Le vieux haut-allemand
est le premier essai d'une langue allemande littéraire et intellectuelle à
partir du 8ème siècle ap. JC.
On parlait à l'époque de "theodisca lingua", langue tudesque.
Etait tudesque tout ce qui
n'était pas roman ou welsche. Cela signifie qu'il n'y avait pas un vieux
haut-allemand, mais plusieurs. On distingue trois grandes familles :
La famille francique était
très représentée et étalée géographiquement :
En général, même la haute
noblesse était analphabète. La langue écrite tudesque naît dans et autour des
couvents bénédictins de grande renommée. Ce sont des ecclésiastiques qui ont
entrepris la traduction de documents et sources en latin. Mais on trouve aussi
des glossaires latin-tudesque pour un usage local à l'intention des
germanophones :
En général, ce sont des
prières, de hymnes, des poésies, des sermons, des dictons, des traductions de
capitulaires (Trêves), livres de lois et de quelques extraits des quatre
Evangiles (Fulda).
Charlemagne fit venir à sa
cour les missionnaires anglo-iro-saxons pour créer une forme d'Académie de la
cour où l'élite intellectuelle de l'époque était composée de toutes les
nations:
Alcuin et Boniface
(anglo-saxons)
Eginhard et Angilbert
(Francs)
Pierre de Pise et Paul
Diacon (Lombards)
Theodulf (Goth)
Quelques disciples de ces
premiers penseurs poursuivirent le travail entamé : Maurus (Fulda), Strabo
(Reichenau), Hartmut (St-Gall). La chute des carolingiens provoqua la fin
brutale de ce premier élan vieux haut-allemand.
Ces deux axes se
retrouvent aujourd'hui encore en Moselle entre le francique rhénan d'un côté et
le francique mosellan de l'autre: l'axe mosellan et
l'axe sarro-rhénan.
Vraisemblablement réalisé
en Lorraine germanophone, il n'y a pas un
auteur précis car c'est un travail collectif autour d'Alcuin. Le thème
se concentre sur la défense de la sainte Trinité contre les arguments des
Juifs. C'est un écrit qui tente de défendre la foi chrétienne.
Pièce maîtresse de la
littérature primitive vieille allemande, sous l'impulsion de Maurus, sa langue
influença Otfried et les auteurs de l'Heliand.
Il s'agit de francique
oriental puisque ce sont des moines de Fulda qui ont procédé à cette
germanisation un peu littérale du texte
latin.
12. Fuor thô
Ioseph fon Galileu fon thero burgi thiu hiez Nazareth in Iudeno lant inti
Dauides burg, thiu uuas ginemnit Bethleem, bithiu uuanta her uuas fon hûse
inti fon hîuuiske Dauides, thaz her giiâhi saman mit Mariûn imo gimahaltero
gimâhhun sô scaffaneru. 13. Thô sie
thâr uuârun, vvurdun taga gifulte, thaz siu bâri, inti gibar ira sun êristboranon
initi biuuant inan mit tuochum inti gilegita inan in crippea, bithiu uuanta
im ni uuas ander stat in themo gasthûse.
|
Traduction
française libre: Joseph de
Galilée quitta alors la ville, appelée Nazareth, pour se rendre dans le pays
des Juifs et dans la ville de David qu'on appelait Bethleem, pour la simple
raison qu'il était originaire de la maison et de la lignée de David et qu'il
devait s'y inscrire lui et Marie, l'épouse qui lui fut promise, la vertueuse
(ici enceinte). Lorsqu'ils
y arrivèrent,les jours étaient comptés avant
l'accouchement, et elle mit au monde son premier-né et l'enveloppa dans des
draps et le coucha dans une crèche parce qu'il n'y avait plus de place libre
dans cette auberge. |
Bonne approche de M.
Léonard dans : http://users.belgacom.net/chardic/html/tatien_intro.html
Rédigé en francique
oriental, ce long récit poétique de la vie de Jésus avait un caractère
missionnaire non dissimulé puisqu'il s'agissait de rendre la foi chrétienne
pllus attractive aux Saxons voisins.
Extrait
Chap. 24 verset1995- 2005 (Noces de Canaa)
Geuuêt im thô umbi threa naht aftar thiu thesoro
thiodo drohtin An Galileo land, thar he te ênum gômun uuard, Gebedan that barn godes: thar scolda man êna brûd
geban, Munalîca magat.
Thar marai uuas Mid iro
suni selbo, sâlig thiorna Mahtiges môder.
Managoro drohtin Geng imu thô mid is iungoron, godes êgan barn, An that hôha hûs, thar the heri dranc, Thea Iudeon an themu gastseli: he im ôc at them gômun
uuas, Giac hi thar gecûđde, that hi habda craft
godes, Helpa fan himilfader, hêlagna gêst, Uualdandes
uuîsdôm. |
Traduction
française libre: Trois nuits
plus tard, le Seigneur de ces gens Se rendit
en pays de Galilée où il avait été convié à un festin, l'enfant de Dieu: On
devait lui attribuer une fiancée, Une jeune
femme admirable. Marie était également présente avec son fils, la sainte
vierge., La mère
du Tout Puissant. le Roi des Hommes Vint avec
ses disciples, l'enfant de Dieu, Dans la
haute maison où les invités buvaient, Les Juifs
dans la salle de séjour. Il y alla Et déclara
avoir la force de Dieu, L'aide
du Père dans les cieux, le Saint Esprit, La sagesse
du Seigneur. |
Bien que la rencontre des frères (Charles et
Louis) ligués contre leur aîné l'empereur Lothaire ait eu lieu en terre
alémanique à Strasbourg, la langue parlée par les monarques francs était le
francique rhénan. C'est donc cette langue qu'ils ont utilisée dans leur serment
d'entraide mutuelle. Au passage, c'est
aussi l'un des premiers textes officiels en vieux français, voire trilingues.
"In
Godes minna ind in thes christianes
folches ind unser bedhero gealtnissi, fon thesemo dage frammordes, so
fram so mir Got geuuizci indi mahd furgibit, so haldih tesan minan bruodher,
soso man mit rehtu sinan bruodher scal, in thiu, thaz er mig sosoma duo; indi
mit Ludheren in nohheiniu thing ne gegango, zhe minan uuillon imo ce
scadhen uuerhen." "Oba
Karl then eid, then er sinemo bruodher Ludhuuuige gesuor, geleistit, indi
Ludhuuuig min herro, then er imo gesuor, forbrihchit, ob ih inan es iruuenden
ne mag, noh ih noh thero nohhein, then ih es iruuenden mag, uuidhar Karle imo
ce follusti ne uuirdit" |
Traduction
française: "Pour l'amour de
Dieu et pour le salut peuple chrétien et notre salut à tous deux, à partir de
ce jour dorénavant, autant que Dieu m'en donnera savoir et pouvoir, je
secourrai ce mien frère, comme on doit selon l'équité secourir son frère, à
condition qu'il en fasse autant pour moi, et je n'entrerai avec Lothaire en
aucun arrangement qui, de ma volonté, puisse lui être dommageable." "Si Charles observe
le serment qu'il a juré à son frère Louis et que Louis, mon seigneur, rompt
celui qu'il lui a juré, si je ne puis l'en détourner, ni moi ni aucun de ceux
que j'en pourrai détourner, nous ne lui prêterons aucune aide contre
Charles". |
Considéré en Allemagne
comme le premier poète de l'histoire de la littérature allemande, ce moine a rédigé la "Evangelienharmonie"
vers 865, le "catéchisme wissembourgeois" vers 800.
Il est celui qui rédigea
en francique rhénan méridional, celui de
Un extrait :Livre I, chapitre 1 : "Pourquoi l'auteur rédigea cet
ouvrage dans la langue du peuple."
(L'argumentation
est un peu longue, nous citons le début et la fin)
Uuas líuto
filu in flíze, in managemo ágaleize, |
Traduction française libre: De nombreux peuples s’efforcèrent avec application et moult efforts, A fixer par écrit tout ce qui pouvait servir à la glorification de leur nom. De même, avec un zèle louable, ils firent en sorte Que l’on narra leurs actes téméraires dans des livres. Ce faisant, ils réussirent encore un autre acte glorieux : Ils montrèrent leur sagesse, ils montrèrent leur maîtrise de l’art dans l’accomplissement de leurs œuvres. Tout ce qu’ils écrivirent est illustré avec soin et de manière artistique ; Ils l’ont façonné de manière obscure et enveloppée. Dans le choix de leurs expressions il s’agissait aussi de faire en sorte que leurs livres n’offrent aucune occasion de déconsidération à celui Qui voudrait les lire, mais bien qu’ils contribuent à aiguiser l’esprit. A ce propos, on peut citer et lister ici les noms de nombreux peuples. Particulièrement, les Grecs et les Romains créent de telles belles œuvres travaillées jusqu’au moindre détail que l’on ne peut s’en réjouir de tout cœur. Ils écrivent vraiment sans erreur et dans une telle perfection, tout est lisse comme des pièces travaillées dans l’ivoire. Le récit de ces faits donne aux hommes la joie de vivre. |
(…….) Nu fréwen sih es álle, so wer so wóla
wolle, joh so wér si hold in múate Fránkono thiote, Thaz wir Kriste sungun in únsera
zungun, joh wir ouh thaz gilébetun, in
frénkisgon nan lóbotun! |
Traduction
française libre: A
présent, que tous les gens de bonne volonté se réjouissent, Tous ceux
qui veulent le bien du peuple des Francs, Que nous
puissions louer le Christ dans notre langue Et qu'il
nous soit permis de chanter sa louange en francique. |
NB: remarquez ici le mot
"thiot" qui signifie le peuple. C'est à partir de ce mot que
l'adjectif "thiotisk" a été formé pour nommer tous ceux qui
appartiennent au peuple de langue germanique. Il donnera diutisk, puis
diutisch, deutsch.
Rédigée en francique rhénan,
c'est la
première chanson historique allemande. Elle s'inscrit dans la tradition du chant
de louange germanique. Elle glorifie la victoire du Franc Louis III sur les
Vikings à Saucourt. Ecrit selon le nouveau schéma métrique (Otfriedische
Endreimverse) d'Otfried de Wissembourg. Ce sont des religieux francs rhénans
qui ont écrit ce texte, il commence d'ailleurs par un hymne religieux à la
gloire du souverain, lequel mouuar un an plus tard à l'âge de 20 ans en 882.
(NB.
Pour plus de facilité dans la lecture, remplacez les "uu" par des
"w" ! le
"TH" à l'anglaise existait encore en francique; il faut le remplacer
par un "D". )
"Einan kuning uueiz ih, Heiszit her Hluduîg, Ther gerno gode thionôt: Ih uueiz her imos lônôt. Kind uuarth her faterlôs, Thes
uuarth imo sâr buoz: Holôda inan truhtin, Magaczogo
uuarth her sîn. gab her imo dugidi , Frônisc githigini, Stuol hier in Urankôn. Sô brûche ger
es lango!" |
Traduction française libre : Je connais un roi, il s'apelle Louis, Il aime à servir Dieu; je sais qu'Il le lui
rendra. Enfant, il devint orphelin de père, compensation
lui fut vite trouvée: Le Seigneur s'occupa de lui, c'est Lui qui
l'éduqua. Il lui donna la vertu, une cour digne d'un
souverain, Le trône d'ici en Francie. Qu'il l'occupe le plus
longtemps possible! |
Fater unser, thu thar bist
in himile, si giheiligot thin namo.
Queme thin rihhi.
Si thin uuillo, so hér in
himile ist so si hér in erdu.
Unsar brot tagalihhaz
gibuns hiutu, inti furlaz uns unsara sculdi,
so uuir furlazemes unsaren sculdigon, inti ni gileitest unsih in costunga,
uzouh arlosi unsih fon ubile.
Le prêtre :
Forsahhistû unholdun? Le
baptisé : Ih fursahhu. Le prêtre :
Forsahhistû unholdun uuerc indi uuillon? Le
baptisé : Ih fursahhu. Le prêtre :Forsahhistû allém thém bluostrum indi dên gelton indi dên
gotum, thie im heidene man zi bluostrum indi zi geldom enti zi gotum
habênt ? Le
baptisé : Ih fursahhu. Le prêtre :
Gilaubistû in got fater almahtîgan? Le
baptisé : Ih gilaubu. Le prêtre :
Gilaubistû in heilagan geist? Le baptisé :
Ih gilaubu. Le prêtre : Gilaubistû einan
got almahtigan in thrînisse inti in einisse? Le
baptisé : Ih
gilaubu. Le prêtre :
Gilaubistû heilaga gotes chirichun ? Le
baptisé : Ich gilaubu. Le prêtre :
Gilaubistû thuruh taufunga sunteôno forlâznessi ? Le
baptisé : Ih gilaubu. Le prêtre :
Gilaubistû lîb after tôde ? Le
baptisé : Ih gilaubu. |
Traduction française : Le prêtre : rejettes-tu
le malin ? (malin = diable) Le baptisé : je le
rejette. Le prêtre : rejettes-tu
le service et la volonté du malin? Le baptisé : je le
rejette. Le prêtre :rejettes-tu les offrandes et les sacrifices et les divinités
qui ont des êtres humains païens pour offrandes, sacrifices et dieux? Le baptisé : je les
rejette. Le prêtre : crois-tu en
Dieu le Père tout puissant? Le baptisé : je
crois. Le prêtre : crois-tu en
l'Esprit Saint? Le baptisé : je
crois. Le prêtre : crois-tu en
un dieu omnipotent unique et trinitaire? Le baptisé : je
crois. Le prêtre : crois-tu en
la sainte Eglise de Dieu ? Le baptisé : je
crois. Le prêtre : crois-tu à
la rémission des péchés par le baptême ? Le baptisé : je
crois. Le prêtre : crois-tu à
la vie après la mort ? Le baptisé : je
crois. |
NB : On reconnaît ici déjà la mutation du « k »
en « ch » (le « h » se prononce comme un « ch »
allemand ici). En revanche, le « th » n’a
toujours pas disparu)
Pour comparaison,
comparons avec la première phrase de la version saxonne :
Le prêtre :
Forsachistû diobolae?
Le
baptisé : Ec forsacho.
(…)
Le « ec »,
transcription ancienne du « ik » bas-allemand actuel, apparaît
ici de manière flagrante.
Truhtin god, mir hilp
indi forgip mir gauuitzi indi godan galaupun ,thina
minna indi rehtan uuilleon, heili indi gasunti indi thina guodun huldi. |
Traduction
française : Seigneur Dieu, aide-moi
et donne-moi la sagesse ainsi qu’une foi solide, ton amour et un zèle
honnête, bien-être et santé et ta grâce beinveillante. |
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