5.1/ La période ottonienne et salienne jusqu'en 1125  

Voir aussi liste des ducs de Lorraine site personnel Charton 

936   Otton I.

973    Otton II.

983   Otton III.

1002   Henry II.

1039   Henry III.

1056   Henry IV

1077   Canossa

1106   Henry V

959   Frédéric I.

978    Thierry I.

1027   Frédéric II.

1033   Gozelon I.

1044   Godefroy-leBarbu

1047   Adalbert

1048   Gérard

1070   Thierry II.

1115   Simon I.

Maison de Bar

Maison de Bar

Maison de Bar

Maison de Verdun

Maison de Verdun

Maison de Verdun

Maison d'Alsace

Maison d'Alsace

Maison d'Alsace

A cette époque, le duché de Haute-Lorraine conserve une appellation qui trouve ses origines dans les anciennes entités politiques du haut moyen âge ; d'après les travaux de M. Parisot, on lit plutôt la "Mosellana Provincia" où vivent les "Moslenses" même si la désignation de "Lotharingia" est maintenue. Le royaume passe lentement de "Regnum Francorum" à "Regnum Teutonicum", le roi porte le titre de "Rex Francorum" jusqu'à son couronnement à Rome où il devient "Imperator Romanorum Augustus".

Cette période se caractérise par, d'une part, une extension territoriale vers le sud et l'est, d'autre part, le renforcement de l'autorité impériale sur les multiples duchés et seigneuries attaché à leur privilèges respectifs. Trois faits marquants dominent la vie politique de ce nouvel empire au centre de l'Europe :

La colonisation et la christianisation des peuples slaves à l'Est.

Les trois campagnes d'Italie pour renforcer le pouvoir impérial vis-à-vis de Byzance.

La querelle des Investitures et la réforme monastique.

Les Ottoniens ont réussi à maintenir une certaine pression sur les vassaux, pour l'essentiel en nommant leurs parents et leurs plus fidèles sujets aux postes clés. Otton I doit encore solidifier ses frontières à l'Ouest. En 942, puis en 946, il doit faire renoncer Louis IV de France à ses prétentions sur la Lorraine. En 978, le roi de France Lothaire assiège Aix-la-Chapelle pour reprendre la Lorraine. Cette instabilité aux frontières occidentales prend fin en 980 grâce à la campagne de France qui mène Otton II jusqu'aux abords de Paris. La paix de Margut sur le Chiers est signé ; cela signifie la fin provisoire, mais durable des combats pour l'acquisition de la Lotharingie bien que la Constitution du royaume de France ne renonce pas officiellement à ses prétentions sur la Haute et Basse Lorraine.

Le duc de cette Haute Lorraine possède un fief héréditaire qui en fait un vassal du Roi de Germanie auquel il doit hommage et serment de fidélité. Frédéric I et ses descendants avaient l'essentiel de leur terres dans le pays de Bar. Cette famille resta fidèle à la dynastie saxonne à laquelle elle est d'ailleurs apparentée. Les revenus des ducs ne viennent que de leurs propres fiefs, ce qui explique le faible pouvoir de cette charge plutôt honorifique. En théorie, la fonction ducale impliquait un devoir de police et de justice. Or, les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun doivent régler leur problèmes par eux-mêmes. Les évêques-comtes de Metz apparaissent nettement autonomes et puissants militairement. La plupart des seigneuries ecclésiastiques ne peuvent espérer l'intervention des ducs pour leur églises et abbayes parce qu'ils passent d'abord leur temps à défendre leurs propres territoires.

Les rapports entre empereur, duc et comtes sont très flous. En principe, les comte-évêques assistent le duc qui représente l'empereur. Mais souvent, quand les intérêts de l'un sont contraires à ceux de l'autre, il n'est pas rare de pratiquer la désobéissance, voire d'engager un conflit en cas d'ingérence grave. Le résultat finit par signifier la dislocation de la Mosellane en principautés peu ou prou indépendantes qui ne reconnaissent pas l'autorité ducale. Au spirituel, c'est le souverain allemand qui nomme les évêques et le haut clergé comme les abbés et les prieurs. Le duc a doit à la comfirmation de cette désignation impériale quand il a la charge de l'avouerie de l'abbaye.

Les ducs de Lorraine obtiennent peu à peu le droit d’avouerie sur un certain nombre de chapitres, abbayes et monastères. Cela signifie qu’il représente le pouvoir spirituel en cas de conflits armés. En effet, avec les diverses réformes monastiques qui secouent le monde spirituel, les représentants de la hiérarchie religieuse ne doivent plus porter les armes, ni mener la bataille. Il es secondé par un bras séculier qui doit venir à son secours en cas d’agression extérieure. Au titre de l’avouerie, les ducs ont néanmoins pleinement profité de leur statuts puisqu’une partie des domaines ont été usurpés par des seigneurs laïcs représentant le duc ; des châteaux forts ont également été érigés à la limite des terres ecclésiastiques. Souvent, l’empereur devait intervenir pour régler les différents, mais il fallait attendre longtemps puisqu’il voyageait dans tout l’empire romain germanique. De fait, avec la " rénovation de l’empire " d’Otton III, l’empereur dit " Servus apostolorum " fixe la résidence impériale à Rome pour régner sur la Germania, la Roma, la Gallia et la Sklavenia.

Avec l’arrivée du royaume de Bourgogne dans le Saint-Empire en 1033, la Gallia d’expression romane s’agandit, la triade Germanie-Italie-Bourgogne constitue " l’Imperium ". La Lorraine très fidèle aux ottoniens finit par se rebeller contre l’empereur Henry III, Pourtant arrière petit-fils du duc bas-lorrain Conrad-le-rouge. Godefroy-leBarbu de la Maison de Verdun ne satisfait pas du partage de la Lotharingie et s’estime lésé en obtenant que la Mosellane. Il tente de fonder un état princier solide, mais l’empereur, comme ses prédécesseurs, pratique la politique de l’église impériale en renforçant les pouvoirs et les privilèges des seigneuries ecclésiastiques, des abbés et des évêchés afin d’affaiblir les comtes et ducs. Les prélats apparaissent comme les piliers et les défenseurs acharnés de l’idée impériale. Par ailleurs, Henry III fait arrêter et exiler en Allemagne la femme et la fille de Godefroy-leBarbu.

Le 11ème siècle est également marqué par la réforme de l’Eglise. Les réformateurs s’attaquent essentiellement à la simonie et au mariage des prêtres, plus globalement à la dépravation qui règne dans les abbayes. La carte ci-contre montre le nombre des monastères d’hommes ou de femmes fondés pendant la période ottonienne et staufienne (cf. chap. 5.2.). Jusqu’au 11ème siècle, c’est le courant rhénan venu de Trêves qui donnent l’impulsion en Lorraine, puis ce fut le tour du courant clunisien. Metz était le plus grand centre religieux du haut Moyen Age avec plus de 67 églises et chapelles. C’est encore à Metz que les Franciscains ont fondé leur premier couvent en 1230, les Augustins en 1260, mais aussi les Templiers en 1188 et les Chevaliers teutoniques avec deux maisons hors des murs de la ville dont ils ont donné le nom de la "Porte des Allemends ".

Avant le courant de réforme monastique des 11ème et 12ème siècles, Saint-Chrodegang de Metz conçut une règle qui porte son nom sur la vie des chanoines qu’il obligea à la vie claustrale, entre autres. Sa règle eut un grand succès dans presque tous les chapitres de l’occident. Avant que l’abbaye de Cluny en Bourgogne n’engage une réforme de fond dans la vie monastique, on peut que le Lorraine en a été précurseur à partir de l’abbaye de Gorze, puis directement depuis le Vatican quand le pape d’origine lorraine ou daboisienne s’entoura de fidèles lorrains. Humbert, un moi e de Moyenmoutier, restera aux côtés de cinq papes, dont deux lorrain pour régler la crise ecclésiastique. De la même manière, la Lorraine fut déchirée entre les partisans de l’empereur et ceux du pape dans leurs querelles des investitures. De facto, la Lorraine en tant qu’élément constitutif de l’empire possède beaucoup d’évêchés, de seigneuries ecclésiastiques et abbayes puissantes qui dépendent directement du pouvoir impérial, contrairement à la France voisine où les rois précédents ont su écarter ce danger venant de l’intérieur. Les évêques sont plus des féodaux que des ecclésiastiques. Ils ne sont pas souvent originaires de la région ; cela charge avec les Hohenstaufen au 12ème siècle parce qu’ils les choisissent parmi les grandes failles lorraines. En s’appuyant sur les abbayes, les évêchés et les terres de l’église, les souverains impériaux dérangent les seigneurs laïcs qui voudraient fonder une principauté homogène capable de résister à l’autorité impériale.