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Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 29 Jan 07, 11:44 |
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Le quinquina est un arbre qui croit dans les régions tropicales de l'Amérique du sud, le long du versant oriental et humide de la Cordillère des Andes, en Colombie, en Équateur, au Pérou et en Bolivie. Son écorce est entrée dans l'arsenal thérapeutique européen au XVIIe siècle comme médicament contre la fièvre. Les Indiens d'Amérique l'utilisaient traditionnellement sous le nom de kina-kina (écorce des écorces, écorce par excellence). La connaissance passa aux Espagnols lorsque ceux-ci, sous la conduite de Cortez, conquirent l'Amérique du sud. Le quinquina doit sa réputation à la comtesse El Cinchon, épouse du vice-roi du Pérou, qui fut sauvée grâce à lui d'une méchante fièvre en 1631, d'où son nom de poudre de la Comtesse sous lequel il fut d'abord connu. Puis les Jésuites envoyèrent de l'écorce de quinquina en Europe au général de leur ordre (1640). Il circulait alors sous le nom de poudre des Jésuites, mais fut bientôt proscrit (et non prescrit !) par les écoles de médecine. Celles-ci persécutaient les médecins qui s'en servaient. Un peu plus tard (1679) un anglais du nom de Robert Talbot, commis d'apothicaire (nous dirions aujourd'hui "préparateur en pharmacie"), profita du vide médical pour vanter la poudre de quinquina en se donnant des airs mystérieux. Il put ainsi, sans révéler la composition du médicament, guérir Colbert, le Prince de Condé et le Dauphin, tous atteints de fièvre intermittente. Louis XIV lui acheta son secret pour 48000 livres, lui versa une rente viagère et l'éleva à la dignité de Chevalier. Le nom du médicament fut ensuite publié en 1682 par la volonté du roi, qui donna également l'ordre aux facultés de s'y intéresser. Cette même année, cédant à un phénomène de mode, Jean de La Fontaine écrivit un "Poème du Quinquina" (quelques centaines de vers):
Doublez, s'il est besoin, l'usage de l'écorce;
Selon que le malade a plus ou moins de force,
Il demande un quina plus ou moins véhément.
Laissez un peu de temps agir la maladie;
Cela fait, tranchez court; quelquefois un moment
Est maître de toute une vie.
La principale molécule que renferme l'écorce de quinquina est la quinine, découverte par Pelletier et Caventou en 1820. C'est elle qui est responsable de l'action contre la fièvre. |
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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Monday 29 Jan 07, 15:01 |
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Le mot quinine vient bien de quinquina ? |
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Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 29 Jan 07, 15:48 |
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Oui, ce sont les pharmaciens Pelletier et Caventou qui forgèrent ce nom quand ils découvrirent le premier principe actif (il y en a d'autres) de l'écorce de quinquina. |
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Pierre
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 1188 Lieu: Vosges
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écrit le Monday 29 Jan 07, 19:00 |
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La découverte des propriétés de la quinine a eu de grands retentissements. Les gîtes naturels des quinquinas (Équateur, Pérou, Bolivie) furent pratiquement épuisés vers 1880. L'histoire de la quinine fut alors marquée par des rivalités nationales et des essais concurrents d'introduction de ces arbres dans différentes régions chaudes et montagneuses : Indes, Ceylan, Java, où les Hollandais obtinrent des résultats remarquables avec une variété de quinquina jaune très riche en quinine, le Quinquina ledgeriana. De la fin du XIXe siècle à la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas eurent le monopole de la production du quinquina et de la quinine. De nouvelles tentatives d'acclimatation de ces arbres dans diverses régions tropicales humides furent entreprises, surtout après la Première Guerre mondiale, par les nations désireuses d'échapper au trust néerlandais. Actuellement, en dehors de l'Amérique, on cultive le quinquina en Afrique (Zaïre, Tanzanie, Guinée, Cameroun, Madagascar), en Indonésie, en Inde et dans le Caucase.
Source Encyclopédie Universalis |
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Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 29 Jan 07, 19:22 |
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De nos jours la quinine, que les médecins utilisaient avant tout pour lutter contre le paludisme, est largement concurrencée par les antipaludéens de synthèse. C'est une question d'efficacité et confort d'emploi. |
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gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
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écrit le Monday 29 Jan 07, 22:48 |
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Le garde-mots a écrit: | Les Indiens d'Amérique l'utilisaient traditionnellement sous le nom de kina-kina (écorce des écorces, écorce par excellence) | Belle étymologie, qui malheureusement ne colle pas tout à fait avec la réalité du quechua: dans cette langue, kina-kina désigne l'arbre et lui seul, tandis que kina désigne l'écorce de cet arbre (et non pas n'importe quelle écorce, pour celà, il y a une racine assez générique, qara) et par extension, désigne aussi parfois l'arbre. |
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lakebarzh
Inscrit le: 16 Jan 2007 Messages: 21
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écrit le Friday 02 Feb 07, 12:35 |
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Bonjour
Ce quinquina a-t-il un rapport avec le quinquiliba africain, dont on fait une décoction douée (paraît-il) de propriétés fébrifuges |
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Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 02 Feb 07, 13:10 |
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Non, et d'ailleurs ça s'écrit kinkeliba. La botanique indique deux noms bien différents : quinquina -> china officinalis, kinkeliba -> Cassi occidentalis. |
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