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Maurice
Inscrit le: 25 May 2005 Messages: 435 Lieu: Hauts de Seine
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écrit le Monday 07 Apr 08, 12:32 |
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Breizhadig a écrit: | Voila une petite liste de mots Bretons entrés dans le Français (avec la traduction exacte en Breton entre parenthèses) : |
kabig : espèce de veste à capuchon bretonne |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Monday 07 Apr 08, 22:56 |
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Le mot boëtte se prononce bwètt, le TLF aurait dû écrire [bwεt].
Autrement, je crois que le terme "cromlech" ne vient pas du Breton mais de l'Irlandais, bien qu'en Breton on utilise la même expression, je crois que le Français a pris dans l'Irlandais. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Tuesday 08 Apr 08, 3:10 |
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Boëtte se prononce, en Basse-Bretagne du moins, et à peu près comme en breton, [bwεt], sans diérèse.
Le verbe s’emploie aussi. Avec quoi tu boëttes, toi ? Ça c’est juste bon pour boëtter !
L’orthographe est certes curieuse, et redondante avec son tréma et ses deux t. Mais elle ressemble à certaines transcriptions incertaines du breton au français, tels les patronymes Louët, Elléouët et toutes leurs variantes.
À propos du breton boued, Stéphan et Séité donnent boued dar groug « gibier de potence », et comme l’une des acceptions du verbe boueta « amorcer une ligne »
Au plan des choses, la boëtte n’est pas seulement tout ce que l’on esche sur l’hameçon, c’est aussi tout ce qui peut faire venir le poisson. À la sardine c’était la rogue, préparation d’œufs de maquereaux et d’arachide, dont on se servait pour faire monter puis faire mailler le poisson. Ou son ersatz, la gueltre, mixture salée de crevettes, de fretin, de coquillages. Au casier ce sont les bouts de poisson plus très frai, ou parfois de seiche ou de calmar, qui feront venir les crevettes, les araignées, les tourteaux, les homards...
Tenez, c’est l’occasion de signaler Yves Elléouët, auteur entre autre de Falc’hun (à la NRF). |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Tuesday 08 Apr 08, 3:48 |
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À propos du message de José, et de bouette comme « soupirail » en Bourgogne.
Dans l’Ouest, vers la Vendée, une babouette c’est une petite fenêtre, en particulier dans un pignon, dans un toit.
Trouvé sur le web : Trou réservé dans les murs pour clarté et aération sans fenêtre ni vitrage, souvent percé en meurtrière. Permet de faire passer les chats dans les greniers. Permet aussi d'assurer l'aération dans les chais.
http://www.cabuzel.com/oleron/index.php?option=com_glossary&func=display&letter=B&Itemid=80&catid=70&page=1
Il y aurait donc eu aphérèse entre de la Vendée à la Bourgogne, ou du grenier à la cave…
Aphérèse, aphérèse ? Non mais t'arrêtes de me traiter ! |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Monday 21 Jul 08, 16:25 |
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Breizhadig a écrit: |
- Kromm lec'h (lieux courbé) » cromlec'h
Sinon y'aurai une chose interessante c'est aussi les mots Gaulois en Français, voici quelques uns :
- Beccos (bouche) » bec
- Sentus (chemin) » sentier
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Très intéressant!
kromm, courbé, en flamand krom, même sens
beccos, en wallon bètch (bec ou, péjorativement, bouche)
sentus, en wallon local pî-sinte, litt. sentier à pied, (selon Haust, du latin semita??) |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Monday 21 Jul 08, 18:12 |
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Je tiens à rectifier, cromlech vient quand à lui de l'Irlandais. Bien qu'en Breton on utilise aussi ce terme. |
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Aiatshimunanu
Inscrit le: 24 Oct 2007 Messages: 307 Lieu: [Québec]
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écrit le Wednesday 23 Jul 08, 22:56 |
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Citation: | - On n'a tu été gâté cette année pour la bouette!!! Une chance que le soleil venait nous dire bonjour de temps à autre!
Traduction SVP ?! |
Je n'ai pas relevé de réponse à la demande de José. Bouette, dans ce contexte, signifie boue, de la vase. Bref, dans la phrase ça signifie que l'abondance de pluie rendait le sol boueux. D'ailleurs, c'est le cas près de chez moi cet été, particulièrement en forêt. Y mouille à sieaux! [ Il pleut à seaux, beaucoup. Ou pour reprendre une expression encore plus imagée, il pleut comme vache qui pisse.] |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1895 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 25 Jul 08, 21:35 |
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Citation:
- On n'a tu été gâté cette année pour la bouette!!!
C'est bizarre. Il y a comme un pléonasme.
On ne dit pas plutôt, comme en wallon: "On-n-a stu gâté...", stu étant participe passé de être (été). |
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toutencarton
Inscrit le: 15 Sep 2006 Messages: 40 Lieu: Bretagne
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écrit le Friday 17 Oct 08, 14:20 |
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Français Braies (pantalon) du gaulois Braca. (Breton Bragoù au pluriel). |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 17 Oct 08, 15:15 |
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On ne peut aussi facilement sauter des pans entiers de l'histoire des mots. Le français (les) braies, le nissard (li) braia, l'italien (le) brache, l'espagnol braga et, très probablement, le breton bragoù viennent du latin brācae, gén. brācārum déjà attesté à la fin du IIe siècle avant notre ère !
Ce mot est bien, par le latin, un emprunt au gaulois, et il nous est connu aussi en grec. Diodore, 5.30.1 : βράκας pour désigner les pantalons larges des Galates (semblables aux anaxyris des Perses) ; Hésychius : βράκκαι· αἴγειαι διφθέραι παρὰ Κέλταις « brakkai : peaux de chèvre chez les Celtes ».
Les Gaulois sont peut-être nos ancêtres mais leur langue est loin de nous être parvenue toujours directement, « braies » est un mot de la romanité. |
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Aiatshimunanu
Inscrit le: 24 Oct 2007 Messages: 307 Lieu: [Québec]
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écrit le Friday 17 Oct 08, 15:44 |
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dawance a écrit: | Citation:
- On n'a tu été gâté cette année pour la bouette!!!
C'est bizarre. Il y a comme un pléonasme.
On ne dit pas plutôt, comme en wallon: "On-n-a stu gâté...", stu étant participe passé de être (été). |
On dévie du sujet... mais je répond quand même.
La phrase a un sens interrogatif pour susciter une confirmation/approbation de son interlocuteur. «On a tu été gâté cette année pour la bouette?» «Ben oui!»
Alors ici, le «tu», c'est notre particule interrogative. Dans «Tu veux tu un verre d'eau?», le deuxième «tu» est la particule interrogative. (Et non pas un redoublement du pronom.)
Le «n» est réécrit car la personne qui a écrit la phrase citée en début du message pensait qu'on prononce ledit «n» de façon très marquée dans ce contexte, ce qui est erroné.
«On n'a», avec un deuxième son «n» très marqué, veut dire «nous en avons» et non pas «nous avons été». Dans le deuxième cas, qui correspond au contexte de la phrase, on se contente de faire la liaison sans prononcer un deuxième «n».
Si on modifie la phrase, on peut avoir «On n'a tu eu d'l'a bouette, c't'année?» Avec un deuxième «n» très audible.
(Et on prononce «tsu» pour tu au Québec, ce qui m'a un peu intrigué en lisant le participe passé «stu» du verbe être en wallon.)
C'est tu plus clair de même? (Est-ce plus clair comme ça?). |
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Zwielicht
Inscrit le: 30 Jan 2007 Messages: 1227 Lieu: la rencontre des eaux
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écrit le Friday 17 Oct 08, 18:38 |
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José a écrit: | Au Québec, on appelle "bouette" le poisson (hareng ou maquereau) avec lequel on appâte la morue | Ce n'est plus tout à fait le cas.
En 1672 le Français Nicolas Denys séjournant en Nouvelle-France remarquait que les pêcheurs de morue appelaient bouette / boitte / boite ce que, lui, appelait appât. L'usage est retrouvé au cours des 17e, 18e 19e et 20e siècles, mais diminue drastiquement au 20e siècle, où elle devient spécialisée (bouette à maquerau, bouette à baleine, bouette à morue) si jamais mentionnée. Selon le Naturaliste Canadien (1872), boitte pour appât viendrait des Jersiais, qui auraient été les premiers à exploiter les pêcheries de ce côté de l'Atlantique nord. Il est probable qu'il vienne plutôt des Bretons (signifiant nourriture).
En 1749 on commence à osberver dans la littérature québecoise ou relative à ce qui est aujourd'hui le Québec le terme "bouette" signifiant nourriture pour animaux terrestres de bétail (cochons, vaches, boeufs, chevaux..). Ça continue jusqu'au 20e siècle. Mais la nourriture ainsi appellée bouette est toujours de forme inconsistante et liquide.. de sorte qu'il est difficile de dire si ce terme provient d'une adaptation de la bouette marine à une forme terrestre, ou s'il n'est pas simplement une forme familière et diminutive du mot français boue, vu la ressemblance de consistance. Je crois qu'il est impossible de trancher et qu'il y a influence des deux.
En 1861 on commence à observer au Québec bouette signifiant boue (Jean-Baptiste-Antoine Ferland). On continue de retrouver cet usage de façon croissante, souvent appliqué au mélange neige fondante / terre. Cet usage devient de plus en plus abondant dans la littérature à mesure qu'on se met à écrire en "joual" au 20e siècle.
Aujourd'hui, à part peut être chez quelques pêcheurs de profession bien ancrés dans la tradition de la pêche, bouette au Québec signifie boue ou nourriture peu appétissante et consistante ou substance de faible valeur (c'est d'la bouette ce qu'il dit là!!).
L'usage appliqué aux pêches est en quelque sorte disparu. De sorte que dans l'extrait cité par José, José a écrit: | On n'a tu été gâté cette année pour la bouette!!! Une chance que le soleil venait nous dire bonjour de temps à autre! | , il est question de boue et non d'appâts pour le poisson. Le ton est ironique (gâté..). L'absence de soleil, donc la pluie, est responsable de la bouette dont il est question. |
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toutencarton
Inscrit le: 15 Sep 2006 Messages: 40 Lieu: Bretagne
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écrit le Thursday 23 Oct 08, 16:50 |
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Outis a écrit: |
Les Gaulois sont peut-être nos ancêtres mais leur langue est loin de nous être parvenue toujours directement, « braies » est un mot de la romanité. |
Je suis tout à fait d'accord, d'autant plus que le gaulois avait des points communs avec le latin. Par exemple, le mot senos (vieux) qui correspond au mot latin senex, à l'origine de sénat, sénile (!), etc. Cela a donné Hen (ancien, antique) en breton.
D'ailleurs, dans cette logique S gaulois-> H breton, que penser des mots suivants :
Hent se rattacherait-il à Sente, Sentier ?
C'hoari serait-il apparenté à Jouer ? |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Tuesday 04 Nov 08, 3:07 |
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Allez, pour vous mettre en appétit et titiller vos étymologiques papilles, encore un mot passé du breton au français : la cotriade vient très probablement du breton kaoteriad, même sens, qui dérive lui-même de kaoter « chaudron ». L’on écrit aussi coteriade.
Curieusement, si le Trésor de la langue française (TLFi) évoque les marins bretons, il ne mentionne de lien ni avec kaoteriad ni avec kaoter :
« Orig. obsc.; peut-être empr. par les marins bretons au prov. coutriado « troupe de camarades » (Mistral; dér. de coutrio, ibid. correspondant à coterie*), bien que le terme prov. ne paraisse pas avoir spéc. désigné un équipage ».
Mais le Dictionnaire culturel d’Alain Rey (DCLF) prend soin de préciser :
« Sans rapport avec l’occitan cotriada, de cotria, qui correspond à coterie. »
La cotriade, ou la kaotriad, est un plat de poissons cuits en bouillon, avec des oignons, parfois des pommes de terre et d’autres légumes, des herbes, des épices, dans un chaudron.
« Et Marianne apporta la cotriade fumante et parfumée d’épices »
Pierre Mac Orlan, L’Ancre de miséricorde, in DCLF s. v. Cotriade
Comme ce mode de cuisson est quasi universel, d’autres langues présentent des couples analogues : le français, plus particulièrement en Aunis et Saintonge, avec chaudière au sens de « chaudron » et chaudrée, le portugais avec caldeira et caldeirada « guisado de peixe à moda dos pescadores », et sans doute encore beaucoup d’autres.
La cotriade c’est aussi la part de la pêche que chaque matelot perçoit directement en nature. Mais dans ce sens, en Bretagne du moins, l’on emploie aujourd’hui exclusivement le mot godaille.
« Juste rentré Soaig montait proposer sa godaille à Monsieur le recteur, au pharmacien, à quelques notables du bourg »
P. Lhotti, Le Clocher à jour.
Il serait intéressant de repérer comment le mot godaille « excès de table et de boisson » a pu se substituer à cotriade qui évoquait, en tous cas autrefois, un plat simple et populaire, voire le dénument. Peut être que le produit de leur cotriade permettait parfois aux pêcheurs de godailler un bon coup. Ce n’était plus tout à fait le cas récemment… À noter que chaudrée aussi a pu s’employer dans ce sens (DCLF).
Un autre emploi fait le lien entre les deux acceptions précédentes. Ar goteriad était le plat de poissons que les marins préparaient entre eux à une époque où il leur arrivait souvent de rester à bord, même le bateau revenu à terre.
« La solidarité du groupe est ainsi quotidiennement réaffirmée, consacrée par le repas autour du chaudron du bateau, ar goter, mot qui désigne à la fois le repas et l’ustensile servant à sa cuisson ; le contenu physique, pêche puis aliment cuit étant ar goteriad, mot qui a donné en français coteriade et cotriade. »
Bernard Cadoret, Dominique Duviard, Jacques Guillet, Henry Kérisit,
Ar vag, voiles au travail en Bretagne atlantique, T. 1,
Éditions de l’estran, Douarnenez, 1984
Cette inestimable somme consacre plusieurs très belles pages à la kaoteriad, aux usages, aux mots qui s’y rapportent :
« La soupe se consomme en deux temps bien distincts : le bouillon d’abord ; la marmite reste sur le feu ; le mousse prend la vaisselle de l’équipage dans le panier, et sert chaque homme tour à tour. On mange en silence, on se réchauffe, chacun dans son coin. On récupère.
...
Puis vient le moment du poisson : le mousse jette une bonne poignée de sel dans le fond du bouillon, et remue le tout : c’est ce qu’on appelle « faire une saumure ». Quand tout le poisson est bien imprégné, la saumure est jetée par-dessus bord.
…
Chacun se sert dans la coteriade, attrapant les morceaux entre la pointe du couteau et le pouce, jusqu’à épuisement du poisson.
…
L’ambiance a complètement changée, la conversation s’anime, on commente la pêche de la journée. Souvent la joie règne à bord, c’est vraiment la détente.
…
Le dernier morceau de poisson de la coteriade est appelé an tamm du, (le morceau noir), sans doute parce qu’il a un peu attaché. Le marin qui l’a pris doit ranger la marmite, jeter les ordures et ranger le pain. »
ibid.
Les auteurs ajoutent :
« Aujourd’hui le terme français de godaille, (et qui dérive probablement du breton goter) a remplacé presque partout celui de koteriad. »
Mais pour les lexicographes godaille viendrait quant à lui du néerlandais goed ale « bonne bière » ! Yec’hed mad !
Kaoter a très probablement un lien de parenté avec le latin caldaria ou caldarium « chaudron », de calidus « chaud ». Mais quel est ce lien de parenté ? Je ne voudrais pas relancer le débat à propos de hent et de sente…
Enfin un bon conseil de Simone Morand :
« Pour faire une soupe de poisson parfaite, il faut la préparer avec amour. »
Simone Morand, Gastronomie bretonne d’hier et d’aujourd’hui, Flammarion, Paris, 1965.
À vos chaudrons, à vos dictionnaires,
Moutik |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 05 Nov 08, 11:12 |
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Ces poissons cuits en soupe avec quelques légumes, d'abord plats de pauvres avant d'être servis fort cher aux touristes, sont probablement connus dans le monde entier et, comme tous ces plats formés d'ingrédients variables (selon saison et chance), ils portent souvent le nom des ustensiles de cuisine (cassoulet, paella, etc.) dans lesquels ils sont préparés.
Pour ce qui est des soupes de poisson on en a un autre exemple avec celle des îles de l'Égée, la κακαβιά [kakaviá], assez voisine de la bouillabaisse marseillaise, dont le nom remonte au grec ancien κακκάβη (var. κάκκαβος) « marmite, chaudron ».
Une dérivation kaoter > cotriade me semble donc hautement vraisemblable, deux seuls détails seraient à examiner avec attention :
- la suffixation kaoter > kaoteriad évoque fortement le -ade provençal dont on sait qu'il a été très productif en français. L'aurait-il été aussi en breton ?
- le français coterie aurait-il pu influencer la forme phonétique cotriade de l'emprunt ? |
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