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mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
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écrit le Sunday 13 Jan 08, 21:14 |
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Luc de Provence a écrit: | qabila-l-hadayyät(u): il a accepté le cadeau قبل الهَديّة
çà ne serait pas plutôt qabila-l-hadayyät(a) ? |
Dans le cas présent je dirais ni l'un ni l'autre. Les déclinaisons et le ta marbouta sont muets à la pause. Donc qabila l-hadayya. Ce que Abdusselam a noté en mettant la déclinaison entre parenthèse et en mettant un tréma, ce qui pour lui signifie que le "t" est muet.
Pour "au revoir" on dit "ma3a s-salâma" et non pas "ma3a s-salâmati". |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Wednesday 16 Jan 08, 19:49 |
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oui pout tous les deux
@luc : n'ayant pas d'ordinateur (le mien est en panne), j'écris depuis un cyber et je n'ai pas tout le temps qu'il faut pour me relire et éliminer les fautes de frappe ou d'inattention
je corrige.
@mansio: effectivement, la voyelle pausale (dernière voyelle d'une phrase) n'est jamais prononcée, dans le cas présent, je l'indiquais entre parenthèses, mais il est vrai qu'à part dans le cas où elle doit être présente pour une explication particulière, il vaut mieux l'omettre. |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Friday 18 Jan 08, 12:01 |
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Dans la majorité des exemples que j'ai donné ci-dessus, c'est la traduction qui donne à ces mots uniques ou issus d'une même racine un sens opposé, car l'esprit arabe ne les oppose que pour en signaler l'unité inscrite dans la racine (selon le sens du mot "muqâbil" vu ci-dessus). Les procédés de dérivations n'ont pas été les mêmes en arabe (p-ê aussi dans les autres langues sémitiques) qu'ils ne l'ont été dans les langues I.E modernes (quoique certains procédés analogues aient été en jeu, comme semble l'illustrer le verbe "aborder"). En arabe, beaucoup de mots ont conservé l'idée essentielle (avec charge positive et négative) que comporte certaines racines sans pour cela exclure totalement l'autre pôle quand l'un d'entre eux est mis en avant, soit par le contexte, soit par la dérivation, soit par une préposition spécialisée. Mais, comme je l'ai dit plus haut, la tendance de la langue moderne (sans qu'il y ait vraiment imitation volontaire) est de suivre le modèle des langues européennes de spécialisation de smots et, souvent, cette ambigüité dans la terminologie arabe devient une affaire de linguistique.
Il suffit de voir ce qu'il advient dans l'arabe "commun" moderne du mot "Harâm" حرام dont la charge "négative" (péché, interdit religieux) annule de plus en plus, sa charge "positive" de: sacré, espace ou temps préservé, inviolé.
(faites l'expérience avec de jeunes beurs n'ayant pas fait de scolarité en pays arabe mais parlant correctement leur dialecte et demandez-leur ce que signifie "el-beït-al-Harâm" [al-baytu-l-Harâm] البيت الحرام :"la Maison sacrée (la ka3ba)], certains vous répondrons l'exact contraire: la maison (ou chambre) du péché) et son opposant Halâl حلال qui est, au départ, "ce qui est ouvert maHlûl , prescrit ou non, sur quoi ne repose aucun interdit , se restreint à ce qui est prescrit par la loi religieuse:
al-laHmu-l-Halâl اللحم الحلال : la viande "licite", mais avec l'idée que celle-ci provient d'animaux abattus selon le rite islamique, alors que la notion de viande "Halâl", même dans l'interprétation la plus restreint de ce concept, comprend aussi la viande abattue par les Juifs et pour la plus large, aussi par les Chrétiens (les "Gens du Livre" ahlu-l- kitâb أهل الكتاب. |
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kharij
Inscrit le: 06 Jun 2008 Messages: 2 Lieu: Bourgogne
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écrit le Saturday 07 Jun 08, 10:42 |
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Je viens de découvrir ce forum, et j'adresse un grand "merci" à tous les intervenants, sans exception : vous êtes une mine d'or pour moi. Je suis loin d'avoir tout lu, mais tout est à lire avec une grande attention.
@ Abdüsseläm : C'est la première fois que l'on m'explique les notions de racine, thème (ou schème), et formes dérivées, avec une telle clarté, et j'ai l'impression d'avoir fait un pas dans l'approche de la langue arabe, dont je découvre chaque jour un peu plus la beauté. J'aurais une petite question qui risque de faire sourire certains :
Pour acquérir un vocabulaire suffisant pour une conversation courante, en arabe pratiqué par une majorité de média, à combien estimez-vous le nombre de racines qu'il faudrait connaître (en supposant une bonne connaissance de tous les mots usuels issus de ces racines, une bonne connaissance de toutes les règles de grammaire, syntaxe et autres, et une bonne maîtrise de l'écriture, de la lecture et de la prononciation des phonèmes) ? |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Saturday 07 Jun 08, 13:06 |
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Je n'en ai pas la moindre idée kharij, je dirais comme ça au hasard 2,3 mille ... |
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kharij
Inscrit le: 06 Jun 2008 Messages: 2 Lieu: Bourgogne
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écrit le Monday 09 Jun 08, 20:01 |
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merci Aboukhaldoun.
Eh bien! je ne suis pas au bout de mes peines... Mais j'irai à mon rythme, jusqu'où je pourrai. Je n'ai pas d'obligation de résultat, autre que morale. Mais je crois sincèrement qu'aimer une langue, aimer les gens qui la pratiquent, c'est un atout considérable. |
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Ayadho
Inscrit le: 22 Jul 2008 Messages: 125
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écrit le Wednesday 23 Jul 08, 10:42 |
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Merci pour la description, à garder dans un coin.
Que penser des verbes - une poignée ? - de la forme râ (voir, qu'on retrouve dans le morceau andalou Qum tarâ) ? |
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cebelab
Inscrit le: 05 Apr 2009 Messages: 4 Lieu: Valbonne
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écrit le Sunday 05 Apr 09, 16:15 |
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C'est intéressant (bien que prévisible) de constater la similarité entre hébreu et arabe sur ce point...
Le shorashon propose un lexique de 4000 racines hébraïques (en pdf ou en ligne sur shorashon.free.fr) pour la plupart trilitère, parfois bi- ou quadri-, avec les idées exprimées en français, et ça pourrait être intéressant de comparer le taux de similitude entre racines hébraïques et arabes.
Par ex., Abdüsselläm disait qu'en arabe la racine ktb exprime l'idée d'écrire. En hébreu c'est la même chose:
idée d'écrire כתב (kaf-tav-bet, ktb)
ce qui donne les verbes:
écrire לכתב ou לכתוב (likhtov)
dicter להכתיב (lehakhtiv)
etc.
ou des mots comme:
écriture כתיבה (ktiva)
écrit כתב (ktav),
dictée כתבה (hakhtava)
etc.
Par contre je ne sais pas si le préfixe ל pour l'infinitif date de l'hébreu classique ou moderne (étonnant de constater d'ailleurs que la construction est la même qu'en anglais, comme to write, sachant que la particule ל équivaut à to isolé, à).
Après évidemment, il doit tout de même y avoir beaucoup de différences, vu que d'une part l'arabe et l'hébreu sont distinct depuis des siècles, et aussi que une grosse partie de l'hébreu moderne à été reconstruite que depuis un à deux siècles de toute pièces en utilisant les racines hébraïques, ou tirées de l'arabe (pour mettre des mots sur des concepts qui auparavant n'existaient pas en hébreu, alors essentiellement liturgique) mais aussi des langues occidentales. |
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Ayadho
Inscrit le: 22 Jul 2008 Messages: 125
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écrit le Monday 06 Apr 09, 0:33 |
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J'allais te remercier Abdusellam, mais je me suis aperçu que je l'ai déjà fait. Qu'à cela ne tienne : re-merci. |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Tuesday 16 Mar 10, 21:13 |
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Je reprends, ici, une partie du fil qui s'est trouvée un peu noyée dans d'autres considérations, afin de continuer le sujet sur les "muqâbil".
Citation: | Suite à un fil sur le mot "harem" dans le forum turc, on trouvera ici des mots ou des racines offrant des significations différentes , voire contraire (en apparence) selon le contexte.
rac. qbl قبل
idée d'accepter, consentir, approuver
qabila-l-hadayyät(a): il a accepté le cadeau قبل الهَديّة
lam yaqbal kalâmak(a): il n'a pas confirmé tes propos لم يقبل كلامك
sa-'aqbalu Talabahâ: je consentirai à se requête (à elle) سأقبل طلبَها
mais dans sa 3° forme dérivée, cette racine prend le sens ambivalent de rapprochement ou de confrontation:
innahu rajul(un) karîm(un) sahlu-l- muqâbalät : c'est un homme généreux d'abord facile (facile d'approcher) إنه رجل كريم سهل المقابلة
fî maqâbaläti amsi qad fâza farîqunâ "dans la confrontation (match) d'hier notre équipre a gagné في مقابلة أمس فاز فريقنا
(notons que, dans ce cas précis, l'idée est présente aussi dans le verbe fr. "aborder": "aborder une fille", aborder un bâteau)
On voit que l'idée ici est d', la charge "positive" ou "négative" sera donnée par le contexte.
De même pour le nom d'agent correspondant à ce nom verbal: muqâbil مقابل
qui peut signifier ausssi bien "opposant" que "correspondant à", "réciproque".
rac. rdd ردّ
radda Talabah(u) : il a rejeté sa demande (ou il a répondu en la contredisant) ردّ طلبه
hal radda-l-kitâba ilâ makânih(i)? : a-t-il remis le livre à sa place? هل ردّ الكتاب إلى مكانه ؟
radda inmâ'u-s-siyâHäti-l-Hayâta-l-iqtiSadiyyäta ilâ hadihi-l-qaryät(i) رد إنماء السياحة الحياة الاقتصادية إلى هذه القرية : le développement du tourisme a rendu
la vie économique à ce village.
radda jayšu-l-waTani hujûma 3aduwwih(i) : l'armée de la nation a riposté à l'attaque de son ennemi ردّ جيش الوطن هجوم عدوّه
riddät : apostasie رِدّة
râddät : profit, rendement رادّة
mardûdiyyät : rentabilité مردودية
2° forme:
raddada Talabah(u) : il a réitéré sa demande ردّد طلبه
5° forme
taraddadat fî kalâmahâ : elle a hésité dans ses propos تردّدت في كلامها
munḏu nuzûlihi bi-bârûsa qad taraddada kaṯîr(an) 3ala-l-mataHifi wa-l-masâriH(i): depuis son installation à Paris il a beaucoup fréquenté les muséers et les théâtres.
منذ نزوله بباريس قد تردد كثيراً على المتاحف والمسارح
8° forme
irtaddat 3alâ adbârihâ :elle est revenue en arrière ارتدت على أدبارها
qadi-rtadda hada-r-rajul ila-d-dîni-l-islâmiyy(i) : cet homme s'est converti à la religion islamique قدِ ارتدّ هذا لرجل لى الدين الإسلاميّ
qadi-rtadda dâlika-r-rajulu 3an dînih(i) : cet homme-là a abjuré sa religion قدِ ارتدّ ذلك الرجل عن دينه
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Citation: | Dans la majorité des exemples que j'ai donné ci-dessus, c'est la traduction qui donne à ces mots uniques ou issus d'une même racine un sens opposé, car l'esprit arabe ne les oppose que pour en signaler l'unité inscrite dans la racine (selon le sens du mot "muqâbil" vu ci-dessus). Les procédés de dérivations n'ont pas été les mêmes en arabe (p-ê aussi dans les autres langues sémitiques) qu'ils ne l'ont été dans les langues I.E modernes (quoique certains procédés analogues aient été en jeu, comme semble l'illustrer le verbe "aborder"). En arabe, beaucoup de mots ont conservé l'idée essentielle (avec charge positive et négative) que comporte certaines racines sans pour cela exclure totalement l'autre pôle quand l'un d'entre eux est mis en avant, soit par le contexte, soit par la dérivation, soit par une préposition spécialisée. Mais, comme je l'ai dit plus haut, la tendance de la langue moderne (sans qu'il y ait vraiment imitation volontaire) est de suivre le modèle des langues européennes de spécialisation de smots et, souvent, cette ambigüité dans la terminologie arabe devient une affaire de linguistique.
Il suffit de voir ce qu'il advient dans l'arabe "commun" moderne du mot "Harâm" حرام dont la charge "négative" (péché, interdit religieux) annule de plus en plus, sa charge "positive" de: sacré, espace ou temps préservé, inviolé.
(faites l'expérience avec de jeunes beurs n'ayant pas fait de scolarité en pays arabe mais parlant correctement leur dialecte et demandez-leur ce que signifie "el-beït-al-Harâm" [al-baytu-l-Harâm]
البيت الحرام :"la Maison sacrée (la ka3ba)], certains vous répondrons l'exact contraire: la maison (ou chambre) du péché) et son opposant Halâl حلال qui est, au départ, "ce qui est ouvert maHlûl , prescrit ou non, sur quoi ne repose aucun interdit , se restreint à ce qui est prescrit par la loi religieuse:
al-laHmu-l-Halâl اللحم الحلال : la viande "licite", mais avec l'idée que celle-ci provient d'animaux abattus selon le rite islamique, alors que la
notion de viande "Halâl", même dans l'interprétation la plus restreint de ce concept, comprend aussi la viande abattue par les Juifs et pour la plus large, aussi par
les Chrétiens (les "Gens du Livre" ahlu-l- kitâb أهل الكتاب.
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La racine trlitère [ḍ3f] est, à ce titre, assez intéressante car elle possède deux sens que la traduction française oppose pratiquement:
- ḍa3ufa / yaḍ3afu / ḍa3f(an) ou ḍu3f(an) ضعُف ــُ ضَعْفاً وضُعفاً : être faible, s'affaiblir. C'est un verbe d'état dit "durable" (avec [u] sur R2.
- ḍa3âfä(t) ضعافة : état de faiblesse alors que ḍa3f ou ḍu3f est "le fait d'ê faible. C'est un nom verbal commun aux verbes d'état duraable ([u] sur R2)
- aḍ3afa iḍ3âf(an) أضعف إضعافاً : affaiblir. Il existe aussi dans ce sens factitif une 2° forme ḍa33afa mais elle est d'un usage rare.
- ḍa3îf pl. ḍi3âf / ḍu3afâ' ضعيف جـ ضعاف / ضعفاء thême le plus courant des adj. "1a2î3". Le 1° pluriel est celui de l'adj., le 2° celui de sa forme sustantivées (les faibles).
- istaḍ3afa istiḍ3âf(an) استضعف استضعافا : estimer faible, mépriser. le nom de patient au pluriel a reçu une acceptation moderne du temps "militant de la révolution islamique iranienne "mustaḍ3afîn" (les opprimés, ceux qui ne comptent pas, les peuples du Tiers-Monde).
Mais aussi:
- ḍi3f pl. aḍ3âf ضعف جـ أضعافاً : double, qqch qu'on multiplie. Il n'y a pas dans ce sens de verbe de 1° forme.
- 3ašratu aḍ3âf عشرة أضعاف: le décuple.
- ḍa33afa taḍ3îf(an) ضعّف تضعيفا : redoubler. Ici, la 2° forme est productive
- ḍâ3afa muḍâ3afä(tan) ضاعف مضاعفة : verbe de 3° forme : multiplier, compliquer.
- muḍâ3if مضاعف : multiple.
- taḍâ3afa taḍâ3uf(an) تضاعف تضاعُفاً : se multiplier. La chaleur: s'intensifier.
On voit donc ici que la même racine trilitère contient une idée de retrait par rapport à l'intégité d'une chose (faiblesse: sens A) et/ou ajout (sens B). Ce ne sont pas des "homonymes" comme on l'entendrait en français, mais bien des mots issus du même racine trilitère selon le système des muqâbil (sens opposés à l'intérieur d'une même racine). D'ailleurs, l'un ou l'autre signification n'usent pas des mêmes formes dérivées (sens A: 1° forme verbale, 4° forme, 10° forme / sens B: forme "nue" dénominative, 3° et 6° formes dérivées). Seule la 2° forme dérivée peut servir au deux sens mais elle est pratiquement réservée au sens B. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11169 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Saturday 15 Feb 14, 14:04 |
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Citation: | On voit donc ici que la même racine trilitère contient une idée de retrait par rapport à l'intégité d'une chose (faiblesse: sens A) et/ou ajout (sens B). Ce ne sont pas des "homonymes" comme on l'entendrait en français, mais bien des mots issus du même racine trilitère selon le système des muqâbil (sens opposés à l'intérieur d'une même racine). |
On me permettra de contester cette petite partie de tout l'excellent travail qui précède.
1. Ces deux racines sont bel et bien homonymes et Reig a raison d'en faire deux entrées différentes.
2. Le fait qu'elles semblent sémantiquement se contredire est une pure coïncidence.
3. Leur homonymie s'explique très bien par la théorie consonantique de la façon suivante :
- La racine exprimant la faiblesse doit être rapprochée du verbe ضعضع ḍaʿḍaʿa, "démolir, détruire".
On voit que ces deux racines relèvent de l'étymon {ḍ,ʿ} et que la première est dotée de l'incrément f.
- La seconde, exprimant la duplication, doit être rapprochée du verbe أضاف ʾaḍāfa, "ajouter, augmenter, accroître".
On voit que ces deux racines relèvent de l'étymon {ḍ,f} et que la première est dotée de l'incrément ʿ (ʿayn). |
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