1-2/ Les Celtes
Les
Celtes ont quitté leur région d'origine à partir de la deuxième moitié du
premier millénaire avant J.C.. La Moselle apparaît dans toutes les cartes
récentes comme faisant partie intégrante de cette région naturellement celtique
bien qu'elle se situe à l'extrême Ouest de la zone d'expansion primitive.
Les
migrations se poursuivirent vers l'ouest et le sud jusqu'en Espagne où les
nouveaux arrivants contribueront à la formation des Celtibères. Les Celtes de
Moselle appartenaient à la culture de Hallstatt et aux cultures de la Tène. La
première représente le passage progressif du bronze au fer, comme en témoigne
l'extraordinaire cimetière transitoire dans les montagnes du lac de Hallstatt.
La deuxième représente l'expansion finale des ethnies celtiques avec des
tendances culturelles et sociales relativement proches l'une de l'autre.
Les
Celtes vivaient au contact de plusieurs peuples non indo-européens ; ce fut le
cas pour tous les peuples indo-européens comme les Germaines ou les Hellènes
par exemple. Sur la côte atlantique, les Celtes migrants tombent sur la culture
mégalithique, au Sud du pays, ils côtoient les Ligures. La cohabitation de tous
ces peuples contribua à la formation de nouvelles entités ethniques, de peuples
frontaliers, mais aussi à l'instauration d'un commerce dynamique permettant à
tous les peuples d'échanger leur savoir-faire (fabrication des nouveaux métaux,
connaissances des produits exotiques…), mais aussi leur langue plus
spécifiquement adaptée à certains domaines de la vie locale. Les Celtes
vivaient au contact des Germains au Nord, donc en Moselle, des Scythes à l'Est
et les Latins au Sud. Partout où ils sont attestés, on retrouve comme par
hasard, des désignations de peuples dont la racine est soit "Wal",
soit "Gall" ; Les Gallois en Bretagne anglo-saxonne, les Gaulois en
France, les Wallons en Belgique, les Galiciens en Espagne du Nord-Ouest, les
Galates en Asie mineure et, pour ce qui nous concerne, les Welsche ou Walsche
en Lorraine thioise et en Suisse. Cette désignation entra à ce point dans les
mœurs qu'elle s'applique par la suite à tous les romanophones proches des
frontières linguistiques germano-romanes.
Leur
domination sur les autres peuples est incontestable, elle atteint son apogée
avec la prise de Rome en 387, et son déclin avec l'occupation romaine dans
toutes les régions ils s'étaient installés. Leur sort fut donc très lié à celui
de l'empire romain. Entre ces deux dates-clefs, les Celtes ont su marquer leur
environnement par l'organisation aristocratique et hiérarchisée de leur société
où les druides occupent une place de choix. Les dernières recherches
archéologiques montrent que la romanisation n'a pas été totale. Il a existé des
pôles de gallicité dans certaines régions moins desservies par les voies
romaines. En Moselle, on peut citer la culture des sommets vosgiens. De fait,
les Romains ont souvent poursuivi et perfectionné l'action celtique. Souvent
les toponymes et les emplacements des oppida et villages se perpétuent à
travers la culture romaine. Les Romains n'ont pas non plus cherché à éradiquer
l'usage de la langue celtique ; au contraire, ils se sont révélés être des
fédérateurs respectueux des spécificités régionales, peut-être pour mieux
régner à distance.
La
Moselle se trouve dans les cités des Médiomatriques. A l'origine, elle
s'étendait de la Meuse au Rhin. Leurs voisins étaient les Leuques au Sud, les
Trévires au Nord et les Rèmes à l'Ouest. Comme ce fut le cas pour d'autres en
France, le peuple qui la compose, a donné son nom à la "capitale" du
pays. Divodurum Mediomatricorum s'est progressivement simplifié pour donner
Mettis, forme abrégée de Medio-matrici, puis Metts ou Metz. A l'origine, il s'agit
de l'oppidum du Haut-de-Sainte-Croix dominant le confluent de la Seille et de
la Moselle. L'activité économique et commerciale a joué un rôle primordial dans
le développement de cette cité. On pourrait presque dire avec un langage plus
contemporain qu'elle était déjà moins "rurale" que ses voisines.
D'abord, les Médiomatriques sont aux carrefours des peuples germano-celtiques.
Ensuite, les côtes de Moselle sont progressivement défrichées et exploitées
très tôt. Et enfin, la présence du sel et du fer représentèrent des revenus et
des matières d'échange inestimables pour cette époque.
Quelques
auteurs et archéologues récents vont jusqu'à penser que la Moselle a déjà connu
une cohabitation des peuples germaniques et celtiques, un peu à la manière des
peuples d'Allemagne et d'Europe centrale où la fusion de Germains et de Celtes
a donné naissance à de nouveaux peuples. Les Triboques germaniques furent
appelés par César pour s'installer entre Rhin et Vosges en guise de
représailles contre les Médiomatriques qui avaient soutenu les insurgés
d'Alésia. Au Nord, les Trévires et les Némètes font aussi figures de peuples
mixtes. Cela amène certains chercheurs à penser qu'un substrat celtique
existait dans les grandes vallées et sur les voies de communication Nord-Sud et
Ouest-Est pendant qu'un superstrat germanique se constituait lentement dans les
zones périphériques à ces vallées.