Etudes de grammaire française
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La construction : N0 V Det N1
Constructions verbales et pronominalisation





4. La construction « N0 V Det N1 »





Plan du chapitre



4.1. Les éléments à prendre en compte

4.1.1. Les verbes

4.1.2. Les déterminants

4.2. La pronominalisation de N1

4.2.1. Det est défini, la construction s’écrit : « N0 V Detdef N1 »

4.2.2. Det est indéfini, la construction s’écrit : « N0 V Detindef N1 »

4.2.3. N1 est un infinitif (Vinf)

4.2.4. N1 est une complétive (que P)

4.2.5. Les pronominalisations figées





4.1. Les éléments à prendre en compte



4.1.1. Les verbes



Les verbes qui se construisent avec un complément d’objet direct sont très nombreux. La liste non exhaustive que nous en donnons ci-après sera valable pour l’ensemble du chapitre et nous n’aurons donc pas, sauf exception, à la reproduire dans chaque partie :



– Verbes simples : aimer, apercevoir, appeler, apprendre, arrêter, attendre, avoir, baisser, battre, changer, chercher, commencer, comprendre, compter, conduire, connaître, continuer, croire, demander, descendre, dire, écouter, écrire, élever, entendre, essayer, faire, fermer, finir, frapper, gagner, garder, imaginer, jeter, jouer, laisser, lever, lire, manger, manquer, mener, mettre, monter, occuper, oser, oublier, perdre, permettre, porter, pousser, prendre, présenter, produire, quitter, rappeler, recevoir, reconnaître, refuser, regarder, remarquer, remettre, rencontrer, rentrer, reprendre, représenter, retenir, retrouver, revoir, savoir, sentir, servir, sortir, suivre, tenir, tirer, toucher, traverser, trouver, tuer, valoir, voir, vouloir, ...

– Verbes pronominaux : se payer, se permettre, se rappeler, s’expliquer, ...

– Verbes composés : faire attendre / marcher / parler, ... ; mettre en question / en cause / de côté / en place / à mort / au monde / au point, ... ; prendre au mot / au sérieux / sur le fait, ...



Certains de ces verbes se construisent seulement avec un N1 humain (faire attendre), d’autres seulement avec un N1 non-humain (produire), et le reste indifféremment avec l’un ou l’autre (aimer).



Certains de ces verbes, comme on le verra, se construisent parallèlement avec une complétive ou un infinitif, ou les deux.



Note :

Le verbe croire, riche en constructions puisqu’on peut aussi bien croire N1, croire à N1, croire en N1, croire Vinf et croire que P, fera l’objet d’un traitement particulier au chapitre “6. Questions diverses”.



4.1.2. Les déterminants



Pour la pronominalisation de N1, nous avons vu dans les chapitres précédents que ses déterminants ne jouaient aucun rôle. En revanche, avec celle-ci, « N0 V Det N1 », ils jouent un rôle ... déterminant ! D’où leur apparition pour la première fois dans le schéma phrastique qui constitue l’intitulé de nos chapitres.



Rappelons que la classe des déterminants se subdivise en deux sous-groupes principaux, les déterminants définis (ci-après Detdef) et les déterminants indéfinis (ci-après Detindef).



– Les déterminants définis (Detdef) :

– les articles le, la, les

– les adjectifs possessifs mon, ton, son,mes, tes, ses, etc.

– les adjectifs démonstratifs : ce, cet, cette, ces.



– Les déterminants indéfinis (Detindef) : trop nombreux pour être tous cités, et qui se subdivisent à leur tour en déterminants

– numéraux : un(e), deux, trois, etc.

– adjectivaux : certains, plusieurs, divers, quelques, ...

– adverbiaux : assez de, autant de, beaucoup de, moins de, peu de, plus de, trop de, ... ; beaucoup moins / plus de, de moins en moins de, de plus en plus de, pas mal de, très peu de, un peu trop de, etc.

– nominaux : une quantité de, un grand / certain nombre de, une bande de, un (petit) coup de, un bout de, une gorgée de, etc.

– et les “articles partitifs”. Au sein des déterminants indéfinis, il nous faut effectivement faire une place à part à un petit groupe ainsi appelé en grammaire traditionnelle : du (pour *de le), de la, des (pour *de les).



Notes :

1. un(e) est à la fois le plus fréquent et le plus simple des « articles indéfinis » et le premier des nombres ; il partage à ce titre – et très régulièrement – le comportement syntaxique des autres déterminants numéraux. (Voir 4.2.3.)

2. La pronominalisation transforme quelques en quelques-un(e)s :

Max a reçu chez lui quelques ami(e)s Max en a reçu quelques-un(e)s.





4.2. La pronominalisation de N1



4.2.1. Det est défini, la construction s’écrit : « N0 V Detdef N1 »



Il faut distinguer à ce niveau les cas où N1 désigne un référent bien particulier et ceux où il a un sens général désignant le concept :



N1 désigne un référent bien particulier (N1part), à commencer par les noms propres : Max, Luc, Léa, mes amis,les amis de Max, ces livres, les livres de ma bibliothèque, le beurre qui est sur la table, la politique du gouvernement, ...



Detdef peut être n’importe lequel des déterminants de ce groupe. (Voir liste en 4.1.2.)



Règle : N0 V Detdef N1part Detdef N1part, N0 LE V.



LE = les trois pronoms le, la, les ... dont les formes – ce n’est pas un hasard – sont identiques à celles de l’article défini.



J’ai appris le russe au collège. → Le russe, je l’ai appris au collège.

Max sait où retrouver ses amis. → Ses amis, Max sait où les retrouver.

Les livres anciens (que tu vois, là), je les ai achetés en Allemagne.

Le beurre qui est sur la table, tu peux le mettre au frigo ?

La politique du gouvernement, j’ai du mal à la comprendre.



N1 a un sens général (N1gener): les amis, les livres, le beurre, le courage



Règle : N0 V LE N1gener LE N1gener, N0 V ça.



LE = les trois articles définis le, la, les ... dont les formes – comme nous venons de le voir ci-dessus – sont identiques à celles du pronom personnel objet de la troisième personne.



Je laisse les livres pour plus tard. Les livres (= la lecture), je laisse ça pour plus tard.

Max n’aime pas le beurre.Le beurre, Max n’aime pas ça.

Max suit la politique de très près. La politique, Max suit ça de très près.

Les amis (= l’amitié), je connais ça.



Note :

À l’oral, on entend de plus en plus souvent “LE N1génér, j’aime / j’adore, etc.” avec une pronominalisation “zéro”.



4.2.2. Det est indéfini, la construction s’écrit : « N0 V Detindef N1 »



Detindef peut être n’importe quel déterminant de ce groupe. (voir liste non exhaustive en 4.1.2.)

Règle : N0 V Detindef N1 DU N1, N0 en V Detindef.



DU = du, de la, des



Max a lu beaucoup de livres.Des livres, Max en a lu beaucoup.

Max a mangé un peu trop de beurre.Du beurre, Max en a mangé un peu trop.

Léa a une bonne dose de courage.Du courage, Léa en a une bonne dose.

De la viande, je viens d’en acheter un petit bout. / une grande quantité.

Des amis, Max en a perdu un / trois / plusieurs / quelques-uns.



Avec les articles partitifs, la pronominalisation se réduit à : DU N1, N0 en V.



Léa a du courage. Du courage, Léa en a.

J’ai des livres à revendre. Des livres, j’en ai à revendre.

Max ne mange plus de beurre. Du beurre, Max n’en mange plus.

Des amis, Max en reçoit encore de temps en temps.



4.2.3. N1 est un infinitif (Vinf)



Quelques-uns des verbes que nous avons cités au début de ce chapitre peuvent avoir un infinitif à la place de N1, voire, pour certains, une complétive ou une interrogative indirecte. Citons : savoir, se rappeler, avouer, espérer, reconnaître, aimer, croire, vouloir, devoir, oser, pouvoir, ...



Note :

Les seuls “N1” possibles pour pouvoir semblent n’être que quelque chose, tout et rien. Mais cela suffit pour que ce verbe figure dans ce groupe.



Règle : N0 V Vinf Vinf, (Ça,) N0 V.



Autrement dit, c’est ce que nous avons appelé (voir 1.3.1., et note 1) une pronominalisation “zéro”, avec tout de même la possibilité, à l’oral, de l’insertion d’un ça de rappel placé avant N0.



Vous savez nager ? – (Ça,) Je sais.

Max viendra ? – (Ça,) Je ne sais pas.

Vous aurez quelques jours de libres en été ? – (Ça,) J’espère.

Vous voulez vous asseoir ? – (Ça,) Je veux bien.


Variante pour certains verbes : Vinf, N0 V ça.


Dire du mal des gens, je n’aime pas ça du tout.



Rappelons (cf. 1.3.1.) que certains des verbes cités ici plus haut en 4.1.1. se construisent quant à eux non pas directement avec “Vinf” mais avec “à Vinf”, où “à” est à l’évidence aussi explétif que le “to” anglais. Il s’agit notamment de : apprendre, chercher, commencer, continuer, demander, ...

La forme de pronominalisation est la même que ci-dessus, à savoir la pronominalisation “zéro” :



Max a-t-il demandé à voir un médecin ? – Oui, il a demandé.



Dans certains cas – mais pas dans tous – on rencontrera une autre forme de pronominalisation par “le faire” :



Max a-t-il appris à bien se tenir ? – Oui, il a appris à le faire.



Rappelons aussi (cf. 2.4.1.) que certains des verbes cités ici plus haut en 4.1.1. se construisent quant à eux avec “de Vinf”, où “de” est tout aussi explétif que le “à” que nous venons de voir. Il s’agit notamment de : oublier, attendre, refuser, arrêter, continuer, essayer, finir, se permettre, ...

La forme de pronominalisation est la même que pour “Vinf” et “à Vinf”, c’est toujours la pronominalisation “zéro” ou par “le faire” :



Max a-t-il oublié de fermer la porte ? – Oui, il a oublié (de le faire).



Dans de rares cas on rencontrera une pronominalisation par “le”, qui est normalement plus propre aux complétives qu’aux infinitifs (cf. 4.2.5.) :



Max se permet-il de courtiser Léa ? – Oui, il se le permet.



4.2.4. N1 est une complétive (que P)



D’autres verbes cités au début de ce chapitre peuvent avoir, à la place de N1, une complétive, voire parfois une interrogative indirecte, mais pas d’infinitif. Citons : comprendre, expliquer, imaginer, trouver, voir, lire, remarquer, supposer, sentir, s’imaginer, ...



Règle : N0 V que P que P, N0 le V.



le : pronom personnel neutre et invariable.



Tu as remarqué que Léa n’a pas l’air heureuse ? – Je l’ai remarqué.

Que tu ne veuilles pas travailler pour le roi de Prusse, je peux le comprendre.

Que Léa soit de mauvaise humeur, Max ne se l’explique pas.



4.2.5. Les pronominalisations figées



Elles ne sont pas très nombreuses. On peut le plus souvent deviner assez facilement quel N1 est sous-entendu. Citons les plus connues :



On ne me la fait pas. (= cette sorte de plaisanterie)

Max l’a trouvée plutôt mauvaise. (= la plaisanterie qu’on lui a faite)

Tu me la copieras ! (= l’histoire que tu viens de me raconter, de me faire vivre)

Max l’a emporté sur Luc. (= la victoire ?)

Je l’ai échappé(e) belle !


Note orthographique :

Pour les deux dernières locutions, si le participe emporté est toujours au masculin, faute d’indice tangible, il n’en est pas de même pour échappé qui est laissé au masculin pour ceux qui arguent d’un figement ancien, et mis au féminin pour ceux qui s’appuient sur “belle” et sur la règle d’accord du participe.











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