Les protestants

 

 

 

Regarde-moi ces simagrées

 

         La différence religieuse est encore marquée dans les années 50. Lors de conflits entre jeunes, il arrive par exemple que des protestants qualifient les catholiques de papistes, à l’inverse ces derniers les traitent diganaouds. A cette époque, nous, enfants catholiques, avions encore le sentiment que les autres, les protestants, étaient différents. Iganaoud était un des rares mots occitans que nous connaissions.

         Du côté des protestants, le cas d’Anny, bien qu’extrême, reste significatif : « J’avais quinze ans quand je suis venue habiter chez ma grand-mère, en 1964. Elle voulait absolument que je me fasse avec Annelyse, parce qu’elle était protestante, bien qu’elle ait trois ans de moins que moi. Je préférais aller avec les filles de mon âge, mais toutes étaient catholiques. Certes Gilberte Meix avait des ancêtres protestants, mais ça suffisait pas. »

         « Les cierges bénits, le laurier bénit... je comprends pas ça ! », dit Inès. « Du point de vue protestant, c’était de la superstition », explique Anny. « Regarde-moi ces simagrées, disait ma grand-mère qui considérait avec mépris les rituels catholiques et le faste des cérémonies. »

 

Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p. 152

(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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