant je ne suis pas capable de vous dire. Pourriez-vous expliquer où se trouve la faute s'il y en a?
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brennos



Inscrit le: 19 Nov 2004
Messages: 616
Lieu: La Nouvelle-Orléans

Messageécrit le Sunday 18 Mar 07, 7:51 Répondre en citant ce message   

Oui, ce sont des calques du français.
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Nelly



Inscrit le: 13 Mar 2007
Messages: 37
Lieu: cleder

Messageécrit le Sunday 18 Mar 07, 10:33 Répondre en citant ce message   

Aer ar mor, chwezh ar bezhin ennañ.......

Traduction au mot à mot de: L'air de la mer, odeur de goemon en lui......


1 ére faute: Faute sur le complément de nom: Ti an tad: La maison appartient au père.

Aer ar mor: L'air n'appartient pas à la mer - Donc: An aer vor ( en fait l'air marin)

C'hwezh a bezhin: L'odeur appartient bien au goemon: Correct

ennañ - erreur de préposition : Une odeur comme un goût exige "la possession d'accompagnement" car l'odeur comme le goût peuvent "s'évaporer". Donc la préposition GANT est obligatoire......

Erreur de genre: An aer Vor (indique le féminin même si aer est parfois masculin(?) donc on devrait
dire ganti.

An aer vor, c'hwezh ar bezhin ganti......




Reprenons cette affaire de "possession"


On ne dira donc pas: Oferenn ar mintin (la messe n'appartient pas au matin.....) MAIS; AN oferenn vintin

On peut trouver des expressions de ce genre avec: Le soleil du matin -

Quant au goût on dira: Blaz vat a zo gant ar soubenn: (Blaz vad a zo gand ar zoubenn) u tout aussi bien:

Blazet mat eo ar soubenn......
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Nelly



Inscrit le: 13 Mar 2007
Messages: 37
Lieu: cleder

Messageécrit le Sunday 18 Mar 07, 11:41 Répondre en citant ce message   

Puisque nous sommes avec les odeurs:

C'hwezh: C'hwezh fall a zo gantañ est mieux que "Flaeriañ a ra" - On peut dire de même: Ur flaer a zo ganit
équivalent de "Tu ne sens pas la rose" .

Chwezh vad a zo gantañ: Il sent bon (Il a une bonne odeur.......La mutation ne se fait pas toujours. Bien des gens autour de moi disent C'hwezh MAD....Sans importance.......

C'hwezh an dimezellig a zo ganit: Expressoin entendue dans un contexte famillial très affectueux à une jeune fille parfumée.......Mais qui pourrait être péjorative si elle était dite "durement":

C'hwezh an dimezellig a zo ganit: Tu sens la cocotte".....

La notion d'odeur: Il n'est pas en odeur de sainteté: N'emañ ket liv an oneztiz warnañ......

Une odeur pestilentielle s'élevait des corps morts sur le champ de bataille: Flaer ar vreinadurezh a save
eus ar c'horvou marv a-ziwar an dachenn emgann.....

Voici une petite histoire contée au cours d'une veillée récente...Ce n'est pas de la haute littérature..C'est du breton parlé pur jus:

Istor ar bouh
Hounnez avad a zo eun istor verr. E Plouvorn, eun nebeud bloaveziou zo, e oa eun intañvez deuet war an oad. Ne oa ket bet jamez pinvidig kar he gwaz hag hi a laboure eun tammig atant, setu bremañ e oa deuet ar retred ne oa ket euz ar re vrasa. Bremañ marvet he gwaz, c’hoaz ouzpenn, berroh berra e oa ar strapenn. Setu evid gwelaad eun tammig he zort he-doa kemeret eur bouh . Toud ar haviked diwar-dro a veze kaset d’ar bouh da di an intañvez ha pep hini a roe eun tamm gwerz-butun, setu gwelleat eun tammig he zort memez tra. Toud an dra-ze, an eil dre egile, en em gavent propig.
En dervez-se, kouezet klañv ar bouh. Setu galvet Felix. Ar re n’o-dije ket anavezet Felix...Felix a oa ar veteriner. Ne veze ket lavaret jamez. “mond da weled ar veteriner”. Lavaret e veze “Gelver Felix.” Setu deuet Felix, oskultet ar bourh. “Ma” eme Felix “Gwall baket eo! gwall baket eo memez tra! Med, lakit dillad tomm dezañ, lakaad anezañ da hwezi, c’hwezi a rank. Setu bon, lakeet kolo war ar bourh, pallenn war ar holo, kolo war ar pallenn hag eur pallenn all war ar holo ha roet louzou evel-just da vond da heul. “A-benn daou zervez ahann e teuin en-dro “ eme Felix. Daou zervez da houde, deuet adarre. “A! gwelleat eo” eme Felix “gwelleat eo. Petra n’e-neus ket c’hwezet a-awah.
“A!” emezi ”Petra ‘ rin neuze? Eh ben, lakaad anezañ e va gwele” a lavare-hi.
“O!” a lare Felix “hag ar flêr!”.
“O! e-giz a garo. En em habitui a ranko!”


On appreciera les "troiou lavar" comme "Berroh berra ar strapenn".....
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Nelly



Inscrit le: 13 Mar 2007
Messages: 37
Lieu: cleder

Messageécrit le Friday 23 Mar 07, 14:52 Répondre en citant ce message   

Pour les classiques, mettons ce texte issu de l'oralité, en Zh et traduisons le:

Istor ar bouc'h
Hounnezh avat a zo un istor verr. E Plouvorn, un nebeud bloavezhiou zo, e oa un intañvez deuet war an oad. Ne oa ket bet jamez pinvidik kar he gwaz hag hi a laboure un tammig atant, setu bremañ e oa deuet ar retred ne oa ket eus ar re vrasañ. Bremañ marvet he gwaz, c’hoaz ouzhpenn, berroc'h berrañ e oa ar strapenn. Setu evid gwelaad un tammig he sort he-doa kemeret ur bouc'h . Tout ar c'haviked diwar-dro a veze kaset d’ar bouc'h da di an intañvez ha pep hini a roe un tamm gwerzh-butun, setu gwellaet un tammig he sort memez tra. Tout an dra-se, an eil dre egile, en em gavent propik.
En dervez-se, kouezhet klañv ar bouc'h. Setu galvet Felix. Ar re n’o-dije ket anavezet Felix...Felix a oa ar veteriner. Ne veze ket lavaret jamez. “mont da welet ar veteriner”. Lavaret e veze “Gelver Felix.” Setu deuet Felix, oskultet ar bouc'h. “Ma” eme Felix “Gwall baket eo! gwall baket eo memez tra! Med, lakit dillad tomm dezhañ, lakaat anezhañ da c'hwezi, c’hwezi a rank. Setu bon, lakaet kolo war ar bouc'h, pallenn war ar c'holo, kolo war ar pallenn hag ur pallenn all war ar c'holo ha roet louzou evel-just da vont da heul. “A-benn daou zervezh ac'hann e teuin en-dro “ eme Felix. Daou zervezh da c'houde, deuet adarre. “A! gwelleat eo” eme Felix “gwelleat eo. Petra n’e-neus ket c’hwezet a-awah.
“A!” emezi ”Petra ‘ rin neuze? Eh ben, lakaad anezhañ e va gwele” a lavare-hi.
“O!” a lare Felix “hag ar flaer!”.
“O! e-gizh a garo. En em habitui a ranko!”


Histoire du bélier.

Celle-ci est une histoire courte. A Plouvorn, il y a quelques années, il avait une veuve d'un âge avancé.
Elle n'avait jamais été riche et son mari et elle travaillaient dans une petite ferme. Et voici que vient la retraite qui n'était pas des plus juteuses. Et voila, en plus de çà, le mari qui trépasse. Il fallait encore plus se serrer la ceinture. Alors pour améliorer un peu son quotidien elle avait pris un bouc. Et toutes les biquettes du canton étaient envoyées à la maison de la veuve ou chacun donnait un pourboire Ce qui améliorait tant soit peu sa vie. En fin du compte, et l'un dans l'autre tout tournait à peu près rond.....
Mais un jour, le bouc tomba malade. Et Félix fut appelé. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Félix.....Félix était le vétérinaire. On ne disait jamais "Aller voir le vétérinaire." On disait "appeler Félix". Et voila Félix qui arrive et qui ausculte le bouc. "Et bien " dit Félix" Il est drôlement mal foutu. Mal foutu, c'est sûr. Enfin, mettez le au chaud et faites le suer tant et plus car il doit transpirer tout ce qu'il sait."Et voila qu'on met des couvertures sur le bouc, de la paille sur les couvertures et des couvertures encore sur la paille et qu'on lui donne des remèdes comme il va de soi pour hâter la guérison. "Je reviendrai dans deux jours" dit Félix.
Il a tenu parole. Il était là deux jours après." A!" dit Félix. "Il va mieux! Quoique il n'a pas encore assez transpiré!"
"A?" dit la veuve. "Que dois je faire de plus? Le mettre avec moi dans mon lit?"
"O!" répondit Félix "Et la puanteur?"
"O" rétorqua la veuve çà sera comme il voudra! Il devra s'habituer!"......

Note: Un regad sur les orthographes du "pris sur le vif" et du Zh pourrait apporter de l'eau au moulin de la prononciation......
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Gildas C



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Messages: 15
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Messageécrit le Saturday 24 Mar 07, 4:20 Répondre en citant ce message   

Merci pour ce texte Nelly et sa traduction, je vais imprimer ça et le lire dès que j'aurais un moment.

Une petite question, vous avez écrit : "Aer ar mor: L'air n'appartient pas à la mer - Donc: An aer vor ( en fait l'air marin) "
Le livre de Rosny Aisné "la guerre du feu" a été traduit en breton et si mes souvenirs sont bons son titre était Brezel an tan, est-ce correct car dans la même logique on pourrait dire que la guerre n'appartenait pas au feu?
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Nelly



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Lieu: cleder

Messageécrit le Saturday 24 Mar 07, 10:59 Répondre en citant ce message   

La régle est claire:

Pao an alar: Le manchon de la charrue.
Ur pao d'an alar: Un manchon de la charrue.
Ur pao alar (complément et sujet indéterminés): Un manchon de charrue.

La guerre n'appartient pas au feu et "ce n'est pas le feu qui fait la guerre". On fait la guerre à cause de lui ou pour l'obtenir. Dans le même ordre d'idée on voit un cours de breton s'appeller: "Kenteliou an noz" comme si la nuit donnait des leçons - Skol Noz serait bien meilleur.....

Il y a là, à mon sens, un abus de langage admis depuis longtemps ou, peut-être, non signalé ou peut-être même pas d'abus du tout......... Est-il condamnable? Je crois qu'il faudrait être "pismiger" pour tirer " dessus" à boulet rouge....

En utilisant "Brezel an tan" on signale le caractére spécifique de "Brezel" .....Cette appellation ne choquera personne. Par contre oferenn ar mintin au lieu de Oferenn vintin.....il y aura faute. Les mots "Brezel et Tan ne sont aps antynomiques....(?????) . Est-ce le "Nemed unan a vefe dihiviz" (L'exception qui confirme la régle.....) Je n'en sais rien.....

Le titre aurait-il gagné s'il avait été: Brezel abalamour d'an tan (A la rigueur: Brezel evit an tan)

Je crois que c'est le genre d'expression qui embarrassera toujours un néo-bretonnant de langue française
et que, dans ce cas là, la simplicité s'impose....Laissons "Brezel an tan".......

D'autres compléteront surement......
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Jeannotin
Animateur


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Messageécrit le Wednesday 13 Apr 16, 20:59 Répondre en citant ce message   

Nelly a écrit:
Je crois que c'est le genre d'expression qui embarrassera toujours un néo-bretonnant de langue française et que, dans ce cas là, la simplicité s'impose....Laissons "Brezel an tan"...

Oui, il y a clairement une tendance en néo-breton à sur-traduire le de français par l'état construit, y compris dans des cas où cette structure n'est pas adéquate. Mais, c'est tout de même bien triste de faire ce constat pour adouber finalement une forme qui n'est pas celle du breton authentique.

Traduction spontanée d'une locution proche par un bretonnant natif de Kergloff :

Med ba'n mil naw-c'hant ha deg-ha-trugent, oa gwraet bataille du lait
– Ya
Ar bresel deuh ar laezh.

Mais en mille neuf soixante-dix, on fit la bataille du lait
- Oui
La guerre du lait

http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2016/04/ar-bresel-deuh-ar-laezh.html

La traduction du titre La guerre du feu est donc ar bresel deuh an tan.
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kiminell



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Messages: 14
Lieu: ПАРИЖ

Messageécrit le Friday 22 Apr 16, 12:43 Répondre en citant ce message   

Tiens, tiens, voilà quelque chose à laquelle je n'avais fait attention. Pour ma part, je n'ai pas l'impression que ce type de structure soit vraiment productive (c'est un constat personnel).

Donc si je comprend bien, pour construire le complément du nom (alias l'état construit), il faut utiliser la préposition "deus" (deuh, deuz) ? Pour dire 'la maison de mes parents', ti ma zud n'est pas correct (ou serait néo-breton) et l'usage spontané serait an ti deuh ma zud ? 'Le chien de Jean' serait ar hi deuh Jean ?

A vue de nez, ça me parait un peu bancal mais ça n'engage que moi. Et je sais bien qu'il ne faut jamais dire jamais quand on s'intéresse au breton parlé.

Pour ma part, je ressens le bresel deus al laezh comme un calque du français (c'est juste un constat et non un jugement) avec Nom Défini + connecteur + Nom défini que j'analyserais comme une traduction sur le vif pas forcément réussie

Par contre, la traduction proposée pour la guerre du feu, ar bresel deuh an tan pour moi signifie "la guerre contre le feu"... C'est vrai que brezel an tan n'est pas précis mais d'ailleurs, la tournure la guerre du feu, l'est-elle davantage ?

Disposeriez-vous d'autres attestations de ce type de structure (Nom défini + deus + Nom défini) comme alternative à l'état construit ? Ou bien cet usage reste minoritaire dans votre corpus
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Jeannotin
Animateur


Inscrit le: 09 Mar 2014
Messages: 879
Lieu: Cléden-Poher

Messageécrit le Saturday 23 Apr 16, 18:29 Répondre en citant ce message   

Non, je n'ai jamais prétendu que l'état construit était incorrect ou qu'il n'existait pas en breton populaire. On dit bien ti mé zud (la maison de mes parents) ou ki Yann (le chien de Jean) et des énoncés comme *an ti deuh ma zud ou *ar c'hi deuh Yann sont clairement agrammaticaux.

Par contre, vous vous trompez sur la traduction vers le breton en raison d'une analyse trop superficielle de la préposition de en français. Je vous conseille de revoir en détail la notion de complément du nom en grammaire française et particulièrement la différence entre le complément du nom possessif et les autres compléments du nom :
http://www.atilf.fr/IMG/pdf/seminaires/Seminaire_sms_exemplier_Knittel_2006-04-06.pdf
En français, si les différents compléments du noms sont, en général, rendus par l'usage de la préposition de, en breton on utilise des tournures différentes pour les compléments du nom possessifs et pour les autres.

L'analyse de Nelly était correct sur ce point, on n'utilise l'état construit que dans le cas d'une possession et si l'objet possédé est défini :

Ha oa digouê(t) un' ba Kergo, ba ti mé dad,
Et il en arriva un à Kergoff, dans la maison de mon père
http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2015/07/lambig-ar-voereb.html
Dans ce cas, on peut remplacer le possesseur par un déterminant possessif : e di correspond à ti mé dad.

Si l'objet possédé est indéfini, la possession est marquée par la préposition :

Hezh oa un tamm yontr-kozh dé Christian Troadec, dé maer Karais ahe.
C'était une espèce de grand-oncle de Christian Troadec, du maire de Carhaix là.
http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2016/01/tapan-mitarded.html

On remarquera que dans ces deux cas, le français populaire admet la préposition à au lieu de de : la maison à mon père et une espèce de grand-oncle à Christian Troadec. Ce n'est pas le cas pour les compléments du nom qui ne sont pas possessifs.

Quand le complément du nom n'indique pas un possession mais précise simplement le nom en indiquant, par exemple, son origine, l'ensemble dont il fait parti, ou la fin à quoi il sert ; le breton n'utilise par l'état construit mais le plus souvent la préposition deus (deuh et doc'h en sont des variantes libres en Centre-Bretagne) :

- Pour indiquer l'origine :

Ha benn ar fin oa digass(et), ga'r medissined deus ar vro, oa digass(et) un hucher dé wel(e)d Louï.
Et en fin de compte, les médecins du pays envoyèrent un huissier voir Louis
http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2015/08/an-dokteur-loui.html

Triñchon-logod, ya, an dra-he vis(e) ka(v)et war 'r girzh(i) ba-lec'h oa ket bet laket kalkêr.
– Ya
Sabl deuh ar mour

L'oseille, oui, on en trouvait sur les haies où on n'avait pas mis de calcaire.
- Oui
De sable de mer

http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2016/04/teurch-ha-trinchon-logod.html

- Pour indiquer l'ensemble dont fait parti le nom :

un' ba bep gwênn petram ba ur penn deus ar c'hoat, (a)n-heñi-ell ba'r penn-ell deus ar c'hoat
un dans chaque arbre ou bien à un bout du bois, l'autre à l'autre bout du bois
http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2015/10/dir-dir-dir-pa-na-dorr.html

- Pour indiquer le but :

Med ba'n mil naw-c'hant ha deg-ha-trugent, oa gwraet bataille du lait
– Ya
Ar bresel deuh ar laezh.

Mais en mille neuf soixante-dix, on fit la bataille du lait
- Oui
La guerre du lait

http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2016/04/ar-bresel-deuh-ar-laezh.html

On remarquera qu'on ne peut par remplacer dans ce cas le complément du nom par le déterminant possessif seul et qu'on préfère placer un pronom démonstratif comme argument de la préposition deus ou bien conjuguer cette préposition :

benn gouïed an nos an hano just doc'h ar re-s(e)
pour connaître la nuit leur nom précis [le nom précis de ceux-là]
http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2015/10/passet-tri-roue-hag-ar-charr-kamm-ganton.html

Ya, vis(e) tenn(et) ar, e gar'n deuhoutoñ kwa,
Oui, on lui retirait le, son cœur [son cœur de lui] quoi
http://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2015/10/dir-dir-dir-pa-na-dorr.html

En conclusion, s'il y a quelque part un calque du français, il n'est certainement pas chez les bretonnants, qui utilisent avec une grande rigueur le riche système prépositionnel de leur langue maternelle, mais chez ceux des néo-locuteurs qui croient que le de français se traduit mécaniquement en utilisant toujours la même structure.
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kiminell



Inscrit le: 25 Aug 2007
Messages: 14
Lieu: ПАРИЖ

Messageécrit le Sunday 24 Apr 16, 23:50 Répondre en citant ce message   

Merci à vous pour votre riche message. Vos précisions m'ont permis de comprendre votre remarque que je n'avais effectivement pas restituée dans le contexte de la discussion et qui par conséquent m'a fait tilter. Votre présentation est très claire et rejoint bien ce que l'on trouve dans les grammaires (j'entends descriptives, le reste m'indiffère). Certains des points que vous abordez ont piqué ma réflexion, et je pense que j'approfondirai ce sujet par la suite. Je vous livre ces quelques réactions qui ne changerons guère la face du monde. [Etant pris par le temps et d'autres contraintes, je vais les ajouter les unes après les autres dans les jours à venir, ce qui risque de provoquer peut-être une lecture hâchée, je vous prie par avance de m'en excuser]

Jeannotin a écrit:

Par contre, vous vous trompez sur la traduction vers le breton en raison d'une analyse trop superficielle de la préposition de en français.

Hmm, la traduction n'est pas moi à ce que je sache... et elle ne me satisfait pas pour autant. Si je devais traduire ce titre et ce, sans avoir travaillé la question ni lu le livre d'ailleurs, je pencherai plutôt vers quelque chose comme ar brezel zewar-goust an tan la guerre due au feu. Pour moi zewar-goust est associé à une raison, une cause négative.

Je maintiens mon ressenti concernant deuh an tan. J'y vois surtout une opposition, une confrontation (cf. deuz an dour, n'eus ked kalz a dra d'ôr / face, contre à l'eau [qui monte en contexte d'inondation] on ne peut pas faire grand chose / nem gannañ deuz 'r re all se battre contre les autres

Je comprends tout à fait ce qui vous a amené à proposer cette traduction.

Citation:
En conclusion, s'il y a quelque part un calque du français, il n'est certainement pas chez les bretonnants, qui utilisent avec une grande rigueur le riche système prépositionnel de leur langue maternelle, mais chez ceux des néo-locuteurs qui croient que le de français se traduit mécaniquement en utilisant toujours la même structure.

Je ne voulais pas vous offusquer en parlant de calque (qui dans mon esprit ne concernait que la structure présentée). Une fois de plus, il ne s'agit pas d'un jugement de valeur. Je pensais uniquement au terme technique utilisé par les linguistes pour décrire la façon dont certaines structures circulent entre les langues. Pour moi, une façon très courante de dire il a l'air d'être fatigué dans le breton que je connais se dit an er neuz da vea skuizh qui est selon moi un calque du français mais n'enlève aucunement à la compétence des bretonnants qui l'emploient et côtoient d'autres tournures plus idiomatiques. Ce type de situation semble être monnaie courante dans les situations de contacts de langues. Je reviendrai plus tard sur ce qui m'a conduit à cette impression concernant ar brezel deuh al lez la bataille du lait.

Mon seul intérêt est de parvenir à décrire la structure que vous rapportez et de comprendre comment elle s'intègre dans le système linguistique de cette langue. Savoir si c'est bien ou pas bien, vrai ou pas vrai ne m'intéresse pas du tout.

Da gousked brem ! Je continuerai par la suite.
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