3.2/ La période carolingienne de 679 à 814

 

679   Pépin II Maire du palais d'Austrasie

687   Pépin II Maire du palais des 3 royaumes

714-741   Charles Martel

751-768   Pépin élu roi des Francs

768-814 Empereur Charlemagne

Parallèlement au déclin de la dynastie mérovingienne, les maires du palais de chaque royaume gagnent en pouvoir et en dignité. Le titre s'hérite de la même manière que celui des rois. Cependant, le major domus de l'Austrasie parvient en 687 à la bataille de Tertry à dominer le maire du palais de la coalition neustro- burgonde et réussit à maintenir l'unité du royaume franc. Le centre de décision se déplace vers l'est, la vie politique dominant se concentre autour de la vallée de la Meuse, de la Moselle et du Rhin inférieur. Les royaumes périphériques deviennent de plus en plus autonome, mais la christianisation des Frisons amène cette région maritime dans la sphère d'influence du royaume franc. C'est le fils illégitime de Pépin II, Charles Martel, qui remet de l'ordre dans ce royaume en rétablissant des liens de vassalité avec la Bavière, l'Alémanie, la Thuringe ou l'Aquitaine. Asa mort, le royaume est partagé entre ses fils élevés au monastère de Saint-Denis, haut lieu mérovingien en Neustrie. Karlmann reçoit l'Austrasie, la Souabe et la Thuringe. Pépin tout l'ouest dont la Neustrie. Lorsque Karlmann entre dans les ordres, Pépin est le souverain incontesté des Francs après avoir évincé le dernier roi fantoche de la dynastie mérovingienne, Childeric III. Le pape Zacharie entérine cette destitution et Pépin est couronné à Soissons et obtient le premier l'onction avec l'huile sainte de l'archevêque Boniface, grand évangélisateur des peuples germaniques.

En 754, le pape Etienne II prie Pépin de l'aider contre le roi des Lombards et le nomme "Patricius Romanorum" en plus de la deuxième onction accordée à Saint-Denis. Après quelques batailles victorieuses, Pépin est en mesure de rendre les terres pontiticales occupées par les Lombards, cadeau du rex Francorum au Saint Père.

Son fils Charles poursuit la politique d'extension qu'il avait commencée. Il commence par soumettre les Saxons, les christianise, les déporte et organise l'évangélisation du nord de l'Allemagne. Il poursuit avec les Lombards, se fait nommer "rex Francorum et Langobardorum" et confirme le protectorat franc accordé à Rome. Plusieurs peuples slaves et nomades sont battus à la périphérie du royaume, ils forment les marches frontalières du territoire carolingien (Espagne, Avars, Carynthie, Slovaquie…).

La Moselle forme un des centres politiques et culturelles de cette "Renaissance carolingienne". Les villas ou Burgstätte des nobles austrasiens sont nombreuses. Charlemagne fréquente plus particulièrement Thionville et les Hautes-Vosges pour la chasse. D'autres pippinides ont leurs domaines autour de Sarreguemines. C'est d'Aix-la-Chapelle que Charlemagne promulgue ses lois, réunit des synodes et convoque les décideurs de l'empire. Aix constitue la ville impériale hors de Rome. La Renaissance carolingienne touche les arts, la foi, le décor des palais et des églises, le chat sacré. Partout, il faut trouver la norme qui plaît à Dieu, la "norma rectitudinis". Il faut vivre avec Dieu, pour Dieu toute sa vie ; l'acte de foi fait partie intégrante de la vie des monarques. L'office divin représente un devoir royal, car Dieu accompagne le souverain dans ses batailles et ses décisions. Pour s'adresser à Dieu on innove dans le chat, l'écriture (la caroline), l'emploi d'une langue latine pure. Des "Vies de saints", des enluminures, des reprises de textes mérovingiens. Dans le domaine du chat sacré, les centres de Rouen, de Metz et de Soissons sont les plus actifs dans le travail du chat grégorien supplantant l'ancien chat gallican.

Dans l'architecture, le groupe épiscopal de Mets, sous l'influence de Chrodegant de Metz, et l'école de Fulrad de Saint-Denis sont les références d'un nouvel art, référence pour les palais, les cathédrales et les monastères. L'église abbatiale de Fulda, construite selon le modèle de Saint-Pierre de Rome, sera la plus grande au-delà des Alpes avant Cluny III, la cité palatine d'Aix innove aussi pour sa basilique. Des moines de Metz sont venus à Lorsch près de Worms pour diriger la construction d'une vaste abbaye comptée parmi les chefs-d'œuvre de l'art carolingien à côté de Saint-Riquier, la cité monastique de plus de 6000 hommes, ou Fulda, Corbie en France et se réplique allemande Corvey, Saint-Médard de Soissons.

La région mosellane francique et la partie francique rhénane de l'Alsace du nord connaissent probablement à cette époque leur heure de gloire ; l'Austrasien est certainement plus bilingue que le Neustrien. Charlemagne a malgré sa passion pour l'antiquité a également tenté de soutenir la propagation du francique ; Otfried de Wissembourg compte parmi les premiers auteurs de texte en vieux-haut-allemand, mais son action ne suffira pas à faire de cette nouvelle langue un moyen de communication littéraire, toutes classes confondues.