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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 14 May 07, 6:09 |
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Un châble est un endroit dans lequel les objets chutent d'eux-mêmes. C'est parfois un pierrier, souvent un chenal naturel ou artficiel. Un châble est plus pentu qu'une dérupe, quoiqu'on pourrait dire qu'il s'agit d'une dérupe dans laquelle la chute est inéluctable.
Pour fixer les idées, on peut dire qu'un châble naturel peut être l'endroit où des pierres tombent en roulant, ce qui lui donne fréquemment une forme de pelle.
Il existe aussi des châbles artificiels, des dévaloirs géants par lesquels on fait descendre des arbres bucheronnés.
Le nom de la région qui se nomme le Chablais n'a probablement rien à voir avec le mot châble: Il y a pas que dans le Chablais qu'il existe des châbles.
Plusieurs aglommérations et de nombreux lieux-dits portent le nom de châble, dont
Le Châble qui est le chef-lieu de la Commune de Bagnes.
L'action de faire dévaler par un châble se dit châbler. Par extension, on peut l'utiliser pour dire "faire descendre".
Par exemple, on peut boire un peu de vin pour châbler ce qu'on est en train de manger. |
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acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
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écrit le Monday 14 May 07, 13:12 |
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Et il y a aussi le "châblis" forestier: chaos d'arbres qui ont été arrachés ou cassés et qui ont chuté dans le désordre en faisant une sorte de mikado géant.
Lors de la tempête de 1999, l'estimation des forestiers pour remettre en état les forêts se trouvant sous forme de châblis était de 5 ans.
Or aujourd'hui encore, certains bucherons assainissent les plantations en coupant les bois de châblis.
Rappelons que couper du bois dans un châblis est le travail le plus périlleux du bucheron à cause de l'enchevêtrement des troncs et des branches et parfois la libérations soudaine de forces liées à l'élasticité des troncs.
Et puis, il y a aussi le vin de Châblis si cher à Guy Roux. Est-ce parce que le vignoble pousse sur un châble et que le lieu dit est devenu "Châblis" ou bien est-ce que la vigne a été plantée sur des terrains boisés ayant subi des dégats d'intempéries?
La montagne du Châble au Nord Ouest du lac du Bourget correspond exactement à la définition données comme un éboulis rocheux abrupt dont les pierres tombent régulièrement et, origionalité ici, elles tombent dans le lac.
L'eau des sources thermales d'Aix les Bains provient de cette montagne et met au minimum 50 ans pour arriver par infiltration dans les couches rocheuses sous Aix les bains. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 14 May 07, 13:26 |
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Ne pas confondre châble et chablis. L'accent fait une différence. J'ai grandi dans la région de Chablis, j'y ai même fait les vendanges.
Citation: | [WIKIPEDIA] Un chablis est le nom donné à la chute naturelle d'un arbre déraciné sous l'action de différents agents naturels (vent, orage, neige, chute d'un autre arbre) ou pour des raisons qui lui sont propres (vieillesse, pourriture, mauvais enracinement), sans intervention de l'homme.
Par extension, un chablis désigne la dépression dûe à un déracinement naturel.
Si l'arbre est cassé, et non déraciné, on utilise le terme de volis.
Les tempêtes de décembre 1999 qui ont balayé l'Europe occidentale ont entraîné de vastes zones de chablis.
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- chabler : chabler des noix : les faire tomber à l'aide d'une gaule
- ça va chabler : ça va barder
Citation: | [ATILF] Orig. obsc. Peut-être dér. de l'a. fr. cadable « catapulte » (Roland, éd. Bédier, 98), caable (ibid., 237), lui-même du gr. proprement « action de jeter », par l'intermédiaire d'un b. lat. *catabola (DIEZ5, p. 536; REW3, no 1756; FEW t. 2, p. 483b; BL.-W.5, v. accabler) bien que le gr. ne semble pas attesté au sens propre (resté cependant très vivant dans le verbe « jeter à terre, abattre » et plusieurs de ses dér.); l'existence dans la frange sud et en partic. sud-est du domaine d'oïl de formes du type chap(e)ler, de même sens (FEW, loc. cit.) conduisent à envisager une infl. de l'a. fr. chapler, chapeler* (du b. lat. capulare au sens spéc. « couper du bois » VIe s. Lex. sal. ds TLL s.v., 382, 58), dont le rad. se trouve dans chapleïz (var. chablis), terme fréq. en a. fr. pour désigner un combat violent; on notera cependant que les termes se rattachant à cette dernière famille évoquent toujours l'usage d'un instrument tranchant
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Dernière édition par José le Monday 14 May 07, 13:40; édité 1 fois |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3124 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 14 May 07, 13:36 |
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À vrai dire, un châble peut aussi voir glisser des troncs parmis les cailloux. Sur une pente alpine, je vois assez bien une parenté entre un chablis et un châble.
Par contre, c'est vrai que sur un terrain plat il n'y a aucune relation visible. |
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Parlosoulé
Inscrit le: 01 May 2007 Messages: 6 Lieu: Lyon
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écrit le Monday 14 May 07, 21:07 |
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Merci à José et à sa citation, où "chabler" indique une notion de couper du bois. Mais cette expression existe encore dans le provençal (tel que je le connais) utilisé en basse Cevennes, ou le verbe "chapler", (prononcé "tchaplé") est conjugué couramment pour l'action de couper du bois de façon sommaire ou enfantine. D'une fabrication grossière d'objet en bois, on dira : il a été "tchaplé". |
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Lou caga-blea
Inscrit le: 05 Sep 2006 Messages: 513 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 14 May 07, 21:27 |
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Je ne suis pas sûr que chaplar (chapolar) "hacher, gâcher, massacrer" soit lié à chabler. Le mot occitan remonte sans doute à une racine germ. kappan "fendre", qui a été assez productive en roman "occidental": esp. port. capar "castrer", oc. capuzar "fendre le bois", capussar, caputar "couper, tronçonner, débiter", chapladoira "hachoir", a-fr. chapler "couper en menus morceaux"...
Chabler n'a de toute évidence (comment expliquer la sonorisation du -p-, alors que toutes les autres formes conservent bien le -p- initial ?) pas le même étymon -- comme l'indique d'ailleurs la différence sémantique. |
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acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
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écrit le Tuesday 15 May 07, 16:05 |
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En Savoie, existe le mot "les chapes" prononcé "les tchapes" qui désigne un bois-fourré pentu impénétrable et souvent humide .
Si ce fourré est plus plat,et pârfois marécageux, il prend le nom de "teppes". |
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acdebombourg
Inscrit le: 30 Mar 2007 Messages: 225 Lieu: Viviers du Lac
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écrit le Wednesday 16 May 07, 9:40 |
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je n'ai pas été assez précis dans ma définition des chapes: c'est le bois qu'on donne souvent en affouage, et de ce fait il est souvent coupé et recoupé par (en effet) des néophytes du bucheronnage;
L'éclaircie régulière permet l'installation en pleine lumière de la couche arbustive , ce qui en fait pendant quelques années un fourré inpénétrable.
Les bucherons d'occasion qui bénéficient des affouages ne sont pas habitués à chabrer le champagne mais plutôt à boire du Chignin ou de l'Appremont en mangeant des diots cuits sur les sarments...ou dans la cendre... |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Thursday 06 Dec 07, 11:34 |
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Le Grand Dictionnaire Larousse Ancien français (2007) précise :
* chaable (avec 2 a) / cheable :
(lat. pop. catabela, du grec)
- abattis de bois, bois abattu par la force du vent
- machine de guerre, en bois, pour lancer des pierres
- contusion, meurtrissure
* achabler (sans accent) :
- abattre à terre
- écraser (sous une masse) |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11166 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 08 Apr 10, 14:57 |
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Comme ou pourra le lire aussi dans la grande famille de BAL, *achabler est une variante du plus usuel accabler, qui a une histoire un peu compliquée.
Un dérivé de βαλλειν, ballein, le verbe καταβαλλειν, kataballein, « abattre, renverser », a pour nom d’action καταβολη, katabolê, d’où est issu un lat. pop. *catabola, « lancement », qui a donné l’ancien fr. cadable ou caable, « catapulte ». Un dérivé de ce mot est chablis, « arbre abattu par le vent », et aussi le vieux verbe chabler, dont la forme normande était cabler. C’est de cette forme qu’est issu le fr. accabler, qui a d’abord signifié « abattre, renverser à terre (des arbres) » puis « abattre (qqn) à terre en le frappant, blesser » puis « faire succomber sous un poids » et enfin, au sens fig., « précipiter vers le bas, excéder, fatiguer ». La forme normande accabler l’a emporté sur *achabler pour des raisons qui demeurent obscures. |
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