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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Friday 13 Jul 07, 17:50 |
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Le breton en tant que "langue vivante" est donc cloué au stade de patois, non? |
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Quevenois
Inscrit le: 06 Mar 2007 Messages: 219 Lieu: Bretagne
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écrit le Friday 13 Jul 07, 18:33 |
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Qu'est-ce que tu entends par là? |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Friday 13 Jul 07, 18:41 |
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Je veux dire:
La langue bretonne ne s'applique pas, dans les régions bretonophones, à tous les domaines de la vie actuelle... Elle n'est donc employée tous les jours que dans le domaine de l'agriculture, pêche, etc... Mais pas pour parler de politique, science, théorie musicale, etc... Un peu comme le normand qui n'utilise que des images patoisantes et qui ne sert à exprimer rien d'autre que la vie à la campagne...
Voilà, c'est ca que je voulais dire... Evidemment, c'est une question... |
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Quevenois
Inscrit le: 06 Mar 2007 Messages: 219 Lieu: Bretagne
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écrit le Friday 13 Jul 07, 22:13 |
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Citation: | La langue bretonne ne s'applique pas, dans les régions bretonophones, à tous les domaines de la vie actuelle... Elle n'est donc employée tous les jours que dans le domaine de l'agriculture, pêche, etc... Mais pas pour parler de politique, science, théorie musicale, etc... Un peu comme le normand qui n'utilise que des images patoisantes et qui ne sert à exprimer rien d'autre que la vie à la campagne... |
Ben, pratiquement tous les bretonnants sont des agriculteurs ou des pêcheurs à la retraite. Quand ils parlent en breton c'est avec leur conjoint ou avec des voisins ou amis du même âge. Ils parlent de leur univers, de leur vie, de leur quotidien, etc. Normal qu'ils parlent rarement de théorie musicale. A l'inverse, moi je parle rarement d'agriculture ou de techniques de pêche dans ma vie quotidienne... Chacun son domaine de prédilection et son métier. |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Friday 13 Jul 07, 22:28 |
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Certes, mais quand une langue n'est utilisée que dans un domaine, elle s'appauvrit... Elle devient ainsi une sorte de patois... Toi même, tu ne parles ni de pêche ni d'agriclture, mais d'autres francophones le font dans la vie de tous les jours! Ce qui fait que la langue francaise est apte à traiter de philosophie aussi bien que de pêche au saumon...
En revanche, la langue bretonne ayant été employé pendant des générations uniquement dans le secteur primaire, ses locuteurs actuels doivent sans doute manquer de nuances lexicales pour parler de philosophie... Evidemment, je ne parle que du breton "vivant" et non pas du breton des livres... |
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Quevenois
Inscrit le: 06 Mar 2007 Messages: 219 Lieu: Bretagne
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écrit le Friday 13 Jul 07, 23:01 |
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Citation: | Certes, mais quand une langue n'est utilisée que dans un domaine, elle s'appauvrit... Elle devient ainsi une sorte de patois... |
Pour moi, le mot "patois" est seulement un mot français très péjoratif pour désigner les langues régionales.
Citation: | Toi même, tu ne parles ni de pêche ni d'agriclture, mais d'autres francophones le font dans la vie de tous les jours! Ce qui fait que la langue francaise est apte à traiter de philosophie aussi bien que de pêche au saumon...
En revanche, la langue bretonne ayant été employé pendant des générations uniquement dans le secteur primaire, ses locuteurs actuels doivent sans doute manquer de nuances lexicales pour parler de philosophie... |
C'est comme ca: tout le monde a abandonné la langue bretonne pour le français, à l'exception des paysans et des pêcheurs qui l'ont conservé. En parlant de philosophie, le breton a du vocabulaire religieux, car jusqu'à récemment, les sermons se faisaient en breton dans la plupart des églises de Basse-Bretagne, et les futurs prêtres étudiaient le breton au séminaire. |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Friday 13 Jul 07, 23:16 |
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Citation: | Pour moi, le mot "patois" est seulement un mot français très péjoratif pour désigner les langues régionales. |
C'est péjoratif à l'origine mais j'essaye de lui donner une tournure utile pour désigner une réalité linguistique que certains refusent de s'avouer: l'appauvrissement des langues régionales et minoritaires... |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Sunday 15 Jul 07, 22:50 |
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J'ai pas trop le temps de répondre, mais beaucoup de bretons lettrés ont écrit des livres en Breton et ont traité de divers sujets. Moi même, je suis pas du tout interessé par la pêche ni l'agriculture, mes conversations en Breton sont plus sur l'espace (an egor), les trous noirs (toulloù du), l'antimatière (an divateri), mais aussi l'humour (ar mousfent), mais par contre ce qui parle de philosophie (prederouriezh) c'est en effet pas mon truc, je laisse ca à d'autres, pendant les cours de philo je préférai envoyer des SMS avec mon 'pellgomz'
Le Breton a un vocabulaire historiquement riche dans des domaines de toutes sortes et il a aussi une autre qualité, c'est une langue qui a un vocabulaire modulable, comme l'Allemand par exemple, on peut facilement (mais pas à tous les coups quand même) former des mots nouveaux pour les technologies nouvelles, sans puiser dans des mots étranger, ainsi on ne dit pas téléviseur mais skinweler.
Et pour conclure: une langue devient ce qu'on en fait, si on n'adapte pas la langue au monde d'aujourd'hui, elle ne servira pas et se refermera dans un champ d'utilisation spécifique, c'est la même chose pour le Français, si un mot n'existe pas dans la langue car le concept est nouveau, on en invente un, c'est aussi simple que ca, et ca marche dans toutes les langues, le nier serait parler de sous-langues comme on parle de sous-hommes mais là ca fait appel à des théories dont je ne partage pas les idées |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Sunday 15 Jul 07, 22:58 |
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On est d'accord... |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Monday 16 Jul 07, 3:06 |
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Si tu veux aller plus loin dans le domaine, je peux te conseiller les dictionnaires fait par Preder (http://www.preder.net/), ils viennent de sortir un dictionnaire de la physique.
Pour l'anecdote, en Breton, le terme "arithmétique" existe depuis au moins plus de 1000 ans, il a été retrouvé une glose en Vieux Breton qui donnait "doguonimeriticaith", aujourd'hui on dit "niveroniezh". Dans un domaine moins scientifique on a aussi "cemaruuidtit" ce qui est "kenarouezded" (experience), bien que le terme plus traditionnel aujourd'hui est "skiant-prenet" car on considère que l'expérience, c'est de la 'science achetée'...
Bref, la langue évolue, parfois elle garde ses mots originaux, des fois elle en change, mais elle ne s'appauvrira pas tant qu'on l'utilisera pour nos besoins, c'est d'ailleurs pour ca qu'il est essentiel d'avoir du Breton dans la vie quotidienne, afin de l'utiliser pour assurer cette dynamique, et non pour frimer d'avoir en Bretagne, par exemple, des distributeurs de billets qui parlent Breton... |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Monday 16 Jul 07, 12:06 |
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Citation: | mais elle ne s'appauvrira pas tant qu'on l'utilisera pour nos besoins |
Eh bien ca dépend des besoins... Les paysans qui ont vécus en Bretagne pendant plusieurs siècles ont sans doute perdu les mots scientifique bretons...
Tout comme le normand a perdu des mots comme citizen (citoyen)... |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Monday 16 Jul 07, 13:02 |
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Quand on apprend une langue régionale comme le lorrain ou le normand, il faut se mettre dans le contexte de l'époque quand elle était parlée quotidiennement. Au risque de passer pour un vieux "croûton" (j'ai 44 ans), jusqu'à la fin des années 50, il n'y avait pas tout le confort qu'on a aujourd'hui. Dans mon village, l'électricité est arrivée en 1927 et l'eau courante en 1957. Pour le courant, les gens ne mettaient que des ampoules de 40 watts. Pas tant par avarice mais plus par bon sens. Pourquoi mettre une ampoule de 60 ou 75 watts quand une ampoule de 40 watts éclaire beaucoup plus qu'une lampe à pétrole ou une lampe à huile. Même chose pour l'eau courante : pourquoi l'utiliser quand on peut abreuver le bétail gratuitement à la fontaine du village, pourquoi laver le linge à la main à la maison (il n'y avait pas encore de machines à laver) quand on peut le faire gratuitement au lavoir. Pour eux, ce n'était pas plus contraignant (ils n'avaient connu que cela) et ça ne les dérangeait pas de continuer comme ça.
Le français a eu la chance d'être remanié au 16ème siècle, des mots ont disparu (nuitée), d'autres ont été modifiés: huis est devenu porte (en lorrain, pôke / pwôke = porte s'emploie pour une porte de grange, une porte d'église alors que (h)euhh = huis pour une porte de maison), des néologismes ont été créés mais pour les langues d'oïl, rien (pour le breton, c'est plutôt vers 1850 que ça a commencé réellement). Et les gens à la campagne n'avaient pas de télé, pas de radio, encore moins internet, pas de téléphone, pas de journal ou presque. Ils utilisaient le vocabulaire dont ils avaient besoin qui parfois est plus riche qu'en français en ce qui concerne la nature: en vosgien, pour éclair : zlôdat, on a le verbe zlôdè : faire des éclairs, pour congère / hhibâye, on a hhibè : faire des congères. En breton, rien n'interdit d'employer deux sortes de mots : sinema et finskeudennerezh, tele et skinwel, radio et skingomz. Il faut reconnaître que dire mont d'ar sinema, ça passe mieux que mont d'ar finskeudennerezh |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Monday 16 Jul 07, 16:14 |
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meuuh a écrit: | Eh bien ca dépend des besoins... Les paysans qui ont vécus en Bretagne pendant plusieurs siècles ont sans doute perdu les mots scientifique bretons... |
Mais le Breton n'a pas été seulement la langue des paysans, c'est justement ca qu'il faut comprendre pour comprendre la langue d'aujourd'hui. C'était la langue de toute la Basse Bretagne jusqu'à il y a encore 1 siècle, certes les grandes villes étaient de plus en plus francophones mais le Breton s'est maintenu dans des milieux très divers, et c'est même l'abandon de cette langue pour le Français qui va faire que si elle est délaissée par le milieu paysan et autre, elle va être de plus en plus utilisée dans les domaines universitaires et lettrés, l'église a aussi été un endroit ou le Breton était gardé et le passage au Français s'est fait naturellement mais encore aujourd'hui il y a une demande croissante du retour du Breton dans ce domaine.
Grace à ca on peut parler de tout en Breton, et si on a un mot qui manque, on a les ressources pour l'élaborer, mais je ne me souviens pas avoir été à court de vocabulaire en Breton, et mes discussions sont très loin du domaine agricole, moi et la campagne, ca fait 4. Et pour clarifier encore les choses, pour savoir si il est possible de traduire du Shakespeare, du Kant, du Goethe, du Platon ou autres en Breton, c'est entièrement faisable, on a toutes les ressources nécessaires...
De nos jours, de plus en plus de jeunes utilisent le Breton, ils en ont donc besoin pour leur usage quotidien, la langue ne pose aucun problème car elle dispose des ressources nécessaires à cet usage, ce qui prouve que 1) elle a déja tout le vocabulaire de base nécessaire et que 2) elle sait en créer au besoin, le Français a bien du élaboré un nouveau mot pour dire "parapluie", pourquoi en Breton on ne ferai pas de même avec ce qu'on dispose déjà? On a le terme "disglavier" qui est à mon avis logique car il fait appel à une notion idiomatique en Breton, on dit "mont da'n disheol" pour se cacher du soleil, aller à l'ombre, pareil pour "disglav", donc former un mot à partir de ca n'est pas illogique, "disglavier" c'est un "abriteur de pluie", mais là, en Français ca sonne mal, peut être qu'il faudrait faire appel à une autre langue d'Oil ou d'Oc pour y former un mot plus esthétique. On peut dire que créer des mots, c'est pas naturel, que c'est pas respecter la logique des choses, mais à mon avis, un Breton n'ayant aucun contact avec le Français, aurait eu plus de chances de dire "disglavier" pour qualifier un parapluie que d'utiliser le terme franco-grec "paraplui"... A mon avis, les deux mots ont leur place car ils ont étés créés de façon logique, à l'époque de "paraplui" le contexte sociolinguistique faisait qu'il était plus simple de prendre des mots du Français, alors qu'à l'époque de "disglavier" qui est plus récente, le contexte était favorable à une telle élaboration lexicale et ainsi rester dans la logique de la langue en faisant appel à une notion plus imagée que "paraplui" qui, à moins de connaitre aussi le Grec, n'est pas tellement parlant car il ne retransmet pas clairement l'idée de "disglavier". |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Monday 16 Jul 07, 17:34 |
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Je viens de m'apercevoir que j'ai écrit des "konirioù" (conneries). Déjà, j'avais oublié un v dans finvskeudennerezh et pour désigner le cinéma (édifice, local), c'est finvskeudenndi. C'est vrai que quand j'apprenais le breton, on faisais au plus simple : mont d'ar sinema, mont da welout ur film.
A Tréglonou, lors des stages, les bretonnants (profs et élèves) étaient très ouverts : on apprenait avec l'orthographe d'Emgleo Breiz ou d'Al Liamm. Certains avaient un breton très populaire, d'autres un breton plus littéraire avec plein de néologismes (ce qu'on appelait le "brezhoneg chimik") mais on respectait le breton de chacun et comme ça, ça permettait de voir plusieurs niveaux de breton et de choisir celui qu'on voulait. J'aimais autant la revue Al Liamm que les Marvailloù de Mikael Madeg ou les publications d'Emgleo Breiz.
Le breton, ça fait plus de trois ans que j'avais tout arrêté mais avec le forum Babel, et surtout pour ma petite Enora, née il y a tout juste 8 jours, je m'y remets tout doucement. (Sur chansons et contines en breton, j'ai marqué merci bras deoc'h au lieu de mersi bras deoc'h, la honte, mais là, c'est parce que j'avais commencé en français, c'est une faute d'inattention).
Quant au lorrain, il n'y a guère que le vosgien où on peut faire quelque chose. En septembre, il devrait y avoir une méthode pour apprendre le welche de Sainte Marie-aux-Mines. Comme c'est le même patois pratiquement que celui du coin de Saint Dié, on pourra facilement l'adapter. Je ne suis pas trop exigeant : si déjà, le patois pouvait s'employer pour la conversation courante, le théâtre, je serais heureux, et encore plus s'il avait des jeunes pour l'apprendre (peut-être que Paulinette va s'y mettre ?). Ça fait 12 ans que je fréquente les groupes de patois, et voilà seulement deux ans que je vois des jeunes... de 40 ans ! |
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