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jean-baptiste
Inscrit le: 28 Jan 2005 Messages: 51
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écrit le Saturday 01 Apr 06, 20:17 |
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Citation: | Donc deja une mise au point sur le phénomène de mutation, c'est un phénomène grammatical spécifique aux langues Celtiques, le principe est que dans un certain contexte, la première consonne du mot peut changer (s'adoucir, se durcir, s'aspirer, etc...) |
Je m'inscris en faux contre le fait que ce serait spécifique aux langues celtiques, puisque je connais au moins une langue non celtique qui connait ce phénomène : le corse.
Je n'ai as trouvé d'autre langue italo-romane qui connaisse ce phénomène, mais j'avoue avoir peu cherché. |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Saturday 01 Apr 06, 20:34 |
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Peux-tu donner des exemples ? |
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jean-baptiste
Inscrit le: 28 Jan 2005 Messages: 51
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écrit le Saturday 01 Apr 06, 23:26 |
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bien sûr. Je mets entre crochets la prononciation figurée
C : casa [CAZA] / una casa [OUNAGAZA]
P : un peru [OUNPEROU] / u peru [OUBEROU]
T : tappu [TAPPOU] / u tappu [OUDAPPOU]
C : cità [TCHIDA] / a cità [ADJIDA]
F : Fola [FOLA] / a fola [AVOLA]
B : babbu [BABBOU] / u babbu [OUOUABBOU]
V : vacca [BAKKA] / a vacca [AOUAKKA]
G : gola [GOLA] / a gola [A-OLA]
D : Donna [DONNA] / una donna [OUNA-ONNA]
QU : quartu [KOUARTOU] / u quartu [OUGOUARTOU]
Z : zappa [TSAPPA] / a zappa [ADZAPPA]
etc ....
Peut-on considérer comme une mutation consonantique le X qui se prononce Z en fin de mot ? exemple : dix [DIS], dix mains [DIMIN], dix ans [DIZAN] |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Sunday 02 Apr 06, 0:14 |
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Oui y'a des mutations dans plein de langues même en Anglais et en Français, ces mutations peuvent être écrites ou non selon les langues et les contextes...
En Corse les mutations sont dues à cause d'une situation grammaticale ou phonétique? En Breton et dans les autres langues celtiques, c'est un phénomène grammatical écrit, par exemple après l'article, seul les mots féminins vont adoucir leur première lettre alors que les masculins ne feront muter que le K en C’H.
A l'origine c'était un phénomène phonétique mais comme les éléments qui provoquaient ces mutations ont quasiment tous disparus, en particulier par la chute des déclinaisons ou la modification de certaines terminaisons, c'est devenu un phénomène lié à la grammaire (mutation selon le genre, selon la préposition, selon la particule verbale, etc...).
Pour "dix ans", je crois que le X représente à l'origine un son S devenu muet, on peut l'entendre sous sa forme voisée lorsqu'une voyelle suit, ce qui fait qu'on entend un Z. |
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jean-baptiste
Inscrit le: 28 Jan 2005 Messages: 51
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écrit le Sunday 02 Apr 06, 9:23 |
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Citation: | En Corse les mutations sont dues à cause d'une situation grammaticale ou phonétique ? |
Quelle en est la cause (grammaticale ou phonétique) ? Je n'en sais rien. Je n'ai pas de compétence dans ce domaine. Mais je sens que c'est plutôt phonétique.
Il y a sans doute une part "naturelle" dans ce phénomène. Un C intervocalique par exemple, tend à se prononcer G (second en français), le T intervocalique devient D (seta latin est devenu sedo en provençal et seta qui se pononce SEDA en corse). C'est à y perdre son latin !!!
En corse, la mutation est orale uniquement. Bien que certains écrivains aient parfois tendance à mettre une apostrophe à la place de lettres amuies jusqu'à disparaitre : exemple :
granu [GRANOU] / u granu [uRANOU] est parfois écrit u 'ranu
ghjattu [DIATTOU] / u ghjattu [OU-IATTOU] ---> u 'jattu
mais par contre, saud chez quelques huluberlus, on ne verra jamais écrit "a gasa" pour "a casa".
En principe, la connaissance des règles de mutation consonantique suffit à la lecture, sans qu'il soit besoin de modifier l'aspect d'un mot selon qu'il se prononce doux ou dur.
J'ajoute que si dans le nord de l'ile les consonnes concernées par ce phénomène sont B, C, D,F,G,CHJ,GHJ,P,QU,S,T,V,Z, par contre dans le sud beaucoup moins de lettres sont concernées C,F,T,GHJ,S.
pour ceux que ça interesse, je me permets d'indiquer le site
http://perso.wanadoo.fr/gbatti-alinguacorsa/index.htm
et
http://perso.wanadoo.fr/gbatti-alinguacorsa/phonetique-historique.htm |
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Pablo Saratxaga
Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 222 Lieu: A Rtene, etur Lidje et Vervî
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écrit le Sunday 02 Apr 06, 11:22 |
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Breizhadig a écrit: | Pour les déclinaisons en Brittonique suffit de regarder dans le Gaulois car ce sont deux langues soeurs |
cousines plutôt, non?
Il semble que le gaulois était Q-celtique (goidelique) comme l'écossais et l'irlandais; alors que le breton est P-celtique (britonique) comme le gallois et le cornique.
Mais peut-être cela n'a pas d'incidence sur les declinaisons? |
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Pablo Saratxaga
Inscrit le: 30 Jan 2006 Messages: 222 Lieu: A Rtene, etur Lidje et Vervî
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écrit le Sunday 02 Apr 06, 11:25 |
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Breizhadig a écrit: | Ce que je peux en déduire c'est que la combinaison S + K, ... donne C'H |
Interessant, car en wallon (oriental) et en vosgien on a une évolution phonétique similaire; se pourraît-il que ce soit le substrat celtique qui en aie été la cause? |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Sunday 02 Apr 06, 12:06 |
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Non le Gaulois est bien du celtique en P, par exemple le mot gaulois "pennos" se dit "penn" en Breton et Cornique et "pen" en Gallois alors qu'en Gaelique il se dit "ceann".
De plus le Brittonique et le Gaulois sont souvent resté en contact, et quand le Brittonique est retourné en Armorique où le Gaulois y résidait pour y former le Breton, les langues étaient encore très proches...
Sinon je pense pas que le celtique en P et en Q ait une influence sur les déclinaisons car cette distinction sert juste à qualifier certains phénomènes phonétiques, ca ne joue nullement sur la grammaire, ni le vocabulaire ni l'histoire commune des langues... |
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Gaillimh
Inscrit le: 12 Nov 2005 Messages: 366 Lieu: Aberdeen (Ecosse)
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écrit le Friday 10 Aug 07, 15:27 |
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Concernant le gaélique d'écosse,
1) Tout d'abord, une petite remarque concernant le verbe être (évoqué par Breizhadig plus haut)... Il se manifeste de deux façons:
- le verbe simple Tha (présisons que la forme reste la même pour toutes les personnes du présents)qui sert d'auxiliaire explétif au présent...
Tha Màiri agus Alasdair a' coiseachd air a bhein
ETRE Marie et Alistair en train de marcher dans la montagne
- le verbe copule is met en relation deux noms
Is e oileannach a th' annam
ETRE un étudiant qui ETRE en moi
'Je suis un étudiant/ une étudiante'
ou en emploi emphatique:
Cò fhosgail an doras ? Cha do dh'fhosgladh mi an doras. S' e Calum a dh'fhosgladh e.
Qui ouvrit la porte? NEG ouvrit je la porte. Est ce Calum qui ouvrit la-PRON COD
Qui a ouvert la porte? Je n'ai pas ouvert la porte. 'C'est Calum qui l'a ouverte'
2) Les mutations consonantiques en gaélique sont nombreuses... Elles s'exprimes par une aspiration en t- (/t/), h, ou dh' (/ɣ/) et concernent:
- la forme nominative des noms féminins commençant par une voyelle ou par B F M P C G
caileag /'kalag/ (une fille) -> a' chaileag /a 'xalak/ la fille
uisge /'yʃke/ (eau) -> an t-uisge /ãn t-yʃke/
-la forme nomin. des mots masculins commençant par une voyelle:
aran 'pain'/'arãn/ -> an t-aran /ãn 'tarãn/ 'le pain'
- les mots suivis par l'adverbe glè (très) quand ceci ne commencent pas par L, N, R, une voyelle, ou les clusters consonantiques SG, SM, SP, ST:
sona /'sona/ 'heureux' -> glè shona /gle 'hona/ 'très heureux'
màth /ma:/ 'bon, bien' -> glè mhàth /gle va:/ 'très bien'
ruadh /ruaɣ/ 'rouge, roux' -> glè ruadh /gle ruaɣ/ 'très rouge'
- des formes datives, les noms définis changent:
MASCULINES:
Groupe 1: mots commençant par D T L N R SG SM SP ST ne changent pas
an doras /ãn 'doras/ 'la porte' -> aig an doras /ek ãn 'doras/ 'à la porte'
Groupe 2: mots commençant par B F M P C G sont aspirés (mutation) avec un h
am bòrd /am bo:rd/ 'la table' -> air a' bhòrd /er a vord/ 'sur la table'
Groupe 3: mots commençant par SL SN SR S + VOYELLE = aspiration en t-
an saoghal /ãn sцl / 'le monde' -> air an t-saoghal /ãn tsцl/ 'sur le monde'[/quote]
Groupe 4: mots commençant par une voyelle: aspiration supprimée
aran /arãn/'pain' -> an t-aran /ãn 'tarãn/-> air an aran /er ãn arãn/ 'sur le pain'
FEMININES:
Groupe 1:mots commençant par D T L N R SG SM SP ST ne changent pas
an sgoil /ãn skɔl/ l'école-> aig an sgoil /ek ãn skɔl/ à l'école
an litir /ãn 'lihtir/ la lettre -> aig an litir /ek an 'lihtir/ sur la lettre
Groupe 2: mots commençant par B F M P C G restent aspirés et sont affaiblis:
caileag /kalak/-> a' chaileag /a xalak/-> air a' chaileig[i] /er a xalek/
Groupe 3: mots commençant par SL, SN, SR, S+voy sont aspirés en t- à la forme nominative... ils restent pareils:
[i]sràid /ra:dʒ/ 'route'-> an t-sràid /tra:dʒ/-> air ãn t-sràid /air ãn tra:dʒ/
Groupe 4: les noms commençant par une voyelle sont affaiblis sauf si la dernière voyelle est e ou i
uinneag /'unjak/ 'fenêtre'-> an uinneag /ãn 'unjak/ -> air an uinneig /er ãn unjek/
eaglais /'jekliʃ/ 'eglise' -> an eaglais /ãn 'jekliʃ/ -> air an eaglais /er ãn 'jekliʃ/
- les adjectifs possessifs: (prenons l'exemple de bràthair /'bra:her/ 'frère' et athair /'aher/ 'père')
MON - mo + asp.: mo bhràthair /mo 'vraher/
TON - do + asp.: do bhràthair
SON masc. - a + asp.: a bhràthair /'vraher/
SON fem. - a : a bràthair /a 'bra:her/
NOS - ar : ar bràthair
VOS - (bh)ur: ur bràthair
LEURS- an/am: am bràthair OU an athair /ãn aher/ (* différent de la forme nom. 'le père' qui aurait été an t-athair)
- les verbes à l'infinitifs sont aspirés (l'infinitif est construit sur la forme continue... on supprime l'accent du a, puis on aspire le verbe si c'est possible)
Groupe 1: aspiration pour tous les mots sauf ceux commençant par VOYELLE, L, N, R, SG, SN, SP, ST
a' coiseachd /a 'koʃark/ 'marchant -> a choiseachd /'a xoʃark/ marcher
a' seinn /a ʃeinj/ 'chantant' -> a sheinn /a heinj/ chanter
Groupe 2: aspiration impossible.. on garde le part. présent mais on supprime l'apostrophe
a' ruith /a ruiç/ 'courrant' -> a ruith /a ruiç/ 'courir'
a' leughadh /a 'ljœvaɣ/ 'lisant' -> a leughadh 'lire'
Groupe 3: aspiration artificielle pour els verbes commençant par une voyelle
ag ithe /ak 'içə/'mangeant' -> a dh'ithe /a 'ɣiçə/ 'manger'
ag obair /ak 'opɛr/ 'travaillant' -> a dh'obair /a ɣopɛr/ 'travailler'
Groupe 4: les verbes commençant par f prennent la double aspiration (h et dh')
a' fuireachd /a 'furɔxk/ 'demeurant' -> a dh'fhuireachd /a 'ɣurɔxk/ 'demeurant'
Il y a encore des tonnes de cas de mutations consonantiques par aspiration, notamment en ce qui concerne le génitif, le passé simple, et le futur... mais les règles qui sont complexes ne me permettent pas de tout détailler
Dernière édition par Gaillimh le Friday 10 Aug 07, 16:14; édité 1 fois |
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giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
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écrit le Saturday 11 Aug 07, 10:45 |
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Vraiment, "kador" c'est chaise?
Alors, finalement je peux comprendre la derivation du piémontais "cadrega"= chaise.
Tous disent que vient de "cathedra".
http://www.etimo.it/?cmd=id&id=2816&md=28548c292c6c354cd03072d836aae c8b
En italien "cadreghino" c'est la chaise que le politicien occupe et qui ne veut plus laisser. Le mot est né pour l'influence piémontaise sur la politique italienne du siècle XIX. En pièmontais on dit "cadreguìn" |
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felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1143 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
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écrit le Saturday 11 Aug 07, 12:11 |
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Dans la "Chanson de Roland" (dernier tiers du XIe siècle), La trahison de Ganelon, chant VIII, vers 115, on lit:
"Un faldestoel i out, fait tut d'or mier" traduit par "Est un fauteuil d'or massif".
Le 'vouwstoel' flamand subsiste toujours, sur la plage d'Ostende par exemple (fauteil de plage), mais en bois et pas en or massif. |
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