L’élimination des déchets humains

 

 

 

Le pétoulier de Sandret

 

         Lorsque la maison ne comporte pas d’écurie, donc pas de tas de fumier, un problème d’évacuation se pose. Problème rencontré par la plupart des ouvriers agricoles ou par les familles d’artisans. A défaut d’écurie, « la famille peut avoir un porciou (étable pour les porcs), utilisé ou pas, où il est possible de faire ses besoins et de vider son colin », son pot de chambre. Mais ce n’est pas toujours le cas. Pour les excréments liquides, il est commun de pisser soit n’importe où, un tant soit peu à l’abri des regards indiscrets, soit dans un colin  vidé ensuite dans la rue où le liquide s’écoule ou s’infiltre.

         Pour les excréments solides, les estrons, la solution est plus difficile à trouver. Chacun a son territoire. C’est ainsi qu’un jour, traversant la garenne, mon père et mon grand-père tombent sur un espace rempli d’estrons qui ont un air de ressemblance, tous de petite taille. « C’est le pétoulier de Sandret », précise mon grand-père. Sandret habite non loin de là, la garenne c’est pratiquement son jardin. Un pétoulier est le lieu où se trouvent accumulées des pétoules, petites crottes arrondies, d’origine animale ou humaine.

 

La garenne abritait les pétouliers du voisinage

Montpezat - Photo René Domergue

 

          Certains ne se compliquent pas la vie pour si peu. « Marianette avait l’habitude de jeter son colin par un fénestron (petite fenêtre) qui donnait dans une petite cour appartenant à Escuyer. Un jour la grand-mère Escuyer en sort en criant : Regarda de que m’a fach ! Regarde ce qu’elle m’a fait ! Elle s’était fait cabuceller. » Se faire cabuceller, c’est se faire recouvrir d’un cabucèl, d’un couvercle, en quelque sorte.

 

Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p. 94

(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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