Etape n° 6 : Les dialectes des Pays mosellans

 

Sommaire

Etape 1

Etape 2

Etape 3

Etape 4

Etape 5

Etape 6

Etape 7

 

 

Prenons quelques phrases d'exemple

 

(Nous empruntons les textes de "Lothringer Volksmärchen" rassemblés et édités par Angelika Merkelbach-Pinck, Im Bärenreiter-Verlag zu Kassel , 1940.)

 

Francique luxembourgeois :

An doo hunn se ugeklappt. Un wie de doo ugeklappt hunn, war d'Dier schun opp. An doo hunn se ihre Begiehr gesoht für ze loscheeren, an doo huet d'Fraa gesoht : "Kommt jihr ruehich eraa !". An dood'Fraa huerdech d'Gäß streichen gang. An se huet'n Melich a Brout ginn. (...)

An doo huet de Viwitz d'Fraa gedriwen, fiir an dat Hous gucken ze goohn, wie dat loo kuomm aß, dat sie dat scheent Hous eloo stohn huet !.

 

Francique mosellan :

 

Et war emol e Geißemudder. Die hat siwen Zickelcher gehat. Un do hat se emol gesaht : "Jetz geh eich in die Stadt Kläder fen". Un do hat se gesaht: " Weil geh ich furt. Daß dr nimessen ufmachen, und wann ich kummen, dann tuppen ich sahn : (...)

do hat'r sich gebickt for ze trinken. Do sin die Stän all in de Kopp gang un er is purzelkopp in de Bach gefall un is versoff !

 

Francique rhénan :

 

(...) Jetzt fongt er on ze hiele. Iwer emol steht der Männche vor'm : "for was hielscht de donn ?" "Ich honn minne Schäf verlor un wäs se nimmeh ze fenne." "Ich hon dir doch e Piff gen un hon gesaht, wonn's dir schlecht geht, sollsch du on mich denke un sollsch in die Piff piffe." Er holt die Piff zum Sack erus un hat in die Piff gepeff. Iwer emol sin dousich Schäf zum Wald eruskumm. (...)

 

Quel enseignement en tirer ?

 

Francique luxembourgeois :

Il a connu la mutation du K en CH  (Melich) – En revanche, la mutation du P en PF ou FF n'a pas eu lieu (klappen, opp pour klopfen, auf) . De même, il n'a pas connu la mutation du T final en S ou Z ( dat pour das)

 

Francique mosellan :

On reconnaît les mêmes règles qu'en francique luxembourgeois sauf pour la mutation du P où dans certains cas, la mutation a eu lieu :  uf pour auf, käfen pour kaufen.  En revanche, en finale derrière voyelle, la mutation n'a pas eu lieu kopp pour Kopf.

 

Francique rhénan :

Comme pour les deux précédents, la mutation du K en CH a eu lieu ; en revanche, le T a bien subi une mutation en S ou Z  dans toutes les positions (ze pour zu, was, erus pour heraus) . Quant au P, la mutation a eu lieu en début de mot (Piff), mais pas en fin de mot ou entre voyelles (Piff, piffe)

 

Résumons-nous !

 

Francique luxembourgeois

Francique mosellan

Francique rhénan

Mutation du T en S en fin de mot

non

non

oui

Mutation du T en Z en début de mot

oui

oui

oui

Mutation du K en CH en milieu ou fin de mot

oui

oui

oui

Mutation du P en PF en début de mot

non

non

non

Mutation du P en FF en fin de mot

non

non et oui

oui

Mutation du P en FFentre deux voyelles

non

non

oui

 

 

Quelles sont donc les différences majeures frappantes ?

 

Si l'on s'arrête aux consonnes (P,T,K) , on peut délimiter :

  1. le francique mosellan du francique luxembourgeois au couple  uffopp  ; le luxembourgeois respecte le P plus systématiquement que le mosellan.
  2. les franciques mosellans et luxembourgeois du rhénan au couple datdas ; le rhénan connaît toutes les mutations du T comme en allemand standard.

 

Le point commun ?

 

Le maintien du P contre le FF/PF  en initiale et après voyelles (Pann, Perd, Kopp)

 

Les mots repères :

 

Francique luxembourgeois

Francique mosellan

Francique rhénan

dou

dau

du

wat

wat

was

(er) ass

is

isch

et

et

's

opp

uf, of

uf

eich, ech

ich - eich

ich

he, hen

er

er

 

Voici simplifiés les quelques mots repères qui nous permettent de reconnaître les dialectes à la lecture ; on voit bien que le francique mosellan est transitoire entre les deux autres.

 

Et les voyelles ?

 

Il faudrait compléter l'analyse par la 2ème mutation consonantique en observant grossièrement le schéma vocalique : on s'aperçoit que plus on va vers l'ouest, plus on aime les voyelles doubles (diphtongues) ou longues ; au contraire, les voyelles semblent plus courtes et moins diphtonguées en rhénan, c'est-à-dire plus proche de l'alémanique d'Alsace.

Reprenons nos phrases exemples et voyons ce qu'il en ressort :

 

 

Francique luxembourgeois

Francique rhénan oriental

Brout

Brodd

Hous

Huss

dou

du

ruehech

ruhich

kuomm

kumm

eich

ich

(he) huet

(er) hadd

heïren

here

deï

d' – de

haut

hitt

 

 

On constate que ce sont surtout les voyelles U, O, I et E qui font l'objet de diphtongues.

 

Et cet aspect des choses peut donc vous aider à identifier plus facilement un dialecte de l'est ou de l'ouest.

 

Fin de l'étape n° 6

 

 

 

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