Un autre traité, celui de Ribemont en 880, redessine la carte de l'Europe de l'Ouest.(Cf. carte précédente)

Les héritiers de Charles le Chauve, dernier roi carolingien de la future France, cèdent la partie occidentale de la Lorraine à Louis III. Le traité de Meersen, 10 ans plus tôt, l'avait en effet attribué à la Francie occidentale, ce qui ramenait la frontière du royaume germanique aux abords de la côte de Moselle.

Avec ce retour de l'axe meusien qu giron lotharingien, cette frontière qui vient d'être fixée entre le royaume exclusivement roman à l'Ouest et le royaume majoritairement germanique à l'Est sera celle de la France et de l'Empire germanique jusqu'au 17^ème siècle, en dépit des quelques mouvances localisées et des protectorats français en Lorraine indépendante.

La Lotharingie se disloque peu à peu ; la partie septentrionale bascule pour de nombreux siècles dans la sphère d'influence germanique. La partie méridionale se divise en plusieurs royaumes et duchés. Charles le Gros obtient l'Italie et devient empereur ; à la mort de ses frères, il est le monarque incontesté et réussit même à prendre l'ascendance sur le royaume franc d'occident, encore sous la dynastie carolingienne.

En 887, à la diète de Tribur, on force Charles III à abdiquer. Arnoulf de Carynthie, petit-fils de Louis le Germanique, est élu roi par les duchés électeurs. Ainsi, on ne renonce pas encore à l'idée d'empire chrétien d'occident cher aux carolingiens. On obtient, en effet, la prestation de serment de vassalité (der Lehnseid) par les prétendants du trône de la Francie occidentale. Le pape Formosus couronne Arnoulf empereur de la chrétienté en 896.

Mais cette unité apparente et superficielle ne résiste à aucune adversité. De 900 à 91, les incursions fréquentes et les pillages répétés des Vikings ou Normands et des Magyars venus de l'Est déstabilisent le royaume et le plonge dans l'insécurité. Car le pouvoir impérial ne sait pas faire face à ces nouveaux dangers. Mais, le facteur plus décisif reste sans nul doute l'impuissance du pouvoir central face à trop d'entités politiques de plus en plus puissantes et qui sont les vrais pôles de décision sur le terrain.