4.2/ Jusqu'au traité de Verdun en 843

 

843   Traité de Verdun

855   Partage de la Lotharingie

863   2ème partage de la Lotharingie

Royaume de Francie orientale :

843-876 Louis le Germanique

La pression des deux frères cadets sur leur aîné Lothaire après la mort de leur père en 840 et après la bataille de Fontenay en 841 poussa le nouvel empereur à renoncer à ses efforts d'unification à l'instar de ses prédécesseurs prestigieux. Tout était vain. Charles et Louis le Germanique restent également attachés à la tradition franque et germanique, mais à une autre encore plus ancestrale. Que ce soit le domaine familial ou tout un royaume, le coutume veut que le chef de la parentèle partage ses biens à part égales entre tous les descendants mâles reconnus. L'idéal de l'empire chrétien unifié tel que Charlemagne l'a incarné en son temps n'est pas dans leur intérêt immédiat. Le vieux réflexes semblent reprendre le dessus.

Le partage de Verdun illustre bien cette conception du partage coûte que coûte. Il rappelle d'autres partages en d'autres époques où l'on trace une ligne presque droite sans tenir compte de quelconques facteurs culturels ou linguistiques. Ce n'est pas encore dans l'air du temps. Le nombre de places fortes, d'abbayes ou d'évêchés bien possessionnés semblent motiver la répartition des royaumes. Il en ressort trois parties en apparence égales. A l'Ouest, Charles le Chauve obtient le Francie occidentale, à l'Est Louis le Germanique crée la Francie orientale, et entre les deux, la Francie médiane de Lothaire I. Ce dernier royaume s'étend de la Mer du Nord à la Méditerranée et contient les deux villes impériales Aix-la-Chapelle et Rome. Lothaire conserve son titre d'empereur, il est garant de l'unité du royaume carolingien.

Cette carte est une des plus célèbres et des plus utilisées parce qu'elle rait ressortir les prémisses des Etats modernes France et Allemagne ; elle met également en évidence la difficulté à diriger un royaume littéralement coincé entre deux autres plus ou moins expansionnistes. Cela dit, pour l'histoire de la Moselle plus particulièrement, ce n'est pas celle qui fait apparaître les futurs contours du pays A la mort de Lothaire I en 855, le Royaume est partagé entre ses trois fils : Louis II obtient l'Italie et en tant qu'aîné le titre d'empereur. Lothaire II règne sur le territoire allant de la Mer du Nord aux sources de la Moselle et de la Meuse. Charles reçoit la Bourgogne et la Provence. A la mort de Charles en 863, Louis et Lothaire II se partage ses possessions.

Cette période revêt une certaine importance pour la Moselle plus particulièrement. Car, la partie septentrionale de la Francie médiane prend l'appellation de "Lothari renum", "Lohereine" en langue romane et "Lotharingen" en langue francique. "Reine" et "Ring" signifient, en effet, royaume dans les deux vernaculaires des peuples attestés dans les vallées meusienne, mosellane et rhénane. Désormais, la lotharingie prends des allures de plus en plus proches de sa forme actuelle. Elle est francique dans un axe Nord- Sud-est, et romane sur une ligne Nord-ouest - Sud-ouest. Mais, elle est surtout détentrice de l'ancienne aristocratie carolingienne.

Néanmoins, les historiens parlent moins de la cohésion politique de cette Francie médiane plutôt artificielle qui n'a vécu que 20 ans (de 843 à 863), que de "l'axe totharingien" et des conséquences immédiates et durables sur le commerce, les affinités culturelles et artistiques. Ce ne fut jamais un état réel, mais un foyer d'échange, de brassage, de communication de grande envergure. La délimitation géographique de la nouvelle Lotharingie s'appuie visiblement sur les tracés des fleuves. Ils sont tous orientés Nord-Sud. En passant les cols vosgiens ou en descendant la plaine rhénane, on parvient au couloir rhodanien ou à la touée de Bâle ; de là, on franchit les cols alpins de Savoie ou de Berner Oberland pour parvenir en Italie du Nord. La "Lohereine" est restera longtemps un passage obligé entre la Hollande et l'Italie, entre le monde germanique et la zone d'influence welsche. Une autre remarque s'impose à ce niveau : les frontières du royaume coïncide avec les fleuves. La Meuse à l'Ouest, le Rhin à l'Est et la Moselle au centre. Les schémas celtique et romain se reproduisent étrangement. La vallée de la Moselle conserve son rôle de pôle centrifuge de la culture lotharingienne très emprunte de romanité jusqu'à Trêves. La rupture entre le monde gallo-romain et la pénétration franque n'a peut-être pas été aussi brutale qu'on l'a d'abord pensé au début du siècle. Cela dit, on ne troue trace d'aucune mention des activités d'un duc quelconque en Mosellane à cette époque.