Le mariage

 

 

Montpezat - coll. René Domergue

 

 

 

On mariait pas les enfants, mais les propriétés

 

         Pour les familles qui ont « du bien », le mariage se traite comme une affaire. Tel pélo ne consent au mariage de son fils que si la belle-famille dote l’épouse d’une bonne vigne. Tel autre exige que la belle-fille apporte une importante somme d’argent. « Li pèiras van ai clapàs ! » Les pierres vont aux clapas, sur les tas de pierres. « Parfois les parents se saignaient aux quatre veines pour que leur enfant puisse faire un bon mariage. »

         « Il s’agissait pas qu’une fille bien se fasse campéjer par un fils de domestique. » Campéjer signifie poursuivre, au sens où le chien poursuit un gibier. « Si un fils de propriétaire était amoureux d’une fille qui n’avait rien, sa famille lui disait : Qu’est-ce qu’elle a ? Te portarà son cuou e si dents » (Marceau Blanc). Elle t’apportera son cul et ses dents. La fille gancée de leste (enrubannée léger) ne peut guère espérer épouser un fils de bon propriétaire.

         La fille « qui fait un bon coup » risque toujours de le payer amèrement. L’une d’entre elles, arrivée avec seulement un modeste trousseau dans une corbeille, s’entend dire par sa belle-mère à chaque dispute : « Si tu es pas contente, tu as qu’à repartir avec ta petite corbeille. »

 

Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p. 184

(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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