Souvenir du passage au conseil. La nuit sera celle des plus grandes couillonades.
Montpezat - coll. Robert Bancel
Le martélet
Les « couillonnades » des jeunes ont lieu essentiellement le samedi soir, ou les soirs de fête, en pleine nuit. Le grand classique du genre,c’est le martélet.
Le jeu consiste à accrocher à la porte de la victime un bout de fil de fer, ou une courte corde, terminé par un caillaou (pierre), un deuxième fil, très long, attaché à la pierre permet d’actionner le mécanisme à distance. En tirant puis relâchant le second fil « on peut faire bomber (taper) le caillaou contre la porte ». Le but est de réveiller les gens, généralement en pleine nuit.
Le jeu est d’autant plus excitant que la victime « se met à bader (à gueuler) et, mieux encore, se lève et te campèje (poursuit) » les jeunes dans les rues du village en hurlant : « Vous allez voir si je vous agante (attrape) ! »
« Au plus la caillasse (le caillou) est grosse, au plus tu fais du boucan. Si tu accroches un putain de caillaou on dirait que tu vas démolir la maison. » Les jeunes sont incités à accrocher une pierre plus grosse si la victime, refusant de coopérer, ne réagit pas. La probabilité de voir les gens se manifester est d’autant plus forte que, « en bombant, une grosse pierre escagasse (abîme) la porte ».
Le courage des exécutants s’exprime de manière inversement proportionnelle à la longueur du fil utilisé pour actionner le martélet. Le courage réside aussi dans le fait d’aller accrocher le caillaou, car « celui qui entend bousiguer (trafiquer) à sa porte » peut se douter de quelque chose et se lever prestement. L’acte héroïque consiste à aller raccrocher la pierre si elle tombe : « Le type peut être rescondu (caché) derrière sa porte, et attendre le bon moment pour t’aganter. » Pour t’attraper.
Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p 109
(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)
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