3.1/ La période de mérovingienne de 482 à 679

 

482-511  Clovis, rex Francorum

511-533  Thierry, rex Francia Rhinensis

558-561  Clotaire I, rex trium regnorum Francorum

613-639  Clotaire II, rex trium regnorum Francorum

629-639 Dagobert I, rex trium regnorum Francorum

486 : Défaite de Syagrius, extension du royaume

496 : Victoire sur les Alamans

497 : Baptême de Clovis à Reims

614 : Edictum Chlotarii

 

Comme l'a montré le deuxième chapitre, les Francs partis de la rive droite du Rhin, puis progressivement intégré à la défense des frontières romaines en tant que fédérés dans le Brabant, ont progressé vers le sud-ouest jusqu'aux rives de la Somme vers 460. Tournai fut leur capitale. L'extension vers l'est au delà des Ardennes se fait moins par la conquête militaire que par le soutien actif des Francs rhénans, proches parents des saliens, mais tout même conscients de leur identité comme le montreront les partages successifs du royaume par la suite. Les Ripuaires dont le centre de gravité est à Cologne amorcèrent leur progression vers les vallées moyennes de la Meuse, de la Moselle et du Rhin. Les Alamans leur opposèrent une résistance suffisante pour attendre l'aide des autres Francs. En 486, le pays entre l'Escaut et la Loire est soumis a l'autorité franque de Clovis après la défaite de Syagrius. Cela permet au nouveau conquérant franc de s'attaquer au Alamans à l'est. En 496, les Alamans de la rive gauche du Rhin sont battus et acceptent la tutelle franque. Grâce à l'aide des Burgondes, les Alamans maintiennent leur supériorité sur la rive droite. Clovis, devenu chrétien en 497, a su fédéré gallo-romains et francs pour bâtir un état franc chrétien, contrairement à Theoderic, roi des Ostrogoths, qui ne peut empêcher une cohabitation sans intégration des Goth et des Romains. Parés la mort de Clovis, le royaume franc conduit par ses fils continue de s'étendre en dépit des multiples partages du royaume hérité de Clovis : acquisition de la Thuringe en 531, de la Burgondie en 532, les restes de l'Alamanie en 535 et ala Provence en 537. Autant de conquêtes suscitent dans l'aristocratie franque de multiples conflits internes qui aboutissent toujours à la "Divisio regnorum", le partage des royaumes, soit par héritage, soit par compensation, soit par concession faite à un bâtard. Des entités se réent lentement au point que l'on parle bientôt de "Patria Gothorum" ou "Patria Austrasiorum". A l'exemple de Thierry ou de Theodobert, les descendants mérovingiens deviennent "rex Austrasiorum", tout jusqu'à leurs noms typiquement austrasiens doit les différencier de la Neustrie voisine.

Clotaire réussit à réunir les trois royaumes, les "Franciae". Mais à sa mort, le partage fut encore inévitable. L'aristocratie régionale et le pouvoir royal passent leur temps à régler des querelles internes. La seule issue à ces problèmes politiques semble être le partage équitable en trois royaumes :

L'Austrasie et sa capitale Reims de la Champagne à la Moselle.
La Neustrie et sa capitale Paris, de l'Escaut à la Loire.
La Burgondie et sa capitale Orléans entre Loire et Rhône.

En 613, Clotaire II obtient le soutien de l'évêque austrasien Arnoul de Metz et de Pépin le Vieux si bien que les trois royaumes francs peuvent être à nouveau réunis sous son autorité. En compensation de ce soutien, le "rex trium regnorum" promulgue "l'edictum Chlotarii" en 614 où le roi s'engage à choisir les juges, les "comites" - les cotes sont des fonctionnaires royaux - parmi l'aristocratie terrienne locale afin d'empêcher le parachutage de sbires totalement soumis au pouvoir royal. Par cette concession important, le roi rend le pouvoir de l'état très dépendant de la noblesse terrienne. Chaque obtient une certaine autonomie : un "major domus", soit maire du palais ou Hausmeier, est nommé pour diriger l'administration et rassembler l'aristocratie locale.

Cette revendication émanait des Austrasiens de la Mosellane. Cela renforce l'idée que ce royaume avait conscience de son identité par rapport à la Neustrie. La terre des Francs rhénans garde ses traditions. Les Ripuaires croient demeurer les garants de la tradition en ce sens qu'ils gardent le contact avec Cologne et le pays de souche. Inversement, les Neustriens ont déplacé leur centre de gravité vers le sud-ouest. Le pays d'origine des Saliens ne joue quasiment aucun rôle dans l'évolution du royaume occidental. Aucune ville, aucune région de référence n'apparaît vraiment ; les Mérovingiens de l'ouest citent plutôt Saint-Denis, Laon, Tours, Rouen ou Senlis quand ils veulent évoquer leur prestige.

D'ailleurs jusqu'à la fin du 7ème siècle', les capitales des royaumes burgonde et austrasien sont déplacées. Reims cède la place à Metz, Châlon-sur-Saône se substitue à Orléans. Les nouvelles villes correspondent aux nouveaux centres de gravité des royaumes.